23.01.07
Trois personnes assises autour d'une table
Tous les trois également beaux, également jeunes, vêtus de manière royal : le bleu intense de la divinité, la couleur pourpre de la royauté, le vert de la terre pour celui de droite, avec dans ces vêtements des reflets de l'une et l'autre couleur, qui parlent de l'influence, du "reflet" reçu de l'autre.
Tous les trois tiennent le bâton de berger qui deviendra sceptre royal ou crosse épiscopale. Tous les trois se ressemblent et pourtant les trois visages sont bien différents. Ils semblent tout entiers absorbés dans un dialogue silencieux. Les bouches closes disent la profondeur du silence. Toute la communication, tous les dialogues sont dans les regards. Et ces regards forment un mouvement qui part du personnage central, se pose sur l'ange qui est à la droite du premier (à notre gauche), lequel est tout orienté vers le troisième. Chacun est incliné devant l'autre, reçoit le regard-communication et poursuit le mouvement. Et ce mouvement aboutit à la coupe posée au milieu de la table. Les Trois ne se regardent pas l'un l'autre. Aucun d'eux ne renvoie à un autre le regard reçu. La communion vient de bien plus loin. "Je fais toujours ce qui plaît à mon Père", dira Jésus, puisque leur volonté, leur désir est le même. (Is 8,29). Derrière eux, quelques signes, quelques symboles de leur projet créateur : au centre l'arbre, l'Arbre du Jardin (Gen 2,9) qui est aussi l'Arbre du Calvaire, toujours Arbre de Vie, qui dit où est le bonheur, où est le malheur.
A gauche, la Maison, la Tente de réunion, la Salle Haute du Cénacle où se conclut la Nouvelle Alliance, l'Eglise des ré-nés du sang et de l'Eau.
A droite, la Montagne de l'Alliance, le Sinaï des Temps anciens, le Thabor de la Révélation, le Calvaire où tout s'accomplit, le Mont d'où Jésus a été enlevé au ciel (Actes, 1,12).
Et au centre de leur "réunion" la table sur laquelle est posée la coupe, la coupe à laquelle aboutit tout le mouvement des regards. Au creux de cette coupe, les spécialistes qui ont étudié l'icône, l'ont scrutée, analysée, radiographiée, nous disent que repose un agneau, non pas le veau bien tendre qu'Abraham courut chercher au troupeau (Gen 18,8) mais un agneau, celui que le Précurseur indique à ses disciples (Jn 1,36) celui que nous invoquons à chaque eucharistie.
La coupe est posée au centre de la table, au dessus d'un petit rectangle qui, dans le langage des icônes évoque la terre (qu'on croyait rectangulaire, dans l'Antiquité). Il s'agit donc bien d'un projet conçu par les Trois à propos de l'Alliance avec la Terre, Alliance qui se scelle, se signifie, dans la présence, le don, le partage de l'Agneau.
Les regards ont abouti là, et aussi les mouvements des mains. Car, si l'Ange du Centre a le visage tout tourné vers Celui qui est à sa droite, son corps est orienté vers le Troisième et aussi le mouvement de sa main droite, dont deux doigts disent peut-être les deux natures dans la Personne de Celui qui sera leur envoyé. C'était là un signe fréquent dans les premières communautés chrétiennes.
Enfin, sommet de signification, le "cercle" des Trois est ouvert, vers l'avant, vers celui qui les regarde. Nous, les gens de la terre, sommes invités à entrer dans le cercle, à prendre place à la table : les escabeaux sur lesquels reposent les pieds des deux Anges se sont écartés pour nous livrer passage.
Le dialogue des Trois serait-il tout orienté vers leur ouverture, l'ouverture de leur Vie même, de leur Communion à ceux qui ont été" créés pour partager la joie de Dieu ? (Jean 15,4-5, 8-17, etc, etc...)
Soeur Christiane Martin Congrégation des soeurs de la Providence
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Olivier Clement