09.04.15
Pâques, 5 avril 2015
PAS DE DIMANCHE DE PÂQUES SANS VENDREDI SAINT
Louez le Seigneur, le Christ est ressuscité, alléluia, alléluia.
Il est vraiment ressuscité, alléluia, alléluia.
Nous avons étouffé pendant quarante jours car nous ne pouvions pas dire ni chanter « alléluia », et si par hasard quelqu'un parmi nous, par distraction ou par routine, disait ou chantait alléluia, tous les yeux étaient tournés vers lui ou vers elle, on faisait des signes pour arrêter la personne qui se sentait mal, humilié même. On avait peur de dire ou de chanter « alléluia ».
Maintenant nous pouvons respirer normalement, et même si nous disons distraitement le mot « alléluia », personne va nous regarder avec mépris. En un sens c'est dommage que nous perdions l'occasion d'être humilié. Le pape François a dit dans son homélie du dimanche des Rameaux que nous apprenons l'humilité à travers les humiliations. Tous ceux qui ont été humiliés par le mot « alléluia » vont être exaltés maintenant à condition d'avoir saisi de telles occasions par amour et pour les âmes.
Le temps du Carême était un pèlerinage de foi. Mais pas simplement doctrinal ou théorique, c'est une foi vivante qui a mené nos cœurs à la conversion, à la purification, à la sanctification, au renouvellement et à la croissance. La plupart d'entre nous sommes arrivés à connaître l'amour de Jésus, la compassion de Jésus, l'esprit de Jésus, la condescendance incroyable de Jésus, son extrême « kénose », son anéantissement, son humilité, sa pauvreté, son obéissance, mais surtout son très grand amour, sa charité incommensurable et infinie. Nous pourrions continuer pendant des heures.
Mais alors nous n'aurons pas la joie de chanter « alléluia ». Venons alors à ce temps très saint de Pâques, qui est l'autre côté du Carême. Le temps du Carême et le temps de Pâques sont les deux côtés inséparables de la même réalité. Les deux sont absolument nécessaires. Cela peut se résumer et se réduire aux deux jours les plus beaux et les plus importants de la semaine : le vendredi et le dimanche, les deux renvoient au sixième jour de la création et amènent alors au premier jour de la recréation.
Le vendredi saint Jésus a brisé le vieil homme que Dieu avait créé le sixième jour et il a recréé le nouvel être humain le dimanche de Pâques. Dès lors nous avons ces deux jours inséparables pour nous souvenir du vieil homme et du nouveau . Le dernier chapitre des Évangiles et la totalité des Actes des Apôtres sont centrés exclusivement sur la réalité de la résurrection de Jésus.
Le vendredi saint et le dimanche de Pâques sont donc inséparables l'un de l'autre. Ils sont comme les deux côtés d'un même pièce de monnaie. Le vendredi saint aurait pu être une tragédie réelle si Jésus n'était pas ressuscité des morts. Nous connaissons tous bien la mort et l'enterrement, qui arrive à toute personne. Mais nous ne connaissons pas du tout la réalité des tombes vides. Nous savons que les cimetières sont remplis de tombes mais même après plusieurs centaines d'années il peut y avoir des restes s'il nous arrive d'ouvrir la tombe.
A Lima, au Pérou, il y a un monastère franciscain où au sous-sol il y a un énorme fossé dans lequel on peut voir les os, les crânes et les squelettes de plus de trente mille frères franciscains qui ont vécu et sont morts là.
Nous avons la tombe de St Pierre et de St Paul ; nous avons le corps de St Pie V exposés dans la Basilique Ste Marie-Majeure. On peut trouver les restes de très nombreux saints comme St Josaphat, St Pie X, St Jean XXIII et la tombe de St Jean-Paul II et de plusieurs autres dans la Basilique St Pierre.
Mais quand nous allons à la Basilique du Saint Sépulcre à Jérusalem, nous voyons que la tombe est vide. Les restes du corps de Jésus, ses os, son crâne et son squelette ne s'y trouvent pas. Et cela a été vérifié le troisième jour après son ensevelissement. Même l'énorme pierre à l'entrée du tombeau de Jésus n'a pas pu le retenir, l'empêcher de sortir.
Le créateur de l'univers ne peut pas être emprisonné dans un tombeau. Même deux gardes romains qui étaient supposés garder le tombeau et empêcher que le corps de Jésus soit volé n'y sont pas arrivés.
Les pharisiens et les autorités juives essayèrent d'expliquer l'événement de la résurrection de Jésus avec des termes humains et d'une façon injuste. Ils ont menti, ils ont soudoyé les soldats et ils ont arrêté quelques uns des apôtres. Pierre fut emprisonné. Ils ont décapité Jacques l'apôtre. Ils les ont fouettés, leur ont demandé de ne pas parler du nom de Jésus. Plus ils ont essayé de leur en empêcher, plus la bonne nouvelle s'est répandue. Saul, le pharisien érudit, formé par Gamaliel, le grand docteur de la loi, essaya de détruire les chrétiens.
Tous les efforts furent inutiles, parce qu'ils avaient vu et entendu, touché et contemplé, ils proclamaient la Bonne Nouvelle pour être en communion avec eux et leur communion était avec le Père et avec son Fils, Jésus-Christ (cf 1Jn 1,1-4).
Il suffit de parcourir le livre des Actes des Apôtres pour le voir. Les derniers chapitres des évangiles essaient de donner une description de la réalité du tombeau vide : les premiers qui ont vu le tombeau vide, le suaire roulé à part à sa place. Le disciple que Jésus aimait attendit Pierre pour qu'il soit le premier témoin officiel du tombeau vide : « C 'est alors qu'entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut. » (cf Jn 20,8)
Courons avec Pierre, descendons au tombeau avec Jean, voyons et croyons. Peut-être certains d'entre vous préfèrent être comme Marie-Madeleine qui se tint près du tombeau à l'extérieur en pleurant. Elle n'était pas intéressée par le tombeau vide mais elle voulait savoir où l'on avait mis le corps de Jésus. Aussi elle se pencha vers le tombeau et regarda à l'intérieur et vit deux anges vêtus de blanc, assis là où le corps de Jésus avait reposé, l'un à la tête et l'autre aux pieds. Mais elle ne vit pas le corps de Jésus, parce qu'il n'était plus enfermé dans le tombeau.
En plus du fait de la résurrection de Jésus, le Seigneur ressuscité veut que nous fassions un effort, que nous pratiquions la patience et que nous persévérerions dans notre recherche de Jésus. Aujourd'hui le tombeau vide peut être pour nous connecté avec notre vocation M.C.. La congrégation à laquelle nous sommes appelés à appartenir peut être comme le tombeau vide pour certains d'entre nous. Pour d'autres la vie spirituelle peut être le tombeau vide. Et pour d'autres il peut être encore la vie de prière, sèche et vide. Il peut être l'apostolat parmi les plus pauvres des pauvres ou il peut être la communauté où nous voyons de nombreuses superficialités.
Quand nous prions sans rencontrer la personne de Jésus, quand nous essayons de suivre Jésus sans la croix, quand nous pratiquons la charité sans transcendance, quand nous faisons des vœux sans renonciation, quand nous vivons notre vie consacrée sans joie et enthousiasme... nous regardons le tombeau vide sans le Seigneur ressuscité. Le Seigneur ressuscité demande effort, fidélité, renonciation, sacrifice, transcendance et conviction.
Comme nous avons vécu le temps du Carême en nous préparant à la célébration de la grande fête pascale, le temps de Pâques est un temps pour nous préparer avec humilité et espérance à la fête de la Pentecôte, bien qu'il y ait une grande différence dans l'Esprit et d'état d'esprit entre ces deux temps inséparables.
En conclusion je voudrais souhaiter à chacun d'entre vous une fête de Pâques remplie de paix. Comme Marie-Madeleine au tombeau vide, les disciples sur la route d'Emmaüs, les apôtres dans la chambre haute et les nombreux disciples, réjouissons-nous soyons heureux car le Seigneur est ressuscité, alléluia, alléluia. Il est vraiment ressuscité, alléluia, alléluia. Amen.
Que Dieu vous bénisse.
Père Sébastien Vazhakala M.C.