28.01.07

Emmaüs, le nom d’un village qui résume toute la vie et l’oeuvre de l’Abbé Pierre.
Emmaüs, c’est un chemin.
Emmaüs, c’est d’abord la page d’Evangile que nous venons d’entendre. Elle raconte comment un chemin de tristesse peut devenir une promesse d’espérance. Deux compagnons découragés ont quitté Jérusalem. Tandis qu’ils s’éloignent de la Ville Sainte, un inconnu les rejoint, s’approche, les interroge et commence à leur parler.
Quelque chose s’éveille en eux et les bouleverse intérieurement : « Notre coeur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’il nous parlait sur la route ? », diront-ils, lorsque leurs yeux s’ouvriront et reconnaîtront Jésus ressuscité.
Dans cet épisode du soir de Pâques, l’Abbé Pierre a vu toute sa mission, l’aventure d’Emmaüs. « Georges, lance-t-il un jour à son premier compagnon,viens, toi qui es tout cassé. Trouvons-en un autre comme toi, et nous irons ensemble soulager un troisième. »
Quelques années plus tard, la France a découvert l’épopée des chiffonniers d’Emmaüs. On les regardait comme des exclus ou des blessés de la vie, mais en vérité, ils étaient devenus des semeurs d’espérance. Il avait suffi que quelqu’un fasse jaillir en eux la source, pour que toute leur humanité soit à nouveau irriguée.
Où trouvait-il son énergie, ce prêtre à la santé fragile, constamment malade depuis son enfance ? La prière, la conversation quotidienne avec Jésus étaient le secret du dynamisme intrépide de l’Abbé Pierre. Dès son enfance, en famille, il avait appris à boire à cette fontaine d’eau vive. Durant les sept années de sa vie chez les Capucins, il reçut une solide formation spirituelle dans l’esprit de Saint François d’Assise. Plus tard, il voulut se retirer dans le silence et vécut huit ans au milieu des moines, à l’Abbaye de saint Wandrille, près d’Esteville, l’endroit où reposent ses premiers compagnons et qu’il va rejoindre ce soir.
On ne peut pas s’engager dans le service des pauvres et aller au devant de toutes les misères avec un tel enthousiasme, jusqu’à quatre vingt quatorze ans, si l’on ne va pas chercher cette force venue d’ailleurs. Que de fois, quand le fardeau se faisait trop lourd, ses proches l’ont entendu dire : « Laissez-moi ». Il entrait alors dans un dialogue dont il ne nous a livré que quelques mots : « O Dieu, toi qui es, sois ! ». Ce Dieu auquel il s’adressait avec une confiance d’enfant, Jésus lui révélait qu’Il est amour. L’appel était là ; il fallait donc repartir sur le chemin, témoigner de cet amour et le partager avec les autres.
Emmaüs, c’est une maison.
Emmaüs, c’est aussi une maison, une auberge. Elle est comme un refuge pour tous ceux que les difficultés de la route ont épuisés ou égarés. Les compagnons vont lutter ensemble pour panser les blessures. « Restituer à l’homme sa dignité, dit l’Abbé Pierre, voilà le grand secret. » Pour cela, l’itinéraire est simple : bâtir une maison, retrouver le sens et le goût du travail, gagner un salaire pour assurer sa vie et, sans tarder, venir en aide à ceux qui sont dans une misère plus grande encore.
Toujours penser aux autres d’abord. Qu’on me permette de raconter une anecdote, moment marquant de son enfance et de sa vie de famille à Lyon. Un dimanche, le jeune Henri - il n’avait pas encore dix ans - avait été puni et privé d’une sortie chez des cousins. Quand ses frères, en rentrant le soir, racontent la joie et les jeux de l’après midi, il leur répond : « Que voulez-vous que cela me fasse ; je n’y étais pas. » « Alors, dit-il, j’ai vu le visage de mon père s’assombrir. Il m’a pris à part et m’a dit : ‘Mais Henri, et les autres ? Ils ne comptent pas pour toi !’ ». Cette phrase qu’il n’a jamais oubliée marque le début de sa lutte acharnée contre toute forme d’égoïsme, le sien et celui des autres.
Béni soit Dieu pour ce père de famille nombreuse qui fait attention à chacun de ses enfants ! Et qui, par amour, lutte contre le péché dès qu’il le voit poindre dans leur coeur ! On peut dire que les autres en ont eu de la place, dans la suite de sa vie !
Tout est parti d’une pauvre baraque, trouvée à Neuilly Plaisance, en 1947. On la retape et les premiers compagnons arrivent deux ans plus tard. Sur la porte, il pose une pancarte : « Emmaüs ». Au fil des ans, les foyers vont se multiplier. A Charenton, où l’on a récupéré une ancienne chapelle, l’abbé loge au 10ème étage d’un immeuble voisin et vient souvent manger avec les compagnons. Durant l’hiver 54, l’insurgé de Dieu réveille la France entière de sa torpeur par ce cri devenu célèbre : « Mes amis, au secours, une femme vient de mourir gelée cette nuit à trois heures, sur le trottoir du Boulevard Sébastopol ».
Le ton de sa voix, les images de ce grand moment restent gravés dans nos mémoires. Un peuple tout entier, grâce à l’Abbé Pierre, est entré dans « l’insurrection de la bonté ».
Tout homme a droit à un logement décent où il puisse vivre avec les siens. Cinquante ans plus tard, l’aventure continue, et le combat est loin d’être gagné. L’Abbé Pierre ne l’abandonnera jamais, il a communiqué son élan à beaucoup d’autres. L’an dernier encore, à quatre vingt treize ans, il a repris son bâton de pèlerin pour aller à l’Assemblée Nationale supplier les députés d’agir en faveur des mal logés.
Non seulement il a toujours défendu les pauvres, mais il a vécu lui-même comme un pauvre. Dès l’âge de 19 ans, il renonce à sa part d’héritage et distribue tous les biens qui lui viennent de sa famille. Député de Meurthe et Moselle, au lendemain de la guerre, il donne chaque mois son indemnité parlementaire à ceux qui manquent de tout. Jusqu’au bout de sa course, malgré sa notoriété, il a gardé la pauvreté. Cela garantit l’authenticité de son action.
Mais c’est encore peu de chose pour lui. Si ce geste n’est pas habité par une lumière plus profonde, il ne vaut rien du tout. C’est lui qui a souhaité nous faire entendre ce matin le brûlant enseignement de saint Paul sur la charité : « J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien » (1 Cor 13, 3).
Emmaüs, c’est un repas, une révélation et un nouveau départ.
Emmaüs, enfin, c’est un repas. Dans les Foyers, on trouve une table ouverte pour une nourriture simple ou un repas de fête. Chacun a sa place, la conversation est animée, et, en hiver, le café chaud est apprécié de tous ; grand moment de la vie quotidienne et fraternelle. Depuis quelques années, pour la fin de sa route, Alfortville, cité de la banlieue parisienne était tout étonnée et heureuse d’accueillir le Français le plus estimé de ses compatriotes. C’est là qu’il a été accompagné jusqu’au bout. Dans quelques pièces, à côté du Centre International de ses compagnons, il a su garder la douce lumière d’Emmaüs, en attendant l’heure de la rencontre.
L’Evangile d’Emmaüs nous fait comprendre que nous sommes aussi attendus pour un autre repas. Le Seigneur se met à table avec nous. Il prend le pain, le bénit et nous le donne. C’est un geste qui résume toute la mission du Christ et l’ambition de l’Abbé Pierre. Rien n’est plus utile à l’humanité que ce partage concret et fraternel. A ce « repas du Seigneur », il a toujours été fidèle. Chaque soir, à l’heure dite, il célébrait la Messe. Tout était préparé avec soin dans sa chambre : la table installée, un calice, quelques hosties, et son livre usé qu’il avait annoté à toutes les pages.
Ce repas est le moment d’une Révélation. A Emmaüs, pendant que le pain est rompu, les yeux des compagnons s’ouvrent et ils reconnaissent le Seigneur : Il est vraiment ressuscité. Désormais, la victoire de l’amour contre toutes les tristesses de ce monde est assurée. Mais le Christ disparaît ; ses disciples sont passés de la désillusion à l’enthousiasme. Aussitôt, ils partent sur la route comme des messagers d’espérance.
C’est le repas que nous vivons en ce moment à Notre-Dame de Paris, et l’Abbé Pierre y prend part mystérieusement. Il attendait la mort dans la paix et avec une grande foi. On peut dire qu’il la désirait. A la fin du « Je vous salue Marie », il préférait dire : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de la Rencontre. » Nous prions ce matin pour que Dieu lui accorde son pardon et lui donne de vivre l’immense joie de cette rencontre. Au seuil de la maison où Jésus est parti nous préparer une place, notre Père l’attend et lui ouvre les bras.
Merci, Seigneur, de nous avoir donné un tel frère !
Merci, l’Abbé Pierre, de nous avoir donné un tel exemple !
Vous disparaissez et nous, comme les compagnons d’Emmaüs, nous repartons d’un bon pas, aujourd’hui, pour témoigner de cet amour et servir les autres, jusqu’à notre dernier souffle.
Cardinal Philippe Barbarin
Archevêque de Lyon
Homélie du Cardinal Barbarin pour les obsèques de l’Abbé Pierre cliquez sur Tous cele lien
prier avec les pélerins d'Emmaûs cliquez sur le lien
Antienne d' ouverture
Sauve-nous, Seigneur notre Dieu ; rassemble tes enfants dispersés. Nous rendrons grâce à ton saint nom, nous te bénirons dans la joie.
Lecture du livre de Jérémie (1, 4-5.17-19)
« LE SEIGNEUR m'adressa la parole et me dit : « Avant même de te former dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t'ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les peuples...Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer. Parole du Seigneur. »
Le prophète Jérémie peint par Rembrand
Psaume 70
Sans fin je proclamerai ta victoire et ton salut.
« Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance,
mon appui dès ma jeunesse.
Toi, mon soutien dès avant ma naissance,
tu m'as choisi dès le ventre de ma mère... »
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (12,31-13,13)
« FRÈRES, parmi les dons de Dieu, vous cherchez à obtenir ce qu'il y a de meilleur. Eh bien, je vais vous indiquer une voie supérieure à toutes les autres.J'aurais beau...J'aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j'aurais beau me faire brûler vif, s'il me manque l'amour, cela ne me sert à rien. L'amour prend patience ; l'amour rend service ; l'amour ne jalouse pas; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil ; il ne fait rien de malhonnête ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s'emporte
pas ; il n'entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L'amour ne passera jamais...Nous voyons actuellement une image obscure dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face...Ce qui demeure aujourd'hui, c'est la foi, l'espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c'est la charité. »
La Foi écarte l'Eucharistie (un calice surmonté d'une hostie où la crucifixion est finement ciselée) du chien de l'infidélité.
L'Espérance, une ancre déposée aux pieds, semble entièrement aspirée vers le ciel.
La Charité, tout en douceur, accueille des enfants.
Les vertus théologales (1543-1544) (Du Broeucq)
Alléluia. Alléluia. De l'Orient à l'Occident, parmi toutes les nations, on reconnaîtra le salut de notre Dieu. Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (4,21-30)
« DANS la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d'Isaïe, Jésus déclara : « Cette parole de l'Écriture que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit. »...Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis, aucun prophète n'est bien accueilli dans son pays...À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu'à un escarpement de la colline où la ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin. »
Passant au milieu d'eux Jésus allait son chemin : texte de St Thomas d'Aquin pris dans Magnificat
«Tous ceux qui se laissent conduire par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu (Rm 8, 14). Remarquons cependant que les fils de Dieu, l'Esprit Saint ne les meut pas comme des «esclaves », mais comme des hommes libres. Or l'homme libre est celui qui, maître de lui-même, agit par décision personnelle, par volonté. L'Esprit Saint, lui , faisant de nous les amis de Dieu, nous incline à agir de telle sorte que notre action soit volontaire. Fils de Dieu que nous sommes, l'Esprit Saint nous donne d'agir librement, par amour, et non servilement, par crainte.L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur ; c'est un Esprit qui fait de vous des fils (v.15). La volonté est déjà orientée vers ce qui est réellement le bien... L'Esprit Saint, lui, oriente par amour notre volonté vers le vrai bien ; aussi bien nous délivre-t-il tant de la servitude qui nous fait agir (esclaves de la passion et des suites du péché) contre l'orientation de la volonté, que de la servitude qui nous fait agir, soumis à la loi, contre le mouvement de notre volonté, non point comme des amis, mais comme des esclaves. Là où est l'Esprit de Dieu, là est la liberté, proclame l'Apôtre (2 Co 3, 17)
Saint Thomas d'Aquin, O.P. (+ 1274) a accompli une oeuvre théologique immense en Italie, à Paris et à Cologne.
26.01.07

Merci Christine de nous avoir fait découvrir ce trésor il y a quelques années déjà ! Merci à ton frère à travers lequel l'Esprit Saint nous parle dans ses peintures !
Pour tous les compagnons d'Emmaüs

Antienne d'ouverture
Tes prêtres, Seigneur, seront vêtus de sainteté et tes fidèles chanteront, pleins de joie.
Alléluia. Alléluia. Christ, manifesté dans la chair, proclamé parmi les nations, accueilli dans la foi, gloire à toi ! Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (10,1-9)
« PARMI SES DISCIPLES, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller. Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. N'emportez ni argent, ni sac, ni sandales, et ne vous attardez pas en salutations sur la route. Dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord : « Paix à cette maison. »...Là, guérissez les malades, et dites aux habitants : « Le règne de Dieu est tout proche de vous. » »
Clé de lecture prise dans Prions en Église
La notion de règne s'enracine dans l'histoire d'Israël : c'est l'expérience de Dieu comme souverain, qui régit l'univers et qui accompagne son peuple. Le terme Royaume apparaît 162 fois dans le Nouveau Testament, dont 121 fois dans les évangiles synoptiques. L'expression Royaume de Dieu, Royaume des cieux se rencontre 104 fois dans les évangiles, 51 dans Matthieu, 14 dans Marc, 39 dans Luc. Jésus proclame que « le règne de Dieu est tout proche ». Au début de sa vie publique, il avait proclamé l'année de grâce, d'accueil de la part du Seigneur ; sa venue accomplit les espérances du peuple (Lc 4, 17-19). Il lie l'année d'accueil du Seigneur à la venue du Royaume de Dieu. En sa personne, Dieu est intervenu pour son peuple d'une manière définitive, le règne s'est manifesté en Bonne Nouvelle de salut
Dernier hommage à "l'Insurgé de Dieu"
25.01.07
Antienne d'ouverture
Je sais à qui j'ai fait confiance; et je suis sûr que le Seigneur, le juste Juge, me donnera la récompense, au jour de sa Venue.
Alléluia. Alléluia. Gloire au Christ, qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement ! Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (16, 15-18)
« JÉSUS RESSUSCITÉ dit aux onze Apôtres : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera comdamné.Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; ils prendront des serpents dans leurs mains, et, s'ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s'en trouveront bien. »
Homélie prise dans Ephata
La conversion de saint Paul, telle qu'elle nous est rapportée dans les Actes des Apôtres, est la grande manifestation du Christ ressuscité poursuivant son agonie à travers tous ses frères persécutés et souffrants. C'est aussi l'occasion de rendre grâce pour ce don gratuit qu'est la foi ; la tranformation radicale de Saul n'est que le signe d'un bouleversement encore plus profond et caché ; par le Christ, la vie de la Très Sainte Trinité s'est emparée d'une manière nouvelle de son coeur profond, a guéri celui-ci et illuminé son intelligence. Mais ce que Paul a perçu en un instant, Jésus lui demande ensuite, à travers Ananie, puis à Jérusalem, de le recevoir en Eglise. Redevenu petit enfant dans la foi, il apprend et se laisse conduire dans les hésitations et les luttes, jusqu'à offrir sa vie. L'exultation de Paul, devenu brasier d'amour pour Celui qui l'a aimé le premier, transparaît alors dans toutes ses lettres. Joyeux de partager la passion du Christ, il court en avant, s'offrant constamment aux nouvelles exigences de l'Esprit. Cette conversion, malgré son caractère exceptionnel (certains théologiens vont jusqu'à envisager que Paul ait alors été élevé jusqu'à la vision béatifique) n'est pourtant que la réponse de Dieu à une soif ardente de le servir : Saul n'était pas un tiède, et c'est à ce même don absolu que la grâce nous appelle, chacun selon sa place propre dans l'Eglise.
(Fernand Dumont (communauté des Béatitudes))
La conversion de Saint Paul ( Carravagio)
24.01.07

l'Innocent
Seigneur, en ce temps de scandale où tant de chrétiens se laissent prendre aux pièges de la puissance, apprends-nous par ton Esprit, à être, à l'image de ton Fils, des êtres si faibles et si démunis, que tu sois notre seule force.
A une époque où la presse et les moyens d'informations conditionnent comme jamais la pensée des hommes, que ton Esprit fasse de nous des êtres d'une totale liberté par rapport à tous les jugements du monde.
Seigneur , dans ce monde encombré de richesses, fais de nous des pauvres qui aient le courage de laisser l'Evangile se manifester en eux dans son explosive nouveauté, dans la tendresse infinie de son intransigeance.
Fais de nous des êtres brisés par le péché du monde, solidaire de toute la misère, faibles d'une faiblesse infinie, pour que nous soyons les témoins de la miséricorde du Père.
Que ta Croix de lumière plantée au coeur de nos vies fasse de nous des enfants pétris de douceur et de faiblesse, heureux de la joie de Dieu, capables de bénir Dieu en toutes choses.
Façonne-nous à ton image pour que nous devenions des innocents, capables, comme Paul, de "délirer" par amour pour leurs frères.
Marie-Joseph Le Guillou
La paternité est don de soi, don de sa vie. Qui consent à être père consent à « passer », à donner la substance de sa vie pour que la vie soit transmise. Les fils n'ont pas nécessairement conscience de ce don, mais c'est grâce à lui qu'ils vivent, et qu'ils pourront, à leur tour, accepter d'être pères .
Pour nous, ses anciens élèves, le Père Le Guillou a su aménager au prix de quelles souffrances ? - l'espace de liberté spiri tuelle et intellectuelle qui nous a permis d'étudier,de mûrir à l'abri des vents de folies idéologiques. Avec son profond calme, sa sérénité, sa sûreté doctrinale, il nous a aidés à nous garder libres des polémiques stériles.
En ces « temps de guerre », il nous a permis de vivre sur un îlot de paix. Dans cette période de laideurs, il nous a donné le goût de la philocalia, de l'amour du beau, de la beauté de la foi, de la sainteté. Par sa joie spirituelle il nous a fait comprendre que la vérité rend libre. Enfin, et ce n'est pas le moindre trait de sa paternité spirituelle, il ne nous a pas retenus pour lui-même.
Comment traduire notre gratitude pour tant de dons reçus ? Ce recueil de témoignages et d'études veut en être une expression. Ce ne sont que quelques fils du riche tissu de sa vie qui peuvent y être mis en lumière. L'essentiel reste invisible, réservé dans le secret de Dieu pour le grand jour de la Rencontre.
Mgr Christoph von Schönborn

François de Sales fut essentiellement un pasteur. Missionnaire puis évêque de Genève résidant à Annecy, fondateur de la Visitation avec Jeanne-Françoise de Chantal, il se fit tout à tous par la parole et par l'écrit, traitant de théologie avec les protestants, mettant la vie spirituelle à la portée des laïcs, attentifs aux petits comme aux grands.
Ainsi parle le Seigneur Dieu : « Je vous donnerai des pasteurs selon mon coeur ; ils vous conduiront avec intelligence et sagesse. »
Alléluia. Alléluia. La parole de Dieu est semée en nos coeurs. Heureux qui la reçoit et la fait fructifier ! Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (4,1-20)
« JÉSUS s'est mis une fois de plus à enseigner au bord du lac, et une foule très nombreuse se rassemble auprès de lui, si bien qu'il monte dans une barque où il s'assoit...Il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles, et il leur disait dans son enseignement : « Écoutez ! Voici que le semeur est sorti pour semer...
Et il y a ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre : ceux-là entendent la Parole, ils l'accueillent, et ils portent du fruit : trente, soixante, cent pour un. »
Homélie prise dans Ephata
La parabole du semeur est claire, transparente, et pourtant même son entourage demande des explications ! C'est qu'il faut renoncer totalement à soi-même pour recevoir le message du Christ. C'est au coeur qu'il s'adresse avant tout. Voilà la bonne terre féconde qui donne du fruit en abondance. N'oublions pas que ce passage vient immédiatement après celui de : Qui est ma mère, qui sont mes frères? Comment écouter la parole de Dieu si l'on ne désire pas la suivre, être dans sa volonté, le préférer à soi-même, à tout ce qui vous est cher? Si c'est notre intelligence qui reçoit le grain, bien vite il sera emporté, dévoré, brûlé, étouffé sous l'action de nos désirs, de nos faiblesses, de toutes nos pauvretés. Mais si nous l'accueillons tout au fond de notre coeur, le voici en sûreté, rien ne peut l'atteindre. Il va pouvoir germer, prendre racine, grandir au soleil de l'amour, il va pouvoir venir au grand jour et donner son fruit. Alors tournons-nous vers celui que nous avons tranpercé, accueillons le Verbe fait chair, laissons-le tracer ses sillons au fond de nos coeurs et recevons-le de tout notre être. (Fernand Dumont (communauté des Béatitudes))
23.01.07
Trois personnes assises autour d'une table
Tous les trois également beaux, également jeunes, vêtus de manière royal : le bleu intense de la divinité, la couleur pourpre de la royauté, le vert de la terre pour celui de droite, avec dans ces vêtements des reflets de l'une et l'autre couleur, qui parlent de l'influence, du "reflet" reçu de l'autre.
Tous les trois tiennent le bâton de berger qui deviendra sceptre royal ou crosse épiscopale. Tous les trois se ressemblent et pourtant les trois visages sont bien différents. Ils semblent tout entiers absorbés dans un dialogue silencieux. Les bouches closes disent la profondeur du silence. Toute la communication, tous les dialogues sont dans les regards. Et ces regards forment un mouvement qui part du personnage central, se pose sur l'ange qui est à la droite du premier (à notre gauche), lequel est tout orienté vers le troisième. Chacun est incliné devant l'autre, reçoit le regard-communication et poursuit le mouvement. Et ce mouvement aboutit à la coupe posée au milieu de la table. Les Trois ne se regardent pas l'un l'autre. Aucun d'eux ne renvoie à un autre le regard reçu. La communion vient de bien plus loin. "Je fais toujours ce qui plaît à mon Père", dira Jésus, puisque leur volonté, leur désir est le même. (Is 8,29). Derrière eux, quelques signes, quelques symboles de leur projet créateur : au centre l'arbre, l'Arbre du Jardin (Gen 2,9) qui est aussi l'Arbre du Calvaire, toujours Arbre de Vie, qui dit où est le bonheur, où est le malheur.
A gauche, la Maison, la Tente de réunion, la Salle Haute du Cénacle où se conclut la Nouvelle Alliance, l'Eglise des ré-nés du sang et de l'Eau.
A droite, la Montagne de l'Alliance, le Sinaï des Temps anciens, le Thabor de la Révélation, le Calvaire où tout s'accomplit, le Mont d'où Jésus a été enlevé au ciel (Actes, 1,12).
Et au centre de leur "réunion" la table sur laquelle est posée la coupe, la coupe à laquelle aboutit tout le mouvement des regards. Au creux de cette coupe, les spécialistes qui ont étudié l'icône, l'ont scrutée, analysée, radiographiée, nous disent que repose un agneau, non pas le veau bien tendre qu'Abraham courut chercher au troupeau (Gen 18,8) mais un agneau, celui que le Précurseur indique à ses disciples (Jn 1,36) celui que nous invoquons à chaque eucharistie.
La coupe est posée au centre de la table, au dessus d'un petit rectangle qui, dans le langage des icônes évoque la terre (qu'on croyait rectangulaire, dans l'Antiquité). Il s'agit donc bien d'un projet conçu par les Trois à propos de l'Alliance avec la Terre, Alliance qui se scelle, se signifie, dans la présence, le don, le partage de l'Agneau.
Les regards ont abouti là, et aussi les mouvements des mains. Car, si l'Ange du Centre a le visage tout tourné vers Celui qui est à sa droite, son corps est orienté vers le Troisième et aussi le mouvement de sa main droite, dont deux doigts disent peut-être les deux natures dans la Personne de Celui qui sera leur envoyé. C'était là un signe fréquent dans les premières communautés chrétiennes.
Enfin, sommet de signification, le "cercle" des Trois est ouvert, vers l'avant, vers celui qui les regarde. Nous, les gens de la terre, sommes invités à entrer dans le cercle, à prendre place à la table : les escabeaux sur lesquels reposent les pieds des deux Anges se sont écartés pour nous livrer passage.
Le dialogue des Trois serait-il tout orienté vers leur ouverture, l'ouverture de leur Vie même, de leur Communion à ceux qui ont été" créés pour partager la joie de Dieu ? (Jean 15,4-5, 8-17, etc, etc...)
Soeur Christiane Martin Congrégation des soeurs de la Providence
Chez nos frères orthodoxes cliquez ci-dessous
Olivier Clement
A propos d'une Théologie de l'Icone
22.01.07

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix
Enfance et adolescence
Édith Stein naquit à Breslau le 12 octobre 1891. Elle fut le onzième rejeton d’une famille juive qui se consacrait à l’industrie du bois. Son père mourut quand elle avait un an et demi; sa mère dut se consacrer entièrement à veiller sur l’avenir de ses sept enfants (quatre étaient morts en bas âge). L’exemple de cette femme croyante, au caractère ferme, donna à la famille consistance et sécurité. Édith lui était tout spécialement unie. Madame Stein conduisait habilement son commerce et élevait ses enfants avec sagesse et intelligence. «Enfants, écrira Édith, nous pouvions lire, dans l’exemple de notre mère, la vraie manière de nous comporter. Quand elle disait : "Cela est un péché", nous savions tous qu’elle désignait quelque chose de haïssable et d’indigne. » Gracieuse et délicate, Édith était aussi choyée par ses frères et sœurs qui voyaient en elle une enfant singulièrement douée.
À l’école primaire, au gymnase des filles, à l’université, Édith suivit la filière normale des études, développant un sens aigu de l’observation qui devait lui être très profitable plus tard, quand elle se consacra à la phénoménologie. Bien qu’elle fut la plus jeune de la famille, tous recherchaient ses conseils et son aide, étant donné la clarté et la sûreté de son jugement. Mais cette sûreté fut peu à peu ébranlée par le problème du sens de la vie. Ni dans la foi juive de sa mère, ni dans l’attitude libérale de ses sœurs, Édith ne trouva de soulagement. Dès l’âge de 13 ans, elle s’avoua athée et parcourut seule son chemin intérieur. «La soif de la vérité resta chez moi l’unique prière. »
Cheminement par l'université
Quittant Breslau, elle s'en alla suivre à Göttingen l'enseignement renommé d'un grand penseur de l'époque, Edmund Husserl. Elle y donna libre cours à sa passion de l'étude et se signala d'emblée comme l'une des adeptes les plus brillantes de la phénoménologie husserlienne. Plusieurs des élèves d'Husserl, comme l'amie d'Édith, Hedwig Conrad-Martius, trouvèrent l'accès aux valeurs objectives et même à la foi au Dieu vivant à travers la doctrine impartiale de leur maître. Max Scheler, passant aussi à Göttingen, donna une série de conférences qui eurent un profond retentissement, mais Édith restait inébranlable.
La rencontre avec des chrétiens convaincus, comme le philosophe Adolphe Reinach, la mit en contact avec le vécu pratique des valeurs religieuses. Elle comprit que l'amour du prochain d'un chrétien croyant se différentie essentiellement d'une affection purement humaine. À l'assurance intérieure de l'étudiante succéda dès lors une torturante question, à laquelle la philosophie ne pouvait plus donner de réponse. La Première guerre mondiale lui offrit l'occasion d'interrompre ses chères études pour le service des blessés, durant plus d'un an, à l'hôpital de Mährisch-Weiskirchen.
Entre-temps, en 1916, le professeur Husserl venait d'être nommé à l'Université de Fribourg-en-Brisgau. Considérant Édith comme sa disciple de prédilection, il la demande en tant qu'assistante privée. En 1917, elle passait son doctorat avec la plus grande distinction. Plus pressante déjà se faisait en elle la quête de Dieu.
foi catholique
À l'été 1921, Édith passe quelques jours de vacances chez ses amis intimes, les Conrad-Martius, dans une charmante propriété rurale en Bavière. En leur absence, elle usait largement de la bibliothèque de la maison. C'est ici que la Providence l'attend.
« Un jour, je m'emparai, au hasard, d'un ouvrage assez imposant. Il s'intitulait : Vie de sainte Thérèse, écrite par elle-même. Je commençais à lire. Tout de suite, je fus captivée et je ne m'interrompis plus jusqu'à la fin. Lorsque je refermai le livre, je me dis : Ceci est la vérité. » Au dehors, l'aube commençait à poindre. Édith avait passé toute la nuit à lire. Brusquement, la lumière de Dieu venait de faire irruption dans son âme. Sa première démarche, ce matin-là, fut de descendre en ville afin d'acheter un catéchisme catholique et un livre de messe. Elle se mit aussitôt à les étudier soigneusement et se les assimila très vite. Ensuite, elle se décida à assister à la messe paroissiale à Bergzabern.
Pour la première fois, elle pénétrait dans une église catholique. « Rien ne me parut étranger; grâce à l'étude faite, je comprenais les cérémonies jusqu'au détail. La messe dite, j'attendis que le célébrant eut terminé son action de grâce. Le suivant au presbytère, je lui demandais le baptême. » Le prêtre commença son examen. Les réponses d'Édith furent parfaites. Toute la doctrine catholique fut passée en revue.
Le jour de l'an 1922, Édith fut baptisée. Elle choisit, par reconnaissance, le prénom de Thérèse. Communiant le jour même, elle devait rester fidèle à la pratique de la communion quotidienne. Le 2 février, des mains de l'évêque de Spire, elle recevait le sacrement de confirmation.
Réaction de sa mère
Quelle serait la réaction de sa mère, israélite exemplaire ? Rencontre pathétique : Édith tombe à genoux devant elle : « Maman, je suis catholique! » Pour la première fois de sa vie, Édith vit pleurer sa mère. Malgré un profond déchirement qui les séparait, mère et fille sentaient bien que leurs cours demeuraient profondément unis. Madame Stein fut désarmée par la transformation surnaturelle qui rayonnait de sa fille. Malgré sa douleur, elle reconnaissait son impuissance à lutter contre le mystère de la grâce. Par piété filiale, Édith continuait à l'accompagner à la synagogue. Le recueillement d'Édith arracha à sa mère cette réflexion : « Je n'ai jamais vu prier quelqu'un comme Édith. »
Enseignement, conférences, rayonnement
La conversion avait opéré en Édith une évolution profonde. À présent, elle cherchait sa place dans le champ du Seigneur. Elle abandonne son activité scientifique et se retire à Spire chez les dominicaines pour y donner des cours à des jeunes filles. Durant huit ans, ce fut pour elle l'occasion d'un temps de maturation et de développement de nouvelles possibilités. Un jésuite, le P. Erich Przywara, l'encouragea à traduire le De Veritate de saint Thomas, ainsi que les lettres et le journal du Cardinal Newman. Peu à peu, elle se rendit compte que la science aussi pouvait aider à suivre le Christ. Elle peina cependant pour s'assimiler le monde conceptuel du Docteur angélique. Le fruit de cet effort fut la traduction de ses Recherches sur la Vérité. Ses fonctions de professeur en tout cas l'enchantaient et sa vie d'union à Dieu croissait. Elle s'abîmait dans la prière.
La renommée d'Édith s'étendit. Elle était sollicitée pour des conférences philosophiques, pédagogiques et religieuses dans les grandes villes d'Europe centrale. Des sujets comme celui de la valeur propre de la femme et l'éthique des professions féminines sont abordés.
En 1928, elle suivit les offices de la Semaine Sainte dans la célèbre abbaye de Beuron. L'abbé, Dom Raphaël Walzer, était son directeur spirituel. Voici son jugement sur elle : « Rarement il me fut donné de rencontrer une âme réunissant autant et de si hautes qualités. Elle était restée entièrement femme, avec une sensibilité fine et maternelle. Elle se montrait simple avec les gens simples, cultivée avec les intellectuels, inquiète avec ceux qui cherchaient. »
À Breslau, elle devient le centre d'attraction d'un groupe de jeunes intellectuels, juifs surtout, en quête de la foi catholique. Plusieurs se convertirent dont Édith fut la marraine. Dans sa famille, elle eut le bonheur de voir sa sour Rosa la rejoindre dans le baptême.
Fin d'une carrière
Mais l'ombre de grandes souffrances commençait de se profiler sur l'Allemagne. L'année 1933, avec l'avènement du national-socialisme, laissait prévoir de prochaines persécutions contre les juifs. De passage à Cologne, « je m'adressais au Seigneur, nous dit Édith, et Lui déclarai que je savais bien que sa Croix pèserait dorénavant sur le peuple d'Israël. J'étais prête à m'engager dans cette voie. Quand l'office se termina, j'avais la certitude intérieure d'avoir été exaucée. Mais je ne savais pas encore quel serait mon chemin de croix. Elle le sera vite : tout enseignement est interdit aux non-aryens. Sa carrière universitaire est brisée. N'est-ce pas l'heure de répondre totalement à sa soif de vie contemplative ?
Le Carmel
Le 14 octobre 1933, à l'âge de 42 ans, Édith Stein achevait l'étonnant itinéraire qui venait de la conduire d'Husserl au Carmel de Cologne. Une route nouvelle s'ouvrait, celle de Sour Thérèse-Bénédicte de la Croix. Peu douée pour les travaux manuels, elle avait en revanche le don de l'amitié spirituelle. Elle s'adapta sans trop de difficultés au cloître et à la vie communautaire.
Le Provincial des carmes lui demanda de poursuivre, dans ses temps libres, son travail scientifique de philosophie. Ainsi, dans l'obéissance, naquit Être fini et Être éternel, une explication de la philosophie moderne de Descartes à Heidegger. Durant l'été de 1936, sa mère, âgée de 87 ans, mourut au moment même du renouvellement des voeux de sa fille. « Ma mère est auprès de moi, » s'écria-t-elle, dans une intuition.
Entre-temps, la persécution nazie s'amplifiait, gagnait en violence. Pour éviter des représailles au Carmel de Cologne, elle passa clandestinement la frontière et se rendit au Carmel d'Echt, dans le Limbourg hollandais. Aux six langues qu'elle possédait déjà, elle joignit le néerlandais. Là, elle travailla à un ultime ouvrage qu'elle ne put achever : La Science de la Croix.
Soeur Thérèse-Bénédicte fut arrêtée avec sa soeur Rose (qui l'avait rejointe au Carmel) le 2 août 1942. Tout se fit très vite, d'abord le camp de Westerbrook, puis les wagons du train dont elle ignorait la destination. Le 9 août 1942, le convoi arriva à Birkenau, annexe d'Auschwitz. Les arrivants furent gazés et brûlés dans la journée.
Sens d'une vie
Thérèse-Bénédicte nous est étonnamment proche parce qu'elle a cherché un sens à la vie, parce qu'elle a voulu « être » et être pleinement. Elle a connu l'angoisse, le mal de vivre, l'épreuve. elle peut nous apprendre à voir, dans la foi, la présence de Dieu dans nos vies. Elle a longuement cherché, et finalement, elle a été trouvée par Celui qu'elle cherchait sans le savoir. Réfléchissant sur la finitude de son être, elle découvre Celui qui, plus intime à elle-même qu'elle-même, la soutenait dans l'existence, lui donnant « la vie, le mouvement et l'être ». Elle a parcouru le chemin de la connaissance jusqu'au point où lui apparaît la lumière de la sainteté : celle-ci l'a interpellée existentiellement de telle façon qu'elle est devenue sa forme de vie. Avant de quitter le cloître pour le camp d'extermination, elle écrivait ces dernières lignes : « La science de la Croix ne peut s'acquérir que si l'on sent réellement la Croix peser sur nos épaules. Dès le premier instant, j'en étais convaincue et, moi-même, j'ai dit : Ave Crux, Spes Unica. »
Brève chronologie
12 octobre 1891: Naissance à Breslau-Wroclaw (Pologne)
1911-1913: Études à l'Université de Breslau
1913-1916: Études à l'Université de Göttingen
1915: Service d'infirmière à la Croix-Rouge
1916: Thèse d'État sur l'intropathie
1917-1919: Assistante d'Husserl
1921: Lecture de la Vie de Thérèse de Jésus
1er janvier 1922: Baptême
2 février 1922: Confirmation
1922-1932: Professeur à Spire
14 octobre 1933: Entrée au Carmel de Cologne
1934-1938: Être fini et Être éternel
10 mai 1938: Profession solennelle
31 décembre 1938: Fuite au Carmel d'Echt
1941-1942: La Science de la Croix
2 août 1942: Déportation avec sa sour Rosa
9 août 1942: Mort à Auschwitz-Birkenau
11 octobre 1998: Canonisée par Jean-Paul II
Conseils et pensées
Se donner à Dieu
«Se donner à Dieu, dans un complet oubli de soi, ne pas tenir compte de sa propre vie individuelle pour laisser tout l'espace libre à la vie divine, voilà le motif profond, le principe de la vie religieuse.»
Bercée dans l'abandon amoureux
«Après un long entraînement dans la vie spirituelle, l'âme n'a plus besoin de méditer pour connaître Dieu et apprendre à l'aimer. Elle a déjà parcouru cette route et la laisse en arrière : maintenant elle se repose sur un nouveau palier. À peine se met-elle en oraison, qu'elle se trouve près de Dieu, bercée dans l'abandon amoureux en Sa présence. Son silence est plus cher à Dieu que ses paroles.»
L'aridité
"l'âme doit considérer l'aridité et les ténèbres comme d'heureux présages; comme des signes que Dieu est à ses côtés, la libérant d'elle-même, lui arrachant des mains sa propre initiative."
La miséricorde de Dieu
« Il ne m'a jamais plu de penser que la miséricorde de Dieu s'arrêtât aux frontières de l'Église visible. Dieu est la Vérité. Qui cherche la vérité, cherche Dieu, qu'il le sache ou non. »
Prière d'Église
« Toute prière authentique est prière de l'Église : par chaque prière sincère, quelque chose s'opère dans l'Église et c'est l'Église elle-même qui prie, car le Saint-Esprit qui vit en elle est aussi dans chaque âme celui qui prie pour nous avec des "soupirs ineffables" (Rom 8, 26). Telle est la vraie prière : car personne ne peut dire : " Seigneur Jésus ", sinon dans l'Esprit Saint. Que serait la prière de l'Église si elle n'était le don de ceux qui aiment d'un grand amour le Dieu qui est Amour ? »
« Le don total de notre coeur à Dieu et le don qu'Il nous fait en retour, la pleine et éternelle union, tel est l'état le plus haut qui nous soit accessible, degré suprême de la prière. Les âmes qui l'ont atteint sont véritablement le coeur de l'Église : en elles vit l'amour sacerdotal de Jésus. Avec le Christ, cachées en Dieu, elles ne peuvent que rayonner dans d'autres coeurs l'amour divin qui les possède et contribuer ainsi à la perfection de tous dans l'union à Dieu, ce qui, dans le passé comme dans le présent, est l'unique désir de Jésus. »
Canonisée par Jean-Paul II le 11 octobre 1998
Depuis le 1er octobre 1999, co-patronne de l'Europe avec les saintes Catherine de Sienne et Brigitte de Suède, ainsi que les saints Benoît, Cyrille et Méthode.
Fête liturgique : le 9 août.
Le Seigneur est la force de son peuple, le protecteur et le sauveur de ses fidéles. Sauve-nous, Seigneur, veille sur nous, conduis-nous toujours.
. Tu es béni, Dieu notre Père, Seigneur de l'univers, toi qui révèles aux petits les mystères du Royaume ! Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (3,31-35)
« COMME JÉSUS était dans une maison, sa mère et ses frères arrivent...et on lui dit : « Ta mère et tes frères sont là dehors, qui te cherchent. »Mais il leur répond : « Qui est ma mère? qui sont mes frères? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères.
Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur, ma mère. »
Homélie prise dans Ephata
A la famille contituée par les liens du sang et la proximité naturelle, comme elle existe en Orient de mémoire d'homme, Jésus substitue comme étant préférable celle des adorateurs de Dieu, des craignant-Dieu, de ceux qui font la volonté de son Père, c'est -à -dire de ceux qui le suivent et l'imitent, lui Jésus. Saint Jérôme, dans son commentaire sur cet Évangile, écrit : « Ceux-là sont ma mère et mes frères qui chaque jour m'engendrent dans l'âme des croyants, et font les oeuvres de mon Père. Jésus n'a pas renié sa mère, mais il a fait passer ses apôtres avant sa parenté pour que nous aussi, lorsque nous avons à mettre en balance les affections, nous préférions l'esprit à la chair. » La paternité qui vient de Dieu est première et fondatrice. Le Christ inaugure avec Dieu son Père une filiation sans précédent : Mon Père et moi sommes un ! (Jn 10,30). Il nous donne la clef qui nous fait pénétrer à sa suite dans le coeur même du Père, dans l'intimité de notre créateur qui nous est plus intime que nous-mêmes. Que le Christ nous apprenne à regarder ceux qu'Il a placés près de nous, dans cette perspective nouvelle, afin que l'amour que nous leur portons serve le plan que la miséricorde du Père a pour chacun d'eux. (Fernand Dumont (communauté du Lion de Juda))
Allons aux obsèques d'Yves Lefrère à Recloses. Flash back 23 ans en arrière. Que de souvenirs à partager! Juste le temps de manger un peu d'un délicieux couscous préparé par Marie-Noëlle, devenue experte en la matière, et nous repartons pour arriver juste à la maison à 15 h pour"le chapelet itinérant" avec Janine, Hardy, Dominique, Danielle, Goretti, et le père Zédet.
L'Abbé Pierre : il a dédié sa vie à aider les sans-abris et les pauvres en France et ailleurs.
Né Henry Grouès, le 5 août 1912 à Lyon, entre chez les Capucins en 1931 après avoir fait don de tous
ses biens, devient prêtre en 1938. En 1941, il aide des Juifs à échapper aux Nazis et devient membre
de la Résistance; capturé par l'armée allemande, il s'évade et va à Alger où il rencontre le Général de Gaulle
Dès 1949 il accueille chez lui des sans-abris. C'est le début d'"Emmaûs". L'hiver 1954 est terrible : des sans-abris meurent de froid...
L’abbé Pierre lance sa campagne en faveur des déshérités
1er février 1954
La vieille femme serrait encore dans son poing crispé l’avis d’expulsion. L’abbé Pierre et ses compagnons l’avaient découverte cette nuit du 31 janvier 1954, raidie par le gel, sur un trottoir du boulevard Sébastopol. Depuis plusieurs nuits ils parcouraient les rues de Paris pour mettre à l’abri des sans logis menacés par un froid de – 20° devenu meurtrier pour les S.D.F.. Mais aussi pour des familles à très faibles ressources victimes de la crise du logement conséquence d’une imprévoyance nationale de plusieurs décennies.
Depuis 1951, les communautés de chiffonniers d’Emmaüs, confrontées à ces détresses, avaient tenté de leur porter assistance, dans l’urgence, en aménageant des lieux d’hébergement faits de baraquements, parfois de carcasses d’autobus. Dans la nuit du 3 au 4 janvier 1954, un bébé mourait de froid dans une de ces « cités » de fortune, « Les Coquelicots », à Neuilly-Plaisance. Révolté, l’abbé Pierre interpellait le ministre
Là, devant cette malheureuse recroquevillée, il mesurait son impuissance. Il lui fallait crier sa colère, en appeler à l’opinion publique. Radio Luxembourg lui ouvrait son antenne. Cet appel du 1er février 1954 : « Mes amis, au secours… » suscitait ce que l’on devait nommer « l’insurrection de bonté », mouvement de solidarité sans précédent. Les dons affluaient : espèces (plusieurs millions de francs de l’époque), vêtements, couvertures, tentes et aussi beaucoup de bonnes volontés. Des comités d’aide aux sans logis, nés partout en France, se regroupaient au sein d’une Union nationale devenue Confédération générale du logement (C.G.L.) afin de promouvoir une autre politique du logement. Les pouvoirs publics, enfin, réagissaient : une loi, rapidement promulguée, suspendait les expulsions pendant les mois d’hiver, un programme de construction de cités d’urgence était lancé, financé par l’emprunt ; le rythme de la construction de logements, notamment H.L.M., doublait en deux ans.
tu étais un étranger, et nous t'avons accueilli ? tu étais nu, et nous t'avons habillé ? tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ?' Et le Roi leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.' (Mt 25, 38-40)