23.02.13
PRIER c’est parler à Dieu ;
prier c’est louer Dieu ;
prier c’est dire à Dieu qu’on l’aime ;
prier c’est contempler Dieu ;
prier c’est avoir l’esprit et le cœur attachés à Dieu ;
prier c’est demander pardon à Dieu,
prier c’est appeler Dieu à notre secours ;
prier c’est demander à Dieu pour nous et pour tous les hommes la sainteté et le salut…
Or l’amour a pour effets nécessaires de dire qu’on aime sans fin et sans mesure…
Donc la prière est inséparable de l’amour,
au point que nos prières seront en quelque sorte la mesure de notre amour…
L’esprit de Jésus de Charles de Foucauld
Rome, 13 février 2013 Benoît XVI |
"La certitude que l’Église est du Christ me soutient et m’éclaire", a déclaré Benoît XVI au début de l'audience générale de ce mercredi 13 février, en la Salle Paul VI du Vatican, en présence de quelque 7 000 visiteurs du monde entier qui lui ont fait une ovation, après deux jours d'émotion forte. Le pape les a remerciés de leur amour et de leur prière.
Allocution de Benoît XVI
Chers frères et sœurs,
Comme vous le savez, j’ai décidé – merci pour votre sympathie –, j’ai décidé de renoncer au ministère que le Seigneur m’a confié le 19 avril 2005.
Je l’ai fait en pleine liberté pour le bien de l’Église, après avoir longuement prié et avoir examiné ma conscience devant Dieu, bien conscient de la gravité de cet acte, mais en même temps conscient de n’être plus en mesure d’accomplir le ministère pétrinien avec la force qu’il demande.
La certitude que l’Église est du Christ me soutient et m’éclaire. Celui-ci ne cessera jamais de la guider et d’en prendre soin. Je vous remercie tous pour l’amour et la prière avec lesquels vous m’avez accompagné.
Merci, j’ai senti presque physiquement au cours de ces jours qui ne sont pas faciles pour moi, la force de la prière que me donne l’amour de l’Église, votre prière. Continuez à prier pour moi, pour l’Église, pour le futur Pape. Le Seigneur nous guidera.
Rome, 17 février 2013 |
Si Jésus « a dû démasquer et repousser les fausses images de Messie que le tentateur lui proposait », l’homme aussi est tenté par « de fausses images de l’homme », estime Benoît XVI : « en tout temps [ces tentations] attentent à [sa] conscience », en le poussant « non pas directement vers le mal, mais vers un faux bien ».
Le pape a présidé l’avant-dernier angélus de son pontificat, ce dimanche 17 février 2013, avec des dizaines de milliers de personnes du monde entier réunies sur la place Saint-Pierre au Vatican.
Après la prière mariale, il a remercié en italien pour cette présence en nombre, y voyant « un signe de l’affection et de la proximité spirituelle que vous me manifestez en ces jours ». Depuis l'annonce de son départ le 11 février dernier, Benoît XVI a déjà remercié à différentes reprises pour le soutien reçu de la part des baptisés du monde entier.
Paroles de Benoît XVI avant l’angélus (en italien)
Chers frères et sœurs,
Mercredi dernier, avec le traditionnel rite des cendres, nous sommes entrés dans le Carême, temps de conversion et de pénitence en préparation à Pâques. L’Eglise, qui est mère et maîtresse, appelle tous ses membres à se renouveler dans l’esprit, à se réorienter résolument vers Dieu, reniant l’orgueil et l’égoïsme pour vivre dans l’amour. En cette Année de la foi le Carême est un temps favorable pour redécouvrir la foi en Dieu comme critère de base de notre vie et de la vie de l’Eglise. Ceci comporte toujours une lutte, un combat spirituel, parce que l’esprit du mal, naturellement, s’oppose à notre sanctification et cherche à nous faire dévier du chemin vers Dieu. Pour cela, le premier dimanche de Carême, est proclamé chaque année l’Evangile des tentations de Jésus dans le désert.
Jésus en effet, après avoir reçu l’"investiture" comme Messie – "Oint" de l’Esprit Saint – au baptême dans le Jourdain, fut conduit par le même Esprit dans le désert pour être tenté par le diable. Au moment de commencer son ministère public, Jésus a dû démasquer et repousser les fausses images de Messie que le tentateur lui proposait. Mais ces tentations sont aussi de fausses images de l’homme, qui en tout temps essaient de piéger la conscience, en prenant la forme de propositions avantageuses et efficaces, et même bonnes. Les évangélistes Matthieu et Luc présentent trois tentations de Jésus, qui sont différentes seulement par leur ordre. Leur noyau central consiste toujours à instrumentaliser Dieu pour ses propres intérêts, en donnant plus d’importance au succès ou aux biens matériels. Le tentateur est sournois : il ne pousse pas directement vers le mal, mais vers un faux bien, en faisant croire que les vraies réalités sont le pouvoir et ce qui satisfait les besoins primaires. De cette façon, Dieu devient secondaire, il se réduit à un moyen, en définitive il devient irréel, il ne compte plus, il s’estompe. En dernière analyse, c'est la foi qui est en jeu dans les tentations, parce que Dieu est en jeu. Dans les moments décisifs de la vie, mais aussi, à bien y voir, à chaque instant, nous sommes face à un carrefour : est-ce que nous voulons suivre le « moi » ou Dieu ? L’intérêt individuel ou bien le vrai Bien, c’est-à-dire ce qui est réellement bon ?
Comme nous l’enseignent les Pères de l’Eglise, les tentations font partie de la "descente" de Jésus dans notre condition humaine, dans l’abîme du péché et de ses conséquences. Une "descente" que Jésus a parcourue jusqu’à la fin, jusqu’à la mort en croix et aux enfers de la séparation suprême avec Dieu. De cette façon, Il est la main que Dieu a tendue à l’homme, à la brebis égarée, pour la sauver. Comme l’enseigne saint Augustin, Jésus a pris nos tentations, pour nous donner la victoire (cf. Enarr. in Psalmos, 60,3: PL 36, 724). Donc n’ayons pas peur d’affronter nous aussi le combat contre l’esprit du mal : l’important est que nous le fassions avec Lui, avec le Christ, le Vainqueur. Et pour rester avec Lui adressons-nous à sa Mère, Marie: invoquons-la avec confiance filiale à l’heure de l’épreuve, et elle nous fera sentir la présence puissante de son Fils divin, pour repousser les tentations avec la Parole du Christ, et ainsi remettre Dieu au centre de notre vie.
Paroles de Benoît XVI après l’angélus
(En français)
(En français)
Chers pèlerins francophones, le Carême qui vient de commencer est une invitation à donner davantage de temps à Dieu, dans la prière, la lecture de sa Parole et les sacrements. Par le jeûne nous apprendrons à ne pas négliger la véritable nourriture, spirituelle, pour résister aux tentations de l’indifférence et du laisser-aller, de l’égoïsme et de l’orgueil, de l’argent et du pouvoir. Méditons la manière dont Jésus a surmonté les tentations et demandons-lui la force de lutter contre le mal. Que ce Carême soit pour chacun le chemin d’une authentique conversion à Dieu et un temps de partage intense de notre foi en Jésus Christ ! Je vous remercie de votre prière et je vous demande de m’accompagner spirituellement durant les Exercices spirituels qui commenceront ce soir. Je vous bénis tous de grand cœur.
(En italien)
Un chaleureux salut enfin aux pèlerins de langue italienne. Merci à vous ! Merci d’être venus si nombreux ! Merci ! Votre présence est un signe de l’affection et de la proximité spirituelle que vous me manifestez en ces jours. Je vous en suis profondément reconnaissant ! Je salue en particulier l’administration de Roma Capitale, conduite par le Maire, et avec lui je salue et je remercie tous les habitants de cette Cité aimée de Rome. Je salue les fidèles des diocèses de Vérone, ceux de Nettuno, de Massannunziata et de la paroisse romaine de Santa Maria Janua Coeli, comme les jeunes de Seregno et de Brescia. A tous je souhaite un bon dimanche et un bon chemin de Carême. Ce soir commencera la semaine d’Exercices spirituels : restons unis dans la prière. Bonne semaine à vous tous. Merci !
© Libreria Editrice Vaticana
Traduction de Zenit, Anne Kurian
DÉCLARATION de BENOIT XVI du 11 février 2013
Frères très chers,
Je vous ai convoqués à ce Consistoire non seulement pour les trois canonisations, mais également pour vous communiquer une décision de grande importance pour la vie de l’Église. Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. Je suis bien conscient que ce ministère, de par son essence spirituelle, doit être accompli non seulement par les œuvres et par la parole, mais aussi, et pas moins, par la souffrance et par la prière. Cependant, dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Évangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié. C’est pourquoi, bien conscient de la gravité de cet acte, en pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d’Évêque de Rome, Successeur de saint Pierre, qui m’a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du 28 février 2013 à vingt heures, le Siège de Rome, le Siège de saint Pierre, sera vacant et le conclave pour l’élection du nouveau Souverain Pontife devra être convoqué par ceux à qui il appartient de le faire.
Frères très chers, du fond du cœur je vous remercie pour tout l’amour et le travail avec lequel vous avez porté avec moi le poids de mon ministère et je demande pardon pour tous mes défauts. Maintenant, confions la Sainte Église de Dieu au soin de son Souverain Pasteur, Notre Seigneur Jésus-Christ, et implorons sa sainte Mère, Marie, afin qu’elle assiste de sa bonté maternelle les Pères Cardinaux dans l’élection du Souverain Pontife. Quant à moi, puissé-je servir de tout cœur, aussi dans l’avenir, la Sainte Église de Dieu par une vie consacrée à la prière.
BENEDICTUS PP XVI
20.02.13
LE CARÊME,
UN PRINTEMPS POUR NOS ÂMES
Le mot « Lent » est un mot ancien pour printemps. Le temps de Carême est un temps dans nos vies personnelles pour l'apparition d'une vie nouvelle, et pour la disparition de nos vieilles attitudes glacées. C'est un temps pour déblayer le terrain, pour enlever tous les détritus, pour faire la taille. C'est un temps pour préparer le grand événement pascal.
Le Carême dure six semaines. Il commence le mercredi des Cendres en nous proposant de construire autour ce temps saint sur la Charité (les œuvres de miséricorde et l'aumône), la prière et la pénitence. C'est l'ordre proposé par Jésus dans l'évangile du mercredi des Cendres. Le temps de Carême, par conséquent, avec sa liturgie riche, est construit sur et autour de ces trois thèmes fondamentaux. Ce sont les éléments de base de la vie chrétienne, mais ils sont spécialement mis en valeur pendant le temps du Carême.
Jésus a vécu ce temps de réflexion que ces quarante jours de Carême nous présentent. Dans le vastre désert de silence, de solitude et de sécheresse de Judée, Jésus a fait ses choix finals, définitifs et nouveaux. Il a réfléchi à l'orientation de sa vie, à la présence du Père, à faire fidèlement la volonté de son Père, à l'utilisation de son temps, au pouvoir et aux dons personnels.
N'oubliez pas, cela aurait pu être une tentation terrible pour Jésus au cours de sa vie terrestre de se servir de son pouvoir à sa convenance, de faire un mauvais usage de ses dons et de devenir alors un héros mondial aux yeux des hommes... ce qu'il n'a jamais fait, même pas une fois. Jésus n'a voulu être ni un héros mondial, ni un homme politique ; il a voulu être un dirigeant religieux qui était envoyé par le Père pour nous montrer le chemin du ciel. « Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique ; ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » (Jn 3, 16-17).
Il a choisi un désert sec, loin de tout et de tous ; et cela aussi n'a pas été pour un jour ou deux mais pour une longue période de quarante jours.
Les moyens qu'il a choisis pour parvenir à la clarté réelle de ses convictions furent la prière intense, avec des genres de solitude et de jeûne effrayants... qui l'ont fait craquer et se donner totalement aux autres pendant sa vie publique, pour satisfaire la faim et la soif du cœur, de l'esprit, de l'âme et du corps humain. Il a pu faire cela seulement parce qu'il appartenait totalement à son Père, sans condition, sans limites, de bon cœur.
A partir de cette longue retraite que Jésus a fait, il est devenu armé par la puissance du Saint Esprit. Au même moment il est aussi devenu conscient de la présence et du pouvoir apparent du diable. Satan est réellement trompeur et faux. Ses suggestions ne peuvent jamais être une aide à long terme. « Il est le père des mensonges. » Il n'y a pas de bonté ni aucune vérité en lui. Il est totalement mauvais. Cependant, il est extrêmement intelligent pour tromper les gens avec ses machinations et ses tours insidieux. Il peut venir à nous en ange de lumière pour nous tromper au moment opportun, quand nous sommes peut-être fatigués, découragés, en colère ou faibles dans notre corps, notre esprit et notre âme. Le démon n'a honte de rien. Il continue de choisir ses victimes parmi les âmes fragiles, en étudiant avec beaucoup de soin et d'attention les points, les moments et les endroits délicats. Il connaît chacun de nous mieux que nous. Imaginez ce qu'il a fait à Jésus dans le désert après quarante jours de jeûne et de prière.
Les évangiles synoptiques nous donnent le compte de ce que satan a essayé de faire à Jésus dans le désert (Mt 4, 1-11 ; Mc 1,12-13 : Lc 4, 1-13) et sur la Croix (Mc 15, 31-32).
Là il n'a pas pu faire avec Jésus ce qu'il a fait avec Eve dans le jardin, quand elle regardait le fruit défendu. Ecoutez ce que dit le livre de la Genèse : « La femme s'aperçut que le fruit de l'arbre devait être savoureux, qu'il avait un aspect agréable et qu'il était désirable, puisqu'il donnait l'intelligence. Elle prit de ce fruit, et en mangea. Elle en donna aussi à son mari, et il en mangea. » (Gn 3,6)
Par contre nous voyons Jésus, qui fut sévèrement tenté, pas une fois mais trois fois en un rien de temps, mais sans aucun succès.
Cela vaut la peine de noter comment Luc l'a écrit à la fin des trois tentations, quand satan a complètement perdu sa bataille contre Jésus : « Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le démon s'éloigna de Jésus jusqu'au moment fixé » (Lc 4, 13).
A cet égard le document « Vita Consecrata » nous exhorte, en disant : « Il est aussi nécessaire de déceler et de surmonter certaines tentations qui se présentent parfois, par ruse diabolique, sous les apparences du bien... » (38 §3).
Le Carême est un temps de solitude plus grande, la solitude du désert afin de contempler avec Marie le visage défiguré de Jésus ; un temps de silence parce que « L'appel à la sainteté ne peut être entendu et suivi que dans le silence de l'adoration devant la transcendance infinie de Dieu... » (Vita Consecrata 38) ; un temps d'abnégation de soi pour infuser en nous l'esprit de prière, de charité et de paix.
C'est un temps pour apporter la joie là où il y a la tristesse ; pour apporter l'espérance là où il y a le désespoir ; pour apporter la foi là où il y a le doute ; pour apporter l'amour là où il y a la haine ; pour apporter le pardon là où il y a l'offense.
C'est un temps de prière plus fervente ; un temps pour offrir plus de sacrifices et de faire des œuvres de miséricorde spirituelles et corporelles ; un temps de fidélité à nos devoirs d'état, aux devoirs qui nous incombent, etc.
C'est un temps de pénitence pour redécouvrir la valeur et l'importance des pratiques ascétiques traditionnelles, telles que le jeûne et l'abstinence. Ces pratiques doivent s'effectuer doucement, avec assiduité et sérénité dans l'imitation et la solidarité avec la souffrance de Jésus, et en réparation de nos péchés et de ceux des autres et comme un signe du désir de nous identifier avec l' « homme des douleurs » , comme une expression de notre amour pour les membres souffrants du corps mystique de Jésus-Christ : « ce qu'il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l'accomplis dans ma propre chair » (Col 1, 24).
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. »
(cf Jn 15, 12-14).
C'est un temps pour porter notre attention sur les lectures liturgiques, basées sur les trois thèmes : la prière, la pénitence et les œuvres de miséricorde ; pour suivre de très près et très fidèlement la liturgie de la messe, la Liturgie des Heures, y compris l'Office de lectures.
C'est un temps pour être de plus en plus doux, aimable, en faisant attention et en supportant les épreuves de la vie : « Il vaut mieux faire des erreurs avec gentillesse que de faire des miracles avec dureté » (Bienheureuse Teresa M.C.).
Lisons en les méditant profondément les passages suivants plusieurs fois pendant ce temps saint :
a) « Il y a trois actes, mes frères, trois actes en lesquels la foi se tient, la piété consiste, la vertu se maintient : la prière, le jeûne, la miséricorde. La prière frappe à là porte, le jeûne obtient, la miséricorde reçoit. Prière, miséricorde, jeûne, les trois ne font qu'un et se donnent mutuellement la vie.
En effet, le jeûne est l'âme de la prière, la miséricorde est la vie du jeûne. Que personne ne les divise... Donc, celui qui prie doit jeûner ; celui qui jeûne doit avoir pitié ; qu'il écoute l'homme qui demande, et qui en demandant souhaite être écouté ; il se fait entendre de Dieu, celui qui ne refuse pas d'entendre lorsqu'on le supplie.
Celui qui pratique le jeûne doit comprendre le jeûne : il doit sympathiser avec l'homme qui a faim, s'il veut que Dieu sympathise avec sa propre faim ; il doit faire miséricorde, celui qui espère obtenir miséricorde ; celui qui veut bénéficier de la bonté doit la pratiquer ; celui qui veut qu'on lui donne doit donner. C'est être un solliciteur insolent, que demander pour soi-même ce qu'on refuse à autrui...
Donc la prière, la miséricorde, le jeûne doivent former un patronage pour nous recommander à Dieu, doivent former un seul plaidoyer en notre faveur, une seule prière en notre faveur sous cette triple forme. » (cf St Pierre Chrysologue Sermon 43. Office des lectures du mardi de la 3ème semaine de Carême).
b) « L'Évangile devient opérant par la charité, qui est la gloire de l'Église et le signe de sa fidélité au Seigneur. C'est ce que montre toute l'histoire de la vie consacrée, que l'on peut considérer comme une exégèse vivante de la parole de Jésus : « Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25, 40). De nombreux Instituts, surtout à l'époque moderne, sont nés précisément pour répondre à tel ou tel besoin des pauvres. Et même lorsque cette finalité n'a pas été déterminante, l'attention et l'intérêt portés aux plus démunis et exprimés par la prière, l'accueil et l'hospitalité, ont toujours été naturellement présents dans les différentes formes de vie consacrée, y compris la vie contemplative. Comment pourrait-il en être autrement, dès lors que le Christ contemplé dans la prière est Celui-là même qui vit et souffre dans les pauvres ? Dans ce sens, l'histoire de la vie consacrée est riche d'exemples merveilleux et parfois géniaux. Saint Paulin de Nole, qui avait distribué ses biens aux pauvres pour se consacrer pleinement à Dieu, fit construire les cellules de son monastère au-dessus d'un hospice destiné précisément aux indigents. Il se réjouissait à la pensée de cet « échange de dons » singulier : les pauvres, assistés par lui, affermissaient par leur prière les « fondations » mêmes de sa maison, tout entière vouée à la louange de Dieu. Saint Vincent de Paul, pour sa part, aimait dire que, lorsqu'on est contraint d'interrompre la prière pour assister un pauvre dans le besoin, en réalité, on ne l'interrompt pas, parce que c'est « quitter Dieu pour Dieu ». (Vita Consecrata 82).
Le Carême est un temps d'écoute. La Parole de Dieu nous est donnée en abondance. Regardez les textes du temps de Carême, les riches paraboles, le choix des évangiles, les grands thèmes de foi, la conversion et le retournement vers Dieu qui nous attend et nous aime déjà. On nous demande de faire plus que juste écouter en ce temps de Carême. On nous demande de juger nos vies avec l'aide de la Parole de Dieu..
Le Carême est un temps de pénitence spéciale et d'évaluation personnelle. On nous rappelle les paroles du Christ qui nous dit que si nous ne faisons pas pénitence, nous périrons tous : « Qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive. » (Mc 8, 34).
« Il faut aussi redécouvrir les moyens de l'ascèse, caractéristiques de la tradition spirituelle de l'Église et de chaque Institut. Ils ont constitué, et ils constituent toujours, un soutien puissant pour un cheminement authentique vers la sainteté. L'ascèse, aidant à dominer et à corriger les tendances de la nature humaine blessée par le péché, est vraiment indispensable pour que la personne consacrée reste fidèle à sa vocation et suive Jésus sur le chemin de la Croix. » (Vita Consecrata 38 § 2).
Des applications pratiques :
Essayer de sourire plus tendrement et de garder un esprit de sérénité et de joie.
Etude sérieuse de la Passion de Jésus et la contempler.
Ne pas perdre de temps paresseusement. Rappelons-nous du fameux dicton : « Le cœur de l'homme paresseux est l'atelier du démon ». Ne donnons aucune occasion à notre adversaire, le démon, qui « comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie. Résistez-lui avec la force de la foi » (cf 1P 5, 8-9a).
« Le mérite de la Croix ne consiste pas dans sa pesanteur, mais dans la manière avec laquelle nous la portons » ; « On attire plus les mouches avec une cuillerée de miel qu'avec cent barils de vinaigre » (St François de Sales).
« Cela est pratiqué par ceux qui du matin au soir se soumettent avec joie à une règle, qui s'efforcent d'être attentifs à leurs prières, et recueillis toute la journée, qui restent silencieux quand ils ont envie de parler, qui évitent la vue des objets qui excitent la curiosité, qui souffrent sans se plaindre du temps hors de saison, qui montrent de la gentillesse envers ceux pour lesquels ils ressentent une antipathie naturelle, qui acceptent humblement et patiemment les reproches qu'on leur fait, qui s'accommodent des goûts, des désirs et de tempéraments des autres, qui supportent la contradiction sans s'irriter... faire tout cela, non pas une fois en passant, mais par habitude, faire cela non simplement patiemment, mais joyeusement – c'est déjà un vertu héroïque et quand plus
(A. Tanquerey)
Je vous souhaite un joyeux et saint Carême.
Que Dieu vous bénisse.
Père Sebastian Vazhakala M.C.