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01.03.08

French (FR)   CREDO : Huitième article du Symbole des Apôtres  -  Categories: prières, jc, Cardinal Urs von Balthasar, CREDO  -  @ 10:19:30

VIII

Je crois en l'Esprit Saint

1. De tout temps la chrétienté a cru à l'Esprit Saint et à sa divinité. Les énoncés qui concernent l'Esprit dans les discours d'adieu johanniques disent déjà sur lui le plus profond qui puisse être dit; dans les Synoptiques, « l'Esprit de Dieu » (Mt 12,28); est envoyé du ciel sur Jésus (Mc 1,10), qui lui-même « baptisera dans l'Esprit Saint et le feu » (Lc 3,16); l'Esprit du Père inspirera les témoins du Christ devant les tribunaux (Mt 10,20). La formule trinitaire du baptême (Mt 28,19) excluait tout doute pour la foi et la liturgie de la primitive Église.

Mais , en raison de la crise arienne, la théologie dut une nouvelle fois regagner consciemment la cause de la divinité de l'Esprit Saint. Auparavant, dans des écrits longuement réfléchis et qui ouvraient de nouvelles voies à la pensée, Athanase et après lui Basile, sans désigner directement l'Esprit comme Dieu, ont argumenté à partir du fait que son activité dans le monde pour y faire naître et croître la foi ecclésiale, n'est compr éhensible qu'en raison de sa divinité. Et peu après, au premier concile de Constantinople, fut mise au point la définition dont l'autorité fut définitivement reconnue par celui de Chalcédoine.

Le plus mystérieux en Dieu - « Tu entends sa voix mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va » (Jn 3,8) _, peut certes faire l'objet d'un énoncé établissement son existence, mais il ne peut pas être enserré dans des concepts figés.Il est significatif que, sur ce mystère la querelle entre l'Église orirntale et Église occidentale ne s'est jamais apaisée.

2. Que l'Esprit Saint est Dieu, c'est ce que dit en latin le petit mot « in » (Credo in Spiritum). Car il veut dire : je me remets dans la foi au mystère saint et sauveur de l'Esprit. Certainement pas à une puissance impersonnelle, car il ne peut rien y avoir de ce genre en Dieu; mais à un insaisissable Quelqu'un, qui est un Autre que le Père et le Fils (Jn 14,16). Et dont la propriété sera d'opérer, selon la liberté divine, à l'intérieur de l'esprit libre de l'homme, et d'ouvrir les profondeurs de Dieu, qu'il est seul à sonder, à notre propre condition de toutes parts limitée : « Nous avons reçu l'Esprit qui vient de Dieu, afin de connaître les dons que Dieu nous a faits » (1 Co 2,12).

A lui, qui est le plus tendre, le plus vulnérable, le plus précieux en Dieu, il nous faut nous ouvrir, sans opposer de résistance, en abdiquant toute prétention, sans nous durcir, afin d'obtenir de lui l'initiation au mystère : Dieu est amour. Ne nous imaginons pas que nous le savons déjà par nous-mêmes! « En ceci consiste son amour : ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés » (1 Jn 4,10).L'Esprit seul nous enseigne ce retournement de la perspective, mais par lui nous pouvons effectivement apprendre ce que, selon ses vues, est l'amour.

3.cette « Réalité » qui en Dieu agit de manière libre et pour nous insaisissable, est nommée Pneuma : souffle, vent ou tempête (comme à la Pentecôte); le Ressuscité l'insuffle à ses disciples. A partir de là, faute de meilleure désignation, son surgissement en Dieu est désigné comme un « être spiré ». Quelque chose qui provient du plus intime de Dieu, puisqu'il est dit du Crucifié qu'en mourant il a « remis » son Esprit. Et le plus intime de Dieu n'est-il pas l'amour, et donc l'Esprit n'est-il pas présent partout où ce plus intime se manifeste?

Cela nous place devant une difficile question : peut-on, comme particulièrement la théologie occidentale l'a enseigné de façon si constante, dire que la génération du Fils est un acte de connaissance (car les hommes doivent toujours d'abord connaître , avant de pouvoir aimer), et que ce n'est qu'ensuite que la relation réciproque entre le Père et le Fils est devenue une relation d'amour, qui suscite l'Esprit? - Mais est-ce que le Don originaire du Père n'est pas toujours-déjà amour qui se communique lui-même, qui fait don de tout ce qui lui est propre? De sorte que l'Esprit, comme les Orthodoxes le maintiennent avec ténacité, procède du Père tout comme le Fils? La pensée occidentale a toujours concédé, depuis Augustin, que l'Esprit procède « principaliter » du Père, ce qui peut être traduit par les mots « principalement », « originellement ». Mais comme le Père transmet au Fils toute la puissance de l'être divin, il lui transmet certainement aussi – comme don du Père – de redonner avec la même puissance l'Esprit d'amour qu'il a reçu. Si nous excluons de la vie divine tout avant et après temporels, il devrait être possible de réconcilier la vision orientale avec l'occidentale. Si le Père engendre le Fils dans l'amour, il n'y a aucun moment dans lequel le Fils ne se laisse pas déjà engendrer dans le même amour et ne restitue pas cet amour dans l'Esprit Saint, de sorte que l'Esprit a toujours-déjà fait s'allumer la flamme d'amour entre les deux : origine de l'amour et résultat de l'amour à la fois.

Il serait erroné d'introduire la différence des sexes en Dieu et de voir dans l'Esprit l'élément féminin, le « sein » dans lequel a lieu l'engendrement. Au plan de la créature (qui n'épuise aucunement tout l'amour entre les hommes), la différence tire son origine du plan du Dieu tri(u)nitaire.Si l'on veut aller plus loin, le féminin serait plutôt à chercher dans le Fils : en mourant il fait surgir de lui l'Église qui, dans toute son existence sur terre, s'est laissé conduire et « féconder » par le Père – mais de telle manière qu'en même temps, comme homme, il représente dans le monde la puissance génératrice originaire de Dieu. Et puisque le Fils procède du Père, les sexes différenciés sont finale ment présents dans ce dernier d'une manière « sur-essentielle ». C'est pourquoi des propriétés féminines aussi, pouvaient être attribuées à l'amour de Dieu dans l'Ancienne Alliance. Mais , finalement, la différence qui se vérifie en notre monde apprtient tout à fait à « l'image et ressemblance » d'un Dieu qui jusque dans son amour est « plus dissemblable que semblable » (IV° concile de Latran) par rapport à tout ce qui a été créé.

27.02.08

English (US)   CREDO : Septième article du Symbole des Apôtres  -  Categories: prières, jc, Cardinal Urs von Balthasar, CREDO  -  @ 12:46:45 pm

VII

D'où il viendra juger les vivants et les morts

1.« D'où il viendra », cela veut dire : du Père qui a élevé à sa droite le Fils fait homme. Fondamentalement le Fils vient toujours du Père : c'est sa nature. Il vient comme la Parole, l'Expression du Père, comme sa toute-puissance d'amour rendue présente. Ce « d'où » ne désigne naturellement aucun lieu, car le lieu du Père embrasse tous les lieux du monde; il est en chacun et, dans le même temps il transcende chacun.

Ainsi ce « d'où » du Fils qui vient pour le jugement n'est-il pas d'ordre local : Il exprime une sortie et une venue, qui se jouent au plan de la nature divine elle-même, avec la toute-puissance, qui n'en subit aucune diminution, de l'Origine paternelle. Malgré cela, le Fils utilisera sa toute puissance au titre de ce qu'il est lui-même : l'Envoyé du Père pour le salut du monde, qui « est mort pour tous afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort et a été ressuscité pour eux » (2Co 5,15). Parce qu'il a fait l'expérience de la culpabilité de tous dans son propre corps et dans son propre esprit, Il les connaît tous de l'intérieur et n'a besoin d'aucun témoignage extérieur pour prononcer son jugement.

« D'où » signifie donc deux choses : « du Père », d'où il sort éternellement, dont il partage la puissance, dont il a reçu sa mission dans le monde, - et de cette mission, qui lui a conféré la connaissance de toutes les hauteurs et profondeurs de la création.

2.« Pour juger ». Juger signifie dé-partager; sans un partage entre oui et non, il n'y pas de jugement. Juger signifie décider; sans une séparation entre droite et gauche, il n'y pas de jugement. Ce partage – cette séparation – nous est représenté de manière significative dans la grande scène du jugement de Matthieu 25. Car en somme, dans le monde et son histoire mais aussi dans chaque vie d'homme, il y a sans aucun doute beaucoup à partager et à séparer, si la vérité sur le tout et sur le détail doit venir au jour. Et ce jugement ne veut pas seulement établir ce qui s'est réellement passé dans le secret; au-delà de cela, il veut, par la sentence portée, ouvrir le chemin vers ce qui vient, vers l'éternel. Nous sommes tous sous le coup de ce jugement, la mère du Seigneur exceptée, en laquelle il n'y a rien à séparer, et c'est bien pourquoi les icônes la présentent comme la Médiatrice, à coté de son Fils en train d'exercer le jugement. (« Priez pour nous pécheurs, maintenant et alors de notre mort. »)

Comment le Seigneur jugera, personne ne le sait d'avance; il nous dit une seule chose : sur quoi portera son jugement : « J'avais faim et vous m'avez donné (ou : vous ne m'avez pas donné) à manger. » A moi, dans le plus petit de mes frères. Avons-nous montré de la bonté, ou bien nous sommes nous seulement aimé nous-mêmes? Les pièces de ce dossier une fois produites, il n'est absolument plus besoin d'aucune sentence : « Je te juge sur tes propres paroles, mauvais serviteur » (Lc 19,22). « Ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon comme moi j'ai eu pitié de toi? » (Mt 18,33). « Car le jugement est sans miséricorde pour celui qui n'a pas fait miséricorde; mais la miséricorde se rit du jugement » (JC 2,13).

Où nous tiendrons-nous, à gauche ou à droite? Tels que nous nous connaissons : probablement, très vraisemblablement, des deux côtés à la fois. Beaucoup de ce qui est en nous, nous apparaîtra à nous-même, et apparaîtra d'abord au juge, digne de condamnation : cela doit être jeté au feu. Que tout en nous n'est pas condamnable, que durant toute notre vie, depuis notre petite enfance, nous n'avons pas seulement dit non à l'amour : voilà ce que nous voudrions espérer de la grâce du juge. Serait-ce totalement en vain qu'il est « mort pour nous »?

3.« Les vivants et les morts ».

Les premiers chrétiens avaient espéré qu'au moins une partie d'entre eux vivraient le jugement dernier avant de mourir. Paul le dit expressément, à l'époque primitive qui était la sienne (1 Th 4,17). Nous-mêmes, à notre époque tardive, nous ne savons pas si, lors de la venue du Juge, à côté des morts sans nombre, il y aura encore des vivants qui n'auront pas besoin de mourir pour venir en jugement. Il n'est cependant pas vraisemblable qu'on puisse arriver dans la vie près de Dieu sans mourir. L'Apocalypse décrit le Jugement dernier comme un jugement qui s'exerce sur les morts : « Les morts furent jugés [...] chacun selon ses œuvres. Et la mer rendit les morts qu'elle gardait, la Mort et l'Hadès rendirent les morts qu'ils gardaient » (Ap 20,12s).

Devons-nous désigner comme « les vivants » ceux qui soutiendront le jugement et comme « les morts » ceux chez lesquels rien n'aura été trouvé qui soit digne de la vie éternelle? - Une telle interprétation est loin des textes bibliques. Même lorsqu'à une communauté chrétienne il est dit par le Christ : « Je connais ta conduite; tu passes pour vivant, mais tu es mort. Réveille-toi; ranime ce qui te reste de vie défaillante! » (5Ap 3,1-2), c'est une instante mise en garde qui est ainsi exprimée : la communauté « morte » peut, si elle veut, « se réveiller ». Même à l'autre communauté, qui s'imagine être riche et sage, et est en réalité aveugle et nue, il est dit : « Ceux que j'aime, je les semonce et les corrige » (Ap 3,19). Ici, on peut presque parler de résurrection des morts. Quant à nous tous, il nous reste à unir crainte et espérance lorsque nous essayons de nous jeter aveuglément dans les bras du Seigneur, qui nous connaît et nous aime.

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