27.02.08

VII
D'où il viendra juger les vivants et les morts
1.« D'où il viendra », cela veut dire : du Père qui a élevé à sa droite le Fils fait homme. Fondamentalement le Fils vient toujours du Père : c'est sa nature. Il vient comme la Parole, l'Expression du Père, comme sa toute-puissance d'amour rendue présente. Ce « d'où » ne désigne naturellement aucun lieu, car le lieu du Père embrasse tous les lieux du monde; il est en chacun et, dans le même temps il transcende chacun.
Ainsi ce « d'où » du Fils qui vient pour le jugement n'est-il pas d'ordre local : Il exprime une sortie et une venue, qui se jouent au plan de la nature divine elle-même, avec la toute-puissance, qui n'en subit aucune diminution, de l'Origine paternelle. Malgré cela, le Fils utilisera sa toute puissance au titre de ce qu'il est lui-même : l'Envoyé du Père pour le salut du monde, qui « est mort pour tous afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort et a été ressuscité pour eux » (2Co 5,15). Parce qu'il a fait l'expérience de la culpabilité de tous dans son propre corps et dans son propre esprit, Il les connaît tous de l'intérieur et n'a besoin d'aucun témoignage extérieur pour prononcer son jugement.
« D'où » signifie donc deux choses : « du Père », d'où il sort éternellement, dont il partage la puissance, dont il a reçu sa mission dans le monde, - et de cette mission, qui lui a conféré la connaissance de toutes les hauteurs et profondeurs de la création.
2.« Pour juger ». Juger signifie dé-partager; sans un partage entre oui et non, il n'y pas de jugement. Juger signifie décider; sans une séparation entre droite et gauche, il n'y pas de jugement. Ce partage – cette séparation – nous est représenté de manière significative dans la grande scène du jugement de Matthieu 25. Car en somme, dans le monde et son histoire mais aussi dans chaque vie d'homme, il y a sans aucun doute beaucoup à partager et à séparer, si la vérité sur le tout et sur le détail doit venir au jour. Et ce jugement ne veut pas seulement établir ce qui s'est réellement passé dans le secret; au-delà de cela, il veut, par la sentence portée, ouvrir le chemin vers ce qui vient, vers l'éternel. Nous sommes tous sous le coup de ce jugement, la mère du Seigneur exceptée, en laquelle il n'y a rien à séparer, et c'est bien pourquoi les icônes la présentent comme la Médiatrice, à coté de son Fils en train d'exercer le jugement. (« Priez pour nous pécheurs, maintenant et alors de notre mort. »)
Comment le Seigneur jugera, personne ne le sait d'avance; il nous dit une seule chose : sur quoi portera son jugement : « J'avais faim et vous m'avez donné (ou : vous ne m'avez pas donné) à manger. » A moi, dans le plus petit de mes frères. Avons-nous montré de la bonté, ou bien nous sommes nous seulement aimé nous-mêmes? Les pièces de ce dossier une fois produites, il n'est absolument plus besoin d'aucune sentence : « Je te juge sur tes propres paroles, mauvais serviteur » (Lc 19,22). « Ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon comme moi j'ai eu pitié de toi? » (Mt 18,33). « Car le jugement est sans miséricorde pour celui qui n'a pas fait miséricorde; mais la miséricorde se rit du jugement » (JC 2,13).
Où nous tiendrons-nous, à gauche ou à droite? Tels que nous nous connaissons : probablement, très vraisemblablement, des deux côtés à la fois. Beaucoup de ce qui est en nous, nous apparaîtra à nous-même, et apparaîtra d'abord au juge, digne de condamnation : cela doit être jeté au feu. Que tout en nous n'est pas condamnable, que durant toute notre vie, depuis notre petite enfance, nous n'avons pas seulement dit non à l'amour : voilà ce que nous voudrions espérer de la grâce du juge. Serait-ce totalement en vain qu'il est « mort pour nous »?
3.« Les vivants et les morts ».
Les premiers chrétiens avaient espéré qu'au moins une partie d'entre eux vivraient le jugement dernier avant de mourir. Paul le dit expressément, à l'époque primitive qui était la sienne (1 Th 4,17). Nous-mêmes, à notre époque tardive, nous ne savons pas si, lors de la venue du Juge, à côté des morts sans nombre, il y aura encore des vivants qui n'auront pas besoin de mourir pour venir en jugement. Il n'est cependant pas vraisemblable qu'on puisse arriver dans la vie près de Dieu sans mourir. L'Apocalypse décrit le Jugement dernier comme un jugement qui s'exerce sur les morts : « Les morts furent jugés [...] chacun selon ses œuvres. Et la mer rendit les morts qu'elle gardait, la Mort et l'Hadès rendirent les morts qu'ils gardaient » (Ap 20,12s).
Devons-nous désigner comme « les vivants » ceux qui soutiendront le jugement et comme « les morts » ceux chez lesquels rien n'aura été trouvé qui soit digne de la vie éternelle? - Une telle interprétation est loin des textes bibliques. Même lorsqu'à une communauté chrétienne il est dit par le Christ : « Je connais ta conduite; tu passes pour vivant, mais tu es mort. Réveille-toi; ranime ce qui te reste de vie défaillante! » (5Ap 3,1-2), c'est une instante mise en garde qui est ainsi exprimée : la communauté « morte » peut, si elle veut, « se réveiller ». Même à l'autre communauté, qui s'imagine être riche et sage, et est en réalité aveugle et nue, il est dit : « Ceux que j'aime, je les semonce et les corrige » (Ap 3,19). Ici, on peut presque parler de résurrection des morts. Quant à nous tous, il nous reste à unir crainte et espérance lorsque nous essayons de nous jeter aveuglément dans les bras du Seigneur, qui nous connaît et nous aime.
24.02.08

VI
Est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu, le Père tout-Puissant
1. Que Jésus, le Ressuscité, « est monté au ciel »,
cela n'est pas un événement géographique; c'est bel et bien le retour au point de départ de sa mission, d'un Jésus maintenant chargé de toute la récolte du monde, fruit de cette mission. Qu'il ne s'agit pas d'un changement de lieu, la diversité des aspects décrits dans l'Écriture le montre déjà. Si Jésus apparaît à Madeleine en pleurs et ne lui permet pas de le toucher parce que il ne serait pas encore monté vers le Père, c'est qu'il veut manifestement la faire participer à son mouvement du monde des morts vers la vie éternelle : c'est de cette dynamique même qu'elle doit porter le témoignage aux disciples.
Si, à la fin des quarante jours, il s'envole visiblement au ciel devant le groupe des Apôtres en les bénissant, c'est pour leur mettre sensiblement devant les yeux que le temps où le mystère n'était pas encore révélé est terminé. Car il porte maintenant son œuvre terrestre à son accomplissement, en sa qualité d'être déjà céleste : il leur commente l'Écriture, à nouveau il célèbre l'Eucharistie avec eux, il choisit définitivement Pierre comme pasteur de son troupeau, il promet que l'amour, dont Jean est le symbole, demeurera dans l'Église jusqu'à son retour. Il serait absurde de penser et de prétendre ici, en termes de chronologie, que l'union du Ressuscité avec le Père n'aurait eu lieu qu'à la fin de ces quarante jours-là
2.Dire que le Ressuscité « est assis à la droite de Dieu », est naturellement recourir à une image pour exprimer l'élévation inouïe de la nature humaine jusqu'à la participation à la majesté paternelle. Le « à la droite » exprime l'honneur qui est rendu à cette nature, et pareillement l'image de la session. Étienne mourant voit le « le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu », ce qui exprime que le glorifié est prêt à l'action, comme s'il se préparait à prendre près de lui celui qu'on lapide. Et l'on peut difficilement admettre que Paul, qui raconte tois fois l'événement de Damas(Ac9; 22; 26) a vu Jésus siégeant. Il le décrit ailleurs comme Roi exerçant son pouvoir « jusqu'à ce qu'il ait placé tous ses ennemis sous ses pieds » (1Co 15,25), et l'Apocalypse le décrit justement au combat, dans la bataille, chevauchant contre les puissances anti-chrétiennes (Ap 19,11-16).
Ainsi est-il juste de dire que, arrivé en lui-même à l'accomplissement, le Fils de l'homme continue d'agir à travers l'histoire du monde, jusqu'à ce que le tout ait « grandi » vers Celui qui est la Tête, le Christ (Ep 4,15). Ainsi la parole du Jésus terrestre disant qu'il opère ce qu'il voit le Père opérer vaut-elle encore et toujours (Jn 5,19s). Dans la vie éternelle, repos et activité coïncident. C'est seulement de cette manière que c'est une vraie vie.
3.Celui qui a été élevé aux cieux partage l'autorité du « tout puissant », car le Père a remis au Fils de l'homme « tout jugement, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père » (Jn 5,23). Quelle puissance pourrait être plus grande que celle de juger du plus intime, du plus secret de chaque de chaque homme, et de lui attribuer le destin éternel qui, en conséquence, lui revient? La toute-puissance repose beaucoup moins qu'on ne le pense dans ce que les hommes s'en représentent : changer les choses selon sa propre volonté – encore que de cela aussi Jésus a fourni une preuve dans ses miracles. Elle réside bien davantage dans la capacité de mouvoir la liberté des cœurs sans leur faire violence, de réussir à obtenir d'eux, par la puissance secrète de la grâce, le libre oui à ce qui est véritablement le bien.
Les Pères de l'Église avaient coutume de dire que la grâce de Dieu n'agit pas par violence mais par « persuasion » (suasione), en recommandant le choix du meilleur et en donnant à la faible volonté humaine la force d'y consentir de sa conviction et de sa force propres. Jusqu'à quel point la volonté pécheresse peut-elle résister à cette force de conviction du bien- peut-être jusqu'à la fin? - Savoir cela appartient seulement au Juge tout-puissant de tous les cœurs. De ce jugement, sur le déroulement et le contenu duquel nous ne pouvons rien dire à l'avance, traite l'article suivant de notre confession de foi
21.02.08

V
Le troisième jour est ressuscité des morts
1.« Le troisième jour ressuscité selon les Ecritures »
, dit Paul (1 Co 15,4), qui veut aussi voir, dans cette résurrection que personne n'attendait, un accomplissement de ce qui avait été annoncé, tandis que les évangélistes mettent cette annonce dans la bouche du Seigneur lui-même (Mc 10,34). Qu'on puisse assigner à un jour prédéterminé le tournant qui commande tout, montre que, prévu avec précision, ce tournant est datable pour les témoins eux-mêmes, comme tout ce qui est arrivé dans les jours mortels de Jésus. Cette datation est tout aussi importante que celle de la Passion sous Ponce Pilate. Le point chronologique où , dégagée de la mort de la nouvelle vie de Jésus s'éloigne de notre histoire mortelle, n'est pas un moment indéterminé; il est, dans cette histoire qui continue, un maintenant fermement situable.
Il n'en va pas comme si quelqu'un avait pu suivre et accompagner ce surgissement vers la vie à partir de la mort. Il s'agit d'un événement dans l'histoire de Dieu seul; il n'en va pas autrement de l'événement de l'Incarnation. Pourtant, tous les deux – entrée et sortie – touchent notre histoire humaine. Les femmes, les disciples rencontreront le Ressuscité au jour même de sa Résurrection, tandis qu'Élisabeth ne reconnut l'évenement de l'Incarnation que quelques jours après qu'il se fût produit (Lc 1,42 s).
2.
La plupart du temps, la Résurrection du Seigneur mort est attribuée par l'Écriture à Dieu le Père et à sa toute puissance. C'est approprié, puisque c'est avant tout dans l'obéissance au Père divin que le Fils a en vérité conduit à son accomplissement la décision (tri(u)nitaire) en faveur du salut. Dans les discours d'adieu johanniques, Jésus, qui va par la Croix glorifier l'amour du Père pour le monde, lui demande sa propre glorification, celle-ci lui ayant été déjà promise (Jn 13,32; 12,28).La toute puissance du Père, qui se manifeste dans le passage de la mort à la vie éternelle, est célébrée par Paul comme victorieuse (Ep 1,19s).
Mais puisque l'Esprit Saint du Père et du fils a médiatisé toute l'œuvre du salut entre le ciel et la terre, la Résurrection des morts peut lui être attribuée à lui aussi (en même temps qu'au Père cf. Rm, 8,11). Et si nous est étrangère la pensée qu'un mort s'éveille lui-même à la vie, on peut dire que Jésus lui-même, dont la mort – comme nous le disions – était œuvre de son plus vif amour, d'un amour qui était un avec l'Esprit d'amour divin, a lui aussi activement participé à ce passage vers la vie.
Dorénavant il vit « pour Dieu » (Rm 6,10); mais n'a-t-il pas toujours-déja vécu pour Dieu? Et s'il est « une fois pour toutes mort au péché » (id), ne l'a-t-il pas déjà fait dans sa vie et sa Passion? L'unique Dieu tri(u)nitaire opère l'œuvre qui est et reste la donnée centrale pour toute l'histoire de l'humanité : ceux qui sont par nature finis, condamnés à la corruption par le fait qu'ils se sont détournés de Dieu, reçoivent, par le rappel de l'Unique dans la vie éternelle, le don de l'espérance – et même de l'assurance – de l'y suivre (1 Co 15,21).
3. « Des morts ».
D'après ce qui précède, cela ne voudrait pas dire : en quittant les morts; mais : en allant les chercher, en les prenant avec lui, comme cela est merveilleusement décrit dans les prédications des Pères (cf. l'homélie du Vendredi-Saint au Bréviaire). Mais si Paul s'exclame ensuite victorieusement : « Où est_il, ô mort, ton aiguillon? La mort a été engloutie dans la victoire » (1 Co 15,34 s), cela veut dire encore quelque chose de plus : la réalité du mourir comme abandon de soi de l'homme a perdu son aiguillon (à savoir : qu'au bout du compte « tout était vain »), et se trouve incluse à l'intérieur du déploiement de la vie éternelle.
Si le Père se donne sans réserve au Fils, et si, à leur tour, Père et Fils se donnent à l'Esprit Saint, n'y-a-t-il pas là, au cœur de la vie éternelle, l'image originaire du plus beau mourir? Ce définitif ne-pas-vouloir-pour-soi n'est-il pas précisément le présupposé de la vie la plus heureuse? Notre misérable mourir est assumé dans ce « mourir vers » le plus vivant qui soit, de sorte que tout ce qui est de l'homme, sa naissance, sa vie et sa mort, se trouve désormais enveloppé, abrité, dans une vie qui ne connaît plus aucune limite.
18.02.08

IV
A souffert sous Ponce Pilate, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers.
1.« A souffert ».
Il est significatif que le Credo ne fasse pas état de la vie publique de Jésus, de son enseignement, de ses miracles, de son initiative de rassembler ses disciples en vue d'une Église à venir. Cela montre que toute la vie et l'action de Jésus furent sciemment comprises par lui-même en relation avec « l'heure » qui vient, où – après ce qui fut pratiquement un fiasco – devait être accompli l'acte décisif et qui allait tout changer : la souffrance pour le monde pécheur et réfractaire à Dieu.
Il me paraît précipité de vouloir retirer à Jésus toutes les prédictions directes et indirectes de sa passion, comme s'il n'avait pas su pourquoi finalement il fut envoyé dans le monde, comme si le vif reproche fait à Pierre (« Satan », Mt 16,23), l'invitation à porter sa croix chaque jour derrière lui (Lc 14,27), l'aspiration angoissée au « baptême » qu'il a à recevoir (Lc 12,50), étaient de pures inventions de l'Église primitive – pour ne rien dire du tout de la théologie paulinienne de la Croix.
Que Jésus n'ait pas eu à l'avance devant les yeux maints détails de la Passion dont les évangélistes lui attribuent la connaissance, il n'est pas besoin de le contester, précisément parce qu'il abandonnait au Père la maîtrise et le contenu de « l'heure » (Mc 13,32). Il n'est pas vrai non plus que Jésus ait constamment souffert d'avance à la perspective incessante de la croix; il acceptait sans restriction chaque don du Père : aussi celui de la joie, du compagnonnage, et de l'ensemble des dons dont il se voyait le bénéficiaire.
Mais l' « heure du pouvoir des ténèbres » (Lc24,53) où lui furent infligées par les hommes toutes sortes de souffrances spirituelles et physiques, et où le Père lui-même abandonna le Supplicié, est pour nous une nuit insondable. Aucune célébration du chemin de la Croix, et pas même les horreurs des tortures humaines et des camps de concentration, ne donnent une image de cela. Qui peut s'imaginer ce que cela signifie, face à un Dieu qui se détourne de cette abomination, que de porter la charge du péché du monde, d'éprouver en soi-même la perversion intime d'une humanité qui refuse à Dieu tout service et tout honneur?
Et puisque sont rassemblés ici, dans leur amplitude impossible à dominer, tous les temps depuis le commencement jusqu'à la fin du monde, la Croix se trouve, pour celui qui la souffre, arrachée au régime du temps; d'un regard en avant vers la résurrection après-demain, il ne peut donc plus être question. Le pécheur peut espérer, le « péché », non; mais précisément, à cause de nous, Christ « a été fait péché » (2 Co 5,21).
« 2. "Est mort et a été enseveli" ».
Mort avec la question à son Dieu disparu : pourquoi l'a-t-il abandonné? Mort en remettant son esprit dans les mains de l'Absent. Mort avec un grand cri, dans lequel -selon Nicolas de Cuse – la Parole désormais inarticulable de Dieu atteint son point culminant. Mort de la mort qui le plaçait au point extrême de la communion avec tous les pécheurs, mais de la mort la plus ténébreuse, car quelle nuit est plus sombre que celle de celui qui a connu le plus intimement le Dieu perdu?
« Et enseveli », précision sur laquelle Paul aussi met l'accent (1Co 15,4, en signifiant par là que le Ressuscité n'était plus au tombeau), c'est-à-dire : réellement mort, et terminant par là, comme chacun de nous son destin terrestre.
3.« Descendu aux enfers ».
Naturellement, car la mort « est suivie des enfers » (Ap 6,8), dont la désolation nous est si réalistement décrite par les Psaumes. C'est comme un mort humain que le Fils est descendu chez les morts, et non-pas comme un victorieux-vivant portant une oriflamme de Pâques, à la manière dont, projetant à l'avance la Résurrection dans le Vendredi-Saint, les icônes orientales le représentent. L'Église a interdit de chanter l'alleluia ce jour-là. Et pourtant le nouveau mort est différent de tous les autres. Il est mort par pur amour, par amour humano-divin ; mieux : sa mort était la plus importante mise en acte de cet amour, et l'amour est ce qu'il y a de plus vivant. Ainsi, le fait de connaître effectivement l'état de mort - et cela veut dire : perte de tout contact avec Dieu et avec les frères en humanité (qu'on relise les Psaumes) – est-il aussi un acte de son amour le plus vivant.
Ici, dans la plus extrême solitude, cet amour est annoncé aux morts; plus que cela même : il leur est partagé (1 P3,19). L'action de salut qu'est la Croix ne valait pas, et de loin, pour les seuls vivants; elle inclut aussi en elle tous ceux qui sont morts avant ou après elle. Aussi, depuis cette mort par amour de notre Seigneur, la mort a-t-elle reçu une tout autre signification; elle peut devenir pour nous l'expression de notre plus pur et notre plus vivant amour, si nous l'acceptons comme l'occasion qui nous est donnée de nous remettre sans réserve entre les mains de Dieu. Elle est, alors, non seulement réparation pour tout ce que nous avons manqué mais, au delà de cela, gain, pour d'autres, de la grâce de quitter leur égoïsme et de choisir l'amour comme leur attitude la plus intime.
A partir du Vendredi-Saint, la mort devient purification. Ce jour-là, le Seigneur mort ouvrit un chemin pour sortir de l'éternelle perdition et aller vers le ciel : le feu qui purifie les morts pour les ouvrir à l'amour. Dans l'Ancienne Alliance, cela n'existait pas; pour tous il n'y avait que le Shéol, le lieu de l'être-mort. Descendant dans ce lieu, le Christ a ouvert l'accès au Père.
15.02.08

III
Qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie
1. Qui a été conçu
« Conçu ». Cela est dit du Fils de Dieu, mais cela sonne comme un passif : dans cette conception, un Autre est actif, qui sera aussitôt nommé, l'Esprit Saint. Et une autre est celle qui conçoit : la Vierge Marie. Tout comme un enfant est passif dans la conception, tandis que les parents se comportent activement.
Mais l'enfant ne s'éveille que tardivement à la conscience, tandis que le Fils de Dieu a, lui, une conscience éternelle, et aussi une volonté de devenir homme. Certes, nous confessons pourtant dans la foi qu'il ne s'incarne pas lui-même, qu'il ne se saisit pas lui-même de la nature humaine qu'il revêtira. Au contraire, en tant qu'il est la « semence » du Père, il se laisse porter dans le sein de la Vierge par l'Esprit Saint. Mais cela veut dire que déjà l'événement de son incarnation est le commencement de son obéissance. Très souvent, des théologiens ont prétendu le contraire, pour la raison que l'union de la nature humaine avec la divine s'accomplit uniquement dans le Fils, en tant que, dans la divinité, il est la « deuxième personne »
.
Mais la confession de foi ne parle pas d'un « prendre »; elle fait état d'un « laisser-advenir-sur soi ». Dans cette obéissance pré-temporelle, le Fils se distingue, encore et toujours, et profondément, de l'homme naturellement engendré, à qui l'on ne demande pas s'il veut ou non entrer dans l'existence. Dans le plan de salut divin, le Fils laisse disposer de lui-même en toute conscience et en plein accord. Mais, déjà là, il le fait dans l'Esprit Saint, dans l'esprit de cette obéissance par laquelle il expiera pour la désobéissance d'Adam en la « noyautant » de l'intérieur. Il ne retient pas fermement, tel un capitaliste, le trésor de sa divinité, comme s'il se l'était acquis à lui-même (Ph 2,6). Ce trésor, il le tient du Père et il peut le « remettre » au Père, pour manifester clairement, à partir de son éternelle soumission au Père, l'aspect d'obéissance qu'elle implique, pour vivre celle-ci à la manière dont une créature doit la pratiquer à l'égard de Dieu.
2.« Du Saint-Esprit ».
Il est l'esprit du Père et du Fils. Mais maintenant, puisque le Fils devient homme, il devient lui-même, lui l'Esprit inséparable des deux, Esprit qui, dans le Père, donne le commandement et qui, dans le Fils, reçoit le commandement.
Cela vaut déjà dans l'acte de l'incarnation elle-même, puisque l'Esprit porte le Fils comme « semence du Père » dans le sein de la Vierge, et que celui-ci s'y laisse porter dans le même Esprit. Si l'Esprit Saint, en tant qu'il est une unique personne, est le fruit et le témoignage de l'amour mutuel du Père et du Fils, alors se mesure ici à quel point le commandement du Père et et l'obéissance du Fils fait homme sont, jusqu'à leur fondement le plus profond, amour parfait. Pour nous les hommes, cela voudra dire que notre obéissance, celle que nous devons à notre Créateur et Seigneur et à tous ses commandements, directs et indirects, peut et même doit être, en Jésus-Christ, expression de notre amour. De telle sorte qu'un amour de Dieu et des hommes qui souhaiterait mettre l'obéissance entre parenthèses ou lui passer outre, ne mérite pas du tout le nom d'amour.
3.« Né de la Vierge Marie ».
Ici, grand champ de bataille! Puisqu'il s'agit d'un homme, pourquoi ne connaît-il pas une conception humaine normale? Et l'affirmation de cette naissance virginale (évidemment connue relativement tard puisque Paul n'en sait rien, et Marc pas davantage) entendue comme un acte de vénération à l'égard d'un Jésus honoré comme Dieu, n'est-elle pas bel et bien à la remorque de légendes hellénistiques ou, plus plausiblement encore, de mythes égyptiens? Et pour finir : même une fois admis que la Vierge (déjà mariée) aurait conçu sans homme, doit-on admettre, ce qui est plus invraisemblable encore, qu'elle aurait aussi virginalement enfanté? Du reste n'est-il pas expressément question de frères de Jésus : pourquoi, dès lors, faire une exception pour le « premier-né » (Lc 2,7)?
Foule de questions : pour leur répondre, il faudrait un livre. Contentons nous ici d'un sténogramme : la naissance virginale vient tout droit de ces préparations de l'Ancienne Alliance, où Dieu redonne la vigueur sexuelle à un corps éteint (Abraham, Zacharie et sa femme stérile), et où le miracle qui fait que la « stérile » aura plus d'enfants que la féconde, est la parabole permanente de la puissance de Dieu qui retourne tout. Cela aura été la raison pour laquelle l'oracle d'Isaïe (« La jeune femme – ou : la vierge - enfantera », 7,14) est délibérément traduit, déjà à l'époque pré-chrétienne (Septante) par le mot « vierge ». Dans beaucoup de peuples arabes aujourd'hui, on appelle « frères » des parents éloignés : cela est sans aucun doute à l'arrière-plan du grec « adelphos » qui, en sens plus strict, veut dire « frère ».
Et typique pour notre temps de foi minimaliste est la concession d'une conception virginale alors que, dans in même temps , le croyant est dispensé du miracle d'une naissance virginale! Comme si la seconde n'était pas pour Dieu tout aussi facile à réaliser que la première. - Mais pourquoi cela? Parce que dans la Nouvelle Alliance, la fécondité de la vie selon la virginité (cf. avant tout l'Eucharistie de Jésus), une fécondité fructifiant non pas pour une mortalité renouvelée mais pour la vie éternelle, sera un trait décisif de la nouvelle importance que prendront le corps et le sexe.
Notons-le bien : avec cela – spirituellement et corporellement – les douleurs (messianiques) de son Avent ne seront pas épargnées à Marie : elles sont solidarité avec le peuple élu et, par avance, avec le corps de son Fils (Ap 12,2). Mais avec la nuit de Noël, l'Ancienne Alliance et ses attentes se dépassent elles-mêmes pour entrer dans l'accomplissement tout autre qu'apporte la Nouvelle. Tout cela est logique purement biblique, et tous les parallèles antiques manquent de la profondeur décisive qui est caractéristique de la Révélation.
12.02.08

II
Et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur
1.Et en Jésus-Christ
Que Dieu est Père signifie du même coup qu'il a un enfant. Créatures éphémères, nous ne sommes pas nous, cet enfant que Dieu doit avoir pour être nommé Père. Nous sommes des milliards, et personne d'entre nous ne jouit de la durée qui, même seulement de loin, serait comparable à celle de Dieu. Non; pour s'appeler Père, un Père qui se donne éternellement, Dieu doit avoir un « unique -engendré ». (Nous le nommons Fils et non pas Fille parce que c'est comme homme qu'il apparaîtra dans le monde- et cela, afin de représenter pour nous l'autorité de la féconde Origine paternelle.)
Le christianisme tient et tombe avec cet énoncé qui affirme l'existence, d'une fécondité intra-divine (l'Esprit sera nommé dès l'article suivant). Car si Dieu n'est pas en lui-même l'amour, il aurait besoin du monde pour l'être, et alors c'en serait fait de sa divinité – ou bien nous devrions nous désigner nous-mêmes comme une part de Dieu, et nous attribuer nous-mêmes un caractère de « nécessité ».
On peut pour cette raison dire que Yahvé est un nom de Dieu qui est seulement en route vers le Père du Christ, et Allah un nom de Dieu dont le Coran a repris de la Bible la bonté qu'il Lui attribue. Un Dieu qui doit être amour sans être tri(u)nitaire, ne pourrait posséder qu'un amour de soi; son besoin d'aimer un monde qu'il n'est pas lui-même demeure au bout du compte inexplicable.
Cela dit, nous chrétiens, nous avons aussi à nous interroger ainsi : un Dieu qui, comme tri(u)nitaire, est l'Amour se donnant éternellement, ne se suffit-il pas tout aussi éternellement à lui-même? Nous lui avons déjà donné le nom de Créateur du ciel et de la terre : pourquoi? Pourquoi nous veut-il, puisqu'il n'a pas besoin de nous et ne fait, avec le monde tel qu'il sera, que s'exposer à des ennuis interminables? Pourquoi se comporte-t-il, dit saint Ignace dans la méditation finale de ses exercices (n° 236), « comme quelqu'un qui se donne un travail pénible »?
2.Son Fils unique
dans notre confession de foi, nous parlons de l'enfant que Dieu a engendré comme de « Jésus-Christ »; traduisons : « le porteur de salut marqué de l'onction messianique ». Ainsi lui donnons-nous déjà en Dieu le nom qu'il a de fait reçu lors des sa venue dans l'humanité. En va-t-il donc effectivement de telle manière que, simultanément à sa procession éternelle à partir du Père, le regard de Dieu embrasse aussi ce monde à problèmes, à la fois merveilleux et tragique? - Il ne peut pas en être autrement, car Dieu n'a pas d'idées qui lui viendraient « après coup ».
Et pourtant il nous faut mettre une distinction radicale et infranchissable entre la procession intra-divine qui appartient à la nature de Dieu , et le monde, créé sur la base d'une libre décision du Dieu tri(u)nitaire. Aussi profondément même que Dieu veuille nous faire entrer dans l'intime de sa vie divine, les créatures que nous sommes n'en deviendront jamais Dieu pour autant. Pourquoi, alors, au bout du compte, un monde?
Comme chrétien (personne ne peut sinon), on peut oser une première réponse : si (afin qu'il puisse être dit « Amour ») il doit y avoir en Dieu lui-même l'Un et l'Autre et leur union, alors il est très bon qu'il y ait aussi quelque chose d'autre, alors le monde n'est pas, comme dans les autres monothéismes, une réalité déchue de l'Un. Dire cela n'est certes pas rien dire, mais ce n'est en aucune manière suffisant. Car maintenant surgit la difficulté : si Dieu se décide à créer des êtres libres, qui peuvent le connaître et l'aimer, il ne peut pas les « endurcir dans le bien »; ( qu'ils soient anges ou hommes) il doit au contraire leur laisser le choix du oui et du non. Qu'arrive-t-il alors si, comme c'est à attendre ils préfèrent le non?
Dieu prévoit depuis toujours ce qu'il risque s'il crée des êtres finis. Pour Lui, l' « Autre » est d'abord le Fils, et pour cette raison ce n'est que dans le Fils que d'autres êtres peuvent être créés (« sans lui rien ne fut », de ce qui est, Jn 1,3). Ainsi le Fils est-il garant de la réussite de l'audace qui a consisté à « oser » le monde, et finalement, à le tenir pour « très bon ». Il l'est d'autant plus que par là - concrètement par sa Croix - il peut manifester au Père sa reconnaissance infinie. Quant aux créatures il pourra justement leur prouver par là que, malgré toute apparence, Dieu est l'Amour qui va « jusqu'à la fin » (Jn 13,1) de ses possibilités.
Cela dit, on ne doit pas s'imaginer que Dieu le Père, qui a été auparavant désigné comme « Créateur du ciel et de la terre », oblige à proprement parler le Fils à mener à bien son plan sur le monde : devenir homme et souffrir. Le Fils et l'Esprit sont en effet aussi éternels que le Père et c'est par le Dieu un et tri(u)nitaire, que le monde est planifié en toute liberté. Si le monde devait entrer dans l'existence selon l'image originaire de l' « Autre » qui est le Fils, nous ne pouvons pas parler humainement autrement qu'en disant ceci : le Père prie (en premier!) le Fils de se porter garant du salut du monde. En réponse à cette prière, le Fils prie le Père de pouvoir entreprendre cette oeuvre pour sa glorification (par le Fils et par le monde tout ensemble). Quant à la prière de l'Esprit-Saint, ce serait que la glorification mutuelle du Père et du Fils dans le monde puisse s'accomplir par sa propre force de sanctification.
L'existence du monde est-elle par là expliquée? -Aucunement dans le sens où celui-ci apparaîtrait nécessaire! La liberté de Dieu, par laquelle nous sommes, demeure impénétrable; mais nous pouvons avec le Fils « notre Seigneur », rendre grâce (eucharistein) au Dieu tri(u)nitaire, tout à la fois pour notre existence et pour notre salut.
3. Notre Seigneur
Nous nommons le Fils « notre Seigneur ». « Vous m'appelez Seigneur et Maître et vous dites bien, car je le suis » (Jn 13,13). Si comme Ressuscité, il nous nomme ses « frères », il y a là pour nous une telle marque d'honneur que, recevant cette désignation, il n'est que juste que nous confessions avec Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Précisément parce que il s'abaisse si profondément qu'il en vient à nous laver les pieds, précisément parce qu'il vient à la rencontre de l'incroyance et laisse toucher ses blessures. Abandonnons l'appellation « Grand Frère » à l'Antichrist d'Orwell ou de Soloviev.
Pourtant , il ne veut pas que nous nous « effarouchions » devant lui (comme manifestement les disciples le firent lors du repas matinal au bord du lac : « Aucun d'eux n'osait lui demander : « Qui es-tu? », sachant que c'était le Seigneur », Jn 21,21). Il veut que, nous tenant près de lui, et ensemble avec lui, nous disions le « Notre Père ». Il veut davantage encore : que nous recevions son pardon dans la Pénitence et que nous nous nourrissions eucharistiquement de lui. Il veut en nous se tenir devant le Père et, même, en nous, être dans le Père. Il veut que nous, ces créatures problématiques que nous sommes, nous entrions en lui, en tant qu'il est « nouveau ciel et nouvelle terre », dans la vie intime de l'amour divin.
09.02.08

I Premier article
« Je crois en Dieu le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre. » Trois affirmations sur « Dieu » : il est Père, tout-puissant, créateur.
1. Père
Qu'il est Père, nous le savons en toute plénitude par Jésus-Christ, qui se rapporte à Lui comme à son origine, dans un amour, une reconnaissance et une adoration incessants. Il est nommé Père parce que c'est de lui-même qu'il est fécond, et qu'il n'a donc besoin d'aucune fécondation. Mais il ne l'est pas au sens sexuel, puisqu'il sera créateur de l'homme et de la femme, et qu'à cause de cela il contient en lui-même les propriétés fondamentales de la femme d'une manière tout aussi éminente que celles de l'homme. (Le grec gennaô peut aussi bien vouloir dire procréer que donner naissance, tout comme le mot qui est employé pour venir à l'existence, ginomai.) Les paroles de Jésus attirent l'attention sur le fait que cette féconde auto-donation de celui qui est la première origine, n'a ni commencement ni fin : elle est événement perpétuel, dans lequel se confondent nature et agir.
Ici réside le plus insondable dans le mystère de Dieu : Celui qui est le Tout-Puissant n'est pas une Réalité qui reposerait en elle-même et serait du même coup saisissable; il est une Réalité telle qu'elle consiste uniquement dans le mouvement de se donner : source qui coule sans avoir en arrière d'elle-même une fontaine où elle puiserait, acte qui engendre sans avoir un réservoir auquel il recourrait et sans tout un organisme qui accomplirait l'acte en question. C'est dans un pur acte de se répandre, que Dieu le Père est lui-même, qu'il est, si l'on veut, « personne » (d'une manière éminente).
2.tout-puissant
Si en différents endroits le Nouveau Testament nomme le Père « tout-puissant », on voit déjà, à partir de ce qui précède, que cette toute puissance ne peut pas être une autre que celle d'un don de soi que rien ne peut limiter. Qu'est-ce qui pourrait surpasser la puissance de susciter une réalité « de même nature », c'est-à-dire de même amour et de même puissance : non pas un autre Dieu, mais un autre en Dieu (« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu », Jn 1,1)?
Et si , par la suite, la Création est attribuée au Père tout-puissant, l'Évangile ne laisse subsister aucun doute sur le fait que Dieu le Fils et l'Esprit-Saint y participent avec la même toute-puissance une toute -puissance, toutefois, qui est originellement donné à partir de l'origine paternelle.
C'est la raison pour laquelle il est essentiel de voir d'abord l'inépuisable puissance du Père dans la force de son auto-donation, c'esr-à-dire de son amour, et non pas, disons, dans la capacité, qui serait la sienne, de faire arbitrairement ceci ou cela. Et il est tout aussi essentiel de ne pas comprendre cette toute puissance d'amour du Père comme quelque chose d'obscurément-élémentaire, d'éruptif, de prélogique, car son acte de se donner apparaît en même temps comme un acte de se penser, de se dire, de s'exprimer (He 1,3) : ce qu'elle produit c'est le Logos, la Parole qui porte en soi tout sens. Quant à la toute-puissante auto-expression du Père, elle est tout aussi peu quelque chose de contraignant : elle est elle-même origine de toute liberté et non pas, une nouvelle fois, au sens d'un arbitraire, mais au sens d'une éminente auto-possession de l'amour qui se donne. Cette liberté est donné au Fils en même temps que la divinité (dans une liberté souveraine il deviendra homme et « il appellera à lui ceux qu'il veut » (Mc 3,13) ; elle est donnée par tous deux à l'Esprit-Saint, qui « souffle où il veut » (Jn 3,8).
3.créateur
L'amour de Dieu est en lui-même si accompli -un aimant, un aimé qui répond à celui qui l'aime, et l'union du fruit des deux -, qu'il n'a pas besoin d'un monde non divin pour avoir quelque chose à aimer. Si un tel monde est crée par Dieu librement, sans contrainte, alors il l'est par le Père pour glorifier le Fils qu'il aime ; par le Fils aimant pour déposer toutes choses aux pieds du Père comme un don ; par l'Esprit pour, d'une nouvelle manière, donner expression à l'amour réciproque du Père et du Fils. Ainsi est-ce le Dieu tri(u)nitaire qui est le créateur du monde. Si cette Création est attribuée en propre au Père, c'est parce que , déjà en Dieu, il est l'origine au-delà de la quelle il n'y a plus rien à chercher.
Voilà pourquoi aussi l'agir du Fils et de l'Esprit dans le monde tend à conduire toutes choses comme à leur demeure en les orientant vers cette origine dernière en laquelle il y a une place infinie pour tout. (« Dans la maison de mon Père il y a de nombreuses demeures », Jn 14,2.) Voilà pourquoi l'esprit humain n'est pas en repos tant qu'il n'est pas parvenu au commencement de toute existence et de tout amour.
C'est pour cette raison aussi qu'il est question de « ciel et terre » : parce que dans l'ancienne image du monde, et beaucoup plus encore dans la nouvelle, le monde vu comme habitation de l'homme avait toujours au-dessus de lui un ciel inatteignable, cet Inatteignable intra-mondain étant alors seulement symbole pour désigner le « lieu » de Dieu dans sa création. Car il est bien impossible qu'il en soit absent. « C'est en lui, en effet que nous avons la vie, le mouvement et l'être », et que pour cette raison, « nous le cherchons « , « si toutefois nous pouvons l'atteindre » (Ac 17,27-28). Pour cela nous apporteront leur aide son Verbe devenu homme et son Esprit.
06.02.08

Temps de Carême
Aujourd'hui Mercredi des cendres début du Carême. COMMENTAIRE DU SYMBOLE DES APÔTRES par Hans Urs von BALTHASAR Tout ce qui est multiple a son origine dans quelque chose de simple. Les nombreuses parties du corps de l'homme viennent de l'oeuf fécondé. Les douze énoncés du Symbole des Apôtres ont leur point de départ dans cette question tripartite :« Crois-tu en Dieu le Père, le Fils, le Saint-Esprit? » Mais ces trois mots sont eux-mêmes l'expression de ceci – dont Jésus fournit la preuve : le Dieu unique est dans sa nature même amour et don de soi. Jésus se sait, il se reconnaît Parole, Fils, Expression, Témoignage d'Auto-donation dans l'amour, de l'Origine immémoriale qu'il nomme « Père », qui l'aime et qu'il aime dans leur commun Esprit d'amour divin. Un Esprit dont il nous fait don, afin que afin que nous soyons nous-mêmes inclus dans cet abîme d'amour (qui surpasse toute mesure), et que ainsi nous puissions comprendre quelque chose de sa surabondance : « Connaître l'amour qui surpasse toute connaissance » (Ep 3,19) Ce n'est qu'à la condition de maintenir constamment le regard sur ce fondement de l'Unité, qui s'ouvre aussi à nous, que cela a du sens de déployer le Credo chrétien. Tout d'abord en fonction des trois accès mentionnés, mais étant entendu que ceux-ci se subdivisent encore en douze « articles » (« articulus signifiant l'articulation qui relie les membres les uns aux autres). Nous ne croyons jamais à des énoncés, mais à une unique Réalité qui se déploie devant nous, et qui est à la fois la plus haute vérité et le plus profond salut.
Je voudrais vous inviter tout au long de ce temps à méditer et à partager sur le Credo, profession de notre foi, à partir du commentaire écrit à la fin de sa vie en 1988 par le grand théologien le cardinal Hans Urs von Balthasar. Ces méditations sur le Credo-le symbole des Apôtres-qui peuvent s'assimiler à une sorte de testament de sa foi représentent une véritable "somme " de la foi chrétienne comme l' indique Monseigneur Joseph Doré traducteur de ce texte dans son introduction :
Dieu est amour. D'abord en lui-même. Mais aussi, et conséquemment, pour nous et pour le monde, qu'il n'a créés que pour mettre toute sa gloire à les associer à sa vie. C'est ce" qui éclate dans la vie, la Croix et la Pâque de Jésus, qui apparaît dès lors au centre et au coeur de tout ce qui existe, monde et histoire. Et qui révèle à la fois Dieu comme Trinité d'un Père qui l'a envoyé, d'un Fils qu'il est lui-même, et d'un Esprit qui les unit et qu'ils nous donnent, et l'homme comme destiné dès ce monde à la communion des saints et à la rémission des péchés, et dans l'autre à la résurrection de la chair et à la vie éternelle
L"Unique nécessaire" est là. Il ne peut être reçu et compris que dans la foi, l'espérance et la charité; mais quand il l'est ainsi, on le découvre à la fois comme Beauté à admirer, Bonté à aimer et Vérité à proclamer. Or telle est, au bout du compte, ni plus ni moins, la confession de la foi qu'appelle le Symbole des Apôtres.
"à demain"
13.12.07

Mercredi 13 Décembre Plus que douze jours !... Le temps approche... O sainte Vierge, O saint-Joseph, y pensez-vous ? Pensez-vous au peu de temps qui vous reste à passer dans ce doux Nazareth où vous coulez des jours si divinement heureux, noyés dans la contemplation du Dieu caché, vous enivrant de son amour pendant vos longues heures de muette adoration ?... Non, vous n'y pensez pas... à chaque jour suffit sa peine... à chaque jour son devoir... Vous voulez partir à Bethléem de manière a y être le soir du 24... cette année ce sera un vendredi soir : vous y arriverez juste pour le sabbat du lendemain, il y a quatre jours de voyage : il vous suffira de vous mettre en route le mardi: la journée de lundi suffira pour les préparatifs ; ils ne sont pas grands quand on a le bonheur d'être pauvre, et surtout quand on est pauvre d'esprit, détaché de tout, sauf de Dieu... D'ici la, c'est la vie ordinaire, les jours et les nuits partagés entre la prière et le travail quotidien: vous travaillez au trousseau, à la layette de votre enfant, ô ma mère, et mon père travaille comme d'ordinaire dans son humble métier... peut-être travaille-t'il un peu plus qu'à l'ordinaire car il faut ramasser un peu d'argent pour les frais de voyage... Soit travail, soit prière, tous les instants du jour se passent ensemble... Comment Joseph s'éloignerait-t'il du lieu où est sa vie ? Il a vécu contre Marie et ne quitte pas sa présence et celle de Jésus... il travaille en les regardant, en adorant Jésus et quand le travail recueilli, muet, est fini, il revient s'asseoir auprès de Marie qui quitte aussi son ouvrage, et tous deux dans une union de coeur qui n'a jamais eu la pareille sur la terre, et un amour mutuel le plus grand qui est existé et doive exister jamais entre deux créatures, mais recueillis et silencieux, ils se mettent à adorer et à admirer pendant de longues et bienheureuses heures le Dieu qui est avec eux... Faites-moi, faites-nous à nous tous qui aimons le Coeur de Jésus, partager vos adorations, ô Marie, ô Joseph, je vous le demande au nom de Jésus, en Lui, par Lui et pour Lui
Amen
Notre Pape Benôit XVI le jour de l'Immaculée Conception
30.09.07

Je viens à toi, Jésus
pour que tu m'effleures avant que je commence ma journée.
Que tes yeux se posent un instant sur les miens.
Laisse-moi emporter à mon lieu de travail
l'assurance de ton amitié.
Emplis mon esprit pour qu'il supporte le désert et le bruit.
Que ton rayonnement béni
recouvre la cime de mes pensées.
Et donne-moi la force pour ceux qui ont besoin de moi.
Mère Teresa
Seigneur, aide-moi,
apprends-moi
à parler de moi
aussi peu que possible,
à accepter tout
de bonne humeur,
à passer
sur les fautes d'autrui,
à céder à sa volonté
de bon coeur,
à ne pas chercher
l'admiration,
à céder dans les discussions,
à ne pas me retrancher
derrière ma dignité,
à être toujours
doux et aimable.
Mère Teresa
11.04.07
Introduction
Les paroles de Bernadette ont, comme toute sa vie, quelque chose du parfum et de la candeur de l'enfance. Elles apportent la fraîcheur des fleurs de printemps à un monde fané. Quelques unes sont les présentations fidèles du message qu'elle reçut; d'autres viennent de ses réflexions personnelles, qui sont comme les fenêtres de son âme; d'autres sont de courtes phrases qui jaillissent de la sagesse du cœur combinées avec son approche, pleine de bon sens pratique, de sa façon de vivre.
Elle est une sainte pressée; quelquefois, dans la sublimité de sa prière, elle semble être élevée de terre vers le ciel, cependant le modèle de sa sainteté la montre toujours avec les deux pieds bien plantés sur terre. Comme Mgr Donze, évêque de Lourdes la décrit, « Elle parle et exprime sa foi d'une manière simple et correcte, ayant rapport avec les évènements de sa vie quotidienne comme ils se présentent à elle. » Ses paroles méritent notre attention, elles peuvent devenir une lampe pour éclairer nos pas. Vers la fin de sa vie, elle dit, « Ce qu'on écrira de plus simple sera le meilleur. » Les réflections dans ce livre sont basées sur son désir d'être simple. Son chemin vers la sainteté et les thèmes principaux de sa vie sont très clairement illustrés à travers ses propres paroles.
Les pensées qui sont tissées autour de ses paroles dans ces réflections sont destinées à nous aider à la voir un peu plus clairement dans la lumière resplendissante de la Vierge Immaculée, et aussi à former un point de départ pour notre prière. Le centenaire de sa mort en 1879 l'amène devant nos yeux. Elle mérite qu'on se souvienne d'elle. Elle est une sainte pour notre temps avec un message pertinent pour notre monde. Sa vie reflète la beauté sans tache de Marie pour un monde pécheur.
JOHN MOLONEY
16 avril 1979.

« ...la tendresse d'une mère. »
Bernadette eut l'expérience privilégiée d'être formée par la servante du Seigneur. Elle fut donc préparée plus tard à son emploi d'infirmière quand elle sera la servante des malades. Marie avait servi le Seigneur. Ses mains L'avaient placé dans la Crèche avec tendresse; les mêmes mains embrassèrent son Corps, brisé par les péchés du monde. A la Grotte, l'enfant a du donc apprendre que les mains qu'elle voyait jointes en prière avec tant de dévotion avaient touché et servi le Seigneur.
Comme jeune religieuse à Nevers on lui confia le soin des malades. Sa propre expérience d'une mauvaise santé personnelle la prépara bien en lui donnant une compassion particulière envers la maladie et une sensibilité profonde dans ses soins aux malades. Elle avait appris de la Sainte Vierge comment faire du signe de la Croix un acte de Foi vivante; ses mains caressaient avec vénération ceux sur lesquels le Seigneur avait tracé le signe de la Croix à travers la souffrance. Elle prenait toujours tendrement son crucifix dans ses mains; elle enlaçait les malades dans ses bras avec la même tendresse. Si ce fut sa vocation d'être malade, ce fut aussi sa vocation de soigner les malades.
Elle avait peu d'éducation, mais elle avait une paire de mains serviables et le cœur ouvert. Ses mains parlaient le langage de l'amour, d'un amour attentionné qui se manifesta dans la qualité de sa tendresse. « Elle me prit les mains avec toute la tendresse d'une mère. », dit Jeanne Jardet. Elle donnait doucement une petite gorgée d'eau aux malades, ou ses mains pour les soutenir et les rassurer, mais elle prenait aussi les malades par la main dans l'intention plus profonde de les amener sur le chemin de l'acceptation de la souffrance par amour pour Jésus. Elle disait à une soeur qui avait peur d'une opération « Ma sœur, ne voulez-vous pas souffrir? » Comme elle allait d'une salle à l'autre de l'infirmerie elle avait l'habitude de répéter tout le temps à haute voix les paroles suivantes, « Aimez le bon Dieu mes enfants; c'est tout. » Elle ne cessait de présenter la souffrance comme le niveau le plus noble – une réponse d'amour et de réparation pour les péchés. «Nous devrions souffrir un peu pour le bon Dieu. Il a tant souffert pour nous. » Elle leur montra comment la Croix, portée volontairement, devenait leur prière qui n'avait pas besoin de mots.
Elle ne perdit jamais de temps en petite conversation. On disait d'elle qu'elle n'utilisait jamais deux mots quand un seul suffisait. En cela elle ressemblait à Saint Dominique qui limitait sa conversation aux mots adressés à Dieu ou sur Dieu. Ses paroles aux malades n'étaient jamais futiles; ses paroles rapportées leur étaient adressées pour les amener à Dieu, et à une vision nouvelle de la souffrance. Cependant il y avait une clarté proche de la gaieté dans son approche des malades dont elle s'occupait. Une sœur à qui elle allait mettre des gouttes dans l'œil commença à se plaindre et à pleurer à cette perspective. Bernadette réussit à changer ses larmes en sourires. « Comment,je vous donne une goutte, et vous, vous m'en donnez plusieurs. » Elle put encourager et réconforter. Inspirée par les consolations qu'elle reçut des Cœurs de Jésus et de Marie, elle put faire passer cette consolation aux malades. « Si vous saviez seulement comme elle avait bon coeur et comme elle pouvait bien consoler, » dit une de ses patientes.
Cette infirmière qui était aussi une sainte présente un idéal sublime à cette noble armée qui sert les malades à Lourdes; et, en vérité, à ceux qui veillent au chevet des lits du monde. Les mains serviables sont l'offrande de cœurs joyeux. Le Seigneur montre à ceux qui s'occupent des malades comment faire de cet apostolat une école de prière et un chemin vers la sainteté.
PRIÈRE :
Chère Bernadette, inspirez à tous les apôtres des malades de les servir avec des mains serviables et de les réconforter avec les consolations de Dieu.
17.03.07

« ...bonne à rien... »
DIEU regarda avec amour les petits d'Israël; Il utilisa leur pauvreté d'esprit pour les faire participer à son grand plan de salut. Il regarda Marie dans son néant. Un coeur vide d'orgueil était près à être rempli: ainsi Il pouvait faire de grandes choses à travers elle. Marie, regardant Bernadette, trouva un coeur qui se réjouissait de son néant, et était prêt à être utilisé pour une grande mission.
Elle était dépourvue d'instruction; mais le Saint Esprit lui donna la sagesse du coeur qui la convainquit qu'elle comptait pour rien, et que sa route dans la vie serait la petite voie. Sans le savoir elle avait découvert le secret de la route vers la vraie sainteté. « Je désire rester pauvre. » Quand la lumière brillera sur elle, elle ne détournera pas son attention de la Vierge Immaculée qui était sa source; et elle ne l'empêchera pas de briller sur le monde. Une de ses compagnes dit d'elle: « Elle avait l'habitude de dire que si elle avait été choisie pour être la confidente et la messagère du Saint Esprit, c'était à cause de sa pauvreté et de sa petitesse, pour que tout l'honneur aille à la Sainte Vierge et à la gloire de Dieu. » « Si le Saint Esprit m'a choisie, c'est parce que je suis la plus ignorante. Je n'avais pas droit à cette grâce. »
Elle fut le petit instrument à utiliser à volonté, entièrement malléable dans les mains de Dieu. Le fait qu'elle fut élevée à une mission sublime pour devenir la messagère du ciel ne lui tourna pas la tête. Quelques brefs instants au centre du regard du monde et elle s'en alla. Quelques mots pour transmettre le message et elle fut silencieuse. Désirait-elle retourner à Lourdes, lui demanda-t-on plus tard ? « Comme un balai mis dans un coin après usage, ainsi, » dit-elle, «Je suis le balai dans le coin. » Elle avait une conscience vive de ses propres limites. Quand lui vint la pensée d'une vocation à la vie religieuse, elle sentit qu'elle avait peu à offrir. « Je ne sais rien; je ne suis bonne à rien. » Dieu lui permit de ressentir son néant tout au long de sa vie, comme une partie de son processus pour façonner son âme. « Lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort. » (2 Co 12, 10). Dans sa faiblesse, c'est-à-dire, dans son humilité profonde, dans l'impuissance de sa souffrance, elle trouvera en Lui la force. Dans un moment d'épuisement elle dit à une soeur qui demandait ses prières, « Voudriez-vous prier pour moi, je suis bonne à rien. »
Si souvent Dieu semble se réserver la vision d'une âme qu'Il dote d'une sainteté particulière, comme une fleur d'une beauté rare qu'Il soigne dans son jardin clos avant de lui permettre d'être vue dans sa pleine splendeur par les yeux du monde . Ainsi la sainteté de Bernadette devait fleurir presque inaperçue. Quand le temps de sa profession religieuse arriva et celui de lui attribuer une fonction, on considéra qu'elle n'avait pas de don particulier pour aucune tâche. Sa supérieure la décrivit comme une « bonne à rien ». Mais l'évêque Forcade, regardant sous la surface dans les profondeurs de son âme, vit combien elle était préparée à faire une grande oeuvre. « Mon enfant », dit- il, Je vous donne la fonction de la prière. » N'étant bonne à rien Bernadette était digne d'être utilisée pour les grands desseins de Dieu. Elle nous adresse un message, éloquent et consolant à la fois; que Dieu peut faire quelque chose de la poussière des vies humaines; que l'impuissance de la maladie, l'inutilité apparente de nos vies, quand nous sommes laissés dans un coin comme un balai, ne sont pas peine perdue. Elles pourraient plutôt être notre point de départ vers la gloire.
PRIÈRE :
Chère Bernadette, enseigne-moi la valeur de la véritable humilité afin que je puisse avoir confiance en Dieu seul pour faire quelque chose de ma vie qui en vaille la peine.

04.03.07

Chaque année, en ce temps de carême, la liturgie propose à notre réflexion le récit de la Transfiguration, selon Matth, Marc ou Luc. Remarquons tout d'abord, que Luc ne parle pas de transfiguration comme les autres Évangélistes parce qu'il s'adresse à de païens qui développent des théories sur la métamorphose, une transformation de notre corps, c'est une autre manière d'exprimer unr transfiguration, aussi écrit-il : « Son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante. » Jésus homme, c'est la face visible du Dieu invisible. Dieu, on ne peut pas le voir, mais des hommes ont vu Jésus. A la Transfiguration Jésus dévoile en partie sa véritable identité. A la veille d'événements douloureux, la Transfiguration de Jésus, c'est un réconfort pour les disciples d'autant plus que Pierre vient de signifier qu'il n'accepte pas la mort de Jésus. Pour les trois disciples, la Transfiguration est une expérience mystique qui place Jésus dans la lignée de Moïse : la Loi, et d'Elie : le prophète. Et comme au baptême, il y a la voix du Père qui se fait entendre, mais ici, il ajoute : « écoutez-le. ».Jésus nous a donné la charte de la nouvelle alliance qui se résume dans un mot « aimer ». Il a bien dit qu'il ne venait pas abolir la loi ou les prophètes symbolisés à la Transfiguration par Moïse et Elie, mais les parfaire. La Transfiguration prépare les apôtres au sacrifice de la Croix, signe de la nouvelle alliance, la liturgie de ce jour nous rappelle la première alliance conclue entre Dieu et Abraham.
Dieu s'est révélé à Abraham et lui a dit de partir de Ur en Chaldée pour aller en pays de Canaan. Abraham a exprimé sa confiance en Dieu, Dieu lui a fait des promesses, en particulier de multiplier sa descendance, une descendance aussi nombreuse que les étoiles. Mais comment d'une manière concrète Abraham va-t-il comprendre que Dieu réalisera ses promesses. Dieu va faire alliance avec lui à la manière de l'époque, on sacrifie des animaux, on les partage en deux et chaque contractant passe au milieu des animaux, ce qui signifie : « si je ne tiens pas ma promesse, que je sois partagé en deux comme ces animaux. » Et voilà qu'Abraham est frappé d'un mystérieux sommeil et pendant ce sommeil, le feu divin passe au milieu des animaux. Dieu s'est engagé d'une manière unilatérale. Dieu fait en quelque sorte irruption dans le monde humain, il sera présent tout au long de l'histoire des descendants d'Abraham. Jésus à la Transfiguration prépare la nouvelle alliance qui élèvera l'homme à la dignité de fils de Dieu pour le conduire au royaume des cieux.
C'est pour cela que saint Paul pouvait écrire aux chrétiens de Philippe: « nous sommes citoyens des cieux » et Jésus transformera nos pauvres corps en son corps glorieux, le corps glorieux c'est son corps ressuscité au matin de Pâques et non le corps de la Transfiguration où il a laissé apparaître sa divinité, dans une vision exceptionnelle.Citoyens des cieux, nous ne devons pas nous comporter en ennemis du Christ et vivre en matérialiste, on pourrait parler des deux cités, mais n'oublions pas que si nous marchons vers la cité des cieux, nous sommes dans la cité terrestre, sans nous y attacher et faire le but de notre vie, mais en y travaillant à mettre plus de justice, de paix, d'amour, de partage, et en y annonçant le royaume de Dieu.
Au milieu des épreuves, renouvelons notre confiance en Dieu, si nous ne sommes pas toujours fidèles à l'Alliance, lui est toujours fidèle et nous attend comme le Père de l'enfant prodigue. Jésus restera toujours un peu mystérieux pour nous, comme il l'a été pour les apôtres. Il est important que nous fassions une expérience de Jésus, il y a des signes au cours de la vie qui sont un véritable contact avec lui, une rencontre en vérité. Le carême peut être un temps privilégié pour cette expérience, aller au désert ou sur la montagne pour parler à Dieu, c'est la prière. Lors de la Transfiguration, Jésus a été sur la montagne pour prier et c'est pendant qu'il priait que son visage devint tout autre. Il y a des personnes qui sont d'une certaine manière transfigurées lorsqu'elle prient, et leur attitude invite à la prière, cela arrive même à des enfants, et à des tout petits.
« Si vous ne ressemblez à ces petits enfants ». Soyons ici-bas des citoyens des cieux.
03.03.07

Homélie de Mgr Vingt-Trois
Ce matin nous avions sous les yeux la ville de Jérusalem, cet après-midi au Kotel, plus tard au Saint-Sépulcre, comment ne serions-nous pas saisis non seulement par la beauté toute particulière de cette ville, mais surtout par le sens qu’elle revêt dans l’histoire de la foi. Comment ne serions-nous pas saisis d’interrogation et de tristesse en voyant que cette ville qui est appelée à devenir la mère de toutes les nations, et à partir de laquelle la Bonne Nouvelle est partie pour toutes les nations, cette ville dont chacun pourra dire qu’ « en elle tout homme est né », soit en même temps la mère qui voit la division se perpétuer ? Comment pouvons-nous comprendre ce mystère qui traverse non seulement la terre sur laquelle nous sommes, la Terre Sainte, mais qui traverse toute l’histoire de la révélation depuis Abraham jusqu’à nos jours ? Quel est ce mystère d’iniquité qui traverse le peuple de Dieu, jusque dans sa foi, pour qu’il ne puisse pas éviter de devenir un peuple divisé ? Quel est ce mystère qui traverse la liberté des croyants pour que leur amour de Dieu et le respect de la Loi ne produise pas l’unité et la paix auxquelles on s’attend ? Cette question n’est pas seulement la question de Jérusalem, c’est notre question à nous disciples du Christ, habités de l’Esprit d’amour et d’unité et cependant divisés. C’est à nous qu’est posée la question puisque, sur le tombeau même de Jésus, on prie successivement et non pas conjointement. Cet Esprit que Dieu par Jésus a répandu dans le cœur de ses apôtres pour leur faire comprendre la vérité toute entière, nous l’implorons pour qu’il nous fasse comprendre mieux en quoi nous avons manqué à l’amour de Dieu, en quoi nous manquons à l’amour de Dieu. Que devrions-nous changer dans notre vie, dans chacune de nos existences, dans chacune de nos journées, pour que l’Esprit d’amour soit vraiment à l’œuvre en nous, pour que nous devenions des artisans de paix, pour qu’à travers nous l’appel à la réconciliation devienne crédible parce que nous aurons d’abord accueilli la réconciliation dans notre vie et que nous serons remis dans l’unité du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Prions donc le Seigneur pour qu’il répande en nous son Esprit d’unité et de paix et qu’il fasse de nous les témoins de cet Esprit.
+ André Vingt-Trois
Archevêque de Paris
27.02.07

Pendant ce temps de Carême je vous propose de méditer sur cette conférence donné au congrès eucharistique de Benevent en Italie le 2 juin 2002 par Benoit XVI alors Cardinal Ratzinger.
Introduction.................................page 2
1. Eucharistie...............................page 3
2. Communion.................................page 4
3. La solidarité.............................page 5
Conclusion: l'Eucharistie comme sacrement des transformations..page 6
29.01.07
« Lettre à Dieu » de l’abbé Pierre, lue à l’occasion de ses funérailles à Notre-Dame de Paris
« Lettre à Dieu »
Père,
Je vous aime plus que tout.
Avant tout parce que vous êtes celui qui peut dire JE SUIS. Et d’avoir rencontré cela dans mes seize ou dix-sept ans fait que, à quatre-vingt-treize ans, j’en vis.
Je vous aime plus que tout.
Parce que :
– à l’homme qui, tout au long de l’évolution, ne cesse de se vouloir suffisant, vous donnez Jésus, le Verbe, pour prouver que l’homme est non suffisant ;
– alors qu’on s’étouffe de vouloir des chiffres, vous donnez l’indicible, qui se fait plus fort que le doute, en l’Hostie de l’Eucharistie ;
– à l’atmosphère suffocante, vous substituez le souffle, « spiritus », de l’Esprit Saint qui naît de l’union du Père et du Verbe s’aimant, et en qui nous baignons.
Oui, vous êtes mon amour.
Je ne supporte de vivre si longtemps que par cette certitude en moi : mourir est, qu’on le croie ou non, Rencontre.
Je vous aime plus que tout.
Oui, mais… Pour être croyant crédible, il faut que tous autour de moi sachent que je n’accepte pas, que je ne pourrai jamais accepter, la permanence du Mal.
ÊTRE, Vous êtes maître du maintien ou de la cessation de l’existence de tout ce qui est.
Alors que vous avez ce pouvoir de le faire cesser, comment comprendre que subsiste le Mal ?
La prière de Jésus ne culmine-t-elle pas dans « Délivrez-nous du Mal » ?
Merci, Père, de m’aider à refuser, ce qui serait tricherie, de « croire » comme si j’étais indifférent à la perpétuation du Mal, et en ce monde, et dans l’au-delà du temps.
Croyant, aimant, je ne peux être que ce « croyant quand même », c’est-à-dire ne comprenant pas.
Trop de mes frères humains restent au bord de vous aimer, détournés par la nécessité de ce « quand même ». Pitié pour eux et pitié pour l’Univers.
Père, j’attends depuis si longtemps de vivre dans votre totale PRÉSENCE qui est, je n’en ai jamais douté, malgré tout, AMOUR.
Le 22 janvier 2007,
« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés. » Ce passage de l’Évangile me vient immédiatement à l’esprit alors que j’apprends la mort de l’abbé Pierre. Je n’oublie pas que c’est dans l’Évangile qu’il a puisé l’inspiration pour son combat. C’est à cause du Christ qu’il est devenu un insurgé de la charité nous appelant au secours pour les sans toit, les sans espoir et les sans droit.
C’est à cause de sa foi chrétienne qu’il a associé à son combat tant d’hommes et de femmes sans distinction de religion, d’origine ou de milieu social. Il fut le grand témoin de l’action non pas « pour » les pauvres mais « avec » eux.
Avec ses limites et ses faiblesses, il a suivi la route du Christ dans la lumière du témoignage de saint François d’Assise. A nous catholiques, il a rappelé l’indispensable lien entre l’amour de Dieu et l’amour des hommes, entre la prière et l’engagement pour tous, premièrement pour les plus souffrants.
Il m’écrivait en 1994 : « A quoi aurait servi d’être « pratiquant » modèle, si on ne sait pas voir, à deux pas de chez soi, tels qui ont faim de pain et de dignité ou de logement et qui pleurent seuls ? »
Au début de l’année 2004, notre diocèse s’est souvenu que l’abbé Pierre avait prêché le 31 janvier 1954 aux messes du dimanche, à l’église Saint-Pierre – Saint-Paul de Courbevoie. Un élan de solidarité avait alors soulevé la ville dès l’après-midi. Le lendemain, il avait lancé son fameux appel à la radio. Cinquante ans après, les paroissiens ont eu l’honneur et la joie de recevoir une lettre de l’abbé Pierre dans laquelle il a écrit : « Je me tourne vers vous pour redire ce que déjà, je disais à l’époque : « Mes amis, au secours ! Des hommes, des femmes, des enfants sont sur l’asphalte de nos rues, sans toit, sans espoir, sans droit ».
De très nombreuses et justes expressions d’admiration et de reconnaissance s’expriment en ces jours où l’abbé Pierre quitte cette terre. De nombreux et urgents engagements personnels et collectifs restent nécessaires pour manifester notre fidélité au message toujours actuel de ce grand serviteur de Dieu et de l’humanité.
+ Gérard Daucourt
Evêque de Nanterre
28.01.07

Emmaüs, le nom d’un village qui résume toute la vie et l’oeuvre de l’Abbé Pierre.
Emmaüs, c’est un chemin.
Emmaüs, c’est d’abord la page d’Evangile que nous venons d’entendre. Elle raconte comment un chemin de tristesse peut devenir une promesse d’espérance. Deux compagnons découragés ont quitté Jérusalem. Tandis qu’ils s’éloignent de la Ville Sainte, un inconnu les rejoint, s’approche, les interroge et commence à leur parler.
Quelque chose s’éveille en eux et les bouleverse intérieurement : « Notre coeur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’il nous parlait sur la route ? », diront-ils, lorsque leurs yeux s’ouvriront et reconnaîtront Jésus ressuscité.
Dans cet épisode du soir de Pâques, l’Abbé Pierre a vu toute sa mission, l’aventure d’Emmaüs. « Georges, lance-t-il un jour à son premier compagnon,viens, toi qui es tout cassé. Trouvons-en un autre comme toi, et nous irons ensemble soulager un troisième. »
Quelques années plus tard, la France a découvert l’épopée des chiffonniers d’Emmaüs. On les regardait comme des exclus ou des blessés de la vie, mais en vérité, ils étaient devenus des semeurs d’espérance. Il avait suffi que quelqu’un fasse jaillir en eux la source, pour que toute leur humanité soit à nouveau irriguée.
Où trouvait-il son énergie, ce prêtre à la santé fragile, constamment malade depuis son enfance ? La prière, la conversation quotidienne avec Jésus étaient le secret du dynamisme intrépide de l’Abbé Pierre. Dès son enfance, en famille, il avait appris à boire à cette fontaine d’eau vive. Durant les sept années de sa vie chez les Capucins, il reçut une solide formation spirituelle dans l’esprit de Saint François d’Assise. Plus tard, il voulut se retirer dans le silence et vécut huit ans au milieu des moines, à l’Abbaye de saint Wandrille, près d’Esteville, l’endroit où reposent ses premiers compagnons et qu’il va rejoindre ce soir.
On ne peut pas s’engager dans le service des pauvres et aller au devant de toutes les misères avec un tel enthousiasme, jusqu’à quatre vingt quatorze ans, si l’on ne va pas chercher cette force venue d’ailleurs. Que de fois, quand le fardeau se faisait trop lourd, ses proches l’ont entendu dire : « Laissez-moi ». Il entrait alors dans un dialogue dont il ne nous a livré que quelques mots : « O Dieu, toi qui es, sois ! ». Ce Dieu auquel il s’adressait avec une confiance d’enfant, Jésus lui révélait qu’Il est amour. L’appel était là ; il fallait donc repartir sur le chemin, témoigner de cet amour et le partager avec les autres.
Emmaüs, c’est une maison.
Emmaüs, c’est aussi une maison, une auberge. Elle est comme un refuge pour tous ceux que les difficultés de la route ont épuisés ou égarés. Les compagnons vont lutter ensemble pour panser les blessures. « Restituer à l’homme sa dignité, dit l’Abbé Pierre, voilà le grand secret. » Pour cela, l’itinéraire est simple : bâtir une maison, retrouver le sens et le goût du travail, gagner un salaire pour assurer sa vie et, sans tarder, venir en aide à ceux qui sont dans une misère plus grande encore.
Toujours penser aux autres d’abord. Qu’on me permette de raconter une anecdote, moment marquant de son enfance et de sa vie de famille à Lyon. Un dimanche, le jeune Henri - il n’avait pas encore dix ans - avait été puni et privé d’une sortie chez des cousins. Quand ses frères, en rentrant le soir, racontent la joie et les jeux de l’après midi, il leur répond : « Que voulez-vous que cela me fasse ; je n’y étais pas. » « Alors, dit-il, j’ai vu le visage de mon père s’assombrir. Il m’a pris à part et m’a dit : ‘Mais Henri, et les autres ? Ils ne comptent pas pour toi !’ ». Cette phrase qu’il n’a jamais oubliée marque le début de sa lutte acharnée contre toute forme d’égoïsme, le sien et celui des autres.
Béni soit Dieu pour ce père de famille nombreuse qui fait attention à chacun de ses enfants ! Et qui, par amour, lutte contre le péché dès qu’il le voit poindre dans leur coeur ! On peut dire que les autres en ont eu de la place, dans la suite de sa vie !
Tout est parti d’une pauvre baraque, trouvée à Neuilly Plaisance, en 1947. On la retape et les premiers compagnons arrivent deux ans plus tard. Sur la porte, il pose une pancarte : « Emmaüs ». Au fil des ans, les foyers vont se multiplier. A Charenton, où l’on a récupéré une ancienne chapelle, l’abbé loge au 10ème étage d’un immeuble voisin et vient souvent manger avec les compagnons. Durant l’hiver 54, l’insurgé de Dieu réveille la France entière de sa torpeur par ce cri devenu célèbre : « Mes amis, au secours, une femme vient de mourir gelée cette nuit à trois heures, sur le trottoir du Boulevard Sébastopol ».
Le ton de sa voix, les images de ce grand moment restent gravés dans nos mémoires. Un peuple tout entier, grâce à l’Abbé Pierre, est entré dans « l’insurrection de la bonté ».
Tout homme a droit à un logement décent où il puisse vivre avec les siens. Cinquante ans plus tard, l’aventure continue, et le combat est loin d’être gagné. L’Abbé Pierre ne l’abandonnera jamais, il a communiqué son élan à beaucoup d’autres. L’an dernier encore, à quatre vingt treize ans, il a repris son bâton de pèlerin pour aller à l’Assemblée Nationale supplier les députés d’agir en faveur des mal logés.
Non seulement il a toujours défendu les pauvres, mais il a vécu lui-même comme un pauvre. Dès l’âge de 19 ans, il renonce à sa part d’héritage et distribue tous les biens qui lui viennent de sa famille. Député de Meurthe et Moselle, au lendemain de la guerre, il donne chaque mois son indemnité parlementaire à ceux qui manquent de tout. Jusqu’au bout de sa course, malgré sa notoriété, il a gardé la pauvreté. Cela garantit l’authenticité de son action.
Mais c’est encore peu de chose pour lui. Si ce geste n’est pas habité par une lumière plus profonde, il ne vaut rien du tout. C’est lui qui a souhaité nous faire entendre ce matin le brûlant enseignement de saint Paul sur la charité : « J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien » (1 Cor 13, 3).
Emmaüs, c’est un repas, une révélation et un nouveau départ.
Emmaüs, enfin, c’est un repas. Dans les Foyers, on trouve une table ouverte pour une nourriture simple ou un repas de fête. Chacun a sa place, la conversation est animée, et, en hiver, le café chaud est apprécié de tous ; grand moment de la vie quotidienne et fraternelle. Depuis quelques années, pour la fin de sa route, Alfortville, cité de la banlieue parisienne était tout étonnée et heureuse d’accueillir le Français le plus estimé de ses compatriotes. C’est là qu’il a été accompagné jusqu’au bout. Dans quelques pièces, à côté du Centre International de ses compagnons, il a su garder la douce lumière d’Emmaüs, en attendant l’heure de la rencontre.
L’Evangile d’Emmaüs nous fait comprendre que nous sommes aussi attendus pour un autre repas. Le Seigneur se met à table avec nous. Il prend le pain, le bénit et nous le donne. C’est un geste qui résume toute la mission du Christ et l’ambition de l’Abbé Pierre. Rien n’est plus utile à l’humanité que ce partage concret et fraternel. A ce « repas du Seigneur », il a toujours été fidèle. Chaque soir, à l’heure dite, il célébrait la Messe. Tout était préparé avec soin dans sa chambre : la table installée, un calice, quelques hosties, et son livre usé qu’il avait annoté à toutes les pages.
Ce repas est le moment d’une Révélation. A Emmaüs, pendant que le pain est rompu, les yeux des compagnons s’ouvrent et ils reconnaissent le Seigneur : Il est vraiment ressuscité. Désormais, la victoire de l’amour contre toutes les tristesses de ce monde est assurée. Mais le Christ disparaît ; ses disciples sont passés de la désillusion à l’enthousiasme. Aussitôt, ils partent sur la route comme des messagers d’espérance.
C’est le repas que nous vivons en ce moment à Notre-Dame de Paris, et l’Abbé Pierre y prend part mystérieusement. Il attendait la mort dans la paix et avec une grande foi. On peut dire qu’il la désirait. A la fin du « Je vous salue Marie », il préférait dire : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de la Rencontre. » Nous prions ce matin pour que Dieu lui accorde son pardon et lui donne de vivre l’immense joie de cette rencontre. Au seuil de la maison où Jésus est parti nous préparer une place, notre Père l’attend et lui ouvre les bras.
Merci, Seigneur, de nous avoir donné un tel frère !
Merci, l’Abbé Pierre, de nous avoir donné un tel exemple !
Vous disparaissez et nous, comme les compagnons d’Emmaüs, nous repartons d’un bon pas, aujourd’hui, pour témoigner de cet amour et servir les autres, jusqu’à notre dernier souffle.
Cardinal Philippe Barbarin
Archevêque de Lyon
26.01.07

Merci Christine de nous avoir fait découvrir ce trésor il y a quelques années déjà ! Merci à ton frère à travers lequel l'Esprit Saint nous parle dans ses peintures !
Pour tous les compagnons d'Emmaüs
24.01.07

l'Innocent
Seigneur, en ce temps de scandale où tant de chrétiens se laissent prendre aux pièges de la puissance, apprends-nous par ton Esprit, à être, à l'image de ton Fils, des êtres si faibles et si démunis, que tu sois notre seule force.
A une époque où la presse et les moyens d'informations conditionnent comme jamais la pensée des hommes, que ton Esprit fasse de nous des êtres d'une totale liberté par rapport à tous les jugements du monde.
Seigneur , dans ce monde encombré de richesses, fais de nous des pauvres qui aient le courage de laisser l'Evangile se manifester en eux dans son explosive nouveauté, dans la tendresse infinie de son intransigeance.
Fais de nous des êtres brisés par le péché du monde, solidaire de toute la misère, faibles d'une faiblesse infinie, pour que nous soyons les témoins de la miséricorde du Père.
Que ta Croix de lumière plantée au coeur de nos vies fasse de nous des enfants pétris de douceur et de faiblesse, heureux de la joie de Dieu, capables de bénir Dieu en toutes choses.
Façonne-nous à ton image pour que nous devenions des innocents, capables, comme Paul, de "délirer" par amour pour leurs frères.
Marie-Joseph Le Guillou
La paternité est don de soi, don de sa vie. Qui consent à être père consent à « passer », à donner la substance de sa vie pour que la vie soit transmise. Les fils n'ont pas nécessairement conscience de ce don, mais c'est grâce à lui qu'ils vivent, et qu'ils pourront, à leur tour, accepter d'être pères .
Pour nous, ses anciens élèves, le Père Le Guillou a su aménager au prix de quelles souffrances ? - l'espace de liberté spiri tuelle et intellectuelle qui nous a permis d'étudier,de mûrir à l'abri des vents de folies idéologiques. Avec son profond calme, sa sérénité, sa sûreté doctrinale, il nous a aidés à nous garder libres des polémiques stériles.
En ces « temps de guerre », il nous a permis de vivre sur un îlot de paix. Dans cette période de laideurs, il nous a donné le goût de la philocalia, de l'amour du beau, de la beauté de la foi, de la sainteté. Par sa joie spirituelle il nous a fait comprendre que la vérité rend libre. Enfin, et ce n'est pas le moindre trait de sa paternité spirituelle, il ne nous a pas retenus pour lui-même.
Comment traduire notre gratitude pour tant de dons reçus ? Ce recueil de témoignages et d'études veut en être une expression. Ce ne sont que quelques fils du riche tissu de sa vie qui peuvent y être mis en lumière. L'essentiel reste invisible, réservé dans le secret de Dieu pour le grand jour de la Rencontre.
Mgr Christoph von Schönborn
23.01.07
Trois personnes assises autour d'une table
Tous les trois également beaux, également jeunes, vêtus de manière royal : le bleu intense de la divinité, la couleur pourpre de la royauté, le vert de la terre pour celui de droite, avec dans ces vêtements des reflets de l'une et l'autre couleur, qui parlent de l'influence, du "reflet" reçu de l'autre.
Tous les trois tiennent le bâton de berger qui deviendra sceptre royal ou crosse épiscopale. Tous les trois se ressemblent et pourtant les trois visages sont bien différents. Ils semblent tout entiers absorbés dans un dialogue silencieux. Les bouches closes disent la profondeur du silence. Toute la communication, tous les dialogues sont dans les regards. Et ces regards forment un mouvement qui part du personnage central, se pose sur l'ange qui est à la droite du premier (à notre gauche), lequel est tout orienté vers le troisième. Chacun est incliné devant l'autre, reçoit le regard-communication et poursuit le mouvement. Et ce mouvement aboutit à la coupe posée au milieu de la table. Les Trois ne se regardent pas l'un l'autre. Aucun d'eux ne renvoie à un autre le regard reçu. La communion vient de bien plus loin. "Je fais toujours ce qui plaît à mon Père", dira Jésus, puisque leur volonté, leur désir est le même. (Is 8,29). Derrière eux, quelques signes, quelques symboles de leur projet créateur : au centre l'arbre, l'Arbre du Jardin (Gen 2,9) qui est aussi l'Arbre du Calvaire, toujours Arbre de Vie, qui dit où est le bonheur, où est le malheur.
A gauche, la Maison, la Tente de réunion, la Salle Haute du Cénacle où se conclut la Nouvelle Alliance, l'Eglise des ré-nés du sang et de l'Eau.
A droite, la Montagne de l'Alliance, le Sinaï des Temps anciens, le Thabor de la Révélation, le Calvaire où tout s'accomplit, le Mont d'où Jésus a été enlevé au ciel (Actes, 1,12).
Et au centre de leur "réunion" la table sur laquelle est posée la coupe, la coupe à laquelle aboutit tout le mouvement des regards. Au creux de cette coupe, les spécialistes qui ont étudié l'icône, l'ont scrutée, analysée, radiographiée, nous disent que repose un agneau, non pas le veau bien tendre qu'Abraham courut chercher au troupeau (Gen 18,8) mais un agneau, celui que le Précurseur indique à ses disciples (Jn 1,36) celui que nous invoquons à chaque eucharistie.
La coupe est posée au centre de la table, au dessus d'un petit rectangle qui, dans le langage des icônes évoque la terre (qu'on croyait rectangulaire, dans l'Antiquité). Il s'agit donc bien d'un projet conçu par les Trois à propos de l'Alliance avec la Terre, Alliance qui se scelle, se signifie, dans la présence, le don, le partage de l'Agneau.
Les regards ont abouti là, et aussi les mouvements des mains. Car, si l'Ange du Centre a le visage tout tourné vers Celui qui est à sa droite, son corps est orienté vers le Troisième et aussi le mouvement de sa main droite, dont deux doigts disent peut-être les deux natures dans la Personne de Celui qui sera leur envoyé. C'était là un signe fréquent dans les premières communautés chrétiennes.
Enfin, sommet de signification, le "cercle" des Trois est ouvert, vers l'avant, vers celui qui les regarde. Nous, les gens de la terre, sommes invités à entrer dans le cercle, à prendre place à la table : les escabeaux sur lesquels reposent les pieds des deux Anges se sont écartés pour nous livrer passage.
Le dialogue des Trois serait-il tout orienté vers leur ouverture, l'ouverture de leur Vie même, de leur Communion à ceux qui ont été" créés pour partager la joie de Dieu ? (Jean 15,4-5, 8-17, etc, etc...)
Soeur Christiane Martin Congrégation des soeurs de la Providence
Chez nos frères orthodoxes cliquez ci-dessous
Olivier Clement
A propos d'une Théologie de l'Icone
22.01.07

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix
Enfance et adolescence
Édith Stein naquit à Breslau le 12 octobre 1891. Elle fut le onzième rejeton d’une famille juive qui se consacrait à l’industrie du bois. Son père mourut quand elle avait un an et demi; sa mère dut se consacrer entièrement à veiller sur l’avenir de ses sept enfants (quatre étaient morts en bas âge). L’exemple de cette femme croyante, au caractère ferme, donna à la famille consistance et sécurité. Édith lui était tout spécialement unie. Madame Stein conduisait habilement son commerce et élevait ses enfants avec sagesse et intelligence. «Enfants, écrira Édith, nous pouvions lire, dans l’exemple de notre mère, la vraie manière de nous comporter. Quand elle disait : "Cela est un péché", nous savions tous qu’elle désignait quelque chose de haïssable et d’indigne. » Gracieuse et délicate, Édith était aussi choyée par ses frères et sœurs qui voyaient en elle une enfant singulièrement douée.
À l’école primaire, au gymnase des filles, à l’université, Édith suivit la filière normale des études, développant un sens aigu de l’observation qui devait lui être très profitable plus tard, quand elle se consacra à la phénoménologie. Bien qu’elle fut la plus jeune de la famille, tous recherchaient ses conseils et son aide, étant donné la clarté et la sûreté de son jugement. Mais cette sûreté fut peu à peu ébranlée par le problème du sens de la vie. Ni dans la foi juive de sa mère, ni dans l’attitude libérale de ses sœurs, Édith ne trouva de soulagement. Dès l’âge de 13 ans, elle s’avoua athée et parcourut seule son chemin intérieur. «La soif de la vérité resta chez moi l’unique prière. »
Cheminement par l'université
Quittant Breslau, elle s'en alla suivre à Göttingen l'enseignement renommé d'un grand penseur de l'époque, Edmund Husserl. Elle y donna libre cours à sa passion de l'étude et se signala d'emblée comme l'une des adeptes les plus brillantes de la phénoménologie husserlienne. Plusieurs des élèves d'Husserl, comme l'amie d'Édith, Hedwig Conrad-Martius, trouvèrent l'accès aux valeurs objectives et même à la foi au Dieu vivant à travers la doctrine impartiale de leur maître. Max Scheler, passant aussi à Göttingen, donna une série de conférences qui eurent un profond retentissement, mais Édith restait inébranlable.
La rencontre avec des chrétiens convaincus, comme le philosophe Adolphe Reinach, la mit en contact avec le vécu pratique des valeurs religieuses. Elle comprit que l'amour du prochain d'un chrétien croyant se différentie essentiellement d'une affection purement humaine. À l'assurance intérieure de l'étudiante succéda dès lors une torturante question, à laquelle la philosophie ne pouvait plus donner de réponse. La Première guerre mondiale lui offrit l'occasion d'interrompre ses chères études pour le service des blessés, durant plus d'un an, à l'hôpital de Mährisch-Weiskirchen.
Entre-temps, en 1916, le professeur Husserl venait d'être nommé à l'Université de Fribourg-en-Brisgau. Considérant Édith comme sa disciple de prédilection, il la demande en tant qu'assistante privée. En 1917, elle passait son doctorat avec la plus grande distinction. Plus pressante déjà se faisait en elle la quête de Dieu.
foi catholique
À l'été 1921, Édith passe quelques jours de vacances chez ses amis intimes, les Conrad-Martius, dans une charmante propriété rurale en Bavière. En leur absence, elle usait largement de la bibliothèque de la maison. C'est ici que la Providence l'attend.
« Un jour, je m'emparai, au hasard, d'un ouvrage assez imposant. Il s'intitulait : Vie de sainte Thérèse, écrite par elle-même. Je commençais à lire. Tout de suite, je fus captivée et je ne m'interrompis plus jusqu'à la fin. Lorsque je refermai le livre, je me dis : Ceci est la vérité. » Au dehors, l'aube commençait à poindre. Édith avait passé toute la nuit à lire. Brusquement, la lumière de Dieu venait de faire irruption dans son âme. Sa première démarche, ce matin-là, fut de descendre en ville afin d'acheter un catéchisme catholique et un livre de messe. Elle se mit aussitôt à les étudier soigneusement et se les assimila très vite. Ensuite, elle se décida à assister à la messe paroissiale à Bergzabern.
Pour la première fois, elle pénétrait dans une église catholique. « Rien ne me parut étranger; grâce à l'étude faite, je comprenais les cérémonies jusqu'au détail. La messe dite, j'attendis que le célébrant eut terminé son action de grâce. Le suivant au presbytère, je lui demandais le baptême. » Le prêtre commença son examen. Les réponses d'Édith furent parfaites. Toute la doctrine catholique fut passée en revue.
Le jour de l'an 1922, Édith fut baptisée. Elle choisit, par reconnaissance, le prénom de Thérèse. Communiant le jour même, elle devait rester fidèle à la pratique de la communion quotidienne. Le 2 février, des mains de l'évêque de Spire, elle recevait le sacrement de confirmation.
Réaction de sa mère
Quelle serait la réaction de sa mère, israélite exemplaire ? Rencontre pathétique : Édith tombe à genoux devant elle : « Maman, je suis catholique! » Pour la première fois de sa vie, Édith vit pleurer sa mère. Malgré un profond déchirement qui les séparait, mère et fille sentaient bien que leurs cours demeuraient profondément unis. Madame Stein fut désarmée par la transformation surnaturelle qui rayonnait de sa fille. Malgré sa douleur, elle reconnaissait son impuissance à lutter contre le mystère de la grâce. Par piété filiale, Édith continuait à l'accompagner à la synagogue. Le recueillement d'Édith arracha à sa mère cette réflexion : « Je n'ai jamais vu prier quelqu'un comme Édith. »
Enseignement, conférences, rayonnement
La conversion avait opéré en Édith une évolution profonde. À présent, elle cherchait sa place dans le champ du Seigneur. Elle abandonne son activité scientifique et se retire à Spire chez les dominicaines pour y donner des cours à des jeunes filles. Durant huit ans, ce fut pour elle l'occasion d'un temps de maturation et de développement de nouvelles possibilités. Un jésuite, le P. Erich Przywara, l'encouragea à traduire le De Veritate de saint Thomas, ainsi que les lettres et le journal du Cardinal Newman. Peu à peu, elle se rendit compte que la science aussi pouvait aider à suivre le Christ. Elle peina cependant pour s'assimiler le monde conceptuel du Docteur angélique. Le fruit de cet effort fut la traduction de ses Recherches sur la Vérité. Ses fonctions de professeur en tout cas l'enchantaient et sa vie d'union à Dieu croissait. Elle s'abîmait dans la prière.
La renommée d'Édith s'étendit. Elle était sollicitée pour des conférences philosophiques, pédagogiques et religieuses dans les grandes villes d'Europe centrale. Des sujets comme celui de la valeur propre de la femme et l'éthique des professions féminines sont abordés.
En 1928, elle suivit les offices de la Semaine Sainte dans la célèbre abbaye de Beuron. L'abbé, Dom Raphaël Walzer, était son directeur spirituel. Voici son jugement sur elle : « Rarement il me fut donné de rencontrer une âme réunissant autant et de si hautes qualités. Elle était restée entièrement femme, avec une sensibilité fine et maternelle. Elle se montrait simple avec les gens simples, cultivée avec les intellectuels, inquiète avec ceux qui cherchaient. »
À Breslau, elle devient le centre d'attraction d'un groupe de jeunes intellectuels, juifs surtout, en quête de la foi catholique. Plusieurs se convertirent dont Édith fut la marraine. Dans sa famille, elle eut le bonheur de voir sa sour Rosa la rejoindre dans le baptême.
Fin d'une carrière
Mais l'ombre de grandes souffrances commençait de se profiler sur l'Allemagne. L'année 1933, avec l'avènement du national-socialisme, laissait prévoir de prochaines persécutions contre les juifs. De passage à Cologne, « je m'adressais au Seigneur, nous dit Édith, et Lui déclarai que je savais bien que sa Croix pèserait dorénavant sur le peuple d'Israël. J'étais prête à m'engager dans cette voie. Quand l'office se termina, j'avais la certitude intérieure d'avoir été exaucée. Mais je ne savais pas encore quel serait mon chemin de croix. Elle le sera vite : tout enseignement est interdit aux non-aryens. Sa carrière universitaire est brisée. N'est-ce pas l'heure de répondre totalement à sa soif de vie contemplative ?
Le Carmel
Le 14 octobre 1933, à l'âge de 42 ans, Édith Stein achevait l'étonnant itinéraire qui venait de la conduire d'Husserl au Carmel de Cologne. Une route nouvelle s'ouvrait, celle de Sour Thérèse-Bénédicte de la Croix. Peu douée pour les travaux manuels, elle avait en revanche le don de l'amitié spirituelle. Elle s'adapta sans trop de difficultés au cloître et à la vie communautaire.
Le Provincial des carmes lui demanda de poursuivre, dans ses temps libres, son travail scientifique de philosophie. Ainsi, dans l'obéissance, naquit Être fini et Être éternel, une explication de la philosophie moderne de Descartes à Heidegger. Durant l'été de 1936, sa mère, âgée de 87 ans, mourut au moment même du renouvellement des voeux de sa fille. « Ma mère est auprès de moi, » s'écria-t-elle, dans une intuition.
Entre-temps, la persécution nazie s'amplifiait, gagnait en violence. Pour éviter des représailles au Carmel de Cologne, elle passa clandestinement la frontière et se rendit au Carmel d'Echt, dans le Limbourg hollandais. Aux six langues qu'elle possédait déjà, elle joignit le néerlandais. Là, elle travailla à un ultime ouvrage qu'elle ne put achever : La Science de la Croix.
Soeur Thérèse-Bénédicte fut arrêtée avec sa soeur Rose (qui l'avait rejointe au Carmel) le 2 août 1942. Tout se fit très vite, d'abord le camp de Westerbrook, puis les wagons du train dont elle ignorait la destination. Le 9 août 1942, le convoi arriva à Birkenau, annexe d'Auschwitz. Les arrivants furent gazés et brûlés dans la journée.
Sens d'une vie
Thérèse-Bénédicte nous est étonnamment proche parce qu'elle a cherché un sens à la vie, parce qu'elle a voulu « être » et être pleinement. Elle a connu l'angoisse, le mal de vivre, l'épreuve. elle peut nous apprendre à voir, dans la foi, la présence de Dieu dans nos vies. Elle a longuement cherché, et finalement, elle a été trouvée par Celui qu'elle cherchait sans le savoir. Réfléchissant sur la finitude de son être, elle découvre Celui qui, plus intime à elle-même qu'elle-même, la soutenait dans l'existence, lui donnant « la vie, le mouvement et l'être ». Elle a parcouru le chemin de la connaissance jusqu'au point où lui apparaît la lumière de la sainteté : celle-ci l'a interpellée existentiellement de telle façon qu'elle est devenue sa forme de vie. Avant de quitter le cloître pour le camp d'extermination, elle écrivait ces dernières lignes : « La science de la Croix ne peut s'acquérir que si l'on sent réellement la Croix peser sur nos épaules. Dès le premier instant, j'en étais convaincue et, moi-même, j'ai dit : Ave Crux, Spes Unica. »
Brève chronologie
12 octobre 1891: Naissance à Breslau-Wroclaw (Pologne)
1911-1913: Études à l'Université de Breslau
1913-1916: Études à l'Université de Göttingen
1915: Service d'infirmière à la Croix-Rouge
1916: Thèse d'État sur l'intropathie
1917-1919: Assistante d'Husserl
1921: Lecture de la Vie de Thérèse de Jésus
1er janvier 1922: Baptême
2 février 1922: Confirmation
1922-1932: Professeur à Spire
14 octobre 1933: Entrée au Carmel de Cologne
1934-1938: Être fini et Être éternel
10 mai 1938: Profession solennelle
31 décembre 1938: Fuite au Carmel d'Echt
1941-1942: La Science de la Croix
2 août 1942: Déportation avec sa sour Rosa
9 août 1942: Mort à Auschwitz-Birkenau
11 octobre 1998: Canonisée par Jean-Paul II
Conseils et pensées
Se donner à Dieu
«Se donner à Dieu, dans un complet oubli de soi, ne pas tenir compte de sa propre vie individuelle pour laisser tout l'espace libre à la vie divine, voilà le motif profond, le principe de la vie religieuse.»
Bercée dans l'abandon amoureux
«Après un long entraînement dans la vie spirituelle, l'âme n'a plus besoin de méditer pour connaître Dieu et apprendre à l'aimer. Elle a déjà parcouru cette route et la laisse en arrière : maintenant elle se repose sur un nouveau palier. À peine se met-elle en oraison, qu'elle se trouve près de Dieu, bercée dans l'abandon amoureux en Sa présence. Son silence est plus cher à Dieu que ses paroles.»
L'aridité
"l'âme doit considérer l'aridité et les ténèbres comme d'heureux présages; comme des signes que Dieu est à ses côtés, la libérant d'elle-même, lui arrachant des mains sa propre initiative."
La miséricorde de Dieu
« Il ne m'a jamais plu de penser que la miséricorde de Dieu s'arrêtât aux frontières de l'Église visible. Dieu est la Vérité. Qui cherche la vérité, cherche Dieu, qu'il le sache ou non. »
Prière d'Église
« Toute prière authentique est prière de l'Église : par chaque prière sincère, quelque chose s'opère dans l'Église et c'est l'Église elle-même qui prie, car le Saint-Esprit qui vit en elle est aussi dans chaque âme celui qui prie pour nous avec des "soupirs ineffables" (Rom 8, 26). Telle est la vraie prière : car personne ne peut dire : " Seigneur Jésus ", sinon dans l'Esprit Saint. Que serait la prière de l'Église si elle n'était le don de ceux qui aiment d'un grand amour le Dieu qui est Amour ? »
« Le don total de notre coeur à Dieu et le don qu'Il nous fait en retour, la pleine et éternelle union, tel est l'état le plus haut qui nous soit accessible, degré suprême de la prière. Les âmes qui l'ont atteint sont véritablement le coeur de l'Église : en elles vit l'amour sacerdotal de Jésus. Avec le Christ, cachées en Dieu, elles ne peuvent que rayonner dans d'autres coeurs l'amour divin qui les possède et contribuer ainsi à la perfection de tous dans l'union à Dieu, ce qui, dans le passé comme dans le présent, est l'unique désir de Jésus. »
Canonisée par Jean-Paul II le 11 octobre 1998
Depuis le 1er octobre 1999, co-patronne de l'Europe avec les saintes Catherine de Sienne et Brigitte de Suède, ainsi que les saints Benoît, Cyrille et Méthode.
Fête liturgique : le 9 août.
15.01.07

YVES M.-J. CONGAR
des Frères-Prêcheurs
CHRÉTIENS DÉSUNIS
PRINCIPES D'UN " ŒCUMÉNISME " CATHOLIQUE
Conclusion et Perspectives
S'il serait vain de vouloir imaginer ce que sera la réunion - elle sera ce que Dieu la fera -, il est permis de recueillir les enseignements que semble comporter la nature des choses telles qu'elles nous sont, de fait, données : ce qui comporte, d'ailleurs, un certain coefficient d'appréciation personnelle.
Entre l'Orient et nous, des unions partielles ont été déjà réalisées : et pas seulement des unions diplomatiques conclues avec des hiérarchies, mais des unions réelles et vivantes, réalisées vraiment avec le peuple fidèle. La plupart des différences ne résisteraient pas à une réelle volonté d'entente et d'union. Deux choses d'un prix inestimable nous sont communes, qui sont comme un gage et un agent d'union mis au cœur même des Églises : l'eucharistie, qui est le sacrement même de l'unité, et le culte de la Vierge Marie, Notre-Dame d'avant les abîmes, Notre-Dame d'avant toutes nos divisions (Nondum erant abyssi et ego concepta eram...) (1). Avec l'Orient, nous avons la ferme conviction que l'union se fera un jour.
Comment se produira-t-elle? Le mouvement partira-t-il de l'Église russe, de l'Église, roumaine, nous ne le savons pas; mais peut-être ces deux chrétientés offriraient-elles, pour cette grande œuvre, des possibilités particulières. En tout cas, Une union avec les Églises orientales est celle dont la procédure recèle le moins d'inconnu. Du côté de Rome, en effet, des déclarations assez précises ont été faites, une sorte, de jurisprudence s'est constituée, dont il est certain qu'on s'inspirerait dans le cas d'une réunion. Il serait à souhaiter qu'un travail d'ensemble rassemblât et mît en lumière ces différents éléments de ce qu'on pourrait appeler une jurisprudence de la réunion. Ce serait une manière nullement imaginative, celle-là, mais réaliste et profitable, de déterminer d'une façon plus concrète les possibilités de réunion (2). (ajout)
Avec le protestantisme, les choses se présentent assez différemment. Une immense purification intérieure sera nécessaire, pour lui, avant que l'on puisse seulement penser ../.. /.. à un mouvement tant soit peu généralisé de réunion. Il y a, dans le protestantisme, deux choses : il y a certains objets de croyance, que l'on tient, et il y a un esprit, une certaine manière d'aborder et de construire les réalités de la religion. Notre conviction est que, dans le protestantisme, ceci est toujours en travail de destruction de cela : sans cesse, la manière spécifiquement protestante de concevoir la religion corrode la substance de ce que l'on tient et qui provient du trésor commun du christianisme historique. Cette manière spécifiquement protestante consiste à construire sans cesse en opposition des choses qui devraient être tenues ensemble, articulées et accordées l'une avec l'autre, chacune à sa place propre. Ce n'est pas une chose angoissante et tragique à demi que de voir les protestants mettre leur ferveur religieuse même à disjoindre ce que l'efficacité de la double action de Dieu, l'action créatrice et l'action rédemptrice, sans cesse, réconcilie et unit; de les voir faire consister la pureté même de l'attitude religieuse à ne vouloir de gratia que sola, c'est-à-dire sans la libre coopération de l'homme, à ne croire que Dieu n'agit que là où toute œuvre de l'homme est niée, à ne concevoir l'usage d'un moyen créé que comme usurpant nécessairement la place unique du Créateur, à ne pas voir enfin que, pour n'être pas le principal, le secondaire est encore une réalité à laquelle il faut donner aussi sa place.
Une réunion ne sera possible que quand le protestantisme se sera guéri de ces oppositions mortelles qui, sans cesse, chez lui font que, dans l'intention de rendre gloire à Dieu, on traite Sa création et Son œuvre comme une chose du diable. Une voie, cependant, semble rester ouverte, dont on ne peut prévoir jusqu'où elle pourrait mener. Tout en inoculant au protestantisme les principes que nous avons dits, les Réformateurs lui ont transmis, malgré tout, beaucoup des objets de la religion chrétienne. Dans la mesure où, tout en restant provisoirement ce qu'il est, le protestantisme se remettra en ceci à l'école des Réformateurs et se souciera moins de développer ce qui n'est au fond qu'une philosophie religieuse, que de vivre des objets de sa croyance, dans cette même mesure, prenant dans son protestantisme ce qu'il a de chrétien et non de protestant, il se mettra réellement ../.. /.. dans l'aire de l'unité chrétienne et sur la voie de la réunion. Parmi ces objets de sa croyance, il en est un qui est, de sa nature, plus particulièrement apte à cette œuvre intérieure de santé chrétienne : la foi en l'Incarnation. « Tout esprit, dit saint Jean, qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu; et tout esprit qui ne confesse pas ce Jésus n'est pas de Dieu » (1 Jean 4,2-3). L'Incarnation est l'union de Dieu et de l'homme : elle est la clef de tout le mystère de l'Église et de ses sacrements. Dans la mesure où le protestantisme se mettra à l'école d'une contemplation intense et réaliste du mystère de l'Incarnation, il rentrera dans la sphère du christianisme apostolique et préparera sa réunion dans l'Église. Ce qui, dans son attitude présente, est un obstacle insurmontable à cette réunion s'étant, en quelque sorte, évanoui dans le contenu objectif et réel d'une croyance où beaucoup de choses nous seraient communes, un rapprochement redeviendrait possible.
Il serait sans doute grandement facilité par la situation que le monde moderne semble devoir faire de plus en plus au christianisme : car le temps n'est plus, aujourd'hui, aux luttes confessionnelles au sein d'une chrétienté, mais à une option radicale entre le Règne de Dieu et l'Anti-Règne, l'Église et l'Anti-Église. Pour un protestantisme converti de sa fausse dialectique d'oppositions et de disjonctions à une adhésion objective au contenu tel quel de la foi chrétienne, même provisoirement réduit à ce qu'en avaient gardé les Réformateurs, un mouvement plus ou moins généralisé de réunion à l'Église catholique redeviendrait sans doute une possibilité réelle. Après tout, on a déjà vu des confessions chrétiennes reprendre conscience du véritable héritage apostolique. Pourquoi la miséricorde de Dieu sur le protestantisme serait-elle moins grande qu'elle fut, naguère, sur l'anglicanisme?
(ajout)
Il en est de la réunion un peu comme de la parousie du Seigneur : Dieu seul en connaît le temps, et vouloir en fixer le jour ou en déterminer le mode serait vain. Comme ce n'est pas une chose que pourraient procurer, telle quelle, des causes en notre pouvoir, mais la seule toute-puissance miséricordieuse de Dieu, c'est pour nous, avant tout, un objet de prière et d'espérance théologale. Notre malice et nos péchés ont mis au tombeau l'unité sans déchirure du Corps de chrétienté et, pesant en nos esprits les obstacles humainement insurmontables qui s'opposent à sa renaissance, nous nous prenons à demander, comme les saintes femmes porteuses d'aromates : « Qui nous enlèvera la pierre à l'entrée du sépulcre? ». Mais déjà, peut-être, les Anges de Dieu ont reçu des missions que nous ne prévoyons pas...
Aedificans Jerusalem DOMINUS.
Dispersiones Israelis CONGREGABIT (1).
1. Ps. 147, 2 (Vg. : 146). C'est le verset alleluiatique de la Messe votive pro unione Ecclesiae tempore schismatis au rite dominicain.
14.01.07
Sondage dans le journal La Croix du mardi 9 janvier 2007 :
Quelle est votre religion si vous en avez une ?
Réponse : Catholique : 51%
A quelle fréquence assistez-vous à la messe ?
En % des catholiques français
Pratiquants réguliers : une fois ou plus par semaine : 8%
: une ou deux fois par mois : 9%
Vous arrive-t-il de prier ?
jamais ou exeptionnellement : 47%
chaque jour : 16%
Selon vous, qu'y a-t-il après la mort ?
il n'y a rien : 26%
quelque chose mais ne savent pas quoi : 53%
la résurrection des morts 10%
:
Ceci interpelle !!! :
Comme dans le rugby il faut en revenir aux fondamentaux.
Une Église plus contemplative : le Visage du Christ contemplé
3. Cum Maria contemplemur Christi vultum ! Ces paroles me reviennent souvent à l'esprit : contempler le « visage » du Christ avec Marie. Lorsque nous parlons du « visage » du Christ, nous nous référons à son aspect humain, à travers lequel resplendit la gloire éternelle du Fils unique du Père (voir Jn 1, 14) : « La gloire de la divinité resplendit dans le visage du Christ » (ibid., n° 21). Contempler le visage du Christ conduit à une connaissance profonde et passionnante de son mystère. Contempler Jésus avec les yeux de la foi nous fait pénétrer davantage dans le mystère de Dieu-Trinité. Jésus dit : « Qui m'a vu a vu le Père » (Jn 14, 9). À travers le Rosaire, nous avançons sur cet itinéraire mystique « en compagnie de sa Mère très sainte et à son école » (Rosarium Virginis Mariae, n° 3). Marie nous sert même de maîtresse et de guide. Sous l'action de l'Esprit Saint, elle nous aide à acquérir cette « audace tranquille » qui permet de transmettre aux autres l'expérience de Jésus et l'espérance qui anime les croyants (voir Redemptoris missio, n° 24).
Tournons-nous toujours vers Marie, modèle incomparable ! Dans son âme, toutes les paroles de l'Évangile trouvent un écho extraordinaire. Marie est la « mémoire » contemplative de l'Église, qui vit dans le désir de s'unir plus profondément à son Époux pour marquer encore davantage notre société. Face aux grands problèmes, face à la douleur innocente, aux injustices perpétrées avec une insolence arrogante, comment devons-nous réagir ? À l'école de Marie, qui est notre Mère, les croyants apprennent à reconnaître dans l'apparent « silence de Dieu » la Parole qui retentit dans le silence pour notre salut.
Une Église plus sainte : le visage du Christ imité et aimé
4. Grâce au baptême, tous les croyants sont appelés à la sainteté.
Le concile Vatican II, dans la Constitution dogmatique Lumen gentium, souligne que la vocation universelle à la sainteté consiste à l'appel de tous à la perfection de la charité.
Sainteté et mission sont deux aspects inséparables de la vocation de chaque baptisé. L'engagement à devenir plus saints est étroitement lié à celui de diffuser le message du salut. « Tout fidèle - rappelais-je dans Redemptoris missio - est appelé à la sainteté et à la mission » (n° 90). En contemplant les mystères du Rosaire, le croyant est encouragé à suivre le Christ et à en partager la vie, jusqu'à pouvoir dire avec saint Paul : « Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).
Si tous les mystères du Rosaire constituent une école importante de sainteté et d'évangélisation, les mystères lumineux mettent en évidence des aspects singuliers de notre sequela évangélique. Le baptême de Jésus au Jourdain rappelle que chaque baptisé est choisi pour devenir dans le Christ « fils dans le Fils » (Ep 1, 5 ; voir Gaudium et spes, n° 22). Lors des noces de Cana, Marie invite à l'écoute obéissante de la Parole du Seigneur : « Faites tout ce qu'il vous dira » (Jn 2, 5). L'annonce du Royaume et l'invitation à la conversion sont une claire consigne pour tous à entreprendre le chemin de la sainteté. Dans la Transfiguration de Jésus, le baptisé fait l'expérience de la joie qui l'attend. En méditant l'institution de l'eucharistie, il retourne perpétuellement au Cénacle, où le divin Maître a transmis le trésor le plus précieux à ses disciples : lui-même dans le sacrement de l'autel.
Les paroles que la Vierge prononce à Cana constituent en quelque sorte l'horizon marial de tous les mystères lumineux. L'annonce du Royaume imminent, l'appel à la conversion et à la miséricorde, la Transfiguration sur le mont Thabor et l'institution de l'eucharistie trouvent, en effet, dans le cœur de Marie un écho particulier. Marie garde les yeux fixés sur le Christ, mettant à profit chacune de ses paroles et indique à tous comment être d'authentiques disciples de son Fils.
Une Église plus missionnaire : le Visage du Christ annoncé
5. À aucune autre époque, l'Église n'a eu autant de possibilités d'annoncer Jésus comme aujourd'hui, grâce au développement des moyens de communication. C'est précisément pour cette raison que l'Église est appelée aujourd'hui à faire transparaître le visage de son Époux avec une sainteté plus resplendissante. Dans ce difficile effort, elle se sait soutenue par Marie. Elle « apprend » d'elle à être « vierge », totalement dédiée à son Époux, Jésus-Christ, et « mère » d'une multitude de fils qu'elle engendre à la vie immortelle.
Sous le regard vigilant de la Mère, la communauté ecclésiale croît comme une famille ravivée par l'effusion puissante de l'Esprit et, prête à relever les défis de la nouvelle évangélisation, elle contemple le visage miséricordieux de Jésus dans les frères, en particulier chez les pauvres et les personnes indigentes, ainsi que ceux qui sont éloignés de la foi et de l'Évangile. En particulier, l'Église n'a pas peur de crier au monde que le Christ est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6) ; elle ne craint pas d'annoncer avec joie « la bonne nouvelle, dont le centre, mieux encore, le contenu lui-même, réside dans la personne du Christ, le Verbe fait chair, l'unique Sauveur du monde » (Rosarium Virginis Mariae, n° 20).
Il est urgent de préparer des évangélisateurs compétents et saints ; il est nécessaire que la ferveur ne s'affaiblisse pas chez les apôtres, en particulier pour la mission ad gentes. Le Rosaire, s'il est pleinement redécouvert et valorisé, offre une aide spirituelle et pédagogique constante mais en même temps féconde pour former le Peuple de Dieu à travailler dans le vaste domaine de l'action apostolique.
Une consigne précise
6. Le devoir de l'animation missionnaire doit continuer à représenter un engagement sérieux et cohérent de chaque baptisé et de chaque communauté ecclésiale. Un rôle plus spécifique et particulier revient certainement aux Œuvres pontificales missionnaires, que je remercie pour ce qu'elles accomplissent déjà généreusement.
Je voudrais suggérer à tous d'intensifier la récitation du saint Rosaire, au niveau personnel et communautaire, pour obtenir du Seigneur les grâces dont l'Église et l'humanité ont particulièrement besoin. J'y invite véritablement chacun : enfants et adultes, jeunes et personnes âgées, familles, paroisses et communautés religieuses.
Parmi les nombreuses intentions, je ne voudrais pas oublier celle de la paix. La guerre et l'injustice naissent dans le cœur « divisé ». « Celui qui assimile le mystère du Christ - et le Rosaire vise précisément à cela -, apprend le secret de la paix et en fait un projet de vie » (Rosarium Virginis Mariae, n° 40). Si le Rosaire rythme notre existence, il pourra devenir un instrument privilégié pour construire la paix dans le cœur des hommes, dans les familles et entre les peuples. Avec Marie, nous pouvons tout obtenir de son Fils Jésus. Soutenus par Marie, nous n'hésiterons pas à nous consacrer avec générosité à la diffusion de l'annonce évangélique jusqu'aux extrémités de la terre.
Message pour la Journée mondiale des missions
Jean-Paul II
Traiter le visage du Christ souffrant, tel qu’il se serait imprimé sur le linge de Véronique, en un seul trait se développant en spirale à partir du bout du nez, peut paraître une gageure quelque peu sacrilège. En fait, Claude Mellan (1598-1688), buriniste inégalé, n’a fait ici qu’aller à l’extrême de sa manière habituelle, qui était de ne point croiser les tailles, la première étant pour lui suffisante. La devise inventée par l’abbé de Marolles, " Formatur unicus una, non alter ", montre la richesse de l’équivoque : ce personnage unique (le Christ) est issu d’une personne unique (la Vierge) et formé d’une ligne unique ; il n’y en a pas deux comme lui, il n’y a pas deux lignes, il n’y a pas (malgré les copies et les imitations) deux estampes comme celle-ci.
Chaque fois que nous communions dans notre Eglise de Thoiry, nous passons devant ce Visage du Christ sur le coté de l'autel du Saint-Sacrement, surmonté du vitrail de l'Annonciation à Marie. Que comme Marie et à sa suite nous répondions à Son Appel !
11.01.07
Homélie de Damien Warnan, de Flexanville, en l'Eglise de Thoiry le Dimanche 3 Décembre 2006. Damien doit être ordonné prêtre à Versailles le 24 Juin par Monseigneur Eric Aumonier. DEO GRACIAS !!!
Le célibat sacerdotal
3 décembre 2006 – 1er dimanche de l’Avent
En ce premier dimanche de l’Avent, les textes de la liturgie nous invitent à tourner nos regards vers la venue du Seigneur, et à préparer nos cœurs à cette venue. Je parle de la venue du Seigneur, mais en réalité il y a deux venues du Seigneur.
Il y a tout d’abord la venue du Seigneur dans la chair, l’Incarnation du Verbe dans le sein de la Vierge Marie et la naissance dans la crèche, que nous fêtons à Noël, et qui est préparée par le temps de l’Avent. La première lecture du livre d’Isaïe nous invite à tourner les yeux vers cette première venue du Seigneur. Ensuite, il y a la seconde venue du Seigneur qui est son retour sur la terre à la fin des temps, et que l’on appelle la parousie. La deuxième lecture ainsi que l’Evangile du jour, mais aussi les textes qui nous ont été proposés au cours des dernières semaines de l’année liturgique qui vient de se terminer, nous invitent à tourner nos regards vers cette seconde venue du Seigneur, à rester en éveil, à persévérer dans la foi pour être prêts au moment où le Christ viendra pour juger les vivants et les morts.
Si Jésus vient sur la terre, c’est pour y établir son Royaume, le Royaume des Cieux. Chacune de ces deux venues est comme un avènement de Jésus comme Roi. Il y a donc deux avènements du Christ : un premier avènement au moment de son Incarnation et de sa naissance de la Vierge Marie. Dans cet avènement, Jésus se présente à nous comme un roi d’humilité, que l’on retrouvera quelques années plus tard couronné d’épines. Lors du premier avènement de Jésus, sa royauté demeure cachée aux yeux des hommes. Le second avènement, c’est le retour du Seigneur à la fin des temps. Dans cet avènement, Jésus se présentera à nous comme le roi de gloire, victorieux de la mort et du péché. La royauté de Jésus sera alors pleinement manifestée, et toutes choses lui seront soumises dans le ciel et sur la terre.
Nous qui vivons dans le temps présent, nous vivons entre ces deux venues du Seigneur, et nous sommes appelés à convertir nos cœurs pour préparer le retour de Jésus. En effet, entre l’avènement du Christ dans la chair par l’Incarnation, et l’avènement glorieux du Christ à la fin des temps, nous vivons dans le temps de l’avènement du Christ dans nos cœurs. Le Royaume de Dieu est déjà présent sur cette terre, et tous les jours, nous demandons à Dieu « que ton règne vienne », pour manifester notre désir, notre attente d’entrer pleinement dans ce Royaume de Dieu.
Dans ce bas monde, le Royaume de Dieu est déjà présent, mais de manière cachée. Le Seigneur nous donne cependant des signes visibles de cette présence du Royaume parmi nous. Parmi ces signes, je voudrais aujourd’hui vous parler du célibat sacré auquel je me suis engagé au moment de mon ordination diaconale. En effet, ce retour aujourd’hui sur ma paroisse d’origine prend très nettement une forme d’action grâce pour les dons reçus du Seigneur, et je ne peux pas omettre de faire écho à l’événement de mon ordination diaconale il y a deux mois. Cette ordination revêt une importance particulière pour le futur prêtre, car c’est le moment de l’engagement définitif vers le sacerdoce, dans le célibat et l’obéissance à l’évêque. J’aurais donc pu parler de beaucoup de choses aujourd’hui : le sacerdoce, la vocation ou bien sur le diaconat. Cependant, j’ai choisi de dire un mot sur un aspect précis de l’ordination diaconale : l’engagement au célibat sacré. Pourquoi parler du célibat aujourd’hui ? D’abord parce qu’il me semble que c’est une dimension essentielle de la vocation du prêtre, et ensuite parce que en ce premier dimanche de l’Avent où nous sommes invités à tourner nos regards vers la venue du Christ et l’avènement du Royaume, il me semble tout à fait opportun de dire un mot sur le célibat, qui est précisément un signe du Royaume à venir.
Le regard porté sur le célibat des prêtres est malheureusement souvent très négatif. Les objections soulevées sont nombreuses : le célibat empêcherait le prêtre de s’épanouir, il correspond à un passé révolu, à un vision négative de la conjugalité et de la sexualité, et l’on pourrait continuer la liste. On a souvent l’image d’une discipline qui est imposée par l’Eglise de manière autoritaire.
Mais le célibat des prêtres, bien avant d’être une discipline imposée par l’Eglise, c’est avant tout un don que Dieu fait à son Eglise. L’Eglise n’impose pas de manière autoritaire le célibat à ses prêtres, mais elle le reçoit comme un don de Dieu. Jésus, en vivant lui-même le célibat, et en le recommandant à ses disciples les plus proches, a institué le célibat sacré pour être un signe du Royaume des Cieux, pour toutes les époques de l’Histoire de l’Eglise.
Au cours de l’Evangile de la semaine dernière, nous avons entendu Jésus, le jour de sa Passion, répondre à Pilate lors de son interrogatoire : « Mon Royaume n’est pas de ce monde ». Si Dieu nous donne aujourd’hui des prêtres qui lui sont consacrés dans le célibat, c’est justement pour signifier que le Royaume du Christ n’est pas de ce monde, et pour signifier que c’est tout le Peuple de Dieu qui est en marche vers ce Royaume. Nous sommes de passage sur cette terre, et c’est aux biens célestes que nous devons nous attacher. Celui qui choisit le célibat pour l’Amour du Christ, anticipe en quelque sorte le Royaume des Cieux, et témoigne d’une manière particulièrement forte que l’Amour de Dieu suffit à lui seul au bonheur de l’homme, non seulement dans le paradis, mais aussi déjà sur cette terre.
L’Eglise doit être orientée vers l’action de grâce pour ce don du célibat. Il ne s’agit pas de rendre grâce à tel ou tel prêtre en particulier. Mais il s’agit de rendre grâce à Dieu pour ce don du célibat des prêtres qui est un signe réel du Royaume des Cieux, et qui stimule de manière authentique la charité pastorale des prêtres de l’Eglise. En effet, le prêtre qui choisit le célibat le fait par Amour du Christ, et pour participer d’une manière plus profonde à l’Amour du Christ pour tous les hommes, Lui qui a versé son Sang, et qui est mort pour chacun d’entre eux.
Ce matin, je voudrais donc vous inviter à nous réjouir de ce que le Seigneur appelle toujours des hommes à vivre le célibat sacré. Nous ne devons pas plaindre les prêtres qui choisissent cet état de vie. En effet, bien loin de le considérer comme une contrainte ou un poids à traîner, c’est un choix qu’ils posent en toute liberté, et surtout avec l’enthousiasme de se savoir associés d’une manière si profonde à la mission du Christ. Je voudrais vous inviter à prier le Seigneur pour qu’il appelle toujours de jeunes hommes à vivre dans le célibat comme prêtres pour le service de l’Eglise. Nous sommes souvent tentés de vouloir nous adapter à la société contemporaine pour laquelle le célibat ne représente plus du tout une valeur. Nous sommes aussi parfois tentés d’imiter d’autres confessions chrétiennes pour lesquelles le célibat n’est pas absolument requis pour être ordonné prêtre ou pour être pasteur. Mais je crois que l’Eglise latine se doit plutôt d’être reconnaissante envers Dieu, et fière de conserver fidèlement ce don du Seigneur à son Eglise, et c’est pourquoi nous devons encourager les jeunes qui ressentent cet appel, en les accompagnant de notre prière et de notre amitié. D’ailleurs, au passage, il ne faut pas non plus oublier dans notre prière et dans notre amitié les prêtres qui rencontrent des difficultés importantes dans leur célibat.
Je termine en invoquant la Vierge Marie, la Vierge fidèle et pure qui s’est offerte entièrement au Seigneur en se rendant disponible au dessein que Dieu avait formé pour elle et pour l’humanité entière. Qu’elle soit le modèle de tous ceux que le Seigneur appelle à vivre la virginité consacrée pour le service de l’Eglise.
Amen
08.01.07

"En Orient apparut une étoile
Et nous suivons son cours mystérieux
Astre béni, sa clarté nous dévoile
Que sur la terre est né le Roi des Cieux.
2 Le Ciel nous protège
Et notre cortège
Bravant pluies et neige
Suit l'astre brillant !...
3 Que chacun s'apprête...
L'étoile s'arrête !...
Entrons tous en fête,
Adorons l'Enfant !..."
L'étoile nous guide vers l'Enfant-Dieu
En ce mois de Janvier, nos regards restent tournés vers le Mystère de la Nativité du Seigneur. Les paroles du prophète Isaïe, entendues dans la nuit de Noël, résonnent encore à nos oreilles et dans nos coeurs : "Un enfant nous est né, un Fils nous a été donné !"
Après la venue des bergers à la crèche, voici que les mages venus d'Orient se mettent en route pour venir adorer le Roi des Cieux. Une étoile mystérieuse les guide vers Celui qui est la lumière et la vie des hommes : le Verbe de Dieu fait chair en Marie.
La poésie inachevée de Thérèse sur l'Epiphanie nous invite à nous mettre en route vers le lieu qui a vu la naissance de cet enfant, en suivant l'étoile qui l'annonce : "Et nous suivons son cours mystérieux" chante Thérèse
Notre vie, en cette terre d'exil, est une quête de Dieu sans trève. Nous devons nous mettre ou nous remettre sans cesse à la recherche de Celui qui, dans la folie de son amour, est venu à notre rencontre en se faisant petit enfant.Notre marche se fait entre ombre et lumière, dans la joie comme dans les épreuves : "notre cortège bravant pluies et neige Attitude de foi que la grâce de Dieu nous accompagne : "Le Ciel nous protège !"
Mais quelle est donc l'Etoile qui nous guide ? Qui donc peut le mieux désigner à notre adoration ce roi des Cieux qui est né pour notre salut ?
Sa Mère ! Marie, qui dans la gloire de sa virginité, a enfanté Dieu pour nous !
Elle est la route que le Verbe Dieu a pris pour s'abaisser jusqu'à nous, elle est pareillement le chemin que nous devons prendre pour nous élever jusqu'à Lui :Ô Vierge Immaculée, c'est toi ma douce étoile, Qui me donne Jésus et qui m'unis à Lui" chante Thérèse. (PN 5)
Douce Etoile ! Etoile de la mer - Stella Maris ! Marie est véritablement cette étoile de la mer, puisqu'en la mer orageuse de ce monde elle est la vraie étoile qui nous conduit au port lorsqu'on la prend pour guide. Signe d'espérance et de consolation qui brille devant le peuple de Dieu en pélerinage ici-bas, Marie est le moyen le plus sûr et le plus rapide pour trouver Jésus-Christ, puisqu'Il est né d'elle.
Salut ! Etoile de la mer ! Sainte Mère de Dieu !
Toi la toujours Vierge, l'éclatante entrée de la Lumière !
Nations rachetées, venez adorer et célebrer
la Vie que la Vierge nous a donnée !
Alors, qui que nous soyons, "entrons tous en fête" dans l'humble étable de Bethléem, et avec Marie et Joseph, en nous mettant à genoux devant Dieu petit enfant, adorons-Le en lui rendant amour pour amour. Comme l'a écrit le Père Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus dans Je veux voir Dieu (p78) :
"Berger ou mage,on ne peut atteindre Dieu ici-bas
qu'en s'agenouillant devant la crèche de Bethléem
et en l'adorant caché dans la faiblesse d'un enfant".
Père Patrick Lemoine
07.01.07
Pour terminer ce temps liturgique de Noël passé dans la crèche entre Marie et Joseph, avec le bienheureux Charles de Jésus, aux pieds de l'Enfant- Jésus, dans la contemplation et l'adoration, disons et redisons tous les jours sa prière :
Mon Père,
Je m'abandonne à toi,
Fais de moi ce qu'il te plaira.
Quoi que tu fasses de moi,
Je te remercie.
Je suis prêt à tout, j'accepte tout,
Pourvu que ta volonté
Se fasse en moi,
En toutes tes créatures,
Je ne désire rien d'autre, mon Dieu.
Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu,
Avec tout l'amour de mon coeur,
Parce que je t'aime,
Et que ce m'est un besoin d'amour
De me donner,
De me remettre entre tes mains sans mesure,
Avec une infinie confiance
Car tu es mon Père.
Amen Charles de Jésus
Samedi 6 Janvier - Epiphanie de Notre-Seigneur-Jésus-Christ
Les mages viendront ce soir, cette nuit vous adorer, mon Dieu ; il est en ce moment 9 heures du soir, du 5 janvier. En attendant qu'ils arrivent, pendant qu'ils seront là, mettez-moi à vos pieds, mon Seigneur, avec la très sainte Vierge et saint Joseph : faites-moi, jusqu'à leur arrivée et pendant leur présence, vous contempler, vous adorer, me perdre en vous... la sainte Vierge et saint Joseph, sans cesser de vous adorer et de vous regarder, parleront aux mages , leur répondront, leur présenteront leur Dieu à adorer... moi le petit enfant de la maison, je n'ai point à parler, je n'ai qu'à regarder et à me taire, à rester dans mon coin en silence et à continuer à vous adorer comme si le monde entier n'existait pas... Pourtant à la vue de si saints adorateurs qui viennent de si loin passer quelques heures à vos pieds je suis confondu devant mon indignité, et les grâces dont je suis comblé, et l'abus que j'en fais, moi qui suis chaque jour, à toute heures à vos pieds et qui y suis si misérable et si indigne, et hélas ! qui parfois n'y suis pas quand je devrais y être, qui y suis moins que je pourrais y être... Priez pour moi, saints Rois mages afin que moi aussi j'adore Notre-Seigneur dans toutes les limites du possible, au prix même des plus grandes difficultés, des fatigues et des dangers... que moi aussi je suive fidèlement l'étoile de ma vocation, que j'offre aussi à ce Dieu, à cet homme, à ce roi l'encens de mes prières, la myrrhe de la pénitence, l'or de la charité, et qu'enfin, après avoir joui amoureusement à ses pieds en partageant la contemplation et l'adoration de la sainte Vierge et de saint Joseph, tout le temps qu'il me permet, je me convertisse entièrement, revenant par un autre chemin et ne retombant plus dans les sentiers de mes anciennes fautes... Priez avec les mages pour que je fasse cela, ô ma Mère la sainte Vierge, ô mon père saint Joseph, et demandez la même chose pour tous les hommes, en Notre-Seigneur Jésus, par Lui et pour Lui... Et en attendant qu' arrivent les mages, et pendant qu'ils seront là, tenez-moi entre vous bien caché, bien muet, à contempler et à adorer, sans penser à aucune autre chose de la terre, ce divin Enfant Jésus, ce bien-aimé Enfant Jésus, ce si doux Enfant Jésus !
Amen
05.01.07

vendredi 5 Janvier. Mon Seigneur Jésus mettez-moi au pied de votre crèche... Sainte Vierge; saint Joseph, prenez-moi entre vous et faites-moi passer avec vous cette soirée et tous les instants de ma vie : vous êtes silencieux l'un près de l'autre, contemplant et adorant Jésus... prenez-moi, gardez-moi entre vous... Obtenez-moi de ce divin Enfant qui est notre créateur, notre Dieu tout-puissant, quelque chose de votre amour, de vos pensées, le plus possible... afin que je m'unisse de tout mon pouvoir, autant qu'Il m'en donne le moyen et qu'Il le veut à votre contemplation, à votre adoration, à votre amour, et ce soir, et cette nuit, et durant tout le temps de Noël, et durant toute ma vie; mon bien-aimé Jésus ! -Saint Télesphore, qui avez aimé Jésus jusqu'à donner votre vie pour Lui, obtenez-moi la grâce de faire tout ce qu'Il veut de moi, de partager fidèlement sa vie, passant mon existence à ses pieds entre Marie et Joseph, vivant à ce foyer comme le petit enfant, en faisant qu'un avec cette divine famille, enveloppé et caché avec elle au-dehors dans son abjection, sa pauvreté, son obscurité, illuminé avec elle au-dedans par l'amour, la lumière, par cette existence passé à vos pieds, noyés et perdus dans votre continuelle contemplation et adoration... et terminée si, comme je vous le demande, c'est votre volonté, par l'imitation et le partage de votre mort, achevant ma vie conforme à la vôtre par une mort semblable...Je vous demande cela, indigne et misérable que je suis, confiant en votre infinie bonté, et encouragé par tant de grâces que vous m'avez déjà si merveilleusement accordées : encouragé aussi par ces petits bras qui se tendent vers tous vos enfants, même vers les pécheurs et les ingrats, par ces yeux qui les appellent tous, par cette bouche qui sourit à tous, ô bien-Aimé, ô divin, ô si doux enfant Jésus !
Amen
31.12.06

Lorsque, en 1993, j'ai été en Terre Sainte avec Mgr Thomas et le ministres institués, prêtres, diacres et leurs épouses, on a pu assister, devant le Mur des lamentations à une Bar-Mitzva ; des hommes en grande tenue de prière se réunissent autour d'un enfant ( 12 ans accomplis ) qui devient responsable, c'est à dire adulte. Il a mis le talit (un châle), voile de la prière publique, les téphilim (phylactères) qu'il mettra sur le front et le bras gauche, le rouleau de la Loi, le jeune en lit un passage, on chante, on scande en battant des mains, les femmes à l'écart poussent des cris dans le genre de « you-you ». C'est la fête qui correspond un peu à notre Communion Solennelle. J'imagine volontiers que c'est peut-être à une fête semblable que fait allusion St Luc dans le récit de l'Evangile de ce jour bien qu'il dise que c'est pour la fête de Pâques. Et c'est au retour alors que les hommes et les femmes marchent en groupes séparés, et les garçons surtout après la Bar-Mitzva sont plutôt avec les hommes, que Joseph et Marie ne retrouvent pas Jésus à l'étape du soir. On comprend leur angoisse. Vous, pères et mères de famille , imaginez qu'un de vos enfants disparaisse. Et en fait cela arrive assez souvent, et nous voyons tous les services, hommes, hélicoptères et chiens, mis en oeuvre pour retrouver l'enfant perdu, sans compter la diffusion de photos, les appels sur les ondes. Il n'y avait rien de tous ces services et techniques au temps de Jésus, simplement ce qu'on peut appeler le téléphone arabe, alors, imaginez, pendant 3 jours ils l'ont cherché cet enfant dont ils connaissaient l'origine particulière, et que Dieu leur avait confié. En écrivant 3 jours, sans doute Luc pensait aux 3 jours dans le tombeau et à cette réflexion « pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant ». C'est une réponse semblable que Jésus fait à ses parents « comment se fait-il que vous m'ayez cherché? Ne le saviez-vous pas, c'est chez mon Père que je dois être ». Eh oui, Dieu passe avant les parents, Jésus semble vouloir marquer les distances, il s'étonne qu'on le cherche. Et cependant, il est reparti avec eux, et l'Évangéliste a soin de nous dire qu'il leur était soumis, mais on comprend que Marie garde tous ces évènements dans son coeur, comme à Noël et elle a du en faire part à Luc qui nous rapporte cet événement. Avec nos connaissances catéchétiques et théologiques, et le credo de Nicée-Constantinople, on peut se demander pourquoi Marie n'a pas compris qui était Jésus, elle qui était à l'origine du mystère de l'Incarnation, comme on vient de le rappeler en fêtant Noël. Ce mystère, elle vivait au quotidien et le découvrait au fur et à mesure des évènements . Dieu a engagé Marie sur la voie royale, mais il ne la met pas à l'abri des surprises de la route. Pour Joseph et Marie, comme pour nous, la Foi est une aventure. Et en vivant leur vie de famille comme tous les foyers, ils éprouvent, comme tout croyant, la difficulté de lire dans la foi telle situation concrète surtout si elle est imprévue et complexe. Avec leurs difficultés, Joseph et Marie collaborent à l'oeuvre du salut.
Et pour accomplir cette oeuvre de salut Jésus quittera sa famille « l'homme quittera son père et sa mère » est-il écrit au début de la Bible, que ce soit pour fonder une famille ou pour un don à Dieu. Anne avait consacré son enfant Samuel à à Dieu, nous a rappelé la première lecture. Jésus, lui, est Fils de Dieu et Dieu lui-même, il était venu parmi nous pour accomplir une mission. Et aujourd'hui, il y a des enfants qui quittent leur famille pour se donner entièrement à Dieu. Et il arrive que des parents acceptent difficilement ce départ et on oublie, peut-être parce que l'enfant est trop programmé, que l'arrivée d'un enfant dans une famille, c'est un don de Dieu et qu'on peut lui donner celui qu'il a donné. St Jean dans sa 1ère lettre dont on vient de lire un passage, rappelle l'amour de Dieu, et l'amour que nous devons avoir les uns pour les autres, et d'abord en famille, c'est un lien d'amour qui unit les époux qui se sont choisis, mais les enfants n'ont pas choisi leurs parents et les frères et soeurs ne se choisissent pas, c'est l'amour qui doit faire le lien, comme il doit le faire entre tous les hommes. Le geste de paix doit exprimer cet amour des uns pour les autres.
26.12.06

NOËL 2006 : L' événement qui rassemble : une naissance, quelle que soit la manière de fêter Noël : manière païenne, matérialiste, il s'agit alors d'une vieille et belle légende. Manière humaine, il s'agit de la naissance de Jésus fondateur d'une secte qui dure depuis 2000 ans ! Manière chrétienne, ce doit être la nôtre, c'est-à-dire l'anniversaire de la Naissance du Fils de Dieu fait homme, le Messie promis et attendu depuis longtemps. Dans un passé lointain, Dieu a parlé par les prophètes, à Noël, Dieu vient lui-même nous parler. Noël rassemble la famille humaine, la famille chrétienne. Noël : une naissance qui a marqué l'humanité mais qui est pratiquement passée inaperçue au moment même sauf auprès de bergers et de rois Mages. On s'occupait des grands de ce monde, Jésus a-t-il été recensé ? 2000 ans après on parle de Jésus, et pas des grands. Le Magnificat, dit bien, « il renverse les puissants, il élève les humbles. » Si au 19ème on a essayé de faire oublier Jésus, à la fin du 20ème Jésus inquiète, il suffit de regarder les nombreuses publications, films, vidéo-cassettes qui le concernent. On démontre l'historicité de Jésus ou on la conteste. Ce sont les Evangiles auxquels nous croyons qui nous permettent de dire que Jésus est le Fils de Dieu. Ne demandons pas à des historiens de démontrer l'In carnation du Fils de Dieu, et sa naissance miraculeuse. Matthieu démontre aux Juifs que Jésus est le Messie promis, né d'une vierge, et nous venons d'entendre le texte de Luc qui écrit pour les Grecs, et qui veut aller à l'origine des choses : Jésus fruit de l'Esprit-Saint, né de la Vierge Marie est Fils du Dieu Très Haut. Pierre arrivera à cet acte de Foi : « tu es le Messie, le Fils du Dieu Vivant » et Jésus lui répondra : « Heureux es-tu car cette révélation t'est venue de mon Père ». La mémoire de cet homme nommé Jésus né en Palestine a été transmise par les premiers disciples et les communautés chrétiennes et consigné dans les Evangiles. Des historiens païens de l'époque ont parlé d'un certain Jésus. Les biographies de Jésus ne sont pas des preuves de la Foi Chrétienne, aujourd'hui des chrétiens n'acceptent pas tous les articles du Credo, dès les premiers siècles la divinité de Jèsus a été niée par la grande hérésie d'Arius et l'Eglise a con voqué le Concile de Nicée pour mettre les choses au point. Pour ses contemporains, Jésus est un pauvre, né loin de chez lui et ce sont des méprisés, des exclus de la société qui sont informés les premiers. Quel contraste entre la puissance de l'empereur et Dieu dans ce nouveau-né si fragile, quel contraste entre le palais impérial et la crèche. Jésus ne vient pas résoudre nos problèmes, il vient les partager, à nous de les résoudre. Noël aujourd'hui, c'est nous retrouver en famille, penser aux plus pauvres, aux isolés, aux malades, à la misère des pays en guerre. A l'occasion de Noël beaucoup d'organismes ont essayé d'atténuer un peu la souffrance des hommes. Qu'avons-nous fait et que pouvons- nous faire ? Ce devrait être Noël tous les jours. Que Noël soit une fête de joie, qu'elle nous apporte un peu de chaleur et surtout qu'elle nous révèle Jésus Fils de Dieu, Lumière des hommes. ».
10.12.06
RAYONNER LE CHRIST
Par le Cardinal John Henry Newman
Seigneur Jésus, aide-moi à répandre Ton parfum partout où je vais.
Inonde mon âme de ton Esprit et de Ta Vie.
Pénètre en moi et prends entièrement possession de tout mon être
afin que toute ma vie ne soit qu'un rayonnement de la Tienne.
Rayonne à travers moi, et sois si présent en moi que chaque âme
que j'approche puisse sentir Ta présence en moi.
Qu'en me regardant, ils ne voient plus que Toi seul, Jésus !
Reste avec moi, et alors je commencerai à rayonner comme tu rayonnes,
à rayonner au point de devenir une lumière pour les autres;
la lumière, O Jésus émanera complètement de Toi;
aucun rayon ne viendra de moi:
ce sera Toi qui rayonnera sur les autres à travers moi.
Que je Te loue ainsi de la façon que Tu aimes le plus
en rayonnant sur les autres autour de moi.
Que je te prêche sans prêcher,
non par mes mots mais par mon exemple,
par la force entraînante de l'influence contagieuse de ce que je fais,
par la plénitude éclatante de l'amour que mon coeur Te porte.
Amen.
( cette prière est dite à la fin de chaque Eucharistie par les Soeurs de Mère Teresa)

Dimanche 10 Décembre
L'Avent est un temps de préparation à un avénement qui est double: des prophètes de l'Ancien
Testament pensent à la venue du Messie attendu ; un signe, c'est le retour de exilés à Jérusalem dont parle aujourd'hui le prophète Baruch : « Jérusalem, quite ta robe de tristesse...et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours...Debout, Jérusalem! ...vois tes enfants rassemblés du levant au couchant par la parole du Dieu Saint. »
Le deuxième avènement, c'est la fin des temps, Jésus nous en parlait dans l'Évangile de dimanche dernier.
L'Évangile de ce jour nous parle de Jean le Baptiste et le situe dans le temps. Il est envoyé pour préparer ses compatriotes à la venue du Messie, et il les invite à la conversion en proposant un baptême qui sera le baptême dit de pénitence. St Luc reprend les paroles du prophète Baruch pour déterminer la mission de Jean le Baptiste : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. »
Aujourd'hui, pendant ce temps de l'Avent, nous pensons plus spécialement au temps où l'humanité attendait le Sauveur promis et nous nous préparons à fêter l'anniversaire de sa venue à Noël. Le texte de l'Évangile cite le prophète Isaïe qui invitait son peuple à préparer le chemin du Seigneur, c'est à dire à se préparer à le recevoir. Aujourd'hui, la liturgie, en proposant à notre réflexion ce passage de l'Évangile, veut nous inviter à nous préparer au retour du Seigneur à la fin des temps et comme il faut toujours être prêt, c'est aujourd'hui qu'il faut nous préparer à recevoir le Seigneur. On peut même dire qu'il va venir au milieu de nous par l'Eucharistie, et si nous communions, il vient en nous sous forme de nourriture qui nous soutient dans notre marche vers Dieu. Il faut donc toujours se préparer à le recevoir.
«Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. »Cette invitation d'Isaïe s'adressait d'abord aux déportés d'Israël car bientôt leur captivité va être terminée, et si parmi vous il y a d'anciens prisonniers de guerre ou des déportés, vous comprenez mieux ce qu'est ce retour, alors il faut tout faire pour faciliter le retour, supprimer les obstacles, faire en sorte une route droite et plane dans le désert. Et sans doute le Psaume 125 qui vient d'être lu à la suite du texte de Baruch qui fait allusion au même événement, a-t-il été composé à ce moment là ou chanté sur le chemin du retour « Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve!... nous poussions des cris de joie, on disait parmi les nations : « Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous ...Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie. »
« Préparez le chemin du Seigneur », cela commence par la catéchèse qui prépare le chemin du Seigneur au milieu des plus jeunes ou invite les jeunes à suivre le chemin du Seigneur. Cela doit commencer dès le plus jeune âge en famille,certains disent même que l'enfant est déjà marqué avant sa naissance par la pensée et la volonté de sa maman. Il y a ensuite dans les organisations paroissiales , l' éveil à la Foi, le catéchisme du primaire, l'Aumônerie des colléges qui continue dans le second cycle, et qui ne s'arrête pas là,: il y a des groupes d'aumônerie dans les grandes écoles, il y a aussi les mouvements de jeunes et d'adultes dans le secteur, il y a pour les retraités le Mouvement Chrétien des Retraités. Il y a aussi des groupes de prière et tous, jusqu'au dernier instant de notre vie , on approfondit notre connaissance de Dieu et on se prépare à sa venue. Vous avez entendu parler de la lettre aux catholiques de France, du rapport de Mgr Dagens : « proposer la Foi dans la société actuelle. » C'est tout le but de la mission de l'Église donc de chacun d'entre nous, puisque depuis notre baptême, nous sommes prophètes, tous nous devons nous sentir concernés comme témoins.
Pour préparer le chemin du Seigneur, voyons ce que chacun d'entre nous peut faire : pour la préparation de Noël pas de problème: tout l'environnement nous y invite, pensons tout de même aux problèmes financiers, nous savons qu'un certain nombre d'associations religieuses ou laïques pensent aux plus démunis,: dimanche prochain il y aura à la salle de la Bonnette à La Queue lez Yvelines un repas spectacle organisé par le Secours Catholique de notre secteur.
Préparer Noël : voyons comment nous pouvons apporter paix et joie autour de nous. Et souhaitons que se réalise en Israël et partout dans le monde ces paroles prophétiques de Baruc: « Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire, lui donnant comme escorte sa miséricorde et sa justice. »
08.12.06
Liturgie des heures Fête de l'Immaculée Conception
Hymne de la veille au soir
Pleine de grâce, réjouis-toi !
L'Emmnuel a trouvé place
Dans ta demeure illuminée.
Par toi, la gloire a rayonné
Pour le salut de notre race.
Arche d'alliance, réjouis-toi !
Sur toi repose la présence
Du Dieu caché dans la nuée.
Par toi la route est éclairée
Dans le désert où l'homme avance.
Vierge fidèle, réjouis-toi !
Dans la ténêbre où Dieu t'appelle
Tu fais briller si haut ta foi
Que tu reflètes sur nos croix
La paix du Christ et sa lumière.
Reine des anges , réjouis-toi !
Déja l'Eglise en toi contemple
La création transfigurée :
Fais-nous la joie de partager
L'exultation de ta louange.
04.12.06
Il est difficile de prier si nous ne savons pas comment prier, mais nous devons nous aider nous-mêmes à prier. Le premier moyen à utiliser est le SILENCE. Nous ne pouvons pas nous mettre directement en présence de Dieu si nous ne pratiquons pas le silence intérieur et extérieur. Donc nous prendrons comme point particulier le silence de la langue, des yeux et de l'esprit.
Le silence de la langue nous apprendra tellement: à parler au Christ, à être joyeuses à la récréation, et à avoir beaucoup de choses à dire. A la récréation le Christ nous parle à travers les autres et à la méditation il nous parle directement. Le silence nous fait ressembler encore plus au Christ parce qu'il avait un amour particulier pour cette vertu.
Ensuite nous avons le silence des yeux qui nous aidera toujours à voir Dieu. Nos yeux sont comme deux fenêtres par lesquelles le Christ ou le monde arrivent dans nos coeurs. Nous avons souvent à faire preuve d'un grand courage pour les laisser fermer. Combien de fois nous disons,"J'aimerais ne pas avoir vu cette chose," et pourtant nous nous efforçons si peu de vaincre le désir de tout voir.
Le silence de l'esprit et du coeur: notre Dame "gardait toutes ces choses dans son coeur." Ce silence la conduisit près du Seigneur,de telle sorte qu'elle n'eut jamais rien à regretter. Regardez ce qu'elle fit quand St Joseph fut troublé. Un seul mot venu d'elle aurait éclairci son esprit; elle ne dit pas ce mot et notre Seigneur lui-même a fait le miracle d'éclaircir. Cela ne voudrait-il pas nous convaincre de cette nécessité du silence! Je pense alors que le chemin à suivre pour être en union intime avec Dieu deviendra très clair.
Le silence nous donne un regard neuf sur tout. Nous avons besoin du silence pour pouvoir toucher les âmes. L'essentiel n'est pas ce que nous disons mais ce que Dieu nous dit et dit à travers nous. Jésus nous attend toujours dans le silence. Dans ce silence. il nous écoutera, il y parlera à notre âme, nous y écouterons sa voix.
Le silence intérieur est très difficile, mais nous devons faire l'effort de prier. Dans le silence nous trouverons une énergie nouvelle et une véritable unité. L'énergie de Dieu sera la nôtre pour faire bien toutes choses, et ainsi il y aura l'unité de nos pensées avec ses pensées, l'unité de nos prières avec ses prières, l'unité de nos actions avec ses actions,l'unité de notre vie avec sa vie. Toutes nos paroles seront inutiles si elles ne viennent pas de l'intérieur. Les paroles qui ne donnent pas la lumière du Christ augmentent l'obscurité.
Mére Teresa
+LDM 25 Mars, 1993 Varanasi
Mes très chers enfants, Sœurs, Frères et Pères,
Cette lettre étant très personnelle, j'ai voulu l'écrire de ma propre main, mais il y a tant de choses à dire. Mais même si elle n'est pas de la main de Mère, elle vient cependant du cœur de Mère.
Jésus veut que je vous dise encore- surtout en cette Semaine Sainte- combien Il a d'amour pour chacun d'entre vous, au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer. Je m'inquiète de ce que certains d'entre vous n'aient pas encore vraiment rencontré Jésus -seul à seul- : vous et Jésus seulement. Nous pouvons passer du temps à la chapelle, mais avez-vous vu – avec les yeux de votre âme- avec quel amour Il vous regarde ? Connaissez-vous vraiment Jésus vivant, non pas à partir de livres mais en étant avec Lui dans votre cœur? Avez-vous entendu les mots d'amour qu'Il vous dit ? Demandez la grâce: Il a le désir ardent de vous la donner. Tant que vous n'entendrez pas Jésus dans le silence de votre propre cœur, vous ne pourrez pas l'entendre dire « J'ai soif »dans le cœur des pauvres. N'abandonnez jamais ce contact intime quotidien avec Jésus comme une personne réelle vivante, non pas juste comme une idée. Comment pouvons-nous passer même un seul jour sans entendre Jésus dire « Je t'aime ». C'est impossible. Notre âme en a besoin autant que notre corps a besoin de respirer l'air. Sinon, la prière est morte, la méditation n'est que réflexion. Jésus veut que chacun d'entre vous l'entende - parler dans le silence de votre cœur.
Faites attention à tout ce qui pourrait faire obstacle à ce contact personnel avec Jésus vivant. Le diable peut essayer de se servir des blessures de la vie, et quelquefois de nos propres fautes pour vous faire sentir qu'il est impossible que Jésus vous aime réellement, qu'Il est vraiment attaché à vous. C'est un danger pour nous tous. Et c'est très triste, parce que c'est complètement à l'opposé de ce que Jésus veut réellement et attend de vous dire. Non seulement qu'Il vous aime, mais encore plus: qu'Il vous désire ardemment. Vous Lui manquez quand vous ne venez pas près de Lui. Il a soif de vous. Il vous aime toujours, même quand vous ne vous en sentez pas dignes. Lorsque vous n'êtes pas acceptés par les autres, même parfois par vous-même. Il est celui qui vous accepte toujours. Mes enfants, vous n'avez pas à être différents pour que Jésus vous aime. Croyez seulement : vous êtes précieux pour Lui. Apportez toutes vos souffrances à ses pieds, ouvrez seulement votre coeur pour qu'Il vous aime tels que vous êtes. Il fera le reste.
Vous savez tous dans votre esprit que Jésus vous aime, mais avec cette lettre, Mère veut plutôt toucher votre cœur. Jésus veut ranimer nos cœurs, pour que nous ne perdions pas notre premier amour, surtout dans le futur quand Mère vous aura quittés. C'est pourquoi je veux que vous lisiez cette lettre devant le Saint Sacrement, là même où elle a été écrite, afin que Jésus lui-même puisse parler à chacun de vous.
Pourquoi Mère vous dit-elle cela ? Après avoir lu la lettre du Saint Père sur « J'ai soif », j'étais tellement frappée que je ne pourrais pas vous dire ce que j'ai ressenti. Cette lettre m'a fait découvrir encore davantage combien notre vocation est belle. Combien est grand l'amour de Dieu envers nous pour qu'Il est choisi notre Congrégation pour étancher cette soif de Jésus, d'amour , et des âmes – en nous donnant notre place spéciale dans l'Église. En même temps nous rappelons au monde Sa Soif , quelque chose que l'on oubliait. J'ai écrit au Saint Père pour le remercier. La lettre du Saint Père est un signe pour notre Congrégation toute entière – pour approfondir de plus en plus cette grande soif de Jésus de chacun de nous. C'est aussi un signe pour Mère, que le temps est venu pour moi de parler ouvertement du don que Dieu a fait le 10 septembre, d'expliquer de façon aussi détaillée que je le peux ce que signifie pour moi la Soif de Jésus.
Pour moi, la Soif de Jésus est une chose si intime, que jusqu'à présent je me suis sentie gênée pour vous parler du 10 septembre. Je voulais faire comme Notre Dame qui « gardait toutes ces choses dans son cœur. » C'est pourquoi Mère n'a pas tellement parlé de « J'ai soif », surtout en public. Mais cependant les lettres et les instructions de Mère la désignent toujours, en montrant les moyens d'étancher Sa Soif à travers la prière, l'intimité avec Jésus, en vivant nos vœux, surtout notre 4ème vœu. Pour moi c'est si clair : tout chez les MC existe uniquement pour étancher la Soif de Jésus. Ses paroles écrites sur le mur de chaque chapelle MC, ne proviennent pas seulement du passé, mais elles sont vivantes ici et maintenant, elles vous sont dites. Est-ce que vous le croyez? Si vous le croyez , vous entendrez, vous sentirez Sa présence. Laissez-la devenir aussi intime pour chacun de vous qu'elle l'est pour moi: c'est la plus grande joie que vous puissiez m'offrir. Mère essaiera de vous aider à comprendre, mais Jésus lui-même doit être le seul à vous dire « J'ai soif » Ecoutez votre propre nom. Pas seulement une fois. Chaque jour. Si vous écoutez avec votre cœur, vous entendrez, vous comprendrez.
Pourquoi Jésus dit-il « J'ai soif » ? Qu'est-ce que cela signifie ? C'est très difficile de l'expliquer avec des mots. Si vous deviez retenir une seule chose de la lettre de Mère, rappelez-vous ceci: « J'ai soif » est quelque chose de beaucoup plus profond que Jésus disant seulement « Je vous aime. » Tant que vous ne saurez pas de façon très intime que Jésus a soif de vous, vous ne pourrez pas commencer à savoir qui Il veut être pour vous. Ni qui Il veut que vous soyez pour Lui.
Le cœur et l'âme des MC sont seulement ceci : la Soif du Cœur de Jésus, caché dans les pauvres. C'est la source de tout ce qui fait la vie des MC. Elle nous donne notre But, notre 4ème vœu, l'esprit de notre Congrégation et son unique objectif. Etancher la soif de Jésus vivant au milieu de nous : est la seule raison d'être de la Congrégation. Pouvons-nous chacun d'entre nous en dire autant que c'est notre seule raison de vivre ? Demandez-vous : est-ce que cela ferait une différence dans ma vocation, dans ma relation avec Jésus , dans mon travail, si la Soif de Jésus n'était plus notre But, n'était plus sur les murs de la chapelle ? Est-ce que cela changerait quelque chose dans ma vie ? Est-ce que j'en ressentirais une perte ? Posez-vous ces questions honnêtement et que ce soit un test pour chacun pour voir si la Soif de Jésus est une réalité, quelque chose de vivant, pas simplement une idée.
« J'ai soif » (Jn 19,28) et « C'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25,30) : rappelez-vous toujours de lier les deux, le moyen avec le But. Que nul ne sépare ce que Dieu a uni. Ne sous-estimez pas nos moyens pratiques: le travail pour les pauvres, si petit ou humble qu'il soit – qui font de notre vie quelque chose de beau pour Dieu. Ils sont les dons les plus précieux de Dieu à notre Congrégation, : la présence cachée mais si proche de Jésus, si capable de nous toucher. Sans notre travail pour les pauvres le But disparaît – la Soif de Jésus se réduit à des mots qui n'ont pas de sens ni de réponse . En unissant les deux, notre vocation de MC restera vivante et réelle, ce que Notre Dame a demandé.
Faites attention au choix des prédicateurs de retraite. Ils ne comprennent pas tous correctement notre esprit. Ils peuvent être saints et érudits, cela ne suppose pas pour autant qu'ils aient la grâce d'état de notre vocation. S'ils vous disent quelque chose de différent de ce que Mère écrit dans cette lettre, je vous demande de ne pas écouter ni de vous laisser troubler. La Soif de Jésus est le foyer de tout ce qui est MC. L'Eglise l'a confirmé encore et encore : « Notre charisme est d'étancher la Soif de Jésus d'amour et des âmes , en travaillant au salut et à la sanctification des plus pauvres parmi les pauvres. » Rien de différent. Rien d'autre. Faisons tout ce que nous pouvons pour protéger ce don de Dieu à notre Congrégation.
Croyez-moi, mes chers enfants, soyez très attentifs à ce que Mère vous dit maintenant: seule la Soif de Jésus, si vous l'entendez, la ressentez, y répondez avec tout votre coeur, gardera la Congrégation en vie après que Mère vous aura quittés. Si c'est votre vie, tout ira bien pour vous. Même quand Mère vous aura quittés, la Soif de Jésus ne vous quittera jamais. Jésus, assoiffé dans les pauvres, vous L'aurez toujours avec vous.
C'est pourquoi je veux que les Sœurs actives et les Frères actifs, les Sœurs contemplatives et les Frères contemplatifs, et les Pères s'aident mutuellement à étancher la Soif de Jésus avec leurs dons particuliers : en se soutenant, en se complétant les uns les autres et cette Grâce précieuse d'une Famille unie, avec un seul But et objectif. N'excluez pas les Coopérateurs ni les Laïcs MC de cette demande, c'est leur appel à eux aussi, aidez-les à le comprendre.
Parce que le premier devoir du prêtre est le ministère de la prédication, j'ai demandé il y a quelques années à nos Pères de commencer à parler sur « J'ai soif », pour entrer plus profondément dans le don que Dieu a fait à notre Congrégation le 10 septembre. Je sens que Jésus veut cela d'eux, aussi dans le futur – priez donc Notre Dame de les garder dans ce rôle particulier de leur 4ème vœu. Notre Dame nous aidera tous pour cela, puisqu' elle fut la première personne, avec St Jean, et j'en suis sûre Marie Madeleine, à entendre le cri de Jésus « J'ai soif ». Parce qu'elle était là au Calvaire, elle sait combien le désir ardent de Jésus pour vous et pour les pauvres est réel et profond. Le savons-nous? Le sentons-nous comme Elle? Demandez-lui de vous l'apprendre, vous et toute la Congrégation êtes à elle. Son rôle est de vous amener face à face, comme Jean et Madeleine, avec l'amour dans le Cœur de Jésus crucifié. Avant, c'était Notre Dame qui suppliait Mère, maintenant c'est Mère qui, en son nom, vous supplie : « Écoutez la soif de Jésus. » Qu'elle soit pour chacun de vous ce que le Saint Père a dit dans sa lettre: une Parole de Vie.
Comment approchez-vous la Soif de Jésus ? Un seul secret : plus vous viendrez près de Jésus, mieux vous connaîtrez Sa Soif. « Repentez-vous et croyez », nous dit Jésus. De quoi faut-il nous repentir ? De notre indifférence, de notre dureté de cœur. Que faut-il croire ? Que Jésus a soif, même maintenant, dans votre cœur et dans les pauvres – Il connaît votre faiblesse, Il veut seulement votre amour, Il veut seulement avoir la chance de vous aimer. Il n'est pas lié par le temps. Chaque fois que nous venons près de Lui, nous devenons associés à Notre Dame, à St Jean, à Marie Madeleine. Ecoutez-Le. Ecoutez votre propre nom. Faites que ma joie et la vôtre soient complètes.
Prions
Que Dieu vous bénisse
M. Teresa m.c.
01.11.06
This is the third post.
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Nethertheless, once you feel comfortable with b2evolution, you should try activating clean permalinks in the Settings screen... (check 'Use extra-path info')
In the /blogs
folder as well as in /blogs/admin
there are two files called [sample.htaccess
]. You should try renaming those to [.htaccess
].
This will optimize the way b2evolution is handled by the webserver (if you are using Apache). These files are not active by default because a few hosts would display an error right away when you try to use them. If this happens to you when you rename the files, just remove them and you'll be fine.
By default, b2evolution blogs are displayed using a default skin.
Readers can choose a new skin by using the skin switcher integrated in most skins.
You can change the default skin used for any blog by editing the blog parameters in the admin interface. You can also force the use of the default skin for everyone.
Otherwise, you can restrict available skins by deleting some of them from the /blogs/skins folder. You can also create new skins by duplicating, renaming and customizing any existing skin folder.
To start customizing a skin, open its '_main.php
' file in an editor and read the comments in there. And, of course, read the manual on evoSkins!
By default, all pre-installed blogs are displayed using a skin. (More on skins in another post.)
That means, blogs are accessed through 'index.php
', which loads default parameters from the database and then passes on the display job to a skin.
Alternatively, if you don't want to use the default DB parameters and want to, say, force a skin, a category or a specific linkblog, you can create a stub file like the provided 'a_stub.php
' and call your blog through this stub instead of index.php .
Finally, if you need to do some very specific customizations to your blog, you may use plain templates instead of skins. In this case, call your blog through a full template, like the provided 'a_noskin.php
'.
You will find more information in the stub/template files themselves. Open them in a text editor and read the comments in there.
Either way, make sure you go to the blogs admin and set the correct access method for your blog. When using a stub or a template, you must also set its filename in the 'Stub name' field. Otherwise, the permalinks will not function properly.
By default, b2evolution comes with 4 blogs, named 'Blog All', 'Blog A', 'Blog B' and 'Linkblog'.
Some of these blogs have a special role. Read about it on the corresponding page.
You can create additional blogs or delete unwanted blogs from the blogs admin.
This is page 1 of a multipage post.
You can see the other pages by clicking on the links below the text.
This is an extended post with no teaser. This means that you won't see this teaser any more when you click the "more" link.
This is an extended post. This means you only see this small teaser by default and you must click on the link below to see more.
Blog B contains a few posts in the 'b2evolution Tips' category.
All these entries are designed to help you so, as EdB would say: "read them all before you start hacking away!" ;)
If you wish, you can delete these posts one by one after you have read them. You could also change their status to 'deprecated' in order to visually keep track of what you have already read.