21.08.18
3 août 2018
Chers frères et sœurs bien-aimés,
Que la grâce, la paix et la joie du Seigneur soient votre force, votre lumière pour votre chemin et vous aident à atteindre le but désiré. L'appel et l'élection de Dieu sont irrévocables (St Paul).. Dieu n'abandonne jamais ... Il est très persévérant en nous appelant à le suivre de plus en plus étroitement, à apprendre de lui les véritables chemins plutôt que les chemins de ce monde.
Merci, mes chers Laïcs Missionnaires de la Charité. Il y a de la place pour tout le monde dans la famille des M.C., laïcs ou religieux. Nous sommes tous connectés, mis à part pour Dieu par notre baptême et notre confirmation et pour certains d'entre nous par d'autres liens sacramentels ou par profession religieuse. Quel privilège incroyable ! Quel merveilleux appel !
Ste Teresa de Calcutta se sentait faible, pécheresse et indigne d’une vocation si sublime. Nous ne sommes pas appelés par les prêtres ou les évêques, pas même par le Pape. Non, nous sommes appelés directement par Dieu, que nous en soyons conscients ou non, que nous soyons dignes ou non de l'appel, nous nous sommes sentis appelés par le Seigneur et nous avons répondu ou essayons de répondre. Notre réponse à Dieu n'est pas statique mais dynamique. Nous avons besoin de croissance à la fois en sainteté et en nombre. Cela dépend beaucoup de notre fidélité à notre vie de prière, de sacrifice, de pénitence et d’œuvres de miséricorde. Parfois, la présence priante elle-même est un grand témoin, une prédication puissante sans paroles.
Je vais être avec nos LMC au Rwanda, au Burundi et en Ouganda pendant deux jours, samedi 4 et dimanche 5 août 2018. Ils ne peuvent pas se permettre plus que cela. Nos sœurs M.C., Sr Charisma Thérèse MC, Supérieure régionale, et ses sœurs de la région méritent notre gratitude sincère pour avoir organisé la retraite des LMC à Kigali, la capitale du Rwanda, et à Ngarama, au Rwanda, un autre jour pour les LMC de cette région. C’est une véritable bénédiction d’avoir autant de LMC, qui n’ont peut-être pas toutes les facilités dont beaucoup d’autres disposent, mais le Seigneur les aime particulièrement et prend soin d’eux par sa tendre compassion exprimée à travers nos sœurs M.C. Prions beaucoup pour eux.
J'ai deux séminaires pour deux groupes différents de nos sœurs M.C. du Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda. Je serai donc en Afrique de l'Est du vendredi 3 au mardi 14 août 2018. Je compte beaucoup sur vos prières et vos sacrifices.
Les LMC, là où nos sœurs M.C. se trouvent, célébreront la fête du Cœur Immaculé de Marie, qui est leur fête patronale. Elles l'appellent la "fête de la Société". Si vous avez la possibilité de vous joindre à elles dans leurs célébrations, avec leur permission, si nécessaire, vous pouvez participer, prier avec elles et prier pour elles, exprimer votre gratitude pour elles et pour vous…!
Priez avec nos sœurs et priez pour nos sœurs, surtout ces jours-ci, quand elles ont été éprouvées dans le creuset de la souffrance. C'est un temps de purification, de renouvellement, de croissance et de réforme. Nous devons beaucoup réfléchir, comme notre Dame qui a retenu tous ces évènements et les a médités dans son cœur (cf. Lc 2, 19, 51).
Nous commençons notre neuvaine pour la fête de Ste Thérèse de Calcutta le 26 août, qui est son anniversaire terrestre et se termine le 4 septembre, qui est la veille de son anniversaire céleste. Le mercredi 5 septembre 2018, trois de nos frères : fr. Ricardo M.C., fr. Dominic M.C. et fr. Paolo M.C., si Dieu le veut, feront leurs vœux pour la vie à Nazareth, en Israël. Son Excellence Mgr Pierbattista Pizzaballa, l'administrateur apostolique de Terre Sainte a très gentiment accepté de présider la célébration eucharistique à 17 heures, dans la basilique de l'Annonciation, à Nazareth.
Vous êtes tous cordialement invités à participer à la cérémonie du jour. Je sais que la majorité d'entre vous se joindront à nous en esprit et quelques-uns des LMC représenteront les autres, comme Mlle Gianna LMC, de Rome, Mlle Noriko Uno LMC en formation, du Japon, Jose Marie, de Barcelone, d’Espagne, et peut-être quelques autres.
Pour la fête de Ste Teresa de Calcutta, vous pouvez rejoindre les sœurs M.C. ou la paroisse où vous êtes pour leur célébration, en particulier pour l'Eucharistie. Si Dieu le veut, je serai à Nazareth du 24 août au 10 septembre 2018. Commençons par prier pour les frères qui sont déjà dans leur retraite d'un mois avec frère Jean Marie M.C. en train de se préparer pour leurs vœux pour la vie. Je prêcherai la quatrième semaine de la retraite.
Le fr. Ramon M.C. et le père Sebastian M.C. iront à Lagos, au Nigeria, s'il plaît à Dieu, le 20 septembre 2018, pendant environ 10 jours avec nos frères pour un bref cours de soins infirmiers et aussi une préparation spirituelle pour les candidats qui vont commencer leur noviciat, à Kumasi, au Ghana. De Lagos, nous avons l'intention de nous rendre à Kumasi, au Ghana, où nous espérons passer un peu plus d'une semaine avec notre communauté de novices. Dans ces deux maisons de formation, nous avons aussi le deuxième tabernacle, les garçons et les hommes handicapés mentaux et physiques. Au Ghana, nous aurons également la bénédiction et l'inauguration de la chapelle attendue depuis longtemps et de la maison des frères profès, annexée à l'ancien bâtiment principal. Il a fallu plus d'un an pour réaliser le projet. Nous espérons pouvoir le bénir, si possible, autour du 1er octobre 2018.
À Rome, les LMC renouvelleront leurs vœux le 15 septembre 2018. Certains LMC, comme Gianna sont LMC depuis 26 ans tandis que le Dr Mimma Battaglia depuis 25 ans depuis sa première profession; C'est leur jubilé d'argent. Avec elles, nous remercions Dieu pour leur persévérance, leur grande contribution, pour leur service dévoué aux frères contemplatifs et au Mouvement. Tous les LMC savent ce que Mme Gianna LMC a fait au fil des ans pour le Mouvement et continue de faire, sans compter le coût, sans chercher de repos ou de récompense. Nos remerciements particuliers vont à Mlle Gianna ainsi que nos prières pour sa santé mentale et corporelle et pour sa croissance continue dans la sainteté et la sainte persévérance.
Nous sommes tous très au courant des dernières nouvelles tristes au sujet de la communauté M.C. à Ranchi, en Inde. Sr M. Concelia est toujours en prison. Continuons à prier pour elle et pour les 244 communautés en Inde. Les sœurs M.C. ont en totalité 760 communautés dans le monde. Un tiers de ces communautés sont en Inde. À ce jour, vous avez peut-être déjà reçu ma lettre du 1er août 2018. Veuillez partager cette lettre avec autant de personnes que possible et demandez-leur également de prier pour la famille des M.C..
Nous aurons notre rencontre à Kolkata les 12 et 13 novembre. J'espère être là pour ça. Encore une fois, mes sincères remerciements vont à vous tous, frères et sœurs, qui ont offert tant de ferventes prières et de généreux sacrifices à l’occasion du jubilé d’or de ma première profession religieuse. Beaucoup d'entre vous ont même pris la peine de venir à Rome, alors que d'autres ont envoyé de beaux bouquets spirituels, des albums de photos, des messages, etc. C'était tellement impressionnant. Beaucoup de questions m'ont traversé l'esprit. Est-ce que je mérite autant ? Mais alors j'ai pensé à l'âne dans l'une des processions eucharistiques. De temps en temps, les fidèles s’agenouillaient, jetaient des fleurs et faisaient des gestes de révérence et de grandeur. L'âne pensa que c'était pour lui alors que le prêtre était assis sur l'âne avec le Saint Sacrement dans l’ostensoir.
Chaque salutation est allée à Dieu. C'est Lui, pas moi, c'est la sienne et non la mienne. Ainsi, toutes vos salutations, vos prières et vos sacrifices sont montés à Dieu comme de l'encens. Ils rendent gloire au Dieu Trine, Père, Fils et Saint-Esprit et à leur représentant terrestre, la Sainte Famille : Jésus, Marie et Joseph. Honneur, gloire et louange au Père et au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et pour toujours. L'amour ne vieillit jamais et ne se fatigue jamais. L'amour peut tout endurer.
Que Dieu bénisse chacun d’entre vous.
Père Sebastian Vazhakala m.c.
"Les œuvres d'amour sont des œuvres de paix" (Ste Mère Teresa de Calcutta)
1er août 2018
Beaucoup d’entre nous ont entendu la triste nouvelle des accusations portées contre l’une des 244 communautés en Inde des Sœurs des Missionnaires de la Charité qui ont eu comme conséquences l’arrestation et l’emprisonnement de Sr Concelia M.C., depuis le mercredi 4 juillet 2018. Depuis nous avons entendu et lu des communiqués de presse de diverses sources, qui nous font réfléchir, réévaluer la validité, l'authenticité et la véracité de ce qui s'est réellement passé.
Sans entrer dans les racines de l'affaire, des conclusions ont été tirées, des jugements ont été faits, des débats ont été organisés, des descentes à Shishu Bhavans ont été ou non effectuées.
Je me souviens de l'une des histoires de Tolstoï, que j'ai étudiée pendant mes années d'école dans laquelle deux garçons jouaient dans un petit village. À un moment donné, ils se sont disputés, ce qui est tellement naturel chez les enfants. En entendant les pleurs et le bruit des garçons, l'une des mères est venue sur place et a commencé à se battre avec l'autre garçon. Pendant ce temps, l'autre mère est arrivée sur les lieux.
Dès que les deux mères sont arrivées sur les lieux, elles se sont disputées et ont commencé à crier. En entendant le grand bruit, les voisins sont venus voir ce qui se passait. Ils ont rejoint les deux mères en prenant parti. C'est devenu un vrai combat. L'entendant de loin, l'un des hommes du village est venu et a voulu trouver la raison d'une si grande dispute dans le village. Étant un homme de bon sens, il leur a demandé de se calmer pour découvrir la vraie raison. Quand il y eut un silence paisible, ils sont allés à l’origine de la dispute et ont parlé des deux garçons qui avaient commencé la bagarre. À la surprise de tous, les garçons qui avaient commencé la petite bagarre jouaient ensemble à nouveau, alors que les parents et les villageois se battaient encore et se querellaient sans aucun motif particulier.
Cet exemple ne peut peut-être pas être s’appliquer littéralement au cas auquel nous sommes confrontés ces jours-ci, et pourtant c'est ce qui m'est venu à l'esprit quand j'ai lu le cas de Sr Concelia M.C. et le débat et le tumulte à l'échelle nationale. Selon les personnes de bon sens et de raison, une telle question pourrait être traitée plus doucement et plus calmement.
Ce qui m'est venu à l'esprit c’est que lorsque j'étudiais à Pune en études supérieures, l'un des principaux MRA (l’Homme de Réarmement Moral) avait dit : Rappelez-vous, lorsque vous pointez du doigt un autre, trois doigts sont pointés vers vous. Je ne veux pas justifier ce qui est faux comme si c’était bien ou des erreurs comme la façon normale de faire les choses. Ce qui est faux est faux, une erreur est une erreur, un mensonge est un mensonge, un meurtre est un meurtre. Nous ne devons pas cacher ou justifier ce qui est mauvais. Le mal est le mal, le mensonge est le mensonge. Qui d'entre nous n'a jamais commis d'erreur, n'a jamais commis de mauvaise action, n'a jamais été jugé à tort ? ... Avant de lancer des pierres à un autre, laissez celui qui n'a jamais rien fait de mal être le premier à lancer la première pierre !
Il y a 244 maisons des Missionnaires de la Charité en Inde. Chaque jour, tant de bien est fait dans toutes ces maisons, tant de personnes souffrant de la faim sont nourries, tant de gens nus sont vêtus, des sans-abri sont abrités, des malades sont soignés, des handicapés physiques et mentaux, des orphelins et des sans-abri sont pris en charge. Les Missionnaires de la Charité accomplissent ce genre de petites œuvres de miséricorde en silence, avec un minimum de paperasserie, car elles se concentrent davantage sur les victimes de l’injustice que sur la bureaucratie. Toutes ne sont pas non plus des expertes, mais elles se sont engagées à leur devoir d’offrir de tout cœur un service gratuit aux plus pauvres des pauvres. Les Missionnaires de la Charité depuis le tout début ont bénéficié de la collaboration et de l’aide ponctuelle de tant de fonctionnaires gouvernementaux, tout comme de simples citoyens, de personnes hautement qualifiées et de tous horizons, sans considération de caste, de couleur, de religion ou de nationalité.
Si l’un des membres d’une organisation aussi importante qui travaille exclusivement de tout cœur et gratuitement pour les plus pauvres des pauvres a commis une erreur, appelez le une grosse erreur, je pense que notre peuple indien connu pour sa tolérance et qui a obtenu son indépendance par la non-violence, grâce au Mahatma Ghandi, père de notre nation, peut être tolérant ici aussi pour les Missionnaires de la Charité. Nous n'attendons pas la menace et l'emprisonnement immédiat comme un criminel pour servir librement les personnes les plus pauvres et les plus faibles, mais une aide fraternelle, des conseils et une correction fraternelle.
Nous lavons nos vêtements sales devant le monde entier et nous gâchons le nom de notre nation autrefois noble. Je veux être fier de notre pays. Je veux vivre et mourir pour la vérité et la justice, mais j'ai besoin de l'aide de tout le monde, du gouvernement de l'État au gouvernement central. Je veux l'aide de toutes les personnes de bonne volonté, non seulement une aide matérielle, mais aussi un encouragement, une compréhension et un soutien moral.
Depuis le mercredi 4 juillet, qu'avons-nous accompli de manière positive, si je peux me permettre ? Si à la place de la polémique exacerbée, les personnes concernées avaient eu entre elles un véritable dialogue, nous aurions pu accomplir beaucoup plus de choses et aider beaucoup plus de pauvres parmi les pauvres gratuitement et de tôt cœur au lieu de fabriquer tous ces « Thamasa » ! Les politiciens ainsi que le peuple doivent enseigner et apprendre la pratique de la non-violence avec des mots et en actions. Les pistolets et les armes, les débats et les accusations ne sont pas la réponse aux nombreux problèmes épineux de notre noble nation, mais la douceur, l'honnêteté, la justice et la vérité. Ne faisons pas que parler d'eux, mais vivons et enseignons-les. L'hospitalité doit surmonter l'hostilité. Nous pouvons être en désaccord avec les idées d'une personne, mais nous devons aimer la personne.
Ce sont deux issues différentes. Le Mahatma Gandhi avait l'habitude d’enseigner : nous sommes en désaccord avec les britanniques qui gouvernent notre pays, mais nous aimons le peuple britannique. Ils sont eux aussi nos frères et sœurs. Nous pouvons être en désaccord avec les principes, mais cela ne signifie pas que nous devons détester les personnes qui ne sont pas d'accord avec nous.
Nous sommes à la veille de notre 72ème jour de l'Indépendance de notre nation. Revenons aux principes indiens de base et aux enseignements védiques: "Satyan evam Jaithe", "La vérité seule gagnera". Nous devrions tous savoir que nous devons aider les personnes à connaître la vérité, à aimer la vérité et à vivre la vérité, mais avant tout, apprenons à la vivre par nous-mêmes.
Les mots de Ravindra Nath Tagore me viennent à l’esprit, alors que je termine ces quelques réflexions sur l’incident de Ranchi :
« Où l'esprit est sans peur et la tête haute,
où la connaissance est libre,
où le monde n'a pas été brisé
en fragments par des murs intérieurs étroits ...
où les mots sortent de la profondeur de la vérité;
où l'effort inlassable tend ses bras vers la perfection;
où le flux clair de la raison n'a pas perdu son chemin
dans le morne désert du sable d'une habitude morte;
où l'esprit est conduit par toi
dans une pensée et une action toujours plus grandes.
Dans ce ciel de liberté, mon Père,
laisse mon pays se réveiller » (cf. Gitanjali n ° 35).
C'est une prière pour l'émancipation spirituelle, la vraie liberté et la plénitude de la vie. R.N. Tagore prie pour que nos compatriotes aient l'esprit large et mènent une vie noble et sans peur, sans divisions entre nous. Je souhaite à tous un jour de l’Indépendance rempli de paix et une joyeuse fête de l’Assomption de notre Dame.
Père Sebastian Vazhakala m.c.
20.08.18
Audience Générale Du 24/01/2018 © Vatican Media
Abus sexuels : « honte et repentir », le pape François écrit au Peuple de Dieu
« Rien ne doit être négligé » dans cette lutte (Texte intégral)
AOÛT 20, 2018 RÉDACTION PAPE FRANÇOIS
« Avec honte et repentir, en tant que communauté ecclésiale, nous reconnaissons que nous n’avons pas su être là où nous le devions, que nous n’avons pas agi en temps voulu en reconnaissant l’ampleur et la gravité du dommage qui était infligé à tant de vies. Nous avons négligé et abandonné les petits. » Dans une lettre sans précédent adressée au Peuple de Dieu, rendue publique le 20 août 2018, le pape François ne mâche pas ses mots en évoquant les scandales d’abus sexuels révélés ces derniers temps autour du globe. Il demande pardon pour ces « crimes ».
« Considérant le passé, écrit-il, ce que l’on peut faire pour demander pardon et réparation du dommage causé ne sera jamais suffisant. Considérant l’avenir, rien ne doit être négligé pour promouvoir une culture capable non seulement de faire en sorte que de telles situations ne se reproduisent pas mais encore que celles-ci ne puissent trouver de terrains propices pour être dissimulées et perpétuées ». Et le pape d’affirmer : « La douleur des victimes et de leurs familles est aussi notre douleur ». « Les blessures ne connaissent jamais de ‘prescription’, ajoute-t-il. La douleur de ces victimes est une plainte qui monte vers le ciel. »
Dans ce message publié en sept langues, le pape exhorte les fidèles à « lutter contre tout type de corruption, spécialement la corruption spirituelle » et à « condamner avec force ces atrocités et à redoubler d’efforts pour éradiquer cette culture de mort ». Il dénonce « une manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Eglise – si commune dans nombre de communautés dans lesquelles se sont vérifiés des abus sexuels, des abus de pouvoir et de conscience » : le cléricalisme. « Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme. »
Parmi les remèdes, le pape François invite « à l’exercice pénitentiel de la prière et du jeûne… pour réveiller notre conscience, notre solidarité et notre engagement en faveur d’une culture de la protection et du «jamais plus» à tout type et forme d’abus… la pénitence et la prière nous aideront à sensibiliser nos yeux et notre cœur à la souffrance de l’autre et à vaincre l’appétit de domination et de possession, très souvent à l’origine de ces maux ». « Demandons pardon pour nos propres péchés et pour ceux des autres. La conscience du péché nous aide à reconnaître les erreurs, les méfaits et les blessures générés dans le passé et nous donne de nous ouvrir et de nous engager davantage pour le présent sur le chemin d’une conversion renouvelée. »
AK
Lettre du Pape François au Peuple de Dieu
« Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Cor 12,26). Ces paroles de saint Paul résonnent avec force en mon cœur alors que je constate, une fois encore, la souffrance vécue par de nombreux mineurs à cause d’abus sexuels, d’abus de pouvoir et de conscience, commis par un nombre important de clercs et de personnes consacrées. Un crime qui génère de profondes blessures faites de douleur et d’impuissance, en premier lieu chez les victimes, mais aussi chez leurs proches et dans toute la communauté, qu’elle soit composée de croyants ou d’incroyants. Considérant le passé, ce que l’on peut faire pour demander pardon et réparation du dommage causé ne sera jamais suffisant. Considérant l’avenir, rien ne doit être négligé pour promouvoir une culture capable non seulement de faire en sorte que de telles situations ne se reproduisent pas mais encore que celles-ci ne puissent trouver de terrains propices pour être dissimulées et perpétuées. La douleur des victimes et de leurs familles est aussi notre douleur ; pour cette raison, il est urgent de réaffirmer une fois encore notre engagement pour garantir la protection des mineurs et des adultes vulnérables.
1. Si un membre souffre
Ces derniers jours est paru un rapport détaillant le vécu d’au moins mille personnes qui ont été victimes d’abus sexuel, d’abus de pouvoir et de conscience, perpétrés par des prêtres pendant à peu près soixante-dix ans. Bien qu’on puisse dire que la majorité des cas appartient au passé, la douleur de nombre de ces victimes nous est parvenue au cours du temps et nous pouvons constater que les blessures infligées ne disparaissent jamais, ce qui nous oblige à condamner avec force ces atrocités et à redoubler d’efforts pour éradiquer cette culture de mort, les blessures ne connaissent jamais de «prescription». La douleur de ces victimes est une plainte qui monte vers le ciel, qui pénètre jusqu’à l’âme et qui, durant trop longtemps, a été ignorée, silencieuse ou passé sous silence. Mais leur cri a été plus fort que toutes les mesures qui ont entendu le réprimer ou bien qui, en même temps, prétendaient le faire cesser en prenant des décisions qui en augmentaient la gravité jusqu’à tomber dans la complicité. Un cri qui fut entendu par le Seigneur en nous montrant une fois encore de quel côté il veut se tenir. Le Cantique de Marie ne dit pas autre chose et comme un arrière-fond, continue à parcourir l’histoire parce que le Seigneur se souvient de la promesse faite à nos pères: «Il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides» (Lc 1, 51-53); et nous ressentons de la honte lorsque nous constatons que notre style de vie a démenti et dément ce que notre voix proclame.
Avec honte et repentir, en tant que communauté ecclésiale, nous reconnaissons que nous n’avons pas su être là où nous le devions, que nous n’avons pas agi en temps voulu en reconnaissant l’ampleur et la gravité du dommage qui était infligé à tant de vies. Nous avons négligé et abandonné les petits. Je fais miennes les paroles de l’alors cardinal Ratzinger lorsque, durant le Chemin de Croix écrit pour le Vendredi Saint de 2005, il s’unit au cri de douleur de tant de victimes en disant avec force: «Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! […] La trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le cœur. Il ne nous reste plus qu’à lui adresser, du plus profond de notre âme, ce cri: Kyrie, eleison – Seigneur, sauve-nous (cf. Mt 8, 25)» (Neuvième Station).
2. Tous les membres souffrent avec lui
L’ampleur et la gravité des faits exigent que nous réagissions de manière globale et communautaire. S’il est important et nécessaire pour tout chemin de conversion de prendre connaissance de ce qui s’est passé, cela n’est pourtant pas suffisant. Aujourd’hui nous avons à relever le défi en tant que peuple de Dieu d’assumer la douleur de nos frères blessés dans leur chair et dans leur esprit. Si par le passé l’omission a pu être tenue pour une forme de réponse, nous voulons aujourd’hui que la solidarité, entendue dans son acception plus profonde et exigeante, caractérise notre façon de bâtir le présent et l’avenir, en un espace où les conflits, les tensions et surtout les victimes de tout type d’abus puissent trouver une main tendue qui les protège et les sauve de leur douleur (Cf. Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n.228). Cette solidarité à son tour exige de nous que nous dénoncions tout ce qui met en péril l’intégrité de toute personne. Solidarité qui demande de lutter contre tout type de corruption, spécialement la corruption spirituelle, «car il s’agit d’un aveuglement confortable et autosuffisant où tout finit par sembler licite: la tromperie, la calomnie, l’égoïsme et d’autres formes subtiles d’autoréférentialité, puisque « Satan lui-même se déguise en ange de lumière » (2Co11,14) » (Exhort. ap. Gaudete et Exsultate, n.165). L’appel de saint Paul à souffrir avec celui qui souffre est le meilleur remède contre toute volonté de continuer à reproduire entre nous les paroles de Caïn: «Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère?» (Gn 4,9).
Je suis conscient de l’effort et du travail réalisés en différentes parties du monde pour garantir et créer les médiations nécessaires pour apporter sécurité et protéger l’intégrité des mineurs et des adultes vulnérables, ainsi que de la mise en œuvre de la tolérance zéro et des façons de rendre compte de la part de tous ceux qui commettent ou dissimulent ces délits. Nous avons tardé dans l’application de ces mesures et sanctions si nécessaires, mais j’ai la conviction qu’elles aideront à garantir une plus grande culture de la protection pour le présent et l’avenir.
Conjointement à ces efforts, il est nécessaire que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin. Une telle transformation nécessite la conversion personnelle et communautaire et nous pousse à regarder dans la même direction que celle indiquée par le Seigneur. Ainsi saint Jean-Paul II se plaisait à dire: «Si nous sommes vraiment repartis de la contemplation du Christ, nous devrons savoir le découvrir surtout dans le visage de ceux auxquels il a voulu lui-même s’identifier» (Lett. ap. Novo Millenio Ineunte, n.49). Apprendre à regarder dans la même direction que le Seigneur, à être là où le Seigneur désire que nous soyons, à convertir notre cœur en sa présence. Pour cela, la prière et la pénitence nous aideront. J’invite tout le saint peuple fidèle de Dieu à l’exercice pénitentiel de la prière et du jeûne, conformément au commandement du Seigneur1, pour réveiller notre conscience, notre solidarité et notre engagement en faveur d’une culture de la protection et du «jamais plus» à tout type et forme d’abus.
Il est impossible d’imaginer une conversion de l’agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu. Plus encore, chaque fois que nous avons tenté de supplanter, de faire taire, d’ignorer, de réduire le peuple de Dieu à de petites élites, nous avons construit des communautés, des projets, des choix théologiques, des spiritualités et des structures sans racine, sans mémoire, sans visage, sans corps et, en définitive, sans vie2. Cela se manifeste clairement dans une manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Eglise – si commune dans nombre de communautés dans lesquelles se sont vérifiés des abus sexuels, des abus de pouvoir et de conscience – comme l’est le cléricalisme, cette attitude qui «annule non seulement la personnalité des chrétiens, mais tend également à diminuer et à sous-évaluer la grâce baptismale que l’Esprit Saint a placée dans le cœur de notre peuple»3. Le cléricalisme, favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission dans le corps ecclésial qui encourage et aide à perpétuer beaucoup des maux que nous dénonçons aujourd’hui. Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme.
Il est toujours bon de rappeler que le Seigneur, «dans l’histoire du salut, a sauvé un peuple. Il n’y a pas d’identité pleine sans l’appartenance à un peuple. C’est pourquoi personne n’est sauvé seul, en tant qu’individu isolé, mais Dieu nous attire en prenant en compte la trame complexe des relations interpersonnelles qui s’établissent dans la communauté humaine: Dieu a voulu entrer dans une dynamique populaire, dans la dynamique d’un peuple» (Exhort. ap. Gaudete et Exsultate, n.6). Ainsi, le seul chemin que nous ayons pour répondre à ce mal qui a gâché tant de vies est celui d’un devoir qui mobilise chacun et appartient à tous comme peuple de Dieu. Cette conscience de nous sentir membre d’un peuple et d’une histoire commune nous permettra de reconnaitre nos péchés et nos erreurs du passé avec une ouverture pénitentielle susceptible de nous laisser renouveler de l’intérieur.
Tout ce qui se fait pour éradiquer la culture de l’abus dans nos communautés sans la participation active de tous les membres de l’Eglise ne réussira pas à créer les dynamiques nécessaires pour obtenir une saine et effective transformation. La dimension pénitentielle du jeûne et de la prière nous aidera en tant que peuple de Dieu à nous mettre face au Seigneur et face à nos frères blessés, comme des pécheurs implorant le pardon et la grâce de la honte et de la conversion, et ainsi à élaborer des actions qui produisent des dynamismes en syntonie avec l’Evangile. Car «chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui» (Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n.11).
Il est essentiel que, comme Eglise, nous puissions reconnaitre et condamner avec douleur et honte les atrocités commises par des personnes consacrées, par des membres du clergé, mais aussi par tous ceux qui ont la mission de veiller sur les plus vulnérables et de les protéger. Demandons pardon pour nos propres péchés et pour ceux des autres. La conscience du péché nous aide à reconnaitre les erreurs, les méfaits et les blessures générés dans le passé et nous donne de nous ouvrir et de nous engager davantage pour le présent sur le chemin d’une conversion renouvelée.
En même temps, la pénitence et la prière nous aideront à sensibiliser nos yeux et notre cœur à la souffrance de l’autre et à vaincre l’appétit de domination et de possession, très souvent à l’origine de ces maux. Que le jeûne et la prière ouvrent nos oreilles à la douleur silencieuse des enfants, des jeunes et des personnes handicapées. Que le jeûne nous donne faim et soif de justice et nous pousse à marcher dans la vérité en soutenant toutes les médiations judiciaires qui sont nécessaires. Un jeûne qui nous secoue et nous fasse nous engager dans la vérité et dans la charité envers tous les hommes de bonne volonté et envers la société en général, afin de lutter contre tout type d’abus sexuel, d’abus de pouvoir et de conscience.
De cette façon, nous pourrons rendre transparente la vocation à laquelle nous avons été appelés d’être «le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain» (Conc. OEcum. Vat.II, Lumen Gentium, n.1).
« Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui », nous disait saint Paul. Au moyen de la prière et de la pénitence, nous pourrons entrer en syntonie personnelle et communautaire avec cette exhortation afin que grandisse parmi nous le don de la compassion, de la justice, de la prévention et de la réparation. Marie a su se tenir au pied de la croix de son fils. Elle ne l’a pas fait de n’importe quelle manière mais bien en se tenant fermement debout et à son coté. Par cette attitude, elle exprime sa façon de se tenir dans la vie. Lorsque nous faisons l’expérience de la désolation que nous causent ces plaies ecclésiales, avec Marie il est nous bon «de donner plus de temps à la prière» (S. Ignace de Loyola, Exercices Spirituels, 319),cherchant à grandir davantage dans l’amour et la fidélité à l’Eglise. Elle, la première disciple, montre à nous tous qui sommes disciples comment nous devons nous comporter face à la souffrance de l’innocent, sans fuir et sans pusillanimité. Contempler Marie c’est apprendre à découvrir où et comment le disciple du Christ doit se tenir.
Que l’Esprit Saint nous donne la grâce de la conversion et l’onction intérieure pour pouvoir exprimer, devant ces crimes d’abus, notre compassion et notre décision de lutter avec courage.
Du Vatican, le 20 août 2018.
FRANÇOIS
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1 «Mais cette sortede démonsne se chasse que par la prière et par le jeûne» (Mt 17,21).
2 Cf. Lettre au peuple de Dieu en marche au Chili, 31 mai 2018.
3 Lettre au Cardinal Marc Ouellet, Président de la Commission Pontificale pour l’Amérique Latine, 19 mars 2016.
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