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09.10.09

French (FR)   commentaire du Cardinal Bertone sur "CARITAS IN VERITATE"  -  Categories: jc, documents, Benoit XVI  -  @ 16:33:54

Après avoir lu l'encyclique de Benoît XVI "CARITATIS IN VERITATE", j'ai parcouru dans les numéros de L'OSSERVATORE ROMANO qui ont suivi sa parution les commentaires de nombreux Evêques. J'ai été particulièrement interpellé par la réflexion du Cardinal Tarcisio Bertone (4 Aout 2009) adressée au Sénat de la République italienne.
l'extrait ci-dessous de cette conférence a été pris sur zenit.org

Conférence du Cardinal Tarcisio Bertone
au sénat de la République italienne (28/07/2009)

 

«  Efficacité et justice ne suffisent pas :Pour être heureux, le don est nécessaire »,
par le card. Tarcisio Bertone
 

 

   L'encyclique de Benoît XVI s'ouvre par une introduction, qui constitue une réflexion riche et profonde dans laquelle sont repris les termes du titre même qui relie étroitement entre elles la caritas et la veritas, l'amour et la vérité. Il s'agit non seulement d'une sorte d'explicatio terminorum, d'un éclaircissement initial, mais l'on veut indiquer les principes et les perspectives fondamentales de tout son enseignement. En effet, comme dans une symphonie, le thème de la vérité et de la charité revient ensuite tout au long du document, précisément parce que c'est là que réside, comme l'écrit le Pape, « la force dynamique essentielle du vrai développement de chaque personne et de l'humanité tout entière » (Caritas in veritate, n. 1).
    Mais - nous demandons-nous - de quelle vérité et de quel amour s'agit-il? Il ne fait aucun doute que précisément ces concepts suscitent aujourd'hui le soupçon - en particulier le terme vérité - ou sont objets de malentendus - et cela vaut en particulier pour le terme « amour ». C'est pourquoi il est important d'éclaircir de quelle vérité et de quel amour parle la nouvelle encyclique. Le Saint-Père nous fait comprendre que ces deux réalités fondamentales ne sont pas extrinsèques à l'homme ou même imposées à lui au nom d'une quelconque vision idéologique, mais sont profondément enracinées dans la personne même. En effet, « l'amour et la vérité - affirme le Saint-Père - sont la vocation déposée par Dieu dans le coeur et dans l'esprit de chaque homme » (n. 1), de l'homme qui, selon l'Ecriture Sainte, est précisément créé « à l'image et ressemblance » de son Créateur, c'est-dire du « Dieu biblique qui est à la fois ‘Agapè' et ‘Logos' :  Charité et Vérité, Amour et Parole » (n. 3).
    Cette vérité, non seulement la Révélation biblique en témoigne, mais elle peut être saisie par tout homme de bonne volonté qui utilise sa raison de façon droite lorsqu'il réfléchit sur lui-même (« La vérité est une lumière qui donne sens et valeur à l'amour. Cette lumière est, en même temps, celle de la raison et de la foi, par laquelle l'intelligence parvient à la vérité naturelle et surnaturelle de l'amour », n. 3). A cet égard, cette vision semble bien illustrée par certains contenus d'un document significatif et important qui a précédé de peu la publication de Caritas in veritate:  la Commission théologique internationale nous a donné ces derniers mois un texte intitulé:  A la recherche d'une éthique universelle:  nouveau regard sur la loi naturelle. Celui-ci aborde des thèmes d'une grande importante, que je me sens en devoir de signaler et de recommander, en particulier dans le contexte de ce Sénat, c'est-à-dire d'une institution dont la fonction principale est l'élaboration de normes. En effet, comme le Saint-Père le dit à l'Assemblée des Nations unies à New York, au cours de sa visite l'an dernier au Palais de Verre à propos du fondement des droits humains :  « Ces droits trouvent leur fondement dans la loi naturelle inscrite au coeur de l'homme et présente dans les diverses cultures et civilisations. Détacher les droits humains de ce contexte signifierait restreindre leur portée et céder à une conception relativiste, pour laquelle le sens et l'interprétation des droits pourraient varier et leur universalité pourrait être niée au nom des différentes conceptions culturelles, politiques, sociales et même religieuses » (18 avril 2008). Il s'agit de considérations qui valent non seulement pour les droits de l'homme, mais pour toute intervention de l'autorité légitime appelée à réglementer, selon la véritable justice, la vie de la communauté à travers des lois qui ne soient pas le fruit d'une simple entente conventionnelle, mais qui visent au bien authentique de la personne et de la société et fassent donc référence à cette loi naturelle.
    Or, la Commission théologique internationale, en exposant la réalité  de la loi naturelle, illustre précisément que la vérité et l'amour sont des exigences essentielles de tout homme, profondément enracinées dans son être. « Dans sa recherche du bien moral, la personne humaine se met à l'écoute de ce qu'elle est et elle prend conscience des inclinations fondamentales de sa nature » (A la recherche d'une éthique universelle:  nouveau regard sur la loi naturelle, n. 45), et celles-ci orientent l'homme vers des biens nécessaires à sa réalisation morale. Comme on le sait, « on distingue traditionnellement trois grands ensembles de dynamismes naturels... Le premier, qui lui est commun avec tout être substantiel, comprend essentiellement l'inclination à conserver et à développer son existence. Le deuxième, qui lui est commun avec tous les vivants, comprend l'inclination à se reproduire pour perpétuer l'espèce. Le troisième, qui lui est propre comme être rationnel, comporte l'inclination à connaître la vérité sur Dieu ainsi que l'inclination à vivre en société » (n. 46). En approfondissant ce troisième dynamisme, qui se retrouve dans chaque personne, la Commission théologique internationale affirme qu'il « est spécifique à l'être humain comme être spirituel, doté de raison, capable de connaître la vérité, d'entrer en dialogue avec les autres et de nouer des relations d'amitié... Son bien intégral est si intimement lié à la vie en communauté que c'est en vertu d'une inclination naturelle et non d'une simple convention qu'il s'organise en société politique. Le caractère relationnel de la personne s'exprime aussi par la tendance à vivre en communion avec Dieu ou l'Absolu... Elle peut certes être niée par ceux qui refusent d'admettre l'existence d'un Dieu personnel, mais elle n'en demeure pas moins implicitement présente dans la recherche de la vérité et du sens qui habite tout être humain » (n. 50).
    L'homme est donc fait pour connaître à travers un « élargissement de la raison » (cf. Discours du 12 septembre 2006 à l'université de Ratisbonne) la vérité dans toute son étendue, c'est-à-dire en ne se limitant pas à acquérir des connaissances techniques pour dominer la réalité matérielle, mais en s'ouvrant jusqu'à rencontrer le Transcendant, et pour vivre pleinement la dimension interpersonnelle de l'amour, « principe non seulement des micro-relations:  rapports amicaux, familiaux, en petits groupes, mais également des macro-relations:  rapports sociaux, économiques, politiques » (Caritas in veritate, n. 2). Ce sont précisément la veritas et la caritas qui nous indiquent les exigences de la loi naturelle que Benoît XVI pose comme critère fondamental de la réflexion d'ordre moral sur l'actuelle réalité socio-économique:  « ‘Caritas in veritate' est un principe sur lequel se fonde la doctrine sociale de l'Eglise, un principe qui prend une forme opératoire par des critères d'orientation de l'action morale » (n. 6). Avec une expression efficace, le Saint-Père affirme donc que « la doctrine sociale de l'Eglise... est ‘caritas in veritate in re sociali' :  annonce de la vérité de l'amour du Christ dans la société. Cette doctrine est un service de la charité, mais dans la vérité » (n. 5).
    La proposition de l'encyclique n'est ni à caractère idéologique, ni uniquement réservée à ceux qui partagent la foi dans la Révélation divine, mais se fonde sur des réalités anthropologiques fondamentales, comme le sont précisément la vérité et la charité entendues au sens droit, ou, comme le dit l'encyclique elle-même, données à l'homme et reçues par lui, et non pas produites par lui de façon arbitraire (« La vérité qui, à l'égal de la charité est un don, est plus grande que nous, comme l'enseigne saint Augustin. De même, notre vérité propre, celle de notre conscience personnelle, nous est avant tout ‘donnée'. Dans tout processus cognitif, en effet, la vérité n'est pas produite par nous, mais elle est toujours découverte ou mieux, reçue. Comme l'amour, elle ‘ne naît pas de la pensée ou de la volonté mais, pour ainsi dire, s'impose à l'être humain' », Caritas in veritate, n. 34). Benoît XVI veut rappeler à tous que ce n'est qu'en s'ancrant à ce double critère de la veritas et de la caritas, liés entre eux de façon inséparable, que l'on peut construire l'authentique bien de l'homme, fait pour la vérité et l'amour. Selon le Saint-Père, « seule la charité, éclairée par la lumière de la raison et de la foi, permettra d'atteindre des objectifs de développement porteurs d'une valeur plus humaine et plus humanisante » (n. 9).
    Après cette introduction indispensable, dans laquelle j'ai voulu souligner certains aspects anthropologiques et théologiques du texte pontifical, sans doute moins commentés par les articles journalistiques, je désire exposer à présent uniquement certains points, sans avoir la prétention de couvrir le vaste contenu de l'encyclique, dont, d'ailleurs, des commentateurs faisant autorité ont déjà offert des approfondissements spécifiques, notamment dans les pages de « L'Osservatore Romano » ou ailleurs. 

1. Au-delà des dichotomies anciennes et obsolètes

Un message important qui nous vient de Caritas in veritate est l'invitation à dépasser la dichotomie désormais obsolète entre la sphère économique et la sphère sociale. La modernité nous a laissé en héritage l'idée selon laquelle pour pouvoir oeuvrer dans le domaine de l'économie, il est indispensable de viser au profit et d'être animés principalement par son propre intérêt; c'est comme si l'on disait que l'on n'est pas totalement entrepreneur si l'on ne poursuit pas la maximalisation du profit. Dans le cas contraire, on devrait se contenter de faire partie de la sphère du social.
Cette conception, qui confond l'économie de marché qui est le genus avec sa species particulière qu'est le système capitaliste, a conduit à identifier l'économie avec le lieu de la production de la richesse (ou du revenu) et le social avec le lieu de la solidarité pour une distribution équitable de celle-ci.
Caritas in veritate nous dit au contraire que mener une entreprise est également possible lorsque l'on poursuit des objectifs d'utilité sociale et que nos actions sont animées par des motivations de type pro-social. Il s'agit d'une façon concrète, même si ce n'est pas la seule, de combler l'écart entre l'économique et le social, étant donné qu'une action économique qui n'incorporerait pas en son sein la dimension du social ne serait pas éthiquement acceptable, comme il est également vrai qu'une action sociale exclusivement redistributive, qui ne tiendrait pas compte des ressources, ne serait pas durable à long terme: en effet, avant de pouvoir redistribuer, il faut produire.
Il faut être particulièrement reconnaissant à Benoît XVI d'avoir voulu souligner le fait que l'action économique n'est pas quelque chose de détaché et d'étranger aux principes fondamentaux de la doctrine sociale de l'Eglise qui sont: caractère central de la personne humaine; solidarité; subsidiarité; bien commun. Il faut dépasser la conception pratique selon laquelle les valeurs de la doctrine sociale de l'Eglise devraient trouver un espace uniquement dans les oeuvres de nature sociale, tandis qu'aux spécialistes de l'efficacité reviendrait le devoir de guider l'économie. Le mérite, et non le moindre, de cette encyclique, est de contribuer à trouver un remède à cette lacune, qui est à la fois culturelle et politique.
Contrairement à ce que l'on pense, l'effacité n'est pas le fundamentum divisionis pour distinguer ce qui est de l'ordre d'une entreprise de ce qui ne l'est pas, et cela pour la simple raison que la catégorie de l'efficacité appartient à l'ordre des moyens et non à celui des fins. En effet, il faut être efficaces pour poursuivre au mieux l'objectif que l'on a librement choisi de donner à sa propre action. L'entrepreneur qui se laisse guider par l'efficacité comme fin en soi risque de tomber dans la manie d'efficacité, qui est l'une des causes les plus fréquentes de destruction de la richesse, comme la crise économique et financière en cours nous le confirme tristement.
En élargissant un instant la perspective du discours, parler de marché signifie parler de concurrence, dans le sens où il ne peut y avoir de marché là où il n'y a pas de pratique de la concurrence (même si le contraire n'est pas vrai). Et personne ne met en doute que la fécondité de la concurrence réside en ce que celle-ci implique la tension, la dialectique qui présuppose la présence d'un autre et la relation avec un autre. Sans tension, il n'y a pas de mouvement, mais - c'est là toute la question - le mouvement que la tension engendre peut également être mortifère, c'est-à-dire conduire à la mort.
Lorsque le but de l'action économique n'est pas la tension vers un objectif commun - comme l'étymon latin cum-petere laisserait clairement entendre - mais la théorie d'Hobbes mors tua, vita mea, le lien social est réduit à la relation mercantile et l'activité économique tend à devenir inhumaine et donc, en ultime analyse, inefficace. C'est pourquoi, même dans la concurrence, la "doctrine sociale de l'Eglise estime que des relations authentiquement humaines, d'amitié et de socialité, de solidarité et de réciprocité, peuvent également être vécues même au sein de l'activité économique et pas seulement en dehors d'elle ou "après" elle. La sphère économique n'est, par nature, ni éthiquement neutre, ni inhumaine et antisociale. Elle appartient à l'activité de l'homme et, justement parce qu'humaine, elle doit être structurée et organisée institutionnellement de façon éthique" (n. 36).
Or, le bénéfice, certainement important, que Caritas in veritate nous offre, est celui de prendre véritablement en considération la conception du marché, typique de la tradition de pensée de l'économie civile, selon laquelle on peut vivre l'expérience de la socialité humaine au sein d'une vie économique normale, et non pas en dehors ou à côté de celle-ci. C'est une conception que l'on pourrait qualifier d'alternative, aussi bien par rapport à celle qui considère le marché comme lieu de l'exploitation et de la domination du fort sur le faible, ou par rapport à celle qui, dans le sillage de la pensée anarco-libérale, le considère comme un lieu en mesure d'apporter des solutions à tous les problèmes de la société.
Cette façon de mener une entreprise se différencie de l'économie de tradition smithienne, qui considère le marché comme l'unique institution véritablement nécessaire pour la démocratie et pour la liberté. La doctrine sociale de l'Eglise nous rappelle en revanche qu'une bonne société est certes le fruit du marché et de la liberté, mais qu'il existe des exigences, découlant du principe de fraternité, qui ne peuvent être éludées, ni renvoyées à la seule sphère privée ou à la philanthropie. Elle propose plutôt un humanisme à plusieurs dimensions, dans lequel le marché n'est pas combattu ou "contrôlé", mais est considéré comme un moment important de la sphère publique - sphère qui est beaucoup plus vaste que celle qui relève de l'Etat - et qui, s'il est conçu et vécu comme lieu ouvert également aux principes de réciprocité et du don, peut édifier une saine coexistence civile.

2. De la fraternité découle le bien commun

Je prends à présent en considération l'un des thèmes présents dans l'encyclique, qui me semble avoir suscité un certain intérêt public en raison de la nouveauté que revêtent les principes de fraternité et de gratuité dans l'action économique. "Si le développement économique, social et politique veut être authentiquement humain, - dit Benoît XVI - il doit prendre en considération le principe de gratuité" (n. 34). "Des formes économiques de solidarité" sont nécessaires. Dans ce sens, le chapitre consacré à la collaboration de la famille humaine est significatif: on y souligne que "le développement des peuples dépend surtout de la reconnaissance du fait que nous formons une seule famille", c'est pourquoi "le thème du développement coïncide avec celui de l'inclusion relationnelle de toutes les personnes et de tous les peuples dans l'unique communauté de la famille humaine qui se construit dans la solidarité sur la base des valeurs fondamentales de la justice et de la paix" (nn. 53-54).
La parole-clé qui aujourd'hui, exprime mieux que tout autre cette exigence est celle de fraternité. C'est l'école de pensée franciscaine qui a conféré à ce terme la signification qu'il a conservée dans le temps, qui constitue le complément et l'exaltation du principe de solidarité. En effet, tandis que la solidarité est le principe d'organisation sociale qui permet aux inégaux de devenir égaux en vertu de leur égale dignité et de leurs droits fondamentaux, le principe de fraternité est le principe d'organisation sociale qui permet aux égaux d'être différents, dans le sens de pouvoir exprimer diversement leur projet de vie ou leur charisme.
Je m'explique: les époques que nous avons laissées derrière nous, le xix et en particulier le xx siècle, ont été caractérisées par de grandes batailles, tant culturelles que politiques, au nom de la solidarité, et cela a été une bonne chose; il suffit de penser à l'histoire du mouvement syndical et à la lutte pour la conquête des droits civils. La question est qu'une société visant au bien commun ne peut se contenter de la solidarité, mais a besoin d'une solidarité qui reflète la fraternité, étant donné que, si la société fraternelle est également solidaire, le contraire n'est pas nécessairement vrai.
Si l'on oublie le fait que ne peut être durable une société d'êtres humains dans laquelle le sens de fraternité est absent et dans laquelle tout se réduit à améliorer les transactions fondées sur l'échange de biens équivalents ou à augmenter les transferts réalisés par des structures publiques d'assistance, on comprend pourquoi, en dépit de la qualité des forces intellectuelles en action, on ne soit pas encore parvenu à une solution crédible du grand trade-off entre efficacité et équité. Caritas in veritate nous aide à prendre conscience que la société n'est pas capable d'avoir un avenir si le principe de fraternité disparaît; c'est-à-dire qu'elle n'est pas en mesure de progresser si existe et se développe uniquement la logique du "donner pour avoir" ou du "donner par devoir". Voilà pourquoi, ni la vision libérale et individualiste du monde, dans laquelle tout (ou presque) est échange, ni la vision centrée sur l'Etat de la société, dans laquelle tout (ou presque) relève du devoir, ne constituent des guides sûrs pour nous faire sortir des impasses dans lesquelles nos sociétés sont aujourd'hui engagées.
On se demande alors pourquoi, réapparaît comme un fleuve karstique, la perspective du bien commun, selon la formulation qui lui a été donnée par la doctrine sociale de l'Eglise, après au moins deux siècles au cours desquels elle était de fait absente? Pourquoi le passage des marchés nationaux au marché mondial, qui a eu lieu au cours du dernier quart de siècle, rend de nouveau actuel le discours sur le bien commun? J'observe en passant que ce qui a lieu s'inscrit dans un mouvement plus vaste d'idées en économie, un mouvement dont l'objet est le lien entre religiosité et performance économique. A partir de la considération selon laquelle les croyances religieuses sont d'une importance décisive pour dresser un aperçu cognitif des sujets et pour forger les normes sociales de comportement, ce mouvement d'idées tente d'étudier combien la prédominance dans un pays (ou territoire) donné d'une certaine matrice religieuse influence la formation de catégories de pensée économique, les programmes de protection sociale, la politique scolaire et ainsi de suite. Après une longue période de temps, au cours de laquelle la célèbre thèse de la sécularisation semblait avoir mis un terme à la question religieuse, tout au moins en ce qui concerne le domaine économique, ce qui a lieu aujourd'hui apparaît véritablement paradoxal.
Il n'est pas si difficile d'expliquer le retour dans le débat culturel contemporain de la perspective du bien commun, véritable marque de l'éthique catholique dans le domaine économique et social. Comme l'a expliqué Jean-Paul ii à de nombreuses occasions, la doctrine sociale de l'Eglise ne doit pas être considérée comme une théorie éthique supplémentaire par rapport à celles déjà amplement présentes dans la littérature, mais comme une "grammaire commune" à celles-ci, car fondée sur un point de vue spécifique, celui de prendre soin du bien humain. En réalité, tandis que les diverses théories éthiques trouvent leur fondement dans la recherche de règles (comme cela a lieu dans le droit naturel positiviste, selon lequel l'éthique dérive de la norme juridique) ou encore dans l'action (il suffit de penser à la théorie néocontractuelle de Rawls ou au néo-utilitarisme), la doctrine sociale de l'Eglise adopte comme principe l'"être avec". Le sens de l'éthique du bien commun explique que pour pouvoir comprendre l'action humaine, il faut se placer dans la perspective de la personne qui agit (cf. Veritatis splendor, n. 78) et non dans la perspective d'un tiers (comme le fait le droit naturel), c'est-à-dire d'un spectateur impartial (comme Adam Smith l'avait suggéré). En effet, le bien moral, étant une réalité concrète, est avant tout connu non pas par celui qui le théorise, mais par celui qui le pratique; c'est lui qui sait l'identifier et donc le choisir avec certitude à chaque fois qu'il est remis en question.

3. Le principe du don en économie

Venons-en alors au principe du don en économie. Que signifie, concrètement, l'accueil de la perspective de la gratuité dans l'action économique? Le Pape Benoît XVI répond que le marché et la politique ont besoin "de personnes ouvertes au don réciproque" (Caritas in veritate, nn. 35-39). La conséquence lorsque l'on reconnaît au principe de gratuité une place de premier plan dans la vie économique est liée à la diffusion de la culture et de la pratique de la réciprocité. Avec la démocratie, la réciprocité - définie par Benoît XVI comme "l'intime constitution de l'être humain" (Caritas in veritate, n. 57) - est la valeur fondatrice d'une société. On pourrait même soutenir que c'est de la réciprocité que la règle démocratique tire son sens ultime.
Dans quels "lieux" la réciprocité est-elle présente, c'est-à-dire pratiquée et nourrie? La famille est le premier de ces lieux: il suffit de penser aux rapports entres parents et enfants et entre frères et soeurs. Autour de la famille se développe le rapport de don typique de la fraternité. Il y a également la coopérative, l'entreprise sociale et les diverses formes d'associations. N'est-il pas vrai que les rapports entre les membres d'une famille ou entre les associés d'une coopérative sont des rapports de réciprocité? Nous savons aujourd'hui que le progrès civil et économique d'un pays dépend de façon fondamentale du degré de diffusion des pratiques de réciprocité parmi ses citoyens. Il existe aujourd'hui un immense besoin de coopération: voilà pourquoi nous avons besoin d'étendre les formes de gratuité et de renforcer celles qui existent déjà. Les sociétés qui extirpent de leur terrain les racines de l'arbre de la réciprocité sont destinées au déclin, comme nous l'enseigne depuis longtemps l'histoire.
Quelle est la fonction propre du don? Celle de faire comprendre qu'à côté des biens de justice, il existe des biens de gratuité et donc qu'une société dans laquelle on se contente des seuls biens de justice n'est pas authentiquement humaine. Le Pape parle de la "stupéfiante expérience du don" (n. 34).
Quelle est la différence? Les biens de justice sont ceux qui naissent d'un devoir; les biens de gratuité sont ceux qui naissent d'une obbligatio. C'est-à-dire, ce sont des biens qui naissent de la reconnaissance que je suis lié à un autre qui, dans un certain sens, est une partie constitutive de mon être. Voilà pourquoi la logique de la gratuité ne peut être réduite de façon simpliste à une dimension purement éthique; en effet, la gratuité n'est pas une vertu éthique. La justice, comme Platon l'enseignait déjà, est une vertu éthique, et nous sommes tous d'accord sur l'importance de la justice, mais la gratuité concerne plutôt la dimension supra-éthique de l'action humaine, car sa logique est la surabondance, tandis que la logique de la justice est la logique de l'équivalence. Donc, Caritas in veritate nous dit que pour bien fonctionner et progresser, une société a besoin qu'au sein de la pratique économique figurent des sujets qui comprennent ce que sont les biens de gratuité, que l'on comprenne, en d'autres termes, que nous avons besoin de faire refluer le principe de la gratuité dans les circuits de notre société.
Benoît XVI invite à restituer le principe du don à la sphère publique. Le don authentique, en affirmant le primat de la relation sur son exonération, du lien entre sujets sur le bien donné, de l'identité personnelle sur l'utile, doit pouvoir trouver un espace d'expression partout, dans tous les domaines de l'action humaine, y compris l'économie. Le message que Caritas in veritate nous laisse est celui de penser la gratuité, et donc la fraternité, comme marque de la condition humaine et donc de voir dans l'exercice du don le présupposé indispensable afin qu'Etat et marché puissent fonctionner, en ayant pour objectif le bien commun. Sans des pratiques élargies du don, il sera bien sûr possible d'avoir un marché efficace et un Etat doté d'autorité (et même juste), mais ce faisant, l'on n'aidera certainement pas les personnes à trouver la joie de vivre. Car efficacité et justice, même si elles sont liées, ne suffisent pas à assurer le bonheur des personnes.

4. Sur les causes lointaines de la crise financière

Caritas in veritate s'arrête sur les causes profondes (et pas uniquement sur les causes proches) de la crise encore en cours. Je n'ai pas l'intention de les passer en revue et je me limiterai à résumer les trois facteurs principaux de crise identifiés et pris en considération.
Le premier concerne le changement radical dans la relation entre finance et production de biens et services qui s'est consolidé au cours des trente dernières années. A partir du milieu des années 1970, divers pays occidentaux ont conditionné leurs promesses en matière de retraite à des investissements qui dépendaient de la capacité des nouveaux instruments financiers à engendrer un profit durable exposant ainsi l'économie réelle aux caprices de la finance et engendrant le besoin croissant de destiner à la rémunération de l'épargne investie dans ces derniers des parts croissantes de valeur ajoutée. Les pressions sur les entreprises, dérivant des bourses et des fonds de private equity, se sont répercutées dans plusieurs directions: sur les dirigeants poussés à améliorer continuellement les performances de leur gestion, dans le but d'en tirer des volumes croissants de stocks options; sur les consommateurs, pour les convaincre à acheter toujours plus, même en l'absence de pouvoir d'achat; sur les entreprises de l'économie réelle, pour les convaincre à augmenter la valeur pour l'actionnaire. C'est ainsi que l'exigence constante de résultats financiers toujours plus excellents s'est répercutée sur tout le système économique, jusqu'à devenir un véritable modèle culturel.
Le deuxième facteur qui explique la crise est la diffusion, au niveau de la culture populaire, de l'éthos de l'efficacité comme critère ultime de jugement et de justification de la réalité économique. D'un côté, cela a fini par légitimer l'avidité - qui est la forme la plus connue et la plus répandue de l'avarice - comme une sorte de vertu civique: le greed market qui remplace le free market. "Greed is good, greed is right" (l'avidité est bonne, l'avidité est juste), prêchait Gordon Gekko, le personnage principal du célèbre film de 1987, Wall Street.
Enfin, Caritas in veritate ne manque pas de s'arrêter sur la cause des causes de la crise: les spécificités du modèle culturel qui s'est consolidé au cours des dernières décennies dans le sillage, d'un côté, du processus de mondialisation, et, de l'autre, de l'avènement de la troisième révolution industrielle, celle des technologies info-télématiques. Un aspect spécifique de ce modèle concerne l'insatisfaction, toujours plus étendue, en ce qui concerne la façon d'interpréter le principe de liberté. Comme on le sait, il existe trois dimensions constitutives de la liberté: l'autonomie, l'immunité, la capacité d'action. Qui dit autonomie dit liberté de choix: on n'est pas libre si l'on n'est pas placé dans la condition de choisir. L'immunité, en revanche, implique l'absence de coercition de la part d'un agent extérieur. C'est, en définitive, la liberté négative (ou encore la "liberté par rapport à"). La capacité d'action enfin, signifie capacité de choix, c'est-à-dire de poursuivre des objectifs, du moins en partie ou dans une certaine mesure, que le sujet se fixe. L'on n'est pas libre si l'on ne réussit jamais à réaliser (pas même en partie) son projet de vie.
Comme on peut le comprendre, le défi à relever consiste à réunir côte à côte les trois dimensions de la liberté: telle est la raison pour laquelle le paradigme du bien commun apparaît comme une perspective extrêmement intéressante à explorer.
A la lumière de ce qui précède, nous pouvons comprendre pourquoi la crise financière ne peut pas prétendre être un événement inattendu, ni inexplicable. Voilà pourquoi, sans rien ôter aux interventions indispensables en matière de réglementation et aux nouvelles formes nécessaires de contrôle, nous ne réussirons pas à empêcher l'apparition d'épisodes analogues à l'avenir si l'on n'attaque pas le mal à sa racine, c'est-à-dire si l'on n'intervient pas sur le modèle culturel qui soutient le système économique. Cette crise lance un double message aux autorités gouvernementales. En premier lieu, que la sacro-sainte critique à l'"Etat interventionniste" ne peut en aucun cas revenir à méconnaître le rôle central de l'"Etat régulateur". En second lieu, que les autorités publiques situées aux divers niveaux des gouvernements doivent permettre, et même favoriser, la naissance et le renforcement d'un marché financier pluraliste, c'est-à-dire d'un marché dans lequel puissent opérer dans des conditions de parité objective des sujets différents, sur l'objectif spécifique qu'ils attribuent à leur activité. Je pense aux banques du territoire, aux banques de crédit coopératif, aux banques éthiques, aux divers fonds éthiques. Il s'agit d'organismes qui ne proposent pas seulement à leurs guichets une finance créative, mais qui jouent surtout un rôle complémentaire, et donc, d'équilibre, par rapport aux agents de la finance spéculative. Si, au cours des dernières décennies, les autorités financières avaient éliminé les nombreux conditionnements qui pesaient sur les acteurs de la finance alternative, la crise actuelle n'aurait pas eu la puissance dévastatrice que nous connaissons.

5. Conclusion

Avant de conclure, je souhaite remercier le président du Sénat de la République italienne, M. Schifani, de m'avoir permis d'illustrer devant cet auditoire qualifié certains traits de la dernière encyclique de Benoît XVI.
Il s'agit d'une certaine façon d'un retour du Saint-Père dans ce siège du Sénat de la République, où celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger tint le 13 mai 2004 dans la bibliothèque du sénat précisément, une "lectio magistralis" restée dans les mémoires sur le thème: "L'Europe. Ses fondements spirituels, hier, aujourd'hui et demain".
Il est intéressant de noter que dans cette intervenion, entre autres, le futur Souverain Pontife abordait certains thèmes que l'on retrouve aujourd'hui dans sa dernière encyclique. Pensons, par exemple, à l'affirmation de la raison profonde de la dignité de la personne et de ses droits: ceux-ci - disait le cardinal Ratzinger - "ne sont pas créés par le législateur, ni conférés aux citoyens, "mais ils existent plutôt de par leur droit propre, ils doivent toujours être respectés de la part du législateur, ils lui sont donnés au préalable comme des valeurs d'ordre supérieur". Cette validité de la dignité humaine préalable à toute action politique et à toute décision politique renvoie en ultime analyse au Créateur: Lui seul peut établir des valeurs qui se fondent sur l'essence de l'homme et qui sont intangibles. Le fait qu'il existe des valeurs qui ne puissent être manipulées par personne est la véritable garantie de notre liberté et de la grandeur humaine; la foi chrétienne voit en cela le mystère du Créateur et de la condition d'image de Dieu qu'il a conférée à l'homme". Dans Caritas in veritate, Benoît XVI répète que "les droits humains risquent de ne pas être respectés" lorsqu'"ils sont privés de leur fondement transcendant" (n. 56), c'est-à-dire lorsqu'on oublie que "Dieu est le garant du véritable développement de l'homme, dans la mesure où, l'ayant créé à son image, il en fonde aussi la dignité transcendante" (n. 29).
Dans la "lectio magistralis" tenue il y a cinq ans, l'actuel Souverain Pontife rappelait encore qu'"un deuxième point dans lequel apparaît l'identité européenne est le mariage et la famille. Le mariage monogame, comme structure fondamentale de la relation entre un homme et une femme et dans le même temps comme cellule dans la formation de la communauté de l'Etat, a été forgé à partir de la foi biblique. Il a donné à l'Europe, tant occidentale qu'orientale, son visage spécifique et son humanité spécifique, également et précisément parce que la forme de fidélité et de renoncement définie ici a toujours dû être à nouveau conquise, au prix de nombreux efforts et difficultés. L'Europe ne serait plus l'Europe, si cette cellule fondamentale de son édifice social disparaissait ou était changée dans son essence". Dans Caritas in veritate, cet avertissement s'étend jusqu'à devenir universel, nous pourrions dire mondial, et s'adresse à tous les responsables de la vie publique; nous lisons en effet, dans celle-ci: "Continuer à proposer aux nouvelles générations la beauté de la famille et du mariage, la correspondance de ces institutions aux exigences les plus profondes du coeur et de la dignité de la personne devient ainsi une nécessité sociale, et même économique. Dans cette perspective, les Etats sont appelés à mettre en oeuvre des politiques qui promeuvent le caractère central et l'intégrité de la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme, cellule première et vitale de la société, prenant en compte ses problèmes économiques et fiscaux, dans le respect de sa nature relationnelle" (n. 44).
Certes, Caritas in veritate s'adresse, comme cela est affirmé dans son titre officiel, à tous les membres de l'Eglise catholique et "à tous les hommes de bonne volonté". Pourtant, en vertu des principes qu'il éclaire, des problèmes qu'il affronte et des indications qu'il offre, ce document pontifical, qui a d'abord suscité tant d'attentes, puis tant d'attention et de reconnaissance, en particulier dans le domaine social, politique et économique, peut trouver, me semble-t-il, un écho particulier dans ce siège institutionnel qu'est le Sénat de la République. Je suis convaincu que, au-delà des différences de formation et de convictions personnelles, ceux qui possèdent la responsabilité délicate et honorifique de représenter le peuple italien et d'exercer par son mandat le pouvoir législatif, peuvent trouver dans les paroles du Pape une noble et profonde inspiration dans l'accomplissement de leur mission, afin de répondre de façon adéquate aux défis éthiques, culturels et sociaux qui nous interpellent aujourd'hui et que l'encyclique Caritas in veritate place devant nous de façon extrêmement lucide et exhaustive. Je forme le voeu que ce document du Magistère ecclésial, que j'ai tenté de vous illustrer du moins en partie aujourd'hui, puisse trouver en ce siège l'attention qu'il mérite et porter ainsi des fruits positifs et abondants pour le bien de chaque personne et de toute la famille humaine, en commençant par la chère nation italienne.

06.02.08

English (US)   Méditation de carême : le Symbole des Apôtres  -  Categories: prières, jc, documents, Cardinal Urs von Balthasar, CREDO  -  @ 07:25:42 pm

Temps de Carême

Aujourd'hui Mercredi des cendres début du Carême.

Je voudrais vous inviter tout au long de ce temps à méditer et à partager sur le Credo, profession de notre foi, à partir du commentaire écrit à la fin de sa vie en 1988 par le grand théologien le cardinal Hans Urs von Balthasar. Ces méditations sur le Credo-le symbole des Apôtres-qui peuvent s'assimiler à une sorte de testament de sa foi représentent une véritable "somme " de la foi chrétienne comme l' indique Monseigneur Joseph Doré traducteur de ce texte dans son introduction :
Dieu est amour. D'abord en lui-même. Mais aussi, et conséquemment, pour nous et pour le monde, qu'il n'a créés que pour mettre toute sa gloire à les associer à sa vie. C'est ce" qui éclate dans la vie, la Croix et la Pâque de Jésus, qui apparaît dès lors au centre et au coeur de tout ce qui existe, monde et histoire. Et qui révèle à la fois Dieu comme Trinité d'un Père qui l'a envoyé, d'un Fils qu'il est lui-même, et d'un Esprit qui les unit et qu'ils nous donnent, et l'homme comme destiné dès ce monde à la communion des saints et à la rémission des péchés, et dans l'autre à la résurrection de la chair et à la vie éternelle
L"Unique nécessaire" est là. Il ne peut être reçu et compris que dans la foi, l'espérance et la charité; mais quand il l'est ainsi, on le découvre à la fois comme Beauté à admirer, Bonté à aimer et Vérité à proclamer. Or telle est, au bout du compte, ni plus ni moins, la confession de la foi qu'appelle le Symbole des Apôtres.


COMMENTAIRE DU SYMBOLE DES APÔTRES



par Hans Urs von BALTHASAR




Tout ce qui est multiple a son origine dans quelque chose de simple. Les nombreuses parties du corps de l'homme viennent de l'oeuf fécondé. Les douze énoncés du Symbole des Apôtres ont leur point de départ dans cette question tripartite :« Crois-tu en Dieu le Père, le Fils, le Saint-Esprit? » Mais ces trois mots sont eux-mêmes l'expression de ceci – dont Jésus fournit la preuve : le Dieu unique est dans sa nature même amour et don de soi. Jésus se sait, il se reconnaît Parole, Fils, Expression, Témoignage d'Auto-donation dans l'amour, de l'Origine immémoriale qu'il nomme « Père », qui l'aime et qu'il aime dans leur commun Esprit d'amour divin. Un Esprit dont il nous fait don, afin que afin que nous soyons nous-mêmes inclus dans cet abîme d'amour (qui surpasse toute mesure), et que ainsi nous puissions comprendre quelque chose de sa surabondance : « Connaître l'amour qui surpasse toute connaissance » (Ep 3,19)


Ce n'est qu'à la condition de maintenir constamment le regard sur ce fondement de l'Unité, qui s'ouvre aussi à nous, que cela a du sens de déployer le Credo chrétien. Tout d'abord en fonction des trois accès mentionnés, mais étant entendu que ceux-ci se subdivisent encore en douze « articles » (« articulus signifiant l'articulation qui relie les membres les uns aux autres). Nous ne croyons jamais à des énoncés, mais à une unique Réalité qui se déploie devant nous, et qui est à la fois la plus haute vérité et le plus profond salut.


"à demain"

02.01.08

French (FR)   Temps de Noël avec Charles de Foucauld 30  -  Categories: prières, Charles de Foucauld, jc, documents  -  @ 22:50:41

Jeudi 3 Janvier. Mon Seigneur Jésus, je vous adore dans votre crèche... Je vous aime de tout mon coeur, de toute mon âme, de toutes mes forces, de tout mon esprit. Votre petit serviteur, votre petit enfant, celui que, dans votre infinie bonté, vous faites votre petit frère, se prosterne à vos pieds et vous adore de tout son coeur, Jésus bien-aimé, Jésus enfant si doux !... Sainte Vierge et saint Joseph, sainte Magdeleine et saint paul, mon bon ange, douce sainte Geneviève, saint pontife Anthère qui donnâtes votre sang pour cet enfant béni, mettez-moi avec vous à ses pieds, mettez_moi au pied de cette petite crèche... Je remets mon âme entre vos mains : donnez-moi à Jésus... Obtenez-moi par vos saintes prières que ce don soit véritable, et qu'à jamais j'appartienne à ce divin Enfant, étant vraiment son petit frère, partageant tous ses sentiments et toute sa vie, faisant en tout ce qu'Il veut de moi, en Lui, par Lui et pour Lui.

Amen

01.01.08

French (FR)   Joyeuse et sainte Année 2008 !!!  -  Categories: documents  -  @ 19:01:30

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Gloire à Dieu ! Au plus haut des cieux !

Plein de grâce et de vérité,
Il resplendit près de sa Mère !
Jésus s'endort ! Pour l'adorer,
Sur une crèche le monde est penché !

( Hymne de l'office des lectures de "Sainte Marie, Mère de Dieu")

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Mais on appelle Sion : "Ma Mère !"
car en elle, tout homme est né.
C'est lui, le Très-Haut, qui la maintient.
Au registre des peuples, le Seigneur écrit :
"Chacun est né là-bas."
Tous ils chantent et ils dansent, et ils chantent :
"En toi, toutes nos sources!"

(Psaume 86)

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Le Verbe s'est fait chair, alléluia,
il a demeuré parmi nous, alléluia.

(Psaume 98)

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Pousse des cris de joie, fille de Sion !
Eclate en ovations, Israël !
Réjouis-toi, tressaille d'allégresse, fille de Jérusalem !
Le roi d'Israël, le Seigneur, est en toi.

( Sophonie,3 14,15b)

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Portes de la Basilique de Nazareth et sources du Jourdain à Banias

10.12.07

French (FR)   reflections personnelles  -  Categories: jc, Mère Teresa, documents  -  @ 23:49:28

Social et spirituel

suite au mot du père Gérard pour la deuxième semaine de l'Avent :

«Chers paroissiens,

Dans notre communauté entre ceux qui accentuent l’aspect social de l’Eglise, et les autres l’aspect spirituel, il n’est pas facile de trouver le juste milieu. Face à ces 2 réalités, tous nous avons failli par notre laxisme ou notre excessivité. Jean le Baptiste nous invite à une conversion radicale pour retrouver cette harmonie promise et idéalisée dans la 1ere lecture. Il nous annonce également le baptême dans l’Esprit Saint qui permet déjà l’équilibre entre action et contemplation, solidarité et prière, social et spirituel. D’ailleurs les deux ne devraient-ils pas aller ensemble ?


P. Gérard »

quelques réflections :

Peut-on parler d'aspect social et spirituel de l'Eglise et d'équilibre entre ces deux aspects ?
N'y a-t-il pas entre entre action et contemplation, service et prière, pour tout chrétien une unité indissoluble ?
Quand nous communions, c'est le Christ que nous recevons et c'est le Christ que
nous portons aux autres dans le service. Dans la Messe c'est le Christ qui se met à notre service cf (Jn, 13 ) et dans le service des pauvres des exclus et des malades c'est le Christ que nous contemplons.

Le Pape Benoît XVI conclut ainsi une récente catéchèse sur les pères de l'Eglise consacrée à Saint Aphraate, dit le Sage Persan qui vécut au quatrième siècle :
« Chers frères et sœurs, revenons encore — pour conclure — à l'enseignement d'Aphraate sur la prière. Selon cet antique « Sage », la prière se réalise lorsque le Christ demeure dans le cœur du chrétien, et il l'invite à un engagement cohérent de charité envers son prochain. Il écrit en effet :

Apporte le réconfort aux accablés, visite les malades,
sois plein de sollicitude envers les pauvres : telle est la prière.
La prière est bonne,
et ses œuvres sont belles.
La prière est acceptée lorsqu'elle apporte le réconfort au prochain.
La prière est écoutée
lorsque dans celle-ci se trouve également le pardon des offenses.
La prière est forte
lorsqu'elle est remplie de la force de Dieu »
(Démonstrations 4, 14-16).

Avec ces paroles, Aphraate nous invite à une prière qui devient vie chrétienne, vie réalisée, vie pénétrée par la foi, par l'ouverture à Dieu et, ainsi, par l'amour pour le prochain. »

Le chapitre I de l'exhortation apostolique « Les fidèles laîcs » de Jean_Paul II commente ( Jn 15, 5) «Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments » et développe la dignité des fidèles laïcs dans l'Eglise-Mystère.

Mère Teresa a écrit une méditation sur « la vigne et les sarments » dont voici un extrait :

Devenir de vrais sarments sur la vigne de Jésus

Devenons de vrais sarments, pleins de fruits, sur la vigne de Jésus. Accueillons-Le dans nos vies chaque fois qu'Il veut y venir. Il vient comme Vérité qui doit être dite, comme Vie qui doit être vécue, comme Lumière qui doit être réfléchie, comme Amour qui doit être aimé, comme Chemin que nous devons prendre, comme Joie que nous devons répandre, comme Paix que nous devons planter, comme Sacrifice que nous devons offrir dans nos familles et avec nos voisins, qu'ils soient proches ou lointains (SMT, 37).

Nous sommes tous témoins du Christ

Nous devons tous être des témoins du Christ. Le Christ est la vigne et nous sommes les sarments. Sans nous, il n'y aurait pas de fruits. C'est quelque chose à avoir à l'esprit. Dieu est le vigneron pour nous tous. Le Christ n'a fait aucune différence entre les Prêtres et les Frères, les Soeurs et les Laïcs, aucune différence en tant que témoins-liés. Nous devons tous être des témoins de la compassion du Christ, de l'amour du Christ, pour nos familles, nos voisins, dans les villes ou villages où nous résidons, et pour le monde dans lequel nous vivons.

Un Coopérateur du Christ

Chacun d'entre nous est un coopérateur du Christ, le sarment sur la vigne, donc qu'est-ce que cela signifie pour vous et pour moi être coopérateur du Christ? Cela signifie demeurer dans Son amour, avoir Sa joie, répandre Sa compassion, être témoin de Sa présence dans le monde. (LS, 60).

Cette unité entre prière et service est un mystère pour chacun d'entre nous et au delà des apparences nous ne pouvons pas le cerner.
En tant que fidèles laïcs nous sommes tous de pauvres, obscurs, indignes « coopérateurs du Christ »...

Soyons un seul coeur, tout à Jésus par Marie

dans la joie de l'Avent

Jean-Claude

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Envoi de Laurie Dwyer,très chère amie LMC des Etats-Unis
"The created realities are windows to God, through which
we are meant to see God's presence and action."

09.12.07

French (FR)   Temps de l'Avent avec Charles de Foucauld 7  -  Categories: prières, Charles de Foucauld, jc, documents  -  @ 15:12:03

Dimanche 9 Décembre

Encore seize jours ! Mon Dieu, les jours diminuent, ils se ressemblent : c'est toujours la même adoration recueillie, la même contemplation silencieuse... apprenez-moi, mon Dieu, ce que c'était, car de moi-même comment pourrai-je le comprendre , Comment mon pauvre esprit et mon si pauvre coeur pourraient avoir une idée de ce que peuvent l'esprit et le coeur de Marie et de Joseph en ce saint temps !, Parlez à mon âme, ô mon Dieu, et faites-lui entendre ce que vous jugerez bon des mystères d'adoration qui se passèrent autour de vous en ces jours dans la petite maison de Nazareth. L'époque du départ pour Bethléem approchait, mais les esprits n'en étaient pas troublés, ni préoccupés... bien peu de temps suffisait pour les préparatifs quand les âmes sont détachées de la terre et confiantes en Dieu... Ils savaient qu'à chaque jour suffit sa peine et attendaient pour s'occuper des détails matériels du voyage que le temps de les faire fût vraiment venu, ils continuaient à jouir en paix de la contemplation et de l'adoration de leur Dieu, l'esprit perdu en Lui et bien loin des préoccupations terrestres...

Amen

24.09.07

French (FR)   "BERNADETTE PARLE" Traduction du livre de Mgr John Moloney  -  Categories: jc, fafa, documents, Bernadette, Mgr John Moloney  -  @ 10:59:27

"BERNADETTE PARLE"

A l'approche du cent cinquantième anniversaire des apparitions de Lourdes, mettons nos pieds dans les sabots de Bernadette et prions avec elle, elle que la Vierge a choisi à cause de sa petitesse. Nous nous aiderons de méditations écrites à l'occasion du centième anniversaire des apparitions par Monseigneur John Moloney qui a réuni ces 22 méditations dans un petit livre en anglais intitulé "Bernadette speaks"

.(Monseigneur Moloney qui est proche de la famille des Missionnaires de la Charité et que nous connaissons personnellement nous a donné l'autorisation de le traduire et de le publier sur notre blog.)

" Bernadette est tout-à-fait une sainte pour notre temps.
A un moment, comme elle s'agenouillait devant la Vierge Immaculée à la grotte, elle tenait une chandelle allumée dans sa main
On pourrait dire que toute sa vie a été comme une chandelle
-une chandelle pour les jeunes, leur montrant le chemin ;
-une chandelle pour la vie de famille comme communion d'amour ;
-une chandelle pour les malades pour éclairer la nuit sombre de la douleur ;
-une chandelle pour la vie religieuse à travers son exemple lumineux de joie et de fidélité à sa vocation.
"

Introduction

Les paroles de Bernadette ont, comme toute sa vie, quelque chose du parfum et de la candeur de l'enfance. Elles apportent la fraîcheur des fleurs de printemps à un monde fané. Quelques unes sont les présentations fidèles du message qu'elle reçut; d'autres viennent de ses réflexions personnelles, qui sont comme des fenêtres ouvertes sur son âme; d'autres sont de courtes phrases qui jaillissent de la sagesse du cœur combinées avec son approche, pleine de bon sens pratique, de sa façon de vivre.

Elle est une sainte pressée; quelquefois, dans la sublimité de sa prière, elle semble être élevée de terre vers le ciel, cependant le modèle de sa sainteté la montre toujours avec les deux pieds bien plantés sur terre. Comme Mgr Donze, évêque de Lourdes, la décrit, « Elle parle et exprime sa foi d'une manière simple et correcte, ayant rapport avec les événements de sa vie quotidienne comme ils se présentent à elle. » Ses paroles méritent notre attention, elles peuvent devenir une lampe pour éclairer nos pas. Vers la fin de sa vie, elle dit, « Ce qu'on écrira de plus simple sera le meilleur. » Les réflections dans ce livre sont basées sur son désir d'être simple. Son chemin vers la sainteté et les thèmes principaux de sa vie sont très clairement illustrés à travers ses propres paroles.

Les pensées qui sont tissées autour de ses paroles dans ces réflections sont destinées à nous aider à la voir un peu plus clairement dans la lumière resplendissante de la Vierge Immaculée, et aussi à former un point de départ pour notre prière. Le centenaire de sa mort en 1879 l'amène devant nos yeux. Elle mérite qu'on se souvienne d'elle. Elle est une sainte pour notre temps avec un message pertinent pour notre monde. Sa vie reflète la beauté sans tache de Marie pour un monde pécheur.

JOHN MOLONEY

16 avril 1979.

Ce livre comprend 23 chapitres (Pages 2 à 24 )

Pages: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24

11.04.07

French (FR)   "BERNADETTE PARLE" Introduction  -  Categories: documents  -  @ 12:49:35

Introduction

Les paroles de Bernadette ont, comme toute sa vie, quelque chose du parfum et de la candeur de l'enfance. Elles apportent la fraîcheur des fleurs de printemps à un monde fané. Quelques unes sont les présentations fidèles du message qu'elle reçut; d'autres viennent de ses réflexions personnelles, qui sont comme les fenêtres de son âme; d'autres sont de courtes phrases qui jaillissent de la sagesse du cœur combinées avec son approche, pleine de bon sens pratique, de sa façon de vivre.

Elle est une sainte pressée; quelquefois, dans la sublimité de sa prière, elle semble être élevée de terre vers le ciel, cependant le modèle de sa sainteté la montre toujours avec les deux pieds bien plantés sur terre. Comme Mgr Donze, évêque de Lourdes la décrit, « Elle parle et exprime sa foi d'une manière simple et correcte, ayant rapport avec les évènements de sa vie quotidienne comme ils se présentent à elle. » Ses paroles méritent notre attention, elles peuvent devenir une lampe pour éclairer nos pas. Vers la fin de sa vie, elle dit, « Ce qu'on écrira de plus simple sera le meilleur. » Les réflections dans ce livre sont basées sur son désir d'être simple. Son chemin vers la sainteté et les thèmes principaux de sa vie sont très clairement illustrés à travers ses propres paroles.

Les pensées qui sont tissées autour de ses paroles dans ces réflections sont destinées à nous aider à la voir un peu plus clairement dans la lumière resplendissante de la Vierge Immaculée, et aussi à former un point de départ pour notre prière. Le centenaire de sa mort en 1879 l'amène devant nos yeux. Elle mérite qu'on se souvienne d'elle. Elle est une sainte pour notre temps avec un message pertinent pour notre monde. Sa vie reflète la beauté sans tache de Marie pour un monde pécheur.

JOHN MOLONEY

16 avril 1979.

French (FR)   "BERNADETTE PARLE (Chapitre 16) : DES MAINS SERVIABLES  -  Categories: documents  -  @ 12:43:53

« ...la tendresse d'une mère. »

Bernadette eut l'expérience privilégiée d'être formée par la servante du Seigneur. Elle fut donc préparée plus tard à son emploi d'infirmière quand elle sera la servante des malades. Marie avait servi le Seigneur. Ses mains L'avaient placé dans la Crèche avec tendresse; les mêmes mains embrassèrent son Corps, brisé par les péchés du monde. A la Grotte, l'enfant a du donc apprendre que les mains qu'elle voyait jointes en prière avec tant de dévotion avaient touché et servi le Seigneur.

Comme jeune religieuse à Nevers on lui confia le soin des malades. Sa propre expérience d'une mauvaise santé personnelle la prépara bien en lui donnant une compassion particulière envers la maladie et une sensibilité profonde dans ses soins aux malades. Elle avait appris de la Sainte Vierge comment faire du signe de la Croix un acte de Foi vivante; ses mains caressaient avec vénération ceux sur lesquels le Seigneur avait tracé le signe de la Croix à travers la souffrance. Elle prenait toujours tendrement son crucifix dans ses mains; elle enlaçait les malades dans ses bras avec la même tendresse. Si ce fut sa vocation d'être malade, ce fut aussi sa vocation de soigner les malades.

Elle avait peu d'éducation, mais elle avait une paire de mains serviables et le cœur ouvert. Ses mains parlaient le langage de l'amour, d'un amour attentionné qui se manifesta dans la qualité de sa tendresse. « Elle me prit les mains avec toute la tendresse d'une mère. », dit Jeanne Jardet. Elle donnait doucement une petite gorgée d'eau aux malades, ou ses mains pour les soutenir et les rassurer, mais elle prenait aussi les malades par la main dans l'intention plus profonde de les amener sur le chemin de l'acceptation de la souffrance par amour pour Jésus. Elle disait à une soeur qui avait peur d'une opération « Ma sœur, ne voulez-vous pas souffrir? » Comme elle allait d'une salle à l'autre de l'infirmerie elle avait l'habitude de répéter tout le temps à haute voix les paroles suivantes, « Aimez le bon Dieu mes enfants; c'est tout. » Elle ne cessait de présenter la souffrance comme le niveau le plus noble – une réponse d'amour et de réparation pour les péchés. «Nous devrions souffrir un peu pour le bon Dieu. Il a tant souffert pour nous. » Elle leur montra comment la Croix, portée volontairement, devenait leur prière qui n'avait pas besoin de mots.

Elle ne perdit jamais de temps en petite conversation. On disait d'elle qu'elle n'utilisait jamais deux mots quand un seul suffisait. En cela elle ressemblait à Saint Dominique qui limitait sa conversation aux mots adressés à Dieu ou sur Dieu. Ses paroles aux malades n'étaient jamais futiles; ses paroles rapportées leur étaient adressées pour les amener à Dieu, et à une vision nouvelle de la souffrance. Cependant il y avait une clarté proche de la gaieté dans son approche des malades dont elle s'occupait. Une sœur à qui elle allait mettre des gouttes dans l'œil commença à se plaindre et à pleurer à cette perspective. Bernadette réussit à changer ses larmes en sourires. « Comment,je vous donne une goutte, et vous, vous m'en donnez plusieurs. » Elle put encourager et réconforter. Inspirée par les consolations qu'elle reçut des Cœurs de Jésus et de Marie, elle put faire passer cette consolation aux malades. « Si vous saviez seulement comme elle avait bon coeur et comme elle pouvait bien consoler, » dit une de ses patientes.

Cette infirmière qui était aussi une sainte présente un idéal sublime à cette noble armée qui sert les malades à Lourdes; et, en vérité, à ceux qui veillent au chevet des lits du monde. Les mains serviables sont l'offrande de cœurs joyeux. Le Seigneur montre à ceux qui s'occupent des malades comment faire de cet apostolat une école de prière et un chemin vers la sainteté.

PRIÈRE :

Chère Bernadette, inspirez à tous les apôtres des malades de les servir avec des mains serviables et de les réconforter avec les consolations de Dieu.

17.03.07

French (FR)   "BERNADETTE PARLE" (12) : DU RIEN À LA GLOIRE  -  Categories: documents  -  @ 23:30:22


« ...bonne à rien... »

DIEU regarda avec amour les petits d'Israël; Il utilisa leur pauvreté d'esprit pour les faire participer à son grand plan de salut. Il regarda Marie dans son néant. Un coeur vide d'orgueil était près à être rempli: ainsi Il pouvait faire de grandes choses à travers elle. Marie, regardant Bernadette, trouva un coeur qui se réjouissait de son néant, et était prêt à être utilisé pour une grande mission.

Elle était dépourvue d'instruction; mais le Saint Esprit lui donna la sagesse du coeur qui la convainquit qu'elle comptait pour rien, et que sa route dans la vie serait la petite voie. Sans le savoir elle avait découvert le secret de la route vers la vraie sainteté. « Je désire rester pauvre. » Quand la lumière brillera sur elle, elle ne détournera pas son attention de la Vierge Immaculée qui était sa source; et elle ne l'empêchera pas de briller sur le monde. Une de ses compagnes dit d'elle: « Elle avait l'habitude de dire que si elle avait été choisie pour être la confidente et la messagère du Saint Esprit, c'était à cause de sa pauvreté et de sa petitesse, pour que tout l'honneur aille à la Sainte Vierge et à la gloire de Dieu. » « Si le Saint Esprit m'a choisie, c'est parce que je suis la plus ignorante. Je n'avais pas droit à cette grâce. »

Elle fut le petit instrument à utiliser à volonté, entièrement malléable dans les mains de Dieu. Le fait qu'elle fut élevée à une mission sublime pour devenir la messagère du ciel ne lui tourna pas la tête. Quelques brefs instants au centre du regard du monde et elle s'en alla. Quelques mots pour transmettre le message et elle fut silencieuse. Désirait-elle retourner à Lourdes, lui demanda-t-on plus tard ? « Comme un balai mis dans un coin après usage, ainsi, » dit-elle, «Je suis le balai dans le coin. » Elle avait une conscience vive de ses propres limites. Quand lui vint la pensée d'une vocation à la vie religieuse, elle sentit qu'elle avait peu à offrir. « Je ne sais rien; je ne suis bonne à rien. » Dieu lui permit de ressentir son néant tout au long de sa vie, comme une partie de son processus pour façonner son âme. « Lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort. » (2 Co 12, 10). Dans sa faiblesse, c'est-à-dire, dans son humilité profonde, dans l'impuissance de sa souffrance, elle trouvera en Lui la force. Dans un moment d'épuisement elle dit à une soeur qui demandait ses prières, « Voudriez-vous prier pour moi, je suis bonne à rien. »

Si souvent Dieu semble se réserver la vision d'une âme qu'Il dote d'une sainteté particulière, comme une fleur d'une beauté rare qu'Il soigne dans son jardin clos avant de lui permettre d'être vue dans sa pleine splendeur par les yeux du monde . Ainsi la sainteté de Bernadette devait fleurir presque inaperçue. Quand le temps de sa profession religieuse arriva et celui de lui attribuer une fonction, on considéra qu'elle n'avait pas de don particulier pour aucune tâche. Sa supérieure la décrivit comme une « bonne à rien ». Mais l'évêque Forcade, regardant sous la surface dans les profondeurs de son âme, vit combien elle était préparée à faire une grande oeuvre. « Mon enfant », dit- il, Je vous donne la fonction de la prière. » N'étant bonne à rien Bernadette était digne d'être utilisée pour les grands desseins de Dieu. Elle nous adresse un message, éloquent et consolant à la fois; que Dieu peut faire quelque chose de la poussière des vies humaines; que l'impuissance de la maladie, l'inutilité apparente de nos vies, quand nous sommes laissés dans un coin comme un balai, ne sont pas peine perdue. Elles pourraient plutôt être notre point de départ vers la gloire.

PRIÈRE :

Chère Bernadette, enseigne-moi la valeur de la véritable humilité afin que je puisse avoir confiance en Dieu seul pour faire quelque chose de ma vie qui en vaille la peine.


27.02.07

French (FR)   "EUCHARISTIE, COMMUNION ET SOLIDARITÉ"  -  Categories: jc, Mère Teresa, documents, Benoit XVI  -  @ 21:50:29

Pendant ce temps de Carême je vous propose de méditer sur cette conférence donné au congrès eucharistique de Benevent en Italie le 2 juin 2002 par Benoit XVI alors Cardinal Ratzinger.

Introduction.................................page 2

1. Eucharistie...............................page 3

2. Communion.................................page 4

3. La solidarité.............................page 5

Conclusion: l'Eucharistie comme sacrement des transformations..page 6

Pages: 1 2 3 4 5 6

29.01.07

French (FR)   Merci "l'Abbé"  -  Categories: prières, documents  -  @ 11:55:14

« Lettre à Dieu » de l’abbé Pierre, lue à l’occasion de ses funérailles à Notre-Dame de Paris

« Lettre à Dieu »

Père,
Je vous aime plus que tout.
Avant tout parce que vous êtes celui qui peut dire JE SUIS. Et d’avoir rencontré cela dans mes seize ou dix-sept ans fait que, à quatre-vingt-treize ans, j’en vis.
Je vous aime plus que tout.
Parce que :
– à l’homme qui, tout au long de l’évolution, ne cesse de se vouloir suffisant, vous donnez Jésus, le Verbe, pour prouver que l’homme est non suffisant ;
– alors qu’on s’étouffe de vouloir des chiffres, vous donnez l’indicible, qui se fait plus fort que le doute, en l’Hostie de l’Eucharistie ;
– à l’atmosphère suffocante, vous substituez le souffle, « spiritus », de l’Esprit Saint qui naît de l’union du Père et du Verbe s’aimant, et en qui nous baignons.
Oui, vous êtes mon amour.
Je ne supporte de vivre si longtemps que par cette certitude en moi : mourir est, qu’on le croie ou non, Rencontre.
Je vous aime plus que tout.
Oui, mais… Pour être croyant crédible, il faut que tous autour de moi sachent que je n’accepte pas, que je ne pourrai jamais accepter, la permanence du Mal.
ÊTRE, Vous êtes maître du maintien ou de la cessation de l’existence de tout ce qui est.
Alors que vous avez ce pouvoir de le faire cesser, comment comprendre que subsiste le Mal ?
La prière de Jésus ne culmine-t-elle pas dans « Délivrez-nous du Mal » ?
Merci, Père, de m’aider à refuser, ce qui serait tricherie, de « croire » comme si j’étais indifférent à la perpétuation du Mal, et en ce monde, et dans l’au-delà du temps.
Croyant, aimant, je ne peux être que ce « croyant quand même », c’est-à-dire ne comprenant pas.
Trop de mes frères humains restent au bord de vous aimer, détournés par la nécessité de ce « quand même ». Pitié pour eux et pitié pour l’Univers.
Père, j’attends depuis si longtemps de vivre dans votre totale PRÉSENCE qui est, je n’en ai jamais douté, malgré tout, AMOUR.

Le 22 janvier 2007, « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés. » Ce passage de l’Évangile me vient immédiatement à l’esprit alors que j’apprends la mort de l’abbé Pierre. Je n’oublie pas que c’est dans l’Évangile qu’il a puisé l’inspiration pour son combat. C’est à cause du Christ qu’il est devenu un insurgé de la charité nous appelant au secours pour les sans toit, les sans espoir et les sans droit. C’est à cause de sa foi chrétienne qu’il a associé à son combat tant d’hommes et de femmes sans distinction de religion, d’origine ou de milieu social. Il fut le grand témoin de l’action non pas « pour » les pauvres mais « avec » eux. Avec ses limites et ses faiblesses, il a suivi la route du Christ dans la lumière du témoignage de saint François d’Assise. A nous catholiques, il a rappelé l’indispensable lien entre l’amour de Dieu et l’amour des hommes, entre la prière et l’engagement pour tous, premièrement pour les plus souffrants. Il m’écrivait en 1994 : « A quoi aurait servi d’être « pratiquant » modèle, si on ne sait pas voir, à deux pas de chez soi, tels qui ont faim de pain et de dignité ou de logement et qui pleurent seuls ? » Au début de l’année 2004, notre diocèse s’est souvenu que l’abbé Pierre avait prêché le 31 janvier 1954 aux messes du dimanche, à l’église Saint-Pierre – Saint-Paul de Courbevoie. Un élan de solidarité avait alors soulevé la ville dès l’après-midi. Le lendemain, il avait lancé son fameux appel à la radio. Cinquante ans après, les paroissiens ont eu l’honneur et la joie de recevoir une lettre de l’abbé Pierre dans laquelle il a écrit : « Je me tourne vers vous pour redire ce que déjà, je disais à l’époque : « Mes amis, au secours ! Des hommes, des femmes, des enfants sont sur l’asphalte de nos rues, sans toit, sans espoir, sans droit ». De très nombreuses et justes expressions d’admiration et de reconnaissance s’expriment en ces jours où l’abbé Pierre quitte cette terre. De nombreux et urgents engagements personnels et collectifs restent nécessaires pour manifester notre fidélité au message toujours actuel de ce grand serviteur de Dieu et de l’humanité. + Gérard Daucourt
Evêque de Nanterre

23.01.07

French (FR)   TRINITE En contemplant l'icône de Roublev  -  Categories: jc, documents  -  @ 21:50:17

Trois personnes assises autour d'une table

Tous les trois également beaux, également jeunes, vêtus de manière royal : le bleu intense de la divinité, la couleur pourpre de la royauté, le vert de la terre pour celui de droite, avec dans ces vêtements des reflets de l'une et l'autre couleur, qui parlent de l'influence, du "reflet" reçu de l'autre.

Tous les trois tiennent le bâton de berger qui deviendra sceptre royal ou crosse épiscopale. Tous les trois se ressemblent et pourtant les trois visages sont bien différents. Ils semblent tout entiers absorbés dans un dialogue silencieux. Les bouches closes disent la profondeur du silence. Toute la communication, tous les dialogues sont dans les regards. Et ces regards forment un mouvement qui part du personnage central, se pose sur l'ange qui est à la droite du premier (à notre gauche), lequel est tout orienté vers le troisième. Chacun est incliné devant l'autre, reçoit le regard-communication et poursuit le mouvement. Et ce mouvement aboutit à la coupe posée au milieu de la table. Les Trois ne se regardent pas l'un l'autre. Aucun d'eux ne renvoie à un autre le regard reçu. La communion vient de bien plus loin. "Je fais toujours ce qui plaît à mon Père", dira Jésus, puisque leur volonté, leur désir est le même. (Is 8,29). Derrière eux, quelques signes, quelques symboles de leur projet créateur : au centre l'arbre, l'Arbre du Jardin (Gen 2,9) qui est aussi l'Arbre du Calvaire, toujours Arbre de Vie, qui dit où est le bonheur, où est le malheur.

A gauche, la Maison, la Tente de réunion, la Salle Haute du Cénacle où se conclut la Nouvelle Alliance, l'Eglise des ré-nés du sang et de l'Eau.

A droite, la Montagne de l'Alliance, le Sinaï des Temps anciens, le Thabor de la Révélation, le Calvaire où tout s'accomplit, le Mont d'où Jésus a été enlevé au ciel (Actes, 1,12).

Et au centre de leur "réunion" la table sur laquelle est posée la coupe, la coupe à laquelle aboutit tout le mouvement des regards. Au creux de cette coupe, les spécialistes qui ont étudié l'icône, l'ont scrutée, analysée, radiographiée, nous disent que repose un agneau, non pas le veau bien tendre qu'Abraham courut chercher au troupeau (Gen 18,8) mais un agneau, celui que le Précurseur indique à ses disciples (Jn 1,36) celui que nous invoquons à chaque eucharistie.

La coupe est posée au centre de la table, au dessus d'un petit rectangle qui, dans le langage des icônes évoque la terre (qu'on croyait rectangulaire, dans l'Antiquité). Il s'agit donc bien d'un projet conçu par les Trois à propos de l'Alliance avec la Terre, Alliance qui se scelle, se signifie, dans la présence, le don, le partage de l'Agneau.

Les regards ont abouti là, et aussi les mouvements des mains. Car, si l'Ange du Centre a le visage tout tourné vers Celui qui est à sa droite, son corps est orienté vers le Troisième et aussi le mouvement de sa main droite, dont deux doigts disent peut-être les deux natures dans la Personne de Celui qui sera leur envoyé. C'était là un signe fréquent dans les premières communautés chrétiennes.

Enfin, sommet de signification, le "cercle" des Trois est ouvert, vers l'avant, vers celui qui les regarde. Nous, les gens de la terre, sommes invités à entrer dans le cercle, à prendre place à la table : les escabeaux sur lesquels reposent les pieds des deux Anges se sont écartés pour nous livrer passage.

Le dialogue des Trois serait-il tout orienté vers leur ouverture, l'ouverture de leur Vie même, de leur Communion à ceux qui ont été" créés pour partager la joie de Dieu ? (Jean 15,4-5, 8-17, etc, etc...)

Soeur Christiane Martin Congrégation des soeurs de la Providence

Chez nos frères orthodoxes cliquez ci-dessous

Olivier Clement

A propos d'une Théologie de l'Icone

15.01.07

French (FR)   Se préparer à la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens  -  Categories: jc, documents  -  @ 23:35:20

YVES M.-J. CONGAR

des Frères-Prêcheurs


CHRÉTIENS DÉSUNIS


PRINCIPES D'UN " ŒCUMÉNISME " CATHOLIQUE



Conclusion et Perspectives


S'il serait vain de vouloir imaginer ce que sera la réunion - elle sera ce que Dieu la fera -, il est permis de recueillir les enseignements que semble comporter la nature des choses telles qu'elles nous sont, de fait, données : ce qui comporte, d'ailleurs, un certain coefficient d'appréciation personnelle.

Entre l'Orient et nous, des unions partielles ont été déjà réalisées : et pas seulement des unions diplomatiques conclues avec des hiérarchies, mais des unions réelles et vivantes, réalisées vraiment avec le peuple fidèle. La plupart des différences ne résisteraient pas à une réelle volonté d'entente et d'union. Deux choses d'un prix inestimable nous sont communes, qui sont comme un gage et un agent d'union mis au cœur même des Églises : l'eucharistie, qui est le sacrement même de l'unité, et le culte de la Vierge Marie, Notre-Dame d'avant les abîmes, Notre-Dame d'avant toutes nos divisions (Nondum erant abyssi et ego concepta eram...) (1). Avec l'Orient, nous avons la ferme conviction que l'union se fera un jour.

Comment se produira-t-elle? Le mouvement partira-t-il de l'Église russe, de l'Église, roumaine, nous ne le savons pas; mais peut-être ces deux chrétientés offriraient-elles, pour cette grande œuvre, des possibilités particulières. En tout cas, Une union avec les Églises orientales est celle dont la procédure recèle le moins d'inconnu. Du côté de Rome, en effet, des déclarations assez précises ont été faites, une sorte, de jurisprudence s'est constituée, dont il est certain qu'on s'inspirerait dans le cas d'une réunion. Il serait à souhaiter qu'un travail d'ensemble rassemblât et mît en lumière ces différents éléments de ce qu'on pourrait appeler une jurisprudence de la réunion. Ce serait une manière nullement imaginative, celle-là, mais réaliste et profitable, de déterminer d'une façon plus concrète les possibilités de réunion (2). (ajout)

Avec le protestantisme, les choses se présentent assez différemment. Une immense purification intérieure sera nécessaire, pour lui, avant que l'on puisse seulement penser ../.. /.. à un mouvement tant soit peu généralisé de réunion. Il y a, dans le protestantisme, deux choses : il y a certains objets de croyance, que l'on tient, et il y a un esprit, une certaine manière d'aborder et de construire les réalités de la religion. Notre conviction est que, dans le protestantisme, ceci est toujours en travail de destruction de cela : sans cesse, la manière spécifiquement protestante de concevoir la religion corrode la substance de ce que l'on tient et qui provient du trésor commun du christianisme historique. Cette manière spécifiquement protestante consiste à construire sans cesse en opposition des choses qui devraient être tenues ensemble, articulées et accordées l'une avec l'autre, chacune à sa place propre. Ce n'est pas une chose angoissante et tragique à demi que de voir les protestants mettre leur ferveur religieuse même à disjoindre ce que l'efficacité de la double action de Dieu, l'action créatrice et l'action rédemptrice, sans cesse, réconcilie et unit; de les voir faire consister la pureté même de l'attitude religieuse à ne vouloir de gratia que sola, c'est-à-dire sans la libre coopération de l'homme, à ne croire que Dieu n'agit que là où toute œuvre de l'homme est niée, à ne concevoir l'usage d'un moyen créé que comme usurpant nécessairement la place unique du Créateur, à ne pas voir enfin que, pour n'être pas le principal, le secondaire est encore une réalité à laquelle il faut donner aussi sa place.

Une réunion ne sera possible que quand le protestantisme se sera guéri de ces oppositions mortelles qui, sans cesse, chez lui font que, dans l'intention de rendre gloire à Dieu, on traite Sa création et Son œuvre comme une chose du diable. Une voie, cependant, semble rester ouverte, dont on ne peut prévoir jusqu'où elle pourrait mener. Tout en inoculant au protestantisme les principes que nous avons dits, les Réformateurs lui ont transmis, malgré tout, beaucoup des objets de la religion chrétienne. Dans la mesure où, tout en restant provisoirement ce qu'il est, le protestantisme se remettra en ceci à l'école des Réformateurs et se souciera moins de développer ce qui n'est au fond qu'une philosophie religieuse, que de vivre des objets de sa croyance, dans cette même mesure, prenant dans son protestantisme ce qu'il a de chrétien et non de protestant, il se mettra réellement ../.. /.. dans l'aire de l'unité chrétienne et sur la voie de la réunion. Parmi ces objets de sa croyance, il en est un qui est, de sa nature, plus particulièrement apte à cette œuvre intérieure de santé chrétienne : la foi en l'Incarnation. « Tout esprit, dit saint Jean, qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu; et tout esprit qui ne confesse pas ce Jésus n'est pas de Dieu » (1 Jean 4,2-3). L'Incarnation est l'union de Dieu et de l'homme : elle est la clef de tout le mystère de l'Église et de ses sacrements. Dans la mesure où le protestantisme se mettra à l'école d'une contemplation intense et réaliste du mystère de l'Incarnation, il rentrera dans la sphère du christianisme apostolique et préparera sa réunion dans l'Église. Ce qui, dans son attitude présente, est un obstacle insurmontable à cette réunion s'étant, en quelque sorte, évanoui dans le contenu objectif et réel d'une croyance où beaucoup de choses nous seraient communes, un rapprochement redeviendrait possible.

Il serait sans doute grandement facilité par la situation que le monde moderne semble devoir faire de plus en plus au christianisme : car le temps n'est plus, aujourd'hui, aux luttes confessionnelles au sein d'une chrétienté, mais à une option radicale entre le Règne de Dieu et l'Anti-Règne, l'Église et l'Anti-Église. Pour un protestantisme converti de sa fausse dialectique d'oppositions et de disjonctions à une adhésion objective au contenu tel quel de la foi chrétienne, même provisoirement réduit à ce qu'en avaient gardé les Réformateurs, un mouvement plus ou moins généralisé de réunion à l'Église catholique redeviendrait sans doute une possibilité réelle. Après tout, on a déjà vu des confessions chrétiennes reprendre conscience du véritable héritage apostolique. Pourquoi la miséricorde de Dieu sur le protestantisme serait-elle moins grande qu'elle fut, naguère, sur l'anglicanisme?

(ajout)

Il en est de la réunion un peu comme de la parousie du Seigneur : Dieu seul en connaît le temps, et vouloir en fixer le jour ou en déterminer le mode serait vain. Comme ce n'est pas une chose que pourraient procurer, telle quelle, des causes en notre pouvoir, mais la seule toute-puissance miséricordieuse de Dieu, c'est pour nous, avant tout, un objet de prière et d'espérance théologale. Notre malice et nos péchés ont mis au tombeau l'unité sans déchirure du Corps de chrétienté et, pesant en nos esprits les obstacles humainement insurmontables qui s'opposent à sa renaissance, nous nous prenons à demander, comme les saintes femmes porteuses d'aromates : « Qui nous enlèvera la pierre à l'entrée du sépulcre? ». Mais déjà, peut-être, les Anges de Dieu ont reçu des missions que nous ne prévoyons pas...

Aedificans Jerusalem DOMINUS.

Dispersiones Israelis CONGREGABIT (1).

1. Ps. 147, 2 (Vg. : 146). C'est le verset alleluiatique de la Messe votive pro unione Ecclesiae tempore schismatis au rite dominicain.

14.01.07

French (FR)   Sondage et Evangélisation  -  Categories: jc, documents, Jean-Paul II  -  @ 19:26:18

Sondage dans le journal La Croix du mardi 9 janvier 2007 :
Quelle est votre religion si vous en avez une ?
Réponse : Catholique : 51%
A quelle fréquence assistez-vous à la messe ?
En % des catholiques français
Pratiquants réguliers : une fois ou plus par semaine : 8%
: une ou deux fois par mois : 9%
Vous arrive-t-il de prier ?
jamais ou exeptionnellement : 47%
chaque jour : 16%
Selon vous, qu'y a-t-il après la mort ?
il n'y a rien : 26%
quelque chose mais ne savent pas quoi : 53%
la résurrection des morts 10%

:

Ceci interpelle !!! :
Comme dans le rugby il faut en revenir aux fondamentaux.

Une Église plus contemplative : le Visage du Christ contemplé

3. Cum Maria contemplemur Christi vultum ! Ces paroles me reviennent souvent à l'esprit : contempler le « visage » du Christ avec Marie. Lorsque nous parlons du « visage » du Christ, nous nous référons à son aspect humain, à travers lequel resplendit la gloire éternelle du Fils unique du Père (voir Jn 1, 14) : « La gloire de la divinité resplendit dans le visage du Christ » (ibid., n° 21). Contempler le visage du Christ conduit à une connaissance profonde et passionnante de son mystère. Contempler Jésus avec les yeux de la foi nous fait pénétrer davantage dans le mystère de Dieu-Trinité. Jésus dit : « Qui m'a vu a vu le Père » (Jn 14, 9). À travers le Rosaire, nous avançons sur cet itinéraire mystique « en compagnie de sa Mère très sainte et à son école » (Rosarium Virginis Mariae, n° 3). Marie nous sert même de maîtresse et de guide. Sous l'action de l'Esprit Saint, elle nous aide à acquérir cette « audace tranquille » qui permet de transmettre aux autres l'expérience de Jésus et l'espérance qui anime les croyants (voir Redemptoris missio, n° 24).
Tournons-nous toujours vers Marie, modèle incomparable ! Dans son âme, toutes les paroles de l'Évangile trouvent un écho extraordinaire. Marie est la « mémoire » contemplative de l'Église, qui vit dans le désir de s'unir plus profondément à son Époux pour marquer encore davantage notre société. Face aux grands problèmes, face à la douleur innocente, aux injustices perpétrées avec une insolence arrogante, comment devons-nous réagir ? À l'école de Marie, qui est notre Mère, les croyants apprennent à reconnaître dans l'apparent « silence de Dieu » la Parole qui retentit dans le silence pour notre salut.


Une Église plus sainte : le visage du Christ imité et aimé

4. Grâce au baptême, tous les croyants sont appelés à la sainteté.

Le concile Vatican II, dans la Constitution dogmatique Lumen gentium, souligne que la vocation universelle à la sainteté consiste à l'appel de tous à la perfection de la charité.
Sainteté et mission sont deux aspects inséparables de la vocation de chaque baptisé. L'engagement à devenir plus saints est étroitement lié à celui de diffuser le message du salut. « Tout fidèle - rappelais-je dans Redemptoris missio - est appelé à la sainteté et à la mission » (n° 90). En contemplant les mystères du Rosaire, le croyant est encouragé à suivre le Christ et à en partager la vie, jusqu'à pouvoir dire avec saint Paul : « Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).

Si tous les mystères du Rosaire constituent une école importante de sainteté et d'évangélisation, les mystères lumineux mettent en évidence des aspects singuliers de notre sequela évangélique. Le baptême de Jésus au Jourdain rappelle que chaque baptisé est choisi pour devenir dans le Christ « fils dans le Fils » (Ep 1, 5 ; voir Gaudium et spes, n° 22). Lors des noces de Cana, Marie invite à l'écoute obéissante de la Parole du Seigneur : « Faites tout ce qu'il vous dira » (Jn 2, 5). L'annonce du Royaume et l'invitation à la conversion sont une claire consigne pour tous à entreprendre le chemin de la sainteté. Dans la Transfiguration de Jésus, le baptisé fait l'expérience de la joie qui l'attend. En méditant l'institution de l'eucharistie, il retourne perpétuellement au Cénacle, où le divin Maître a transmis le trésor le plus précieux à ses disciples : lui-même dans le sacrement de l'autel.

Les paroles que la Vierge prononce à Cana constituent en quelque sorte l'horizon marial de tous les mystères lumineux. L'annonce du Royaume imminent, l'appel à la conversion et à la miséricorde, la Transfiguration sur le mont Thabor et l'institution de l'eucharistie trouvent, en effet, dans le cœur de Marie un écho particulier. Marie garde les yeux fixés sur le Christ, mettant à profit chacune de ses paroles et indique à tous comment être d'authentiques disciples de son Fils.



Une Église plus missionnaire : le Visage du Christ annoncé

5. À aucune autre époque, l'Église n'a eu autant de possibilités d'annoncer Jésus comme aujourd'hui, grâce au développement des moyens de communication. C'est précisément pour cette raison que l'Église est appelée aujourd'hui à faire transparaître le visage de son Époux avec une sainteté plus resplendissante. Dans ce difficile effort, elle se sait soutenue par Marie. Elle « apprend » d'elle à être « vierge », totalement dédiée à son Époux, Jésus-Christ, et « mère » d'une multitude de fils qu'elle engendre à la vie immortelle.
Sous le regard vigilant de la Mère, la communauté ecclésiale croît comme une famille ravivée par l'effusion puissante de l'Esprit et, prête à relever les défis de la nouvelle évangélisation, elle contemple le visage miséricordieux de Jésus dans les frères, en particulier chez les pauvres et les personnes indigentes, ainsi que ceux qui sont éloignés de la foi et de l'Évangile. En particulier, l'Église n'a pas peur de crier au monde que le Christ est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6) ; elle ne craint pas d'annoncer avec joie « la bonne nouvelle, dont le centre, mieux encore, le contenu lui-même, réside dans la personne du Christ, le Verbe fait chair, l'unique Sauveur du monde » (Rosarium Virginis Mariae, n° 20).
Il est urgent de préparer des évangélisateurs compétents et saints ; il est nécessaire que la ferveur ne s'affaiblisse pas chez les apôtres, en particulier pour la mission ad gentes. Le Rosaire, s'il est pleinement redécouvert et valorisé, offre une aide spirituelle et pédagogique constante mais en même temps féconde pour former le Peuple de Dieu à travailler dans le vaste domaine de l'action apostolique.

Une consigne précise

6. Le devoir de l'animation missionnaire doit continuer à représenter un engagement sérieux et cohérent de chaque baptisé et de chaque communauté ecclésiale. Un rôle plus spécifique et particulier revient certainement aux Œuvres pontificales missionnaires, que je remercie pour ce qu'elles accomplissent déjà généreusement.
Je voudrais suggérer à tous d'intensifier la récitation du saint Rosaire, au niveau personnel et communautaire, pour obtenir du Seigneur les grâces dont l'Église et l'humanité ont particulièrement besoin. J'y invite véritablement chacun : enfants et adultes, jeunes et personnes âgées, familles, paroisses et communautés religieuses.
Parmi les nombreuses intentions, je ne voudrais pas oublier celle de la paix. La guerre et l'injustice naissent dans le cœur « divisé ». « Celui qui assimile le mystère du Christ - et le Rosaire vise précisément à cela -, apprend le secret de la paix et en fait un projet de vie » (Rosarium Virginis Mariae, n° 40). Si le Rosaire rythme notre existence, il pourra devenir un instrument privilégié pour construire la paix dans le cœur des hommes, dans les familles et entre les peuples. Avec Marie, nous pouvons tout obtenir de son Fils Jésus. Soutenus par Marie, nous n'hésiterons pas à nous consacrer avec générosité à la diffusion de l'annonce évangélique jusqu'aux extrémités de la terre.

Message pour la Journée mondiale des missions
Jean-Paul II

Traiter le visage du Christ souffrant, tel qu’il se serait imprimé sur le linge de Véronique, en un seul trait se développant en spirale à partir du bout du nez, peut paraître une gageure quelque peu sacrilège. En fait, Claude Mellan (1598-1688), buriniste inégalé, n’a fait ici qu’aller à l’extrême de sa manière habituelle, qui était de ne point croiser les tailles, la première étant pour lui suffisante. La devise inventée par l’abbé de Marolles, " Formatur unicus una, non alter ", montre la richesse de l’équivoque : ce personnage unique (le Christ) est issu d’une personne unique (la Vierge) et formé d’une ligne unique ; il n’y en a pas deux comme lui, il n’y a pas deux lignes, il n’y a pas (malgré les copies et les imitations) deux estampes comme celle-ci.

Chaque fois que nous communions dans notre Eglise de Thoiry, nous passons devant ce Visage du Christ sur le coté de l'autel du Saint-Sacrement, surmonté du vitrail de l'Annonciation à Marie. Que comme Marie et à sa suite nous répondions à Son Appel !

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