Y- Yearning (Désir ardent)
Maintenant nous arrivons à la quatrième et dernière lettre dans le mot « holy ». Ici je ne pouvais pas trouver facilement le mot approprié qui conviendrait pour terminer le mot « holy » et aurait un sens dans le contexte. Après avoir prié intensément et demandé à l'Esprit Saint de m'illuminer pour trouver le mot juste, le mot juste me fut montré et c'était le mot Yearning (Désir ardent). Ce yearning (désir ardent) est très vital pour tous ceux qui aspirent aux hauteurs de la sainteté. Ce mot peut être équivalent au mot « Thirst » (Soif) ou « Longing » ou « Desire »(Désir). Cela importe peu ici quel mot nous utilisons pour exprimer la même réalité, tant que l'on a un réel désir ardent de Dieu, soif de la sainteté, etc. « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice » (Mt 5, 6).
Le mot « yearning (désir ardent) » peut être utilisé pour exprimer deux éléments essentiels sur le chemin de la sainteté:
La Prière comme yearning désir ardent du coeur humain pour Dieu.
Yearning désir ardent de la sainteté.

La Prière comme « yearning : désir ardent. . Il y a plus d'un psaume qui exprime cette réalité du coeur humain pour Dieu. Le Psaume 42 est un exemple de comment le psalmiste a exprimé son profond désir de Dieu dans la prière. Il prie, et ensemble avec lui l'Eglise veut que nous prions:
«Comme un cerf altéré cherche l'eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi, mon Dieu. » (Ps 42, 1).
Le Psaume 63 est un autre exemple. Qui peut réellement étancher la soif insatiable de Dieu? Non seulement notre âme mais tout notre être se languit de Dieu:
« Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau. »(Ps 63, 1).
Pas étonnant alors que le Psaume 63 soit le premier psaume pour la Prière du Matin à chaque solennité et fête. Chaque saint pendant sa vie sur la terre a désiré Dieu ardemment de tout son coeur, de tout son esprit, de toute son âme, de toute sa force, même quand son âme traversait l'obscurité épaisse, expérimentait la terrible solitude et le rejet. La bienheureuse Teresa écrit: « J'ai été sur le bord de dire « Non ». Cela a été si dur- ce terrible désir grandit et je sens comme si quelque chose se casserait en moi un jour – et alors cette obscurité, cette solitude, ce sentiment de terrible solitude. Le ciel est fermé de tous côtés...l'amour de toute chose et de toute personne est parti – et cependant- j'ai soif de Dieu. J'ai soif de l'aimer, avec chaque goutte de vie en moi...Mon esprit et mon coeur est continuellement avec Dieu. » Lettre de la bienheureuse Teresa au Cardinal Picachy S.J., 20 octobre 1960).
Les saints vivent en permanence avec Dieu; ils marchent avec lui, voyagent avec lui, travaillent avec lui et pour lui; ils parlent avec lui. Leur esprit et leur coeur sont continuellement avec Dieu. Isaïe écrit: «Mon âme aspire vers toi pendant la nuit,mon esprit te cherche dès le matin. » (Is 26, 9). Leurs âmes se languissent de Dieu dans la nuit et comme le jour pointe ils guettent sa venue.
Selon St Augustin, le désir de Dieu du coeur humain, l'insatiable nostalgia est le coeur de toute prière vraie. Sans un désir profond, il n'y a pas de vraie prière, même quand on passe des heures dans la chapelle à prier un grand nombre de prières formelles. « La langue fût-elle immobile, le désir est toujours une prière, désirer toujours c'est toujours prier. Quand la prière s'assoupit-elle? C'est quand s'est refroidi le désir » St Augustin, Sermon 80, 7).
Même si la prière du coeur est la plus importante, cela ne rend pas la prière verbale superflue. « Toujours désirer dans la même foi, la même espérance, la même charité, c'est toujours prier. Mais à certains intervalles d'heures et de temps, nous prions Dieu avec des paroles; ces paroles doivent nous avertir, nous aider à com. prendre quels progrès nous avons faits dans ce religieux désir des biens éternels, et nous exciter à l'accroître dans nos âmes. .. Mais les soins et les affaires d'ici-bas attiédissent nos pieux désirs, et c'est pourquoi nous les interrompons pour prier à des heures marquées. Par les paroles que nous prononçons alors, nous nous avertissons nous-mêmes de reprendre nos élans, et nous empêchons, par des excitations fréquentes, que ce qui est tiède ne se refroidisse, et que la flamme religieuse ne finisse par s'éteindre en nous. » (St Augustin, lettre 130: 9,18). Il devrait y avoir une réelle harmonie de parole et de coeur dans chaque forme de prière.
Ce désir du coeur humain, que St Augustin appelle « desiserium naturale » - « désir naturel », est commun à tous les saints et doit être un dénominateur commun pour tous ceux qui aspirent à une plus grande sainteté. Comment puis-je être parfait ou miséricordieux ou saint comme notre Père du ciel est parfait, miséricordieux et saint si je ne le désire pas ardemment comme les saints? Les amis de Dieu deviennent les amis des saints et ils aiment et prennent soin de tous ceux que Dieu aime et dont il veut prendre soin. Ils savent que leur dynamisme intérieur, la force agissante, ne vient pas d'eux, mais du Seigneur, qu'ils veulent proclamer par leurs paroles et leur exemple. Sans ce désir ardent profond personne ne peut devenir saint. Dans les paroles de la bienheureuse Teresa de Calcutta: « Je veux, je veux, avec la bénédiction de Dieu, être sainte. »

Yearning désir ardent de la sainteté. Sans ce désir fort et cette soif profonde on ne peut pas devenir saint. Même si tous sont appelés à être parfaits comme notre Père céleste est parfait, personne ne va devenir automatiquement saint ou parfait. Ce désir intérieur de sainteté est en même temps le désir fort de ressembler à Dieu dans sa sainteté. Dieu veut que nous rendions sa sainteté évidente par la vie que nous menons et le travail que nous faisons.
Le désir réel se trouve dans le coeur de Dieu qui désire ardemment chaque âme individuelle créée à son image et à sa ressemblance. Il crèe en chaque personne une soif ou un désir de lui correspondant. Pour l'exprimer graphiquement, prenons l'exemple de l'aimant et du morceau de fer. L'aimant a le pouvoir d'attirer le morceau de fer et le fer a la capacité d'être attiré par l'aimant. Dieu est l'aimant puissant qui nous attire à lui; et nous sommes comme des morceaux de fer attirés à lui. Notre capacité d'être attirés à Dieu est notre soif, notre désir ardent de Dieu. Cette capacité d'être attirée n'est pas quelque chose de passif mais de dynamique. Comme Dieu est assoiffé, il est amoureux de chaque être humain ; il crèe la même soif de lui et des âmes en chacun de nous, aussi longtemps que nous sommes en contact avec Jésus. Jésus veut souffrir en nous pour les âmes, comme il ne peut plus souffrir seul sans nous. « Je désire d'un désir douloureux être tout à Dieu », écrit la bienheureuse Teresa, « être sainte de telle façon que Jésus puisse vivre sa vie pleinement en moi...Je veux l'aimer comme il n'a jamais été aimé...Je ne savais pas que cet amour pouvait faire souffrir autant. »

Conclusion – Dans ce court itinéraire que nous avons fait nous avons pris conscience que le mot « holy » (saint) peut être expliqué et compris beaucoup plus profondément. Plus nous comprenons la beauté sublime de la réalité de cette sainteté, qui est une participation à la sainteté de Dieu, plus nous l' apprécions et essayons de la vivre le mieux possible. Il n'est pas étonnant que Jésus parle de la parabole de la perle que le marchand a achetée: « Le Royaume des cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète la perle. » (Mt 13, 45-46).
Parmi la création de Dieu, les êtres humains seulement peuvent devenir meilleurs et plus saints. Même les anges restent comme ils sont. Tant que nous vivons dans le monde, nous pouvons grandir en sainteté et ressembler davantage et plus parfaitement à notre Créateur. « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. » (Lv 19,2).

Dieu vous bénisse.

Père Sebastian Vazhkala M.C.