11.01.07
Homélie de Damien Warnan, de Flexanville, en l'Eglise de Thoiry le Dimanche 3 Décembre 2006. Damien doit être ordonné prêtre à Versailles le 24 Juin par Monseigneur Eric Aumonier. DEO GRACIAS !!!
Le célibat sacerdotal
3 décembre 2006 – 1er dimanche de l’Avent
En ce premier dimanche de l’Avent, les textes de la liturgie nous invitent à tourner nos regards vers la venue du Seigneur, et à préparer nos cœurs à cette venue. Je parle de la venue du Seigneur, mais en réalité il y a deux venues du Seigneur.
Il y a tout d’abord la venue du Seigneur dans la chair, l’Incarnation du Verbe dans le sein de la Vierge Marie et la naissance dans la crèche, que nous fêtons à Noël, et qui est préparée par le temps de l’Avent. La première lecture du livre d’Isaïe nous invite à tourner les yeux vers cette première venue du Seigneur. Ensuite, il y a la seconde venue du Seigneur qui est son retour sur la terre à la fin des temps, et que l’on appelle la parousie. La deuxième lecture ainsi que l’Evangile du jour, mais aussi les textes qui nous ont été proposés au cours des dernières semaines de l’année liturgique qui vient de se terminer, nous invitent à tourner nos regards vers cette seconde venue du Seigneur, à rester en éveil, à persévérer dans la foi pour être prêts au moment où le Christ viendra pour juger les vivants et les morts.
Si Jésus vient sur la terre, c’est pour y établir son Royaume, le Royaume des Cieux. Chacune de ces deux venues est comme un avènement de Jésus comme Roi. Il y a donc deux avènements du Christ : un premier avènement au moment de son Incarnation et de sa naissance de la Vierge Marie. Dans cet avènement, Jésus se présente à nous comme un roi d’humilité, que l’on retrouvera quelques années plus tard couronné d’épines. Lors du premier avènement de Jésus, sa royauté demeure cachée aux yeux des hommes. Le second avènement, c’est le retour du Seigneur à la fin des temps. Dans cet avènement, Jésus se présentera à nous comme le roi de gloire, victorieux de la mort et du péché. La royauté de Jésus sera alors pleinement manifestée, et toutes choses lui seront soumises dans le ciel et sur la terre.
Nous qui vivons dans le temps présent, nous vivons entre ces deux venues du Seigneur, et nous sommes appelés à convertir nos cœurs pour préparer le retour de Jésus. En effet, entre l’avènement du Christ dans la chair par l’Incarnation, et l’avènement glorieux du Christ à la fin des temps, nous vivons dans le temps de l’avènement du Christ dans nos cœurs. Le Royaume de Dieu est déjà présent sur cette terre, et tous les jours, nous demandons à Dieu « que ton règne vienne », pour manifester notre désir, notre attente d’entrer pleinement dans ce Royaume de Dieu.
Dans ce bas monde, le Royaume de Dieu est déjà présent, mais de manière cachée. Le Seigneur nous donne cependant des signes visibles de cette présence du Royaume parmi nous. Parmi ces signes, je voudrais aujourd’hui vous parler du célibat sacré auquel je me suis engagé au moment de mon ordination diaconale. En effet, ce retour aujourd’hui sur ma paroisse d’origine prend très nettement une forme d’action grâce pour les dons reçus du Seigneur, et je ne peux pas omettre de faire écho à l’événement de mon ordination diaconale il y a deux mois. Cette ordination revêt une importance particulière pour le futur prêtre, car c’est le moment de l’engagement définitif vers le sacerdoce, dans le célibat et l’obéissance à l’évêque. J’aurais donc pu parler de beaucoup de choses aujourd’hui : le sacerdoce, la vocation ou bien sur le diaconat. Cependant, j’ai choisi de dire un mot sur un aspect précis de l’ordination diaconale : l’engagement au célibat sacré. Pourquoi parler du célibat aujourd’hui ? D’abord parce qu’il me semble que c’est une dimension essentielle de la vocation du prêtre, et ensuite parce que en ce premier dimanche de l’Avent où nous sommes invités à tourner nos regards vers la venue du Christ et l’avènement du Royaume, il me semble tout à fait opportun de dire un mot sur le célibat, qui est précisément un signe du Royaume à venir.
Le regard porté sur le célibat des prêtres est malheureusement souvent très négatif. Les objections soulevées sont nombreuses : le célibat empêcherait le prêtre de s’épanouir, il correspond à un passé révolu, à un vision négative de la conjugalité et de la sexualité, et l’on pourrait continuer la liste. On a souvent l’image d’une discipline qui est imposée par l’Eglise de manière autoritaire.
Mais le célibat des prêtres, bien avant d’être une discipline imposée par l’Eglise, c’est avant tout un don que Dieu fait à son Eglise. L’Eglise n’impose pas de manière autoritaire le célibat à ses prêtres, mais elle le reçoit comme un don de Dieu. Jésus, en vivant lui-même le célibat, et en le recommandant à ses disciples les plus proches, a institué le célibat sacré pour être un signe du Royaume des Cieux, pour toutes les époques de l’Histoire de l’Eglise.
Au cours de l’Evangile de la semaine dernière, nous avons entendu Jésus, le jour de sa Passion, répondre à Pilate lors de son interrogatoire : « Mon Royaume n’est pas de ce monde ». Si Dieu nous donne aujourd’hui des prêtres qui lui sont consacrés dans le célibat, c’est justement pour signifier que le Royaume du Christ n’est pas de ce monde, et pour signifier que c’est tout le Peuple de Dieu qui est en marche vers ce Royaume. Nous sommes de passage sur cette terre, et c’est aux biens célestes que nous devons nous attacher. Celui qui choisit le célibat pour l’Amour du Christ, anticipe en quelque sorte le Royaume des Cieux, et témoigne d’une manière particulièrement forte que l’Amour de Dieu suffit à lui seul au bonheur de l’homme, non seulement dans le paradis, mais aussi déjà sur cette terre.
L’Eglise doit être orientée vers l’action de grâce pour ce don du célibat. Il ne s’agit pas de rendre grâce à tel ou tel prêtre en particulier. Mais il s’agit de rendre grâce à Dieu pour ce don du célibat des prêtres qui est un signe réel du Royaume des Cieux, et qui stimule de manière authentique la charité pastorale des prêtres de l’Eglise. En effet, le prêtre qui choisit le célibat le fait par Amour du Christ, et pour participer d’une manière plus profonde à l’Amour du Christ pour tous les hommes, Lui qui a versé son Sang, et qui est mort pour chacun d’entre eux.
Ce matin, je voudrais donc vous inviter à nous réjouir de ce que le Seigneur appelle toujours des hommes à vivre le célibat sacré. Nous ne devons pas plaindre les prêtres qui choisissent cet état de vie. En effet, bien loin de le considérer comme une contrainte ou un poids à traîner, c’est un choix qu’ils posent en toute liberté, et surtout avec l’enthousiasme de se savoir associés d’une manière si profonde à la mission du Christ. Je voudrais vous inviter à prier le Seigneur pour qu’il appelle toujours de jeunes hommes à vivre dans le célibat comme prêtres pour le service de l’Eglise. Nous sommes souvent tentés de vouloir nous adapter à la société contemporaine pour laquelle le célibat ne représente plus du tout une valeur. Nous sommes aussi parfois tentés d’imiter d’autres confessions chrétiennes pour lesquelles le célibat n’est pas absolument requis pour être ordonné prêtre ou pour être pasteur. Mais je crois que l’Eglise latine se doit plutôt d’être reconnaissante envers Dieu, et fière de conserver fidèlement ce don du Seigneur à son Eglise, et c’est pourquoi nous devons encourager les jeunes qui ressentent cet appel, en les accompagnant de notre prière et de notre amitié. D’ailleurs, au passage, il ne faut pas non plus oublier dans notre prière et dans notre amitié les prêtres qui rencontrent des difficultés importantes dans leur célibat.
Je termine en invoquant la Vierge Marie, la Vierge fidèle et pure qui s’est offerte entièrement au Seigneur en se rendant disponible au dessein que Dieu avait formé pour elle et pour l’humanité entière. Qu’elle soit le modèle de tous ceux que le Seigneur appelle à vivre la virginité consacrée pour le service de l’Eglise.
Amen