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07.01.19

French (FR)   Lettre de Noël 2018 Père Sébastien M.C.  -  Categories: Père Sebastien  -  @ 15:19:24
Noël 2018 Frères et sœurs bien-aimés, Le matin de Noël nous sommes allés dans l’une des maisons de retraite dans la banlieue de Rome. En entrant j’ai salué les résidents en leur souhaitant un joyeux et saint Noël. Leur réponse fut très froide. Ils manquaient de joie réelle et d’enthousiasme. Je leur ai dit en italien : « Noël est avec les vôtres ». C’est une façon de dire que Noël est une fête de famille à célébrer avec tous les membres de la famille. Là aussi la réponse fut lente et froide. Je leur ai dit : « Vous avez l’air triste. » L’une d’entre eux dit : « Je ne suis pas triste, je suis très en colère ». « Pourquoi êtes-vous en colère? » lui ai-je demandé. Elle me dit : « Je suis en colère parce qu’aucun membre de ma famille n’est venu me saluer, me souhaiter un joyeux Noël. Pour moi il n’y a pas de Noël. Je ne le sens pas. Plusieurs d’entre eux furent d’accord avec Mme Mariza. Plusieurs d’entre eux sont laissés seuls, abandonnés par les membres de leur propre famille dans une maison de retraite pour y mourir. Ils sont comme dans une sorte de « camp de concentration (camp de la mort) ». Ils sont là pour vivre et attendre le jour de leur mort. Je suis allé dans la cuisine et une jeune femme faisait des « lasagne ». Je lui ai souhaité un joyeux Noël. « Quel Noël, père ? Je dois travailler. Mon petit garçon de quatre ans est à la maison, seul avec un chien de compagnie. C’est notre Noël à nous ». Mais alors, je lui ai dit : « Grâce à Dieu, vous avez au moins un travail. Si vous étiez sans emploi ce serait pire ». Elle fut d’accord. Je lui ai dit : « Vous devez expliquer à votre enfant que si vous n’aviez pas de travail cela serait pire ». Elle se sentit heureuse : la joie de Noël la toucha. Jésus était né en elle. A la fin de la messe beaucoup d’entre eux semblèrent plus heureux. Ils voulaient tous parler. Maria a plus de cent ans. Elle paraissait plus jeune que son âge. Elle aussi souriait. Son esprit est en très bonne forme, clair et alerte, lucide et attentif. Noël est pour tous. De la maison de retraite nous sommes allés dans l’un des plus grands hôpitaux de Rome qui s’appelle « Umberto Primo ». L’un de nos hommes de Casa Serena, qui s’appelle Biagio, a été amené aux Urgences. Cela nous a pris un certain temps pour trouver où il avait été placé. Aux Urgences, il y a aussi plusieurs services. Au bureau d’information il n’y avait personne. Nous sommes entrés dans l’un des services, l’Unité de Soins Palliatifs. Je pense qu’il pouvait y avoir plus de cent patients en observation, dans un état critique. Finalement nous avons trouvé Biagio dans un autre service. Là aussi ils étaient très nombreux. Ils savaient tous que c’était Noël. Biagio avait aussi des tubes pour l’aider à respirer. Jésus est venu pour tous, pour les malades et les personnes fragiles en particulier. Très souvent nous entendons quelqu’un du soi-disant premier monde, qui s’est rendu dans un pays du tiers monde, dire : « J’étais choqué, abasourdi, sans voix. Je me suis senti en colère et triste en même temps. Je me suis dit : comment se fait-il que les gens vivent dans une telle pauvreté, une telle misère, presque comme des animaux ! J’étais choqué, je voulais parler à des amis et des membres de ma famille à mon retour à la maison. Oh, je me disais, quel dommage qu’ils ne soient pas ici avec moi pour voir ce que je vois, pour expérimenter ce que j’expérimente, pour pleurer ensemble ! Je me suis senti seul et asphyxié de n’avoir personne réellement pour partager ce qui arrivait aux personnes du tiers monde. Que puis-je dire à ces personnes ? Leur langue est différente. Leur style de vie n’a rien en commun avec le mien. Si je parle du monde d’où je viens, j’ai peur que les personnes se sentent humiliées... Non, je ne veux pas faire cela. J’ai pensé poser quelques questions à quelques uns... mais j’ai manqué de courage. Mais alors devrais-je leur dire qu’ils pourraient avoir une vie meilleure si les hommes de leur pays utilisaient leur intelligence, travaillaient plus dur, travaillaient ensemble, travaillaient honnêtement. Mes paroles ne vont pas résoudre le problème de la pauvreté, le problème de leur misère. Tant de personnes dépendent des rues pour tout, laver, se laver, nettoyer, faire la cuisine, manger, dormir. Contrairement aux personnes du premier monde, je vois que ces personnes qui n’ont rien sont plus heureux, craignent plus Dieu, sont plus joyeux, partagent plus que les riches. Le mystère de la vie, la joie de ne rien avoir, la joie de la dépendance totale en Dieu, ne se trouve pas dans les vies des riches. Ils ont tout sauf Dieu. Les pauvres n’ont presque rien sauf Dieu. Oui, c’est le secret. Ils n’ont à se préoccuper de rien, ils vivent au jour le jour... Leur prière est : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour... » Ils n’ont pas beaucoup de trésors à conserver ni de granges pour ramasser la récolte. Leur vie est vraiment libre ». Ste Teresa de Calcutta a dit à Oslo, le lundi 10 décembre 1979 : « Nos gens ne sont pas pauvres, ils ont Dieu, ils le prient, ils louent Dieu et lui rendent grâce pour tout et pour tous. Ce sont les personnes de chez vous qui sont pauvres car il semble que vous n’ayez pas Dieu. Ceux qui ne croient pas en Dieu, à quoi est-ce qu’ils croient, quel est le but de leur vie sur la terre ? Ils ne peuvent pas être égalés aux animaux qui n’ont pas d’âme immortelle en eux. Nous qui sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1,26), nous avons des âmes immortelles. Nous ne vivons pas pour ce monde. Nous sommes tous des invités sur cette planète. Un par un nous devons dire au-revoir et revenir à notre Source. C’est là que nos célébrations ont du sens. Parce qu’il nous a tant aimés. Dieu a donné son Fils unique ; parce qu’il nous aime tant Jésus devient le Pain de Vie pour nous. C’est un grand mystère, le « Mysterium fidei... » Le monde de Jésus est au-delà du premier monde, ce monde dont St Paul a dit : « Nos yeux n’ont pas vu, nos oreilles n’ont pas entendu ». Jésus a quitté ce monde pendant quelques années et est venu dans notre monde, abimé par le péché, qui est pire que les personnes qui vivent dans la rue. Vivre dans le péché est pire que vivre dans la rue. Pire encore est l’indifférence que l’on montre. L’indifférence est pire que la pire sorte de pauvreté et de misère. La quête de l’homme moderne n’est pas une quête de Dieu mais d’argent et de choses matérielles, de plaisir et de confort de vie. L’homme moderne dévie sa soif de Dieu qui ne peut être étanchée, sa nostalgie insatiable de Dieu vers les choses matérielles, l’argent, la richesse et la possession de grands biens. C’est dans cette terre d’indifférence au vrai Dieu que l’homme moderne est né, vit et respire. L’air que nous respirons est pollué... contaminé, frelaté, mélangé aux préoccupations de combien d’argent nous pouvons faire, combien de richesse nous pouvons accumuler, de combien de plaisir et de confort nous pouvons jouir dans ce monde. Qui est plus pauvre, qui est plus malheureux, qui vit réellement comme les animaux ? !!! Les personnes qui vivent dans la rue sont pauvres et manquent des nécessités basiques de la vie. Elles doivent être aidées. Les personnes matériellement pauvres deviennent ainsi les sauveurs des riches, si les riches veulent bien donner, partager. Autrement l’histoire de Lazare et de l’homme riche se répètera à nouveau. Nous voyons de nombreux Lazare à nos portails, aux pieds de nos portes, pauvres spirituellement comme matériellement. Nous avons tout, père, mais pas la paix dans notre famille. Oui, ils ont tout, sauf Dieu, qui est la source de la paix, de la joie, du bonheur. Le bonheur ne peut pas s’acheter ni se commercialiser. C’est le don de Dieu à ses enfants. Mais nous devons le vouloir, nous devons avoir faim et soif de lui. Nous sommes tous censés avoir la nostalgie inextinguible de Dieu. Nos cœurs doivent être sans repos jusqu’à ce qu’ils reposent en Dieu, pour lequel nous sommes créés. Les M.C. sont appelés à être des bâtisseurs de ponts entre les riches et les pauvres. Nous devons construire le pont. Nous encourageons les gens à venir et à partager notre travail, qui est l’œuvre de Dieu. Ainsi tous nos bienfaiteurs de toutes religions ou sans religion seront sauvés en nourrissant les affamés, en désaltérant les assoiffés, en habillant les dénudés, en hébergeant les sans-abri, en visitant les prisonniers et en prenant soin des malades. Aussi longtemps que chacun est encouragé à faire de telles œuvres d’amour, de telles œuvres de miséricorde, c’est Noël et Jésus naît en eux. C’est là que la célébration de la naissance du Christ sur la terre, depuis plus de deux mille ans, prend son sens. Chaque fois que quelqu’un nourrit les affamés, c’est Noël. Chaque fois qu’un sans-abri est accueilli, c’est Noël, c’est la naissance du Christ. Jésus n’est pas une idée dont on parle mais une vie à vivre. Nous nous appelons nous-mêmes chrétiens, ce qui est juste et exact. Nous essayons de suivre son chemin. Il est notre idéal, notre modèle et notre miroir. Nous essayons de faire ce qu’il a fait mais aussi de la façon qu’il l’a fait. Il a bien fait toutes choses, parce qu’il les a faites avec amour. Nous aussi nous sommes appelés à faire les choses ordinaires avec un amour extraordinaire, les choses simples avec un grand amour. Aujourd’hui nous sommes appelés à faire notre pèlerinage de foi en esprit à Nazareth, à Bethléem. Nous voyageons avec Marie et Joseph avec angoisse et dans l’attente , avec des doutes et la foi, avec beaucoup de questions dans l’esprit, cependant résignés à faire la volonté de Dieu, avec une confiance aveugle et une obéissance parfaite. Il n’y avait pas de révolte chez Marie et Joseph. Ils avaient tous les deux toutes les raisons de dire qu’ils n’étaient pas en condition de voyager. Ils pouvaient facilement trouver des excuses. Nous aurions trouvé de nombreuses excuses si nous avions été à leur place, dans leur situation et leur condition. Mais ils ne le firent pas. Mais s’ils ne l’avaient pas fait. S’ils l’avaient fait de la façon que nous aurions pu le faire, les prophéties concernant la naissance du Messie à Bethléem en Judée ne se seraient pas réalisées. Combien de fois, en raison de notre manque de foi profonde et de confiance aveugle, nous renonçons à faire la volonté de Dieu et devenons ainsi des obstacles dans l’accomplissement du plan de Dieu. Les difficultés, les détresses, les épreuves et les tribulations peuvent être vues comme des obstacles ou des pierres d’achoppement. Ste Thérèse de Lisieux a dit que si sa prieure n’avait pas été aussi dure et sévère avec elle, elle ne serait pas devenue sainte. Contrairement à elle, contrairement à Marie et Joseph, nous nous plaignons souvent et prions pour que nos supérieurs et ceux qui sont en charge de la formation soient transférés. Certains même font des neuvaines pour que de telles personnes soient changées plutôt que de faire des neuvaines pour qu’ils puissent accepter de telles personnes avec gratitude et joie et que notre attitude puisse changer, nos cœurs s’élargir ! Jésus n’est pas venu dans le monde en touriste, pour visiter et regarder pour satisfaire sa curiosité ; il n’est pas venu sur la terre pour prendre de longues vacances dans son travail. Il n’est pas venu dans ce monde pour chercher un travail meilleur, pour gagner davantage d’argent. Il est venu dans ce monde pour que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance. Jésus n’est pas venu pour lui, il est venu pour nous, a vécu pour nous, est mort et est ressuscité à nouveau pour nous. St Jean, l’évangéliste, explique clairement le but de sa venue sur la terre :
« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3, 16-17). Ste Teresa M.C. avait l’habitude de dire : « Si nous passons notre temps à juger les autres, nous n’aurons pas de temps pour aimer les autres … ». Jésus ne nous a pas choisis pour critiquer et juger, mais pour aimer et sauver, pour continuer son œuvre de salut, spécialement pour ses pauvres. Car il a dit à Ste Teresa M.C. : « Je n’ai absolument personne pour mes très pauvres... » Jésus crie dans le pauvre pour demander de l’aide, nous reconnaissons Jésus dans les pauvres, nous entendons son cri dans les pauvres... Nous voyons Jésus nouveau né dans les petits... et chaque fois que nous faisons cela à quelqu’un, c’est Noël, et notre Noël devient béni et réel. Plus nous aimons, plus nous donnons,
Plus nous donnons, plus nous recevons,
Plus nous recevons, plus nous partageons.
Que notre amour et notre don ne cessent jamais ! Tandis que je souhaite à chacune et chacun de vous un joyeux et saint Noël et une Nouvelle Année 2019 remplie de paix, je prie pour que vous continuiez à permettre à Jésus de naître en vous et en moi afin que nous puissions aider les autres à faire de même. Que Dieu vous bénisse et vous récompense en abondance pour ce que vous êtes et ce que vous faites. Père Sébastien Vazhakala m.c.

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