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18.02.08

English (US)   CREDO : Quatrième article du Symbole des Apôtres  -  Categories: prières, jc, Cardinal Urs von Balthasar, CREDO  -  @ 07:06:42 pm

IV

A souffert sous Ponce Pilate, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers.

1.« A souffert ».

Il est significatif que le Credo ne fasse pas état de la vie publique de Jésus, de son enseignement, de ses miracles, de son initiative de rassembler ses disciples en vue d'une Église à venir. Cela montre que toute la vie et l'action de Jésus furent sciemment comprises par lui-même en relation avec « l'heure » qui vient, où – après ce qui fut pratiquement un fiasco – devait être accompli l'acte décisif et qui allait tout changer : la souffrance pour le monde pécheur et réfractaire à Dieu.

Il me paraît précipité de vouloir retirer à Jésus toutes les prédictions directes et indirectes de sa passion, comme s'il n'avait pas su pourquoi finalement il fut envoyé dans le monde, comme si le vif reproche fait à Pierre (« Satan », Mt 16,23), l'invitation à porter sa croix chaque jour derrière lui (Lc 14,27), l'aspiration angoissée au « baptême » qu'il a à recevoir (Lc 12,50), étaient de pures inventions de l'Église primitive – pour ne rien dire du tout de la théologie paulinienne de la Croix.

Que Jésus n'ait pas eu à l'avance devant les yeux maints détails de la Passion dont les évangélistes lui attribuent la connaissance, il n'est pas besoin de le contester, précisément parce qu'il abandonnait au Père la maîtrise et le contenu de « l'heure » (Mc 13,32). Il n'est pas vrai non plus que Jésus ait constamment souffert d'avance à la perspective incessante de la croix; il acceptait sans restriction chaque don du Père : aussi celui de la joie, du compagnonnage, et de l'ensemble des dons dont il se voyait le bénéficiaire.

Mais l' « heure du pouvoir des ténèbres » (Lc24,53) où lui furent infligées par les hommes toutes sortes de souffrances spirituelles et physiques, et où le Père lui-même abandonna le Supplicié, est pour nous une nuit insondable. Aucune célébration du chemin de la Croix, et pas même les horreurs des tortures humaines et des camps de concentration, ne donnent une image de cela. Qui peut s'imaginer ce que cela signifie, face à un Dieu qui se détourne de cette abomination, que de porter la charge du péché du monde, d'éprouver en soi-même la perversion intime d'une humanité qui refuse à Dieu tout service et tout honneur?

Et puisque sont rassemblés ici, dans leur amplitude impossible à dominer, tous les temps depuis le commencement jusqu'à la fin du monde, la Croix se trouve, pour celui qui la souffre, arrachée au régime du temps; d'un regard en avant vers la résurrection après-demain, il ne peut donc plus être question. Le pécheur peut espérer, le « péché », non; mais précisément, à cause de nous, Christ « a été fait péché » (2 Co 5,21).

« 2. "Est mort et a été enseveli" ».

Mort avec la question à son Dieu disparu : pourquoi l'a-t-il abandonné? Mort en remettant son esprit dans les mains de l'Absent. Mort avec un grand cri, dans lequel -selon Nicolas de Cuse – la Parole désormais inarticulable de Dieu atteint son point culminant. Mort de la mort qui le plaçait au point extrême de la communion avec tous les pécheurs, mais de la mort la plus ténébreuse, car quelle nuit est plus sombre que celle de celui qui a connu le plus intimement le Dieu perdu?

« Et enseveli », précision sur laquelle Paul aussi met l'accent (1Co 15,4, en signifiant par là que le Ressuscité n'était plus au tombeau), c'est-à-dire : réellement mort, et terminant par là, comme chacun de nous son destin terrestre.

3.« Descendu aux enfers ».

Naturellement, car la mort « est suivie des enfers » (Ap 6,8), dont la désolation nous est si réalistement décrite par les Psaumes. C'est comme un mort humain que le Fils est descendu chez les morts, et non-pas comme un victorieux-vivant portant une oriflamme de Pâques, à la manière dont, projetant à l'avance la Résurrection dans le Vendredi-Saint, les icônes orientales le représentent. L'Église a interdit de chanter l'alleluia ce jour-là. Et pourtant le nouveau mort est différent de tous les autres. Il est mort par pur amour, par amour humano-divin ; mieux : sa mort était la plus importante mise en acte de cet amour, et l'amour est ce qu'il y a de plus vivant. Ainsi, le fait de connaître effectivement l'état de mort - et cela veut dire : perte de tout contact avec Dieu et avec les frères en humanité (qu'on relise les Psaumes) – est-il aussi un acte de son amour le plus vivant.

Ici, dans la plus extrême solitude, cet amour est annoncé aux morts; plus que cela même : il leur est partagé (1 P3,19). L'action de salut qu'est la Croix ne valait pas, et de loin, pour les seuls vivants; elle inclut aussi en elle tous ceux qui sont morts avant ou après elle. Aussi, depuis cette mort par amour de notre Seigneur, la mort a-t-elle reçu une tout autre signification; elle peut devenir pour nous l'expression de notre plus pur et notre plus vivant amour, si nous l'acceptons comme l'occasion qui nous est donnée de nous remettre sans réserve entre les mains de Dieu. Elle est, alors, non seulement réparation pour tout ce que nous avons manqué mais, au delà de cela, gain, pour d'autres, de la grâce de quitter leur égoïsme et de choisir l'amour comme leur attitude la plus intime.

A partir du Vendredi-Saint, la mort devient purification. Ce jour-là, le Seigneur mort ouvrit un chemin pour sortir de l'éternelle perdition et aller vers le ciel : le feu qui purifie les morts pour les ouvrir à l'amour. Dans l'Ancienne Alliance, cela n'existait pas; pour tous il n'y avait que le Shéol, le lieu de l'être-mort. Descendant dans ce lieu, le Christ a ouvert l'accès au Père.

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