28.12.12
Noël
et la tendresse de Sartre
Le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la Culture, en parlant du livre de Joseph Ratzinger, du Pape Benoït XVI consacré aux récits évangéliques de l'enfance de Jésus publié dans plus de ciqunate pays : l'Enfance de Jésus :
«... A notre grille de lecture simple et essentielle du texte ratzingérien, en plus des quatre points cardinaux indiqués, nous voudrions ajouter de façon tout à fait marginale un appendice. Benoït XVI, comme il a eu l'occasion d'en témoigner aussi dans l'homélie de clôture du récent synode des évêques sur la nouvelle évangélisation, a très à cœur l'initiative du Parvis des Gentils.
Eh bien, nous voudrions en ouvrir un, idéal, autour des Evangiles de l'enfance de Jésus, en convoquant un non croyant d'origine contrôlé, l'écrivain et philosophe existentialiste français Jean-Paul Sartre. C'était Noël 1940 et dans le Stalag XII D de Trèves où il était prisonnier, il fut sollicité par ses compagnons chrétiens de détention pour composer une sorte de représentation sacrée. Il écrivit ainsi son premier texte théâtral, Bariona, ou le Fils du tonnerre.
Or, dans ce texte, à un certain moment, entre en scène Marie qui vient de donner le jour à l'Enfant Jésus et qui, comme n'importe quelle mère, s'était mise à le contempler avec tendresse, consciente de l'unicité de son expérience. Voici quelques lignes vraiment surprenantes de cette œuvre composée par un auteur appartenant sans aucun doute au groupe des Gentils. « Le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses entrailles. Elle l’a porté neuf mois. Elle lui donna le sein et son lait deviendra le sang de Dieu. (…) elle sent à la fois que le Christ est son fils, son petit à elle et qu’il est Dieu. Elle le regarde et elle pense : « Ce Dieu est mon enfant. Cette chair divine est ma chair. Il est fait de moi, Il a mes yeux et cette forme de sa bouche c’est la forme de la mienne. Il me ressemble. Il est Dieu et il me ressemble. »... Et aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle seule. Un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un Dieu qu’on peut toucher et qui vit. »
Selon le cardinal, ce texte de celui qui allait devenir l'écrivain existentialiste le plus célèbre met en lumière une "valeur en déclin dans nos jours un peu vulgaires : la tendresse, et ses déclinaisons diverses, comme la douceur, la délicatesse, l'affection, la modération"