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07.03.08

French (FR)   CREDO : Dixième article du Symbole des Apôtres  -  Categories: prières, jc, Cardinal Urs von Balthasar, CREDO  -  @ 16:20:29

X

(A) la rémission des péchés

1. D'un côté, cet énoncé de foi ne nous paraît pas particulièrement important, car nous avons encore à peine encore une idée de ce qu'à proprement parler « péché » veut dire. Au plan individuel et au plan social, il existe tellement d'injustice dans le monde, que l'on se demande ce qu'une « rémission » peut y changer. D'un autre côté, cet énoncé nous apparaît presque incompréhensible : comment un crime, un forfait, paut-il être simplement effacé, comme si rien ne s'était passé? Une remise de peine serait compréhensible d'un point de vue juridique, et aussi d'un point de vue humanitaire. Mais cette radiation de toute faute, telle que les chrétiens se la représentent, manifestement à partir du Baptême ou de la Pénitence : qui pourrait imaginer cela?

Est-ce pourtant, en réalité, si difficile? A l'enfant qui n'a pas été sage, une mère ne peut-elle pardonner de telle sorte que, pour les deux, l'incident n'existe plus, se trouve englouti dans l'oubli? Quelque chose de semblable ne peut-il pas se produire aussi, par ailleurs, entre les hommes qui se réconcilient? La formule : « lui pardonner cela, je le peux assurément; mais l'oublier, non », est insensée, car elle montre que le pardon n'est pas intégral.

Le pardon humain, que nous comprenons, est indissolublement relié, dans le Pater noster, avvec notre espérance et notre demande que Dieu apure nos comptes près de lui. Non pas comme si Dieu avait besoin de notre acte de pardon humain pour nous pardonner à nous-mêmes; néanmoins, il ne peut remettre de faute si nous refusons nous-mêmes aux autres la rémission, et ne pouvons donc pas non plus , pour cette raison, la recevoir de Dieu.

La « rémission des péchés » est, à nouveau, une œuvre tri(u)nitaire de Dieu. « Père, pardonne-leur », dit le Fils sur la Croix. Et le Père pardonne parce qu'il voit à quel point le Fils pardonne à ses débiteurs, et tous les deux font au pécheur le don de l'Esprit de sainteté, l'infusant dans son cœur de glace afin qu'il se mette à fondre, et que l'amour se mette à ruisseler en lui.

2. Oui, c'est le Baptême qui est visé en première ligne, ce baptême auquel Jésus lui-même s'est soumis dans le Jourdain et lors duquel l'Esprit Saint descendit sur lui. Depuis il est à l'œuvre « pour la rémission des péchés », comme l'affirme le grand Credo. Non pas automatiquement, mais pas non plus seulement sur la base du repentir et de la volonté du bénéficiaire de commencer une nouvelle vie dans la foi, l'espérance et l'amour. Bien plutôt de telle sorte que sans cette conversion, sans cette remise de soi à Dieu, le sacrement fondé par Jésus ne produit pas son effet.

Car ainsi en va-t-il dans tous les sacrements – l'Eucharistie a déjà été nommée, et la Pénitence est quelque chose comme une réactivation du Baptême - : ce sont des actes de Dieu en faveur de l'homme quand, à ces sacrements, celui-ci s'ouvre et se confie dans la foi. Quand l'homme croit au miracle, il advient pour lui, selon les dispositions établies par le Christ et l'Église. Toujours de manière personnelle pour chaque croyant. On ne peut pas baptiser un peuple, absoudre un peuple; mais, même quand plusieurs sont ensemble, c'est toujours bien précisément celui-ci ou celui-là qui, comme la femme affectée d'un flux de sang , touche le manteau du Christ.

Dans l'Ancienne Alliance, c'est le peuple qui était le partenaire de l'alliance, se détournait de Dieu, criait vers lui dans sa misère, était gracié, puis était ramené à Dieu. Il n'y a rien de semblable quand Dieu rencontre, comme homme, chaque homme en particulier. « Que veux-tu ? » - « Seigneur que je voie ». « Simon, m'aimes-tu? » - « Tu sais que je t'aime. » - « Alors pais mes brebis! » A ce régime appartient le plein pouvoir, accordé à Pâques, de remettre les péchés avec l'autorité du Christ. Il serait impossible à quiconque de dire à un autre : je te pardonne ton meurtre, ton divorce, ton apostasie. Même si l'Église permet à tous de conférer le baptême en cas de nécessité, ce n'est toutefois que parce qu'elle a reçu du Seigneur l'autorité de lier et de délier en son nom.

3. Sans remettre en cause ce qui a été dit, le pardon est cependant demandé à chaque croyant. Ce n'est qu'après réconciliation mutuelle, que la célébration du culte chrétien est permise (Mt 5,23s; Mc 11,25). Par le sacrifice du Christ, Dieu le Père a voulu faire se réaliser sa réconciliation avec le monde, et cela de telle manière que (entre lui-même et le Fils qui l'aime, dans l'Esprit qui participe à tous les deux), il refait intra-trinitairement sa place à l'aspect de justice qui est présent dans tout amour).

Pour cette raison, il veut aussi qu'entre croyants l'offensé prenne l'iniative de la réconciliation (« si là tu te souviens d'un grief que ton frère a contre toi, va d'abord te réconcilier avec lui »). C'est seulement comme réconciliés que nous sommes membres du Christ. C'est pourquoi l'Apôtre demande que « les forts portent les faiblesses de ceux qui n'ont pas cette force » (Ro 15,1), sachant qu'il est peut-être plus difficile à Dieu de supporter notre sentiment de supériorité, que les manquements des faibles.

Comme chrétiens nous ne vivons plus seulement les uns à côté des autres; mais, puisque nous sommes incorporés au Christ, nous vivons aussi de quelque manière les uns dans les autres, et, à vrai dire, pas seulement avec un groupe, pas seulement avec une communauté ou une Église, mais avec tous ceux pour qui le Christ s'est livré en expiation pour la rémission des péchés. Personne n'est ici exclu. Et c'est pourquoi le chrétien ne connaît pas le mot « ennemi ».

04.03.08

French (FR)   CREDO : Neuvième article du Symbole des Apôtres  -  Categories: prières, jc, Cardinal Urs von Balthasar, CREDO  -  @ 10:30:33

IX

(A) la sainte Eglise catholique,

(à) la communion des saints

1.La confession du Père, du Fils et de l'Esprit est achevée. Ce qui fait encore suite, est la confession de l'œuvre de salut des trois personnes divines. C'est la raison pour laquelle disparaît , à partir de maintenant, le petit mot « en » (en latin « in », au sens de : se donner dans la foi au Père, au Fils et à l'Esprit). Ce que nous reconnaissons maintenant dans la foi en ce Dieu, c'est beaucoup plus ce que, par grâce, il a fait pour nous!

Son premier don est l'Église. Qu'elle existe et qu'elle est connue, est présupposé : le croyant individuel, qui dit « je crois » (non pas « nous croyons »), le fait à l'intérieur de cette sainte communion. Ce qu'elle est demeure, car elle est œuvre du Dieu tri(u)nitaire, mystérieuse à bien des égards. « Ecclesia » veut dire « Appelée », et le commencement de cet appel fut l'élection d'Israël pour être un « peuple saint et sacerdotal » dont la plus haute fleur devint mère du Fils fait homme; au pied de la Croix, celui-ci donne à son tour cette mère comme archétype à son nouvel « Israël de Dieu » (Ga 6,16). L'Esprit de la Pentecôte achève l'œuvre, et donne aux membres de la communauté ecclésiale de mettre en application dans le monde entier l'ordre de mission du Christ.

Gardant ses racines en Israël, élevée par le Fils dans son Eucharistie à la dignité d'être corporellement son épouse, et rendue par l'Esprit capable d'une digne réponse, l'Eglise est de part en part une œuvre organique, et qui porte la création à son accomplissement, du Dieu tri(u)nitaire.

2.« Sainte », l'Église l'est par la sanctification de l'Esprit qui, dans le deuxième article, descendait déjà sur la Vierge immaculée. Et c'est bien pour cette raison que c'est avant tout à cause d'elle, que l'Église peut être dite « Immaculata » (Ep 5,27). « Catholique », elle l'est parce que, recelant en elle-même le Mystère de toute la vivante vérité de Dieu, elle est appelée, par sa mission dans le monde entier, à le communiquer à tout ce qui est créé. En aucune manière elle n'est une « sainte » enclave dans un monde profane et sans Dieu. Elle est le mouvement initié par Dieu pour communiquer à « toutes les nations » (Mt 28,18-20) le salut accompli – don de Dieu que nous pouvons faire nôtre – dans l'Esprit et le Destin de Jésus-Christ, dans sa « toute-puissance » et sa présence (« pour toujours, jusqu'à la fin du monde »).

Communiquer est plus qu'enseigner (« leur apprenant à observer »); c'est entraîner dans la puissance sanctifiante de Dieu (« les baptisant ») et, ainsi, dans l'obligation de vivre d'une manière qui corresponde à ce don de grâce. Une telle tâche, même quand on est équipé de « l'armure de Dieu » (Ep 6,11), fera entrer dans un processus constamment dramatique (« comme les brebis au milieu des loups »). Le Christ le prévoit bien, et il le dit aux siens (« pour qu'une fois cette heure venue, vous vous rappeliez que je vous l'ai dit », Jn 16,4). L'Apocalypse décrit avec un réalisme implacable la bataille qui court, ainsi, à travers l'histoire du monde. Déjà les Actes des Apôtres et la vie de Paul sont un témoignage unique de ce que la mission catholique de l'Église ne s'avère toujours victorieuse que dans la persécution, l'échec et le martyre : « [Sur la croix,] j'ai vaincu le monde » (Jn 16,33).


3. L'Église est « communion des saints ». L'expression désigne d'abord les « choses saintes », ainsi avant tout l'Eucharistie, autour de laquelle se rassemble l'Église, pour son salut et pour sa mission catholique. Mais précisément pour cette raison, le passage à la « communion des personnes saintes » est ici la conséquence immédiate.Et, à partir des deux, nous avons un regard sur l'insondable mystère : parce que Jésus « est mort pour tous », personne ne peut plus vivre ou mourir pour soi seul (2 Co 5,14 s); mais, dans une renonciation de chacun à lui-même par amour, ce qu'il a de bien appartient à tous. Il en résulte entre tous les membres du corps ecclésial du Christ un échange général et une circulation de sang qui sont sans fin. Et, précisément, ces membres qui sont désignés comme « saints » au sens fort, sont comme des chambres au trésor ouvertes et accessibles à tous, comme des sources vives auxquelles chacun peut boire. Rien dans la communion des saints n'est privé, bien que tout soit personnel. Mais sont « personnes », au sens chrétien justement, ceux qui, à la suite de la personne divino-humaine de Jésus, « ne vivent plus pour eux-mêmes », et ne meurent pas, non plus, pour eux-mêmes.

C'est ici seulement que la mission catholique et apostolique de la catholica devient visible dans sa nature dernière : dans la prière, le don de soi, le sacrifice et l'acte de se livrer à la mort pour les frères, elle anticipe déjà ce qu'elle leur apporte dans le travail extérieur de la mission. Preuve : la petite Thérèse comme patronne de toutes les missions.

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