28.04.09

Traduction littérale de la dernière lettre de Mère Teresa à l'ensemble de sa Congrégation appelée "son testament"
+LDM 25 Mars, 1993 Varanasi
Mes très chers enfants, Soeurs, Frères et Pères,
Cette lettre étant très personnelle, j'ai voulu l'écrire de ma propre main, mais il y a tant de choses à dire. Mais même si elle n'est pas de la main de Mère, elle vient cependant du coeur de Mère.
Jésus veut que je vous dise encore- surtout en cette Semaine Sainte- combien Il a d'amour pour chacun d'entre vous, au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer. Je m'inquiète de ce que certains d'entre vous n'aient pas encore vraiment rencontré Jésus -seul à seul- : vous et Jésus seulement. Nous pouvons passer du temps à la chapelle, mais avez-vous vu – avec les yeux de votre âme- avec quel amour Il vous regarde? Connaissez-vous vraiment Jésus vivant, non pas à partir de livres mais en étant avec Lui dans votre coeur? Avez-vous entendu les mots d'amour qu'Il vous dit ? Demandez la grâce: Il a le désir ardent de vous la donner. Tant que vous n'entendrez pas Jésus dans le silence de votre propre coeur, vous ne pourrez pas l'entendre dire « J'ai soif »dans le coeur des pauvres. N'abandonnez jamais ce contact intime quotidien avec Jésus comme une personne réelle vivante, non pas juste comme une idée. Comment pouvons-nous passer même un seul jour sans entendre Jésus dire « Je t'aime ». Impossible. Notre âme en a besoin autant que notre corps a besoin de respirer l'air. Sinon, la prière est morte, la méditation n'est que réflexion. Jésus veut que chacun d'entre vous l'entende - parler dans le silence de votre coeur.
Faites attention à tout ce qui pourrait faire obstacle à ce contact personnel avec Jésus vivant. Le diable peut essayer de se servir des blessures de la vie, et quelquefois de nos propres fautes pour vous faire sentir qu'il est impossible que Jésus vous aime réellement, qu'Il est vraiment attaché à vous. C'est un danger pour nous tous. Et c'est très triste, parce que c'est complètement à l'opposé de ce que Jésus veut réellement et attend de vous dire. Non seulement qu'Il vous aime, mais encore plus: qu'Il vous désire ardemment. Vous Lui manquez quand vous ne venez pas près de Lui. Il a soif de vous. Il vous aime toujours, même quand vous ne vous en sentez pas dignes. Lorsque vous n'êtes pas acceptés par les autres, même parfois par vous-même. Il est celui qui vous accepte toujours. Mes enfants, vous n'avez pas à être différents pour que Jésus vous aime. Croyez seulement : vous êtes précieux pour Lui. Apportez toutes vos souffrances à ses pieds, ouvrez seulement votre coeur pour qu'Il vous aime tels que vous êtes. Il fera le reste.
Vous savez tous dans votre esprit que Jésus vous aime, mais avec cette lettre, Mère veut plutôt toucher votre coeur. Jésus veut ranimer nos coeurs, pour que nous ne perdions pas notre premier amour, surtout dans le futur quand Mère vous aura quittés. C'est pourquoi je veux que vous lisiez cette lettre devant le Saint Sacrement, là même où elle a été écrite, afin que Jésus lui-même puisse parler à chacun de vous.
Pourquoi Mère vous dit-elle cela? Après avoir lu la lettre du Saint Père sur « J'ai soif », j'étais tellement frappée que je ne pourrais pas vous dire ce que j'ai ressenti. Cette lettre m'a fait découvrir encore davantage combien notre vocation est belle. Combien est grand l'amour de Dieu envers nous pour qu'Il est choisi notre Congrégation pour étancher cette soif de Jésus, d'amour , et des âmes – en nous donnant notre place spéciale dans l'Église. En même temps nous rappelons au monde Sa Soif , quelque chose que l'on oubliait. J'ai écrit au Saint Père pour le remercier. La lettre du Saint Père est un signe pour notre Congrégation toute entière – pour approfondir de plus en plus cette grande soif de Jésus de chacun de nous. C'est aussi un signe pour Mère, que le temps est venu pour moi de parler ouvertement du don que Dieu a fait le 10 septembre, d'expliquer de façon aussi détaillée que je le peux ce que signifie pour moi la Soif de Jésus.
Pour moi, la Soif de Jésus est une chose si intime, que jusqu'à présent je me suis sentie gênée pour vous parler du 10 septembre. Je voulais faire comme Notre Dame qui « gardait toutes ces choses dans son coeur. » C'est pourquoi Mère n'a pas tellement parlé de « J'ai soif », surtout en public. Mais cependant les lettres et les instructions de Mère la désigne toujours, en montrant les moyens d'étancher Sa Soif à travers la prière, l'intimité avec Jésus, en vivant nos voeux, surtout notre 4ème voeu. Pour moi c'est si clair : tout chez les MC existe uniquement pour étancher la Soif de Jésus. Ses paroles écrites sur le mur de chaque chapelle MC, ne proviennent pas seulement du passé, mais elles sont vivantes ici et maintenant, elles vous sont dites. Est-ce que vous le croyez? Si vous le croyez , vous entendrez, vous sentirez Sa présence. Laissez-la devenir aussi intime pour chacun de vous qu'elle l'est pour moi: c'est la plus grande joie que vous puissiez m'offrir. Mère essaiera de vous aider à comprendre, mais Jésus lui-même doit être le seul à vous dire « J'ai soif » Ecoutez votre propre nom. Pas seulement une fois. Chaque jour. Si vous écoutez avec votre coeur, vous entendrez, vous comprendrez.
Pourquoi Jésus dit-il « J'ai soif »? Qu'est-ce que cela signifie? C'est très difficile de l'expliquer avec des mots. Si vous deviez retenir une seule chose de la lettre de Mère, rappelez-vous ceci: « J'ai soif » est quelque chose de beaucoup plus profond que Jésus disant seulement « Je vous aime. »Tant que vous ne saurez pas de façon très intime que Jésus a soif de vous, vous ne pourrez pas commencer à savoir qui Il veut être pour vous. Ni qui Il veut que vous soyez pour Lui.
Le coeur et l'âme des MC est seulement ceci : la Soif du Coeur de Jésus, caché dans les pauvres. C'est la source de tout ce qui fait la vie des MC. Elle nous donne notre But, notre 4ème voeu, l'Esprit de notre Congrégation. Etancher la soif de Jésus vivant au milieu de nous : est la seule raison d'être de la Congrégation. Pouvons-nous chacun d'entre nous en dire autant que c'est notre seule raison de vivre? Demandez-vous : est-ce que cela ferait une différence dans ma vocation, dans ma relation avec Jésus , dans mon travail, si la Soif de Jésus n'était plus notre But, n'était plus sur les murs de la chapelle?Est-ce que cela changerait quelque chose dans ma vie? Est-ce que j'en ressentirais une perte? Posez-vous ces questions honnêtement et que ce soit un test pour chacun pour voir si la Soif de Jésus est une réalité, quelque chose de vivant, pas simplement une idée.
« J'ai soif » (Jn 19,28) et « C'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25,30) : rappelez-vous toujours de lier les deux, les moyens avec le But. Que nul ne sépare ce que Dieu a uni. Ne sous-estimez pas nos moyens pratiques: le travail pour les pauvres, si petit ou humble qu'il soit – qui font de notre vie quelque chose de beau pour Dieu. Ils sont les dons les plus précieux de Dieu à notre Congrégation, : la présence cachée mais si proche de Jésus, si capable de nous toucher. Sans notre travail pour les pauvres le But disparaît – la Soif de Jésus est réduite à des mots qui n'ont pas de sens ni de réponse . En unissant les deux, notre vocation de MC restera vivante et réelle, ce que Notre Dame a demandé.
Faites attention au choix des prédicateurs de retraite. Ils ne comprennent pas tous correctement notre esprit. Ils peuvent être saints et érudits, cela ne suppose pas pour autant qu'ils aient la grâce d'état de notre vocation. S'ils vous disent quelque chose de différent de ce que Mère écrit dans cette lettre, je vous demande de ne pas écouter ni de vous laisser troubler. La Soif de Jésus est le foyer de tout ce qui est MC. L'Eglise l'a confirmé encore et encore : « Notre charisme est d'étancher la Soif de Jésus d'amour et des âmes , en travaillant au salut et à la sanctification des plus pauvres parmi les pauvres. » Rien de différent. Rien d'autre. Faisons tout ce que nous pouvons pour protéger ce don de Dieu à notre Congrégation.
Croyez-moi, mes chers enfants, soyez très attentifs à ce que Mère vous dit maintenant: seule la Soif de Jésus, si vous l'entendez, la ressentez, y répondez avec tout votre coeur, gardera la Congrégation en vie après que Mère vous aura quittés. Si c'est votre vie, tout ira bien pour vous. Même quand Mère vous aura quittés, la Soif de Jésus ne vous quittera jamais. Jésus, assoiffé dans les pauvres, vous L'aurez toujours avec vous.
C'est pourquoi je veux que les Soeurs actives et les Frères actifs, les Soeurs contemplatives et les Frères contemplatifs, et les Pères s'aident mutuellement à étancher la Soif de Jésus avec leurs dons particuliers : en se soutenant, en se complétant les uns les autres et cette Grâce précieuse d'une Famille unie, avec un seul But et objectif. N'excluez pas les Coopérateurs ni les Laïcs MC de cette demande, c'est leur appel à eux aussi, aidez-les à le comprendre.
Parce que le premier devoir du prêtre est le ministère de la prédication, j'ai demandé il y a quelques années à nos Pères de commencer à parler sur « J'ai soif », pour entrer plus profondément dans le don que Dieu a fait à notre Congrégation le 10 septembre. Je sens que Jésus veut cela d'eux, aussi dans le futur – priez donc Notre Dame de les garder dans ce rôle particulier de leur 4ème voeu. Notre Dame nous aidera tous pour cela, puisqu' elle fut la première personne, avec St Jean, et j'en suis sûre Marie Madeleine, à entendre le cri de Jésus « J'ai soif ». Parce qu'elle était là au Calvaire, elle sait combien le désir ardent de Jésus pour vous et pour les pauvres est réel et profond. Le savons-nous? Le sentons-nous comme Elle? Demandez-lui de vous l'apprendre, vous et toute la Congrégation êtes à elle. Son rôle est de vous amener face à face, comme Jean et Madeleine, avec l'amour dans le Coeur de Jésus crucifié. Avant, c'était Notre Dame qui suppliait Mère, maintenant c'est Mère qui, en son nom, vous supplie : « Écoutez la soif de Jésus. » Qu'elle soit pour chacun de vous ce que le Saint Père a dit dans sa lettre: une Parole de Vie.
Comment approchez-vous la Soif de Jésus? Un seul secret : plus vous viendrez près de Jésus, mieux vous connaîtrez Sa Soif. « Repentez-vous et croyez », nous dit Jésus. De quoi faut-il nous repentir? De notre indifférence, de notre dureté de coeur. Que faut-il croire? Que Jésus a soif, même maintenant, dans votre coeur et dans les pauvres – Il connaît votre faiblesse, Il veut seulement votre amour, Il veut seulement avoir la chance de vous aimer. Il n'est pas lié par le temps. Chaque fois que nous venons près de Lui, nous devenons associés à Notre Dame, à St Jean, à Marie Madeleine. Ecoutez-Le. Ecoutez votre propre nom. Faites que ma joie et la vôtre soient complètes.
Prions
Que Dieu vous bénisse
M. TERESA M.C.