24.10.19
7 juillet 2019
“ Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? ” (Luc 17, 17)
"Aujourd'hui, le pape François viendra à Casal Bertone pour effectuer les rites du Corpus Domini. À 18 heures, il célébrera la messe ; à la fin de la messe, la procession du Saint-Sacrement porté par son Eminence le cardinal vicaire Angelo De Donatis, commencera dans les rues de Rome, et ira jusqu’au terrain de football "Pro-Roma", adjacent à Casa Serena, un accueil de nuit pour des hommes sans abri dirigé par les Missionnaires de la Charité du Père Sebastian Vazhakala. La procession eucharistique passera par Via Casal Bertone, Via Portonaccio et Via Latino Silvio ... " (Avvenire 25, dimanche 23 juin 2019).
Vers 14h15 le dimanche 23 juin 2019, je suis allé au réfectoire de Casa Serena avec trois grands sacs en plastique remplis d'environ 70 chemises blanches toutes neuves de trois tailles différentes, données à ma demande par l'un de nos bienfaiteurs. Au bout de quinze à vingt minutes, nos hommes de Casa Serena sont venus autour de moi comme des mouches. Chacun trouva très vite sa taille. Même ceux qui n'étaient pas si intéressés par le fait d’aller à la messe sont devenus enthousiastes et joyeux. Tous avaient l'air élégants et radieux. La plupart sont venus comme des enfants pour me montrer comme ils étaient élégants. Ils se sentaient plus dignes et plus présentables, l'occasion leur faisant sentir qu'ils allaient participer à un important événement religieux et priant. Ils étaient devenus une partie indissociable et essentielle du Corpus Domini !
Comme il restait encore quelques chemises blanches et quelques hommes encore à venir, je me suis dirigé vers la porte d’entrée de Casa Serena afin qu’ils puissent avoir leur chemise et se préparer très rapidement. Il était 15h00 passé. Frère André Marie M.C. était déjà alors à la porte pour commencer le court pèlerinage. Ceux qui étaient prêts sont allés avec frère André Marie M.C .. A 15h40 frère Jan-Timo M.C., frère Benedict M.C., frère François Marie M.C., frère Jose M.C., frère Dominic M.C., frère. Donatus M.C. et le père Sebastian M.C., tous les LMC, les volontaires, le reste des hommes de Casa Serena, M. Rick et Mme Espie LMC des États-Unis, le frère du frère Benedict M.C., M. Jaison et sa famille de Singapour, ainsi que tous ceux qui souhaitaient partir avec nous se sont rendus à Santa Maria Consolatrice, à Casal Bertone.
Casa Serena avait réservé des places juste en face. Ils avaient également une entrée séparée avec pratiquement aucun contrôle de sécurité. Le soleil ne semblait pas du tout miséricordieux. Certaines des sœurs M.C. et des religieuses d'autres congrégations avaient déjà pris les sièges de devant car nos hommes préféraient un endroit ombragé sous le (s) arbre (s) plutôt que des sièges devant avec une chaleur accablante. Il en a été de même pour nos frères et les LMC. Certains des LMC de Rome se sont assis avec nos sœurs M.C., plus près de l'autel.
Les prêtres concélébrants furent guidés par l'un des paroissiens désigné à cet effet. Tous les concélébrants étaient ensemble dans une même pièce. Vers 17h15 le curé de la paroisse, Don Luigi Lani, entra dans la salle et dit que tous sauf les curés et le père Sebastian M.C. devaient mettre leurs aubes et leurs chasubles et se rendre à la place qui leur était assignée. Environ neuf d'entre nous sommes restés. Quelques minutes plus tard, un garde est venu et a déclaré que nous devions tous aussi quitter la pièce et nous rendre à la place réservée aux prêtres concélébrants. Ceux qui étaient arrivés avant nous avaient pris les places à l'avant près de l'autel.
À un moment, un des prêtres est venu vers moi et m'a demandé de l'accompagner. J'ai été obligé de faire la queue avec tous les évêques auxiliaires du diocèse de Rome. Le pape François les a salués un par un et puis ce fut à mon tour et j'ai essayé d'embrasser son anneau épiscopal, mais il a retiré sa main. J'avais une carte de remerciement et une lettre d'un LMC à donner au pape François. Comme je pensais que je n'allais pas rencontrer le pape François en personne, conformément aux instructions des gardes, je les avais données à l'un des prêtres responsables de la célébration. J'espère et je prie pour que les lettres soient parvenues aux mains du pape François !
La procession commença. Je fus placé avec les évêques et les ai suivis conformément aux instructions. Deux d'entre nous, prêtres, nous étions directement derrière les évêques. Juste avant que le pape ne vienne en procession à l'autel, l'un des prêtres en charge est venu et nous a dit de nous déplacer du côté opposé de l'autel, car il y avait deux chaises libres. Alors je me suis déplacé comme indiqué sur le côté opposé. J’ai fini sur la même rangée que celle dans laquelle frère Jan-Timo M.C. et frère Benedict M.C. étaient assis. Frère Jan-Timo M.C. très gentiment m'a demandé de prendre sa chaise, alors qu'il s’est déplacé sur une chaise vacante qui était dans la même rangée !
À ce moment-là, le pape François, accompagné de plusieurs ministres, diacres et acolytes, atteignit l'autel. Sans introduction ni mot de bienvenue, le pape François commença par le rite pénitentiel d'introduction. La chorale chanta en latin d'abord le Kyrie, puis le Gloria. Les lectures étaient celles de la fête du dimanche du Corpus Christi, de l’année C. J’aimerais citer ici le texte intégral de l'homélie du pape François, qui a été donnée en italien. Il commença l'homélie en se basant sur les deux mots clés de la lecture: «Dire e Dare - parler et donner». Lors de la rencontre d’Abram avec le prêtre et roi Melchisédech, ces mots ont été prononcés à cette occasion et combien leurs mots et leurs offrandes furent agréables et acceptables !
Juste en face de l'autel, en bas des marches, étaient assis tous les enfants de la première communion de huit paroisses de la XIV préfecture. Le soleil n'avait aucune pitié d’eux. Certains se sont évanouis alors que d'autres ont vomi… Les volontaires les ont aidés. Plus de deux heures avant l'heure prévue pour la sainte messe, la plupart des gens avaient pris leur chaise. Bien qu'une foule de dix mille personnes devait participer à la célébration eucharistique, il n'y avait que trois mille chaises disposées pour des groupes spéciaux, dont les frères M.C. et les personnes de Casa Serena, les sœurs M.C., les LMC, les bénévoles et les autres membres de la famille M.C.
Juste avant l'offertoire de la messe, tous les prêtres concélébrants furent convoqués à l'église où on leur remit à chacun un ciboire rempli d'hosties qui devaient être consacrées et distribuées aux fidèles pendant la communion. Tous les prêtres qui portaient des ciboires se tenaient sur les marches qui faisaient face à l'autel. Juste avant l’Agnus Dei, les prêtres furent accompagnés par l'un des volontaires, qui nous amenèrent aux lieux désignés pour distribuer la sainte Communion, juste après le communiqué du célébrant principal. Ceux qui distribuaient la sainte Communion recevront la communion à la fin à l'autel principal de l'église Notre-Dame de Consolation. On me demanda de distribuer la communion à nos frères, aux LMC, aux hommes de Casa Serena, aux volontaires, etc.
Après la prière de communion, le pape François exposa le Saint-Sacrement et l’encensa. Entre-temps, le vicaire du pape François, son Eminence le cardinal Angelo de Donatis, fut prêt à porter l’ostensoir, tandis que les sœurs M.C. et tous les membres de notre groupe Casa Serena furent invités à se rendre à Via Casal Bertone. De la Via Casal Bertone, la procession se rendit à Via Portonaccio. Seule une partie de la grande foule rejoignit la procession. En moins de vingt minutes, la procession atteignit le terrain de football adjacent à Casa Serena et le cardinal plaça l’ostensoir sur le trône préparé par le personnel du Vatican.
Outre le cardinal, il y avait six évêques auxiliaires du diocèse de Rome, qui se sont approchés de l’estrade (autel) préparé pour l'occasion. Les concélébrants étaient de l'autre côté de l'autel. Je me tenais à côté des évêques, plus près de l'autel en face de notre couvent et de Casa Serena, Jésus pouvait facilement voir notre maison mère et les frères : frère Luke M.C., frère Ricardo M.C., Mme Gianna LMC, Sr Maria Fidelis et quelques autres, qui étaient sur notre terrasse pour rejoindre la dernière partie de la procession du Corpus Domini et recevoir la bénédiction donnée par le pape François avec le Saint-Sacrement !
Bien que frère Elia ait pris la peine d'amener frère Piet M.C. près de l'autel, pour je ne sais qu’elle raison, il ne pouvait pas l'emmener là où le pape François devait lui donner sa bénédiction, mais eux deux reçurent la bénédiction en étant très proches de Jésus sur l'autel.
Le bon Dieu a entendu ma prière et m’a accordé mon désir peut-être enfantin. Le pape François, comme chaque évêque a béni à trois reprises avec l’ostensoir. Et voilà qu’à la troisième il s'est totalement tourné vers notre maison et Casa Serena. Je ne pourrais pas exprimer assez de gratitude envers Jésus pour sa grande faveur. Non seulement Dieu entend le cri des pauvres, mais il répond également au cri des pauvres. Comment pourrait-il en être autrement ; la vie que nous vivons est sa vie et le travail que nous faisons est son travail. Mon cœur fut rempli de joie et de gratitude. Je me suis senti comme le lépreux samaritain qui retourna louer Dieu à haute voix et se prosterna aux pieds de Jésus et le remercia (cf. Lc 17, 11-19).
Bien que la procession soit arrivée très rapidement, le pape François a pris son temps pour atteindre le lieu. Tous attendaient impatiemment en silence l'arrivée du pape. Finalement, le saint Père atteignit l'endroit et alla directement à la tente préparée pour lui. Cela me fit penser à Moïse qui rentra dans la tente de la réunion… Le pape François est sorti, vêtu de la cape et de l’étole, et a lentement grimpé sur l’estrade avec les ministres, pendant que la chorale chantait le Tantum ergo.
Le pape François fit l'encensement ; l’odeur douce de l'encens s'éleva et se répandit autour de notre quartier, où nous avons une adoration perpétuelle du Saint Sacrement et un service de tout cœur et gratuit aux hommes sans abri de Casa Serena par notre communauté de frères, de LMC, de volontaires et d’autres. Le parfum de l'adoration perpétuelle, les prières et la charité envers les pauvres se sont mêlés au parfum de l'encens. Il y eut la fusion de l'éternité et du temps dans le sacrement de l'Eucharistie. Nos hommes de Casa Serena étaient radieux et brillaient dans leurs chemises blanches. Le Saint-Père, après avoir salué une vieille dame de 103 ans, monta dans la voiture et partit pour Santa Marta, au Vatican.
De nombreuses personnes, y compris des prêtres, continuent de poser des questions sur la célébration de la fête du Corpus Domini et de Casa Serena, comme ils étaient et sont très étroitement liés à Jésus dans le Pain de Vie. Pour moi, Jésus dans le Pain de Vie et Jésus dans le plus pauvre des pauvres sont deux aspects inséparables d’une même réalité. Casa Serena n'aurait pas existé sans Jésus dans le Pain de Vie. C’est Jésus dans l’Eucharistie qui nous donne la force de vivre notre Chemin de vie de frères M.C. Contemplatifs et de donner un service gratuit de tout cœur aux plus pauvres des pauvres. Ste Teresa de Calcutta a écrit à l'archevêque Ferdinand Perier SJ en 1947 : «Votre Excellence, apportez-nous toute l'aide spirituelle dont nous aurons besoin. Si nous avons Notre Seigneur au milieu de nous avec la Messe et la Sainte Communion quotidiennes, je ne crains rien ni pour les sœurs ni pour moi-même. Il prendra soin de nous. Mais sans lui je ne peux exister. Je suis impuissante ».
“O Sacrement très saint, O sacrement divin. Que toutes les louanges et toutes les actions de grâces soient à chaque instant pour Toi »
Quand des gens et des prêtres me posent des questions sur la visite du pape François à Casa Serena, ce qui me vient spontanément à l'esprit sont les paroles du centurion qui a dit à Jésus : «Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri » (Cf. Mt 8, 5-10). Je dis la même chose : nous ne sommes pas dignes, cependant, que le pape François vienne chez nous mais l'amour ne renonce jamais… et l'amour n’échoue jamais.
«La patience obtient tout» (Sainte Thérèse d'Avila).
Avec mon amitié et ma prière.
Que Dieu vous bénisse.
Père Sébastien Vazhakala m.c.