"BERNADETTE PARLE" (Chapitre 8) : LE DERNIER ADIEU

La dernière visite de la Vierge Immaculée a un charme particulier. Bernadette dut venir jusqu'au champ par une autre route. Comme des barrières avaient été érigées pour empêcher l'accès à la Grotte, elle dut rester à distance dans le champ de l'autre côté de la rivière. Le soleil était descendu derrière la colline, laissant la Grotte dans l'obscurité épaisse, quand la Vierge vint.

Tout à coup la petite fille fut à genoux, et la foule qui l'accompagnait aussi , tous avec des cierges allumés. « La voici, » cria-t-elle; « Elle nous regarde, elle nous sourit. » L'évêque de Lourdes Mgr Théas décrit parfaitement ce moment comme « Une contemplation qui fut silencieuse, admirative et exclusive. » Cela fut silencieux. Cette dernière visite, comme la première, fut enveloppée d'un profond silence. Mais c'était un silence plein de sens ; c'était un dialogue d'amour qui n'avait pas besoin de mots, résonnant dans le coeur pur de l'enfant et dans le Coeur Immaculé de Marie. Bernadette était complètement prise par l'émerveillement de Marie.

Il y avait de l'admiration. « Je ne l'avais jamais vue aussi belle. » La beauté de Marie n'avait pas changé, mais l'âme de l'enfant avait été affinée et purifiée pendant ces mois. Son âme, grandissant en sainteté, était prête pour une nouvelle conscience , une nouvelle vision de la beauté immaculée. Un appareil à photos parfaitement réglé peut saisir chaque détail d'une image. Les yeux de Bernadette étaient parfaitement réglés. Avec la vision intérieure de sa foi elle pouvait voir de nouvelles facettes et pénétrer les profondeurs de la beauté de Marie qui nous sont cachées.

Dans l'extase de ce moment il n'y avait plus de distance. Elle se sentait comme si elle était proche de sa visiteuse céleste à la Grotte. « Je sentais que j'étais à la Grotte. » Quand deux personnes sont profondément amoureuses, le monde extérieur n'attire pas leur attention. En présence de sa Mère céleste, Bernadette trouva tout ce que son cœur désirait. Le monde autour d'elle disparut de son esprit. « Je ne voyais ni les barrières, ni le Gave...Je ne voyais que la sainte Vierge. »

Les barrières construites par les hommes ne la gênèrent pas, car elle levait les yeux vers le haut; l'obscurité de la nuit ne brouilla pas sa vision car elle avait la conscience claire de l'aider. Comme les pélerins des temps anciens au Mont Carmel, qui aimaient contempler la montagne sainte, elle levait les yeux au-dessus des horizons terrestres.

Comme Marie disparaissait à son regard elle sourit à la foule rassemblée. Ce sourire fut son message final. Et quelle richesse de sens il portait. C'était le sourire éloquent de la maternité qui exprimait un amour trop profond pour être dit avec des mots. La foule agenouillée dans ce champ était le commencement de cet immense flot de pèlerins qui n'a jamais cessé, et à chacun d'eux, et à chacun de nous, elle souriait.

C'était le coucher du soleil quand elle partit, mais l'attention de Marie ne connaît pas le soir, car elle est l'Étoile du Matin; elle vient « comme le lever du jour » apportant l'aurore d'une espérance nouvelle à un monde fatigué.

PRIÈRE :

Vierge Immaculée, posez votre regard sur moi le matin et au milieu du jour quand la lutte est dure, et le soir quand la lumière faiblit et que je suis fatigué et seul. Gardez mes yeux fixés sur votre beauté immaculée, et élevez-les au-dessus du décor qui passe vers des horizons éternels.