"BERNADETTE PARLE" (Chapitre 7) : LE GRAND JOUR

« Je suis l'Immaculée Conception. »

MARIE sortit des mains de Dieu, rayonnante de beauté, parée comme une mariée. Il la fit « toute belle » pour la disposer à être digne d'être la mère de son très-saint Fils . Ce fut la beauté qui brilla dans une grotte sombre, et remplit les yeux de Bernadette. Là se tenait devant elle une dame dont le sourire désarma ses peurs, dont la lumière éclaira son visage du rayonnement d'un autre monde; dont la beauté éblouissante la fit sortir de ce monde. « Quand je la vis je cessai d'aimer ce monde. » Quand le grand jour arriva, et que la dame révéla son nom, alors la splendeur entière de sa beauté brilla devant elle avec la clarté et la chaleur d'un soleil de printemps dans un ciel sans nuages. Elle annonça son nom le jour de la Fête qui rappelait l'annonce venant du ciel qu'elle avait trouvé grâce auprès de Dieu.

Nous suivons l'histoire pas à pas. «Madame, voudriez-vous avoir la bonté de me dire qui vous êtes, s'il vous plait, » demanda l'enfant. La dame lui sourit en silence. Elle renouvela trois fois sa demande. La quatrième fois la dame prit son chapelet dans la main droite, ouvrit les mains en regardant vers le sol, puis, levant les bras, elle leva les yeux vers le ciel et dit :

« JE SUIS L'IMMACULÉE CONCEPTION. »

Chaque détail enchante et a une signification. Elle baissa les yeux vers la Terre. La terre était le jardin où elle fleurissait. Elle avait été décrite par Pie IX, quatre ans auparavant, comme «une fleur toujours éclose, une plante toujours verte, qui, par une providence particulière, et contre les lois de la nature, a poussé sur une tige fanée et corrompue. »

Elle joignit les mains pour continuer cette mélodie éternelle de louange du Seigneur qui a fait de si grandes choses pour elle. Elle éleva les mains comme si elle invitait l'enfant, et toute l'humanité, à venir près d'elle pour exalter la sainteté et la beauté infinie de Dieu dans une prière d'admiration et d'action de grâces. L'aurore se levait quand elle vint. Elle révéla son nom pour rappeler l'aurore du salut. Ainsi elle avait accompli sa mission. Elle ne parla plus; mais elle avait donné à l'enfant assez de choses pour rassasier son regard, et sur lesquelles s'attarder dans son coeur pour toute sa vie.

De peur d'oublier, l'enfant répéta les paroles qu'elle avait entendues, tout en traversant les rues en courant pour les dire au prêtre. Commença alors sa mission qui l'envoya traverser en courant les routes du monde pour proclamer la gloire de l'Immaculée Conception. Le charisme de sa sainteté fut de refléter la grande vérité que la Vierge sans tache est le Refuge des Pécheurs.

Avant de quitter la Grotte en ce matin mémorable, elle sentit l'urgence de laisser quelque signe derrière elle; et elle le trouva dans un cierge. Ce cierge nous a permis de voir l'Immaculée Conception sous une nouvelle lumière, comme elle l'a vue. Avec son aide nous pouvons venir près de cette beauté qui est une fleur toujours fraîche, toujours en floraison sous un soleil éternel. Nous pouvons nous tenir là, perdus en admiration d'une beauté que nous n'épuiserons jamais. Regarder c'est aimer; et aimer c'est détourner nos yeux de la beauté artificielle du monde pécheur vers elle.

PRIÈRE :

« Mère de Dieu, pour vous voir il suffit de regarder.

Pour tout avoir et tout connaître.

Il suffit de vous regarder.

O Marie Immaculée. »

(PAUL CLAUDEL)

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