25.04.14
22 mars 2014
Appelé à servir
Le jeudi 13 mars 2014, un an est passé depuis l'élection du saint père le pape François comme évêque de la ville de Rome et du monde entier ; tandis que le mercredi 19 mars 2014, en la fête de saint Joseph, le patron et le protecteur de l’Eglise universelle, un an est passé depuis son installation.
Bien que chaque pape soit choisi pour nourrir les agneaux de Jésus et tondre ses moutons et bien que chaque pape soit choisi pour aimer Jésus plus que les autres (cf. Jn 21, 15-17), chaque pape est unique et la main de Dieu est très évidente dans l’élection des papes. C’est la barque de Jésus qui est l’Eglise et chaque pape est appelé à ramer à travers les nombreuses tempêtes de ce monde (cf. Lc 8, 22-25). Combien sommes-nous enclins à comparer le pape régnant avec le pape précédent, en oubliant que chacun d'entre eux est un cadeau de Dieu à son Eglise en fonction du temps, de la situation et des besoins. «Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure… » (cf. Jn 15, 26).
Peu importe ce que nous pensons d’eux, il est extrêmement difficile pour un pape de diriger l’Eglise contre les forts courants du monde. C’est une tâche très exigeante et je me demande de combien de souffrances cachées, de difficultés, de malentendus et même de calomnies le pape fait l’objet. Réellement, au lieu de se plaindre et de critiquer, de juger et de comparer, ce que nous devons tous faire, c’est offrir plus de sacrifices pour leur nombreuses intentions, prier avec plus de ferveur pour eux et en offrant continuellement des prières de louange et d’action de grâce à Dieu pour eux. Les papes sont des dons de Dieu à l’Eglise et au monde.
Beaucoup d’entre nous ont connu le bienheureux Jean-Paul II qui va être canonisé le dimanche de la Miséricorde, le 27 avril 2014, en même temps que le bienheureux Jean XXIII. Nous vivons aussi un temps exceptionnel pour l’Eglise comme nous avons deux papes qui vivent en même temps. Le pape Benoit XVI consacre à la prière et à la solitude le temps qu’il lui reste à vivre sur la terre. Il aime l’Eglise militante et il sert maintenant l’Eglise d’une manière absolument spirituelle. A travers sa prière, sa solitude avec Dieu il purifie et renforce l’Eglise. Que plus de personnes se dévouent totalement au service de l’Eglise à travers la prière, la pénitence et les sacrifices comme le pape Benoit XVI !
Notre pape actuel François, en un an, a attiré l’attention de millions de personnes à travers le monde grâce à ses enseignements simples et surtout par sa vie. Il vit comme il prêche. Il ne fait pas d’exceptions mais il veut être comme les gens ordinaires sans prétentions.
Il suit littéralement les enseignements perpétuels de notre Seigneur « car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Marc 10, 45). Il est difficile pour une personne de son rang d’être un parmi tous. C’est ce choix avec conviction et clarté que « Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, à notre ressemblance, excepté le péché. » (cf. Ph 2,6-11 ; He 4,15). Jésus, le Fils de Dieu et Sauveur du monde, était connu comme charpentier (Mc 6, 3).
Plus nous arrivons à connaitre Jésus, plus nous devenons simples, pauvres et joyeux . Notre vie a une dimension christologique profonde. Saint Paul a dit : « La vie que je vis n’est plus ma vie, mais c’est le Christ qui vit en moi ». Notre pape actuel, selon moi, essaie de nous enseigner cela par ses paroles et son exemple. Si Jésus devait vivre à nouveau sur la terre, comment vivrait-il ? Bien sûr, chacun selon sa compréhension de Jésus, doit non seulement suivre Jésus mais aussi laisser Jésus vivre en lui ou en elle. Si le Jésus de l’Evangile vit en nous pleinement, nous ne pouvons plus être ce que nous sommes, nous ne pouvons plus vivre de la même façon que nous vivons, nous ne pouvons plus parler et nous comporter de la façon dont nous parlons et nous nous comportons. Notre attitude, notre mentalité changeront. Saint Paul veut que nous ayons tous l’esprit du Christ (cf. Ph 2, 5 ). Il veut que nous soyons crucifiés avec le Christ pour le monde (cf. Ga 6, 14). La liberté sans la responsabilité n’est pas vraiment la liberté mais l’arbitraire. Jésus veut que nous soyons tous libres mais en même temps responsables de ce que nous sommes et de ce que nous faisons, de comment nous vivons, etc. Saint Paul a écrit aux Galates : « La liberté est ce que nous avons, le Christ nous a libérés » (5, 13ff).
Si nous suivons non seulement les enseignements de saint Paul dans ses lettres, mais aussi la façon dont il a compris et vécu l’Evangile de Jésus Christ depuis son expérience à Damas (cf. Ac 9 :1-19), nous comprendrons aussi le coût d’être un disciple, le coût de vivre pour Jésus.
La foi est un grand don de Dieu. Mais elle doit être vivante et active. La foi sans l’amour et le sacrifice est morte. La foi sans la fraction et le partage est statique. Si notre foi est vivante et active, elle est aussi dynamique ; et le fruit de la foi est l’amour. Il n’est pas possible pour nous, les Missionnaires de la Charité, de vivre notre vie religieuse et la vocation M.C. sans une foi vivante. Jésus n’a jamais accompli de miracles quand la foi manquait. St Marc dit que, certaines fois, Jésus n'a pas pu faire de miracles en raison du manque de foi du peuple (cf. Mc 6, 5).
Jésus a dit que même si on donne un simple verre d’eau fraiche à l'un de ces plus petits, en tant que disciple de Jésus, nous le faisons à Jésus et nous serons très certainement récompensés (Mt 10, 45). Plus nous avons la foi, en la personne de Jésus et dans ses paroles, plus nous pourrons non seulement faire son travail, mais le faire de la façon dont Jésus l’a fait, parce que c’est Jésus qui fait le travail à travers nous. La Bse Teresa de Calcutta a pu faire ce qu’elle a fait en raison de sa grande foi.
Sans la foi nous ne pouvons accepter le pardon des autres, ni ne pouvons pardonner aux autres. Moins nous avons la foi, plus la vie sera difficile pour nous et pour les autres.
Notre foi doit grandir en amour et notre amour en service. Si nous servons nos frères et sœurs dans la foi, l’espérance et l’amour, nous expérimenterons une paix profonde et une joie inoubliable. Ils sont tous liés ensemble, ce qui doit être soutenu par la prière, spécialement l’Eucharistie, la pénitence et les œuvres de miséricorde.
Plus nous aurons la foi, plus nous serons capables d’accepter les enseignements du Magistère de l’Eglise. Nous accepterons aussi le pape, les cardinaux, les évêques et les prêtres, en tant que représentants de Dieu, même s’ils ne sont pas ce que nous pensons qu’ils devraient être, même s’ils ont maintes faiblesses flagrantes et des échecs, parce qu’ils sont les représentants de Dieu sur cette terre pour mener le peuple à Dieu et amener Dieu au peuple, nous continuons de les respecter et de leur obéir.
Jésus continuera de dire ce qu’Il a dit aux apôtres en ce qui concerne les scribes et les pharisiens « Ecoutez leurs paroles, mais ne suivez pas leur exemple ». Maintes fois nos exemples peuvent ne pas être édifiants ni exemplaires. Ceci est simplement la vérité, nous ne devons pas être choqués ni surpris et notre foi ne devrait pas dépendre d’eux. La foi est don de Dieu pour nous. Ne la bradons pas, pour rien ni personne. Nous devons protéger notre foi et la faire grandir et produire du fruit en abondance.
Le mardi 18 mars 2014 à 7h00 dans la chapelle de Domus Sanctae Marthae, le Seigneur a donné à deux d’entre nous, ses servants indignes, Fr. Jan-Timo M.C. et Pr. Sébastien M.C., la joie de concélébrer avec le pape François la sainte Eucharistie. Il y avait environ 60 personnes en tout et 14 d’entre nous étaient des prêtres, un évêque, quelques religieuses, 30 laïcs d’une des paroisses de Rome et quelques autres de la Maison pontificale. Il y avait deux prêtres venant de Chine qui nous ont dit après la messe qu’ils ont été en prison pendant 59 longues années. Il y en a tant qui ont été emprisonnés pour leur foi et qu’on a fait souffrir terriblement. La plupart d’entre eux sont morts en prison. Quelques uns ont survécu et les deux prêtres ont eu l’occasion de venir à Rome afin de concélébrer avec le Saint Père.
La sainte messe du pape dans la chapelle de Domus Sanctae Marthae fut extrêmement simple. Elle n’aurait pas pu être plus simple que cela, avons-nous pensé. L’homélie été basée sur la lecture du jour, le mardi de la 2ème semaine du Carême. Le pape François a commencé son homélie en disant que Le temps du carême est un temps « pour ajuster, réformer nos vies, nous rapprocher davantage de Jésus ». « Personne n’est juste ; personne peut se sauver lui-même. Nous avons tous besoin du salut. Nous avons tous besoin de changer nos vies », a dit le pape François, « Nous devons aller plus en profondeur et voir comment est notre âme ».
« Que font les hypocrites ? Ils prétendent eux-mêmes être meilleurs que tout le monde, même en méprisant les autres. Ils disent : je suis très catholique, car mon oncle a été un grand bienfaiteur, ma famille est ceci et cela. J’ai connu tel et tel évêque, même des cardinaux…On se sent meilleur que les autres. Ceci est de l’hypocrisie », dit le pape. Le Seigneur dit : « Non, pas cela,… » Personne n’est juste aux yeux de Dieu. Chacun de nous doit être justifié. Le seul qui puisse nous justifier c’est Jésus Christ. On nous demande de nous laver, de ranger nos mauvaises actions aux yeux de Dieu. Nous devons cesser de faire le mal, apprendre à faire le bien, avec la justice pour but. » a continué le pape François.
La première lecture d’aujourd’hui donne la clé de notre chemin vers Dieu « Rachetez ceux à qui on a fait du tord, entendez la plainte de l’orphelin, prenez la défense de la veuve ». « Autrement dit, prendre soin des pauvres, des malades, de ceux qui sont dans le besoin, de l’ignorant. L’enseignement de Jésus dans l'évangile de Matthieu (ch 25) est la réponse et le signe » a dit le pape.
Le temps du carême, alors, est un temps pour ajuster notre vie, pour réorganiser, pour changer, un temps pour nous rapprocher de Jésus. Le Saint Père a conclu en disant « C’est si beau de nous rapprocher du Seigneur en ce temps de carême, qui nous permettra de nous voir tel que nous sommes afin d’être convertis au Christ, à son chemin, à son enseignement et à son exemple ».
Après la sainte messe nous avons eu la chance de rencontrer et de saluer le Saint Père François un par un. J’avais préparé une lettre, une belle carte avec un bouquet spirituel, une grande photo encadrée de la Bse Teresa en train d’allumer la lampe le jour de l’inauguration et de la bénédiction de notre première maison en Inde le 18 novembre 1995 et une copie du livre « La vie avec Mère Teresa » en espagnol.
J’ai aussi invité le pape à Casa Serena et il a répondu « Speriamo » (Nous espérons). J’ai également mentionné que le 19 mars 2014, cela fera 35 ans que notre branche contemplative a été fondée. « Allez de l’avant », a dit le pape en montrant son pouce.
J’ai pris chacun et chacune de vous avec moi pour la messe avec le pape, les frères, les LMC, les volontaires, les coopérateurs, les bienfaiteurs, nos pauvres, les membres de nos familles, en un mot tout les hommes de bonne volonté et généreux. Je voulais que le pape bénisse chaque personne dans le monde, tout spécialement tous ceux qui agonisent, tous ceux qui vivent dans le désespoir et à l’ombre de la mort.
Le mercredi 2 avril 2014, quatre de nos frères : Fr. James M.C., Fr. Shaji M.C., Fr. Jean Baptiste M.C., et Fr. Dharamveer Pio M.C., si Dieu le veut, vont faire leurs vœux pour la vie dans l’église de St. Joseph, à Nazareth, en Israël. Accompagnons-les avec nos prières et nos sacrifices. Ils ont la dernière partie de leur retraite d’un mois à Nazareth la dernière semaine de mars 2014. Vous serez tous dans nos prières et nos sacrifices. J’aimerais vous souhaiter, à chacun et à chacune, un carême rempli de grâces, préparation pour la grande fête de Pâques.
Ca sera tout pour le moment. Avec ma prière cordiale pour chacun de vous,
Que Dieu vous bénisse.
Père Sébastien Vazhakala M.C.