09.10.09

Après avoir lu l'encyclique de Benoît XVI "CARITATIS IN VERITATE", j'ai parcouru dans les numéros de L'OSSERVATORE ROMANO qui ont suivi sa parution les commentaires de nombreux Evêques. J'ai été particulièrement interpellé par la réflexion du Cardinal Tarcisio Bertone (4 Aout 2009) adressée au Sénat de la République italienne.
l'extrait ci-dessous de cette conférence a été pris sur zenit.org
Conférence du Cardinal Tarcisio Bertone
au sénat de la République italienne (28/07/2009)
« Efficacité et justice ne suffisent pas :Pour être heureux, le don est nécessaire »,
par le card. Tarcisio Bertone
L'encyclique de Benoît XVI s'ouvre par une introduction, qui constitue une réflexion riche et profonde dans laquelle sont repris les termes du titre même qui relie étroitement entre elles la caritas et la veritas, l'amour et la vérité. Il s'agit non seulement d'une sorte d'explicatio terminorum, d'un éclaircissement initial, mais l'on veut indiquer les principes et les perspectives fondamentales de tout son enseignement. En effet, comme dans une symphonie, le thème de la vérité et de la charité revient ensuite tout au long du document, précisément parce que c'est là que réside, comme l'écrit le Pape, « la force dynamique essentielle du vrai développement de chaque personne et de l'humanité tout entière » (Caritas in veritate, n. 1).
Mais - nous demandons-nous - de quelle vérité et de quel amour s'agit-il? Il ne fait aucun doute que précisément ces concepts suscitent aujourd'hui le soupçon - en particulier le terme vérité - ou sont objets de malentendus - et cela vaut en particulier pour le terme « amour ». C'est pourquoi il est important d'éclaircir de quelle vérité et de quel amour parle la nouvelle encyclique. Le Saint-Père nous fait comprendre que ces deux réalités fondamentales ne sont pas extrinsèques à l'homme ou même imposées à lui au nom d'une quelconque vision idéologique, mais sont profondément enracinées dans la personne même. En effet, « l'amour et la vérité - affirme le Saint-Père - sont la vocation déposée par Dieu dans le coeur et dans l'esprit de chaque homme » (n. 1), de l'homme qui, selon l'Ecriture Sainte, est précisément créé « à l'image et ressemblance » de son Créateur, c'est-dire du « Dieu biblique qui est à la fois ‘Agapè' et ‘Logos' : Charité et Vérité, Amour et Parole » (n. 3).
Cette vérité, non seulement la Révélation biblique en témoigne, mais elle peut être saisie par tout homme de bonne volonté qui utilise sa raison de façon droite lorsqu'il réfléchit sur lui-même (« La vérité est une lumière qui donne sens et valeur à l'amour. Cette lumière est, en même temps, celle de la raison et de la foi, par laquelle l'intelligence parvient à la vérité naturelle et surnaturelle de l'amour », n. 3). A cet égard, cette vision semble bien illustrée par certains contenus d'un document significatif et important qui a précédé de peu la publication de Caritas in veritate: la Commission théologique internationale nous a donné ces derniers mois un texte intitulé: A la recherche d'une éthique universelle: nouveau regard sur la loi naturelle. Celui-ci aborde des thèmes d'une grande importante, que je me sens en devoir de signaler et de recommander, en particulier dans le contexte de ce Sénat, c'est-à-dire d'une institution dont la fonction principale est l'élaboration de normes. En effet, comme le Saint-Père le dit à l'Assemblée des Nations unies à New York, au cours de sa visite l'an dernier au Palais de Verre à propos du fondement des droits humains : « Ces droits trouvent leur fondement dans la loi naturelle inscrite au coeur de l'homme et présente dans les diverses cultures et civilisations. Détacher les droits humains de ce contexte signifierait restreindre leur portée et céder à une conception relativiste, pour laquelle le sens et l'interprétation des droits pourraient varier et leur universalité pourrait être niée au nom des différentes conceptions culturelles, politiques, sociales et même religieuses » (18 avril 2008). Il s'agit de considérations qui valent non seulement pour les droits de l'homme, mais pour toute intervention de l'autorité légitime appelée à réglementer, selon la véritable justice, la vie de la communauté à travers des lois qui ne soient pas le fruit d'une simple entente conventionnelle, mais qui visent au bien authentique de la personne et de la société et fassent donc référence à cette loi naturelle.
Or, la Commission théologique internationale, en exposant la réalité de la loi naturelle, illustre précisément que la vérité et l'amour sont des exigences essentielles de tout homme, profondément enracinées dans son être. « Dans sa recherche du bien moral, la personne humaine se met à l'écoute de ce qu'elle est et elle prend conscience des inclinations fondamentales de sa nature » (A la recherche d'une éthique universelle: nouveau regard sur la loi naturelle, n. 45), et celles-ci orientent l'homme vers des biens nécessaires à sa réalisation morale. Comme on le sait, « on distingue traditionnellement trois grands ensembles de dynamismes naturels... Le premier, qui lui est commun avec tout être substantiel, comprend essentiellement l'inclination à conserver et à développer son existence. Le deuxième, qui lui est commun avec tous les vivants, comprend l'inclination à se reproduire pour perpétuer l'espèce. Le troisième, qui lui est propre comme être rationnel, comporte l'inclination à connaître la vérité sur Dieu ainsi que l'inclination à vivre en société » (n. 46). En approfondissant ce troisième dynamisme, qui se retrouve dans chaque personne, la Commission théologique internationale affirme qu'il « est spécifique à l'être humain comme être spirituel, doté de raison, capable de connaître la vérité, d'entrer en dialogue avec les autres et de nouer des relations d'amitié... Son bien intégral est si intimement lié à la vie en communauté que c'est en vertu d'une inclination naturelle et non d'une simple convention qu'il s'organise en société politique. Le caractère relationnel de la personne s'exprime aussi par la tendance à vivre en communion avec Dieu ou l'Absolu... Elle peut certes être niée par ceux qui refusent d'admettre l'existence d'un Dieu personnel, mais elle n'en demeure pas moins implicitement présente dans la recherche de la vérité et du sens qui habite tout être humain » (n. 50).
L'homme est donc fait pour connaître à travers un « élargissement de la raison » (cf. Discours du 12 septembre 2006 à l'université de Ratisbonne) la vérité dans toute son étendue, c'est-à-dire en ne se limitant pas à acquérir des connaissances techniques pour dominer la réalité matérielle, mais en s'ouvrant jusqu'à rencontrer le Transcendant, et pour vivre pleinement la dimension interpersonnelle de l'amour, « principe non seulement des micro-relations: rapports amicaux, familiaux, en petits groupes, mais également des macro-relations: rapports sociaux, économiques, politiques » (Caritas in veritate, n. 2). Ce sont précisément la veritas et la caritas qui nous indiquent les exigences de la loi naturelle que Benoît XVI pose comme critère fondamental de la réflexion d'ordre moral sur l'actuelle réalité socio-économique: « ‘Caritas in veritate' est un principe sur lequel se fonde la doctrine sociale de l'Eglise, un principe qui prend une forme opératoire par des critères d'orientation de l'action morale » (n. 6). Avec une expression efficace, le Saint-Père affirme donc que « la doctrine sociale de l'Eglise... est ‘caritas in veritate in re sociali' : annonce de la vérité de l'amour du Christ dans la société. Cette doctrine est un service de la charité, mais dans la vérité » (n. 5).
La proposition de l'encyclique n'est ni à caractère idéologique, ni uniquement réservée à ceux qui partagent la foi dans la Révélation divine, mais se fonde sur des réalités anthropologiques fondamentales, comme le sont précisément la vérité et la charité entendues au sens droit, ou, comme le dit l'encyclique elle-même, données à l'homme et reçues par lui, et non pas produites par lui de façon arbitraire (« La vérité qui, à l'égal de la charité est un don, est plus grande que nous, comme l'enseigne saint Augustin. De même, notre vérité propre, celle de notre conscience personnelle, nous est avant tout ‘donnée'. Dans tout processus cognitif, en effet, la vérité n'est pas produite par nous, mais elle est toujours découverte ou mieux, reçue. Comme l'amour, elle ‘ne naît pas de la pensée ou de la volonté mais, pour ainsi dire, s'impose à l'être humain' », Caritas in veritate, n. 34). Benoît XVI veut rappeler à tous que ce n'est qu'en s'ancrant à ce double critère de la veritas et de la caritas, liés entre eux de façon inséparable, que l'on peut construire l'authentique bien de l'homme, fait pour la vérité et l'amour. Selon le Saint-Père, « seule la charité, éclairée par la lumière de la raison et de la foi, permettra d'atteindre des objectifs de développement porteurs d'une valeur plus humaine et plus humanisante » (n. 9).
Après cette introduction indispensable, dans laquelle j'ai voulu souligner certains aspects anthropologiques et théologiques du texte pontifical, sans doute moins commentés par les articles journalistiques, je désire exposer à présent uniquement certains points, sans avoir la prétention de couvrir le vaste contenu de l'encyclique, dont, d'ailleurs, des commentateurs faisant autorité ont déjà offert des approfondissements spécifiques, notamment dans les pages de « L'Osservatore Romano » ou ailleurs.
1. Au-delà des dichotomies anciennes et obsolètes
Un message important qui nous vient de Caritas in veritate est l'invitation à dépasser la dichotomie désormais obsolète entre la sphère économique et la sphère sociale. La modernité nous a laissé en héritage l'idée selon laquelle pour pouvoir oeuvrer dans le domaine de l'économie, il est indispensable de viser au profit et d'être animés principalement par son propre intérêt; c'est comme si l'on disait que l'on n'est pas totalement entrepreneur si l'on ne poursuit pas la maximalisation du profit. Dans le cas contraire, on devrait se contenter de faire partie de la sphère du social.
Cette conception, qui confond l'économie de marché qui est le genus avec sa species particulière qu'est le système capitaliste, a conduit à identifier l'économie avec le lieu de la production de la richesse (ou du revenu) et le social avec le lieu de la solidarité pour une distribution équitable de celle-ci.
Caritas in veritate nous dit au contraire que mener une entreprise est également possible lorsque l'on poursuit des objectifs d'utilité sociale et que nos actions sont animées par des motivations de type pro-social. Il s'agit d'une façon concrète, même si ce n'est pas la seule, de combler l'écart entre l'économique et le social, étant donné qu'une action économique qui n'incorporerait pas en son sein la dimension du social ne serait pas éthiquement acceptable, comme il est également vrai qu'une action sociale exclusivement redistributive, qui ne tiendrait pas compte des ressources, ne serait pas durable à long terme: en effet, avant de pouvoir redistribuer, il faut produire.
Il faut être particulièrement reconnaissant à Benoît XVI d'avoir voulu souligner le fait que l'action économique n'est pas quelque chose de détaché et d'étranger aux principes fondamentaux de la doctrine sociale de l'Eglise qui sont: caractère central de la personne humaine; solidarité; subsidiarité; bien commun. Il faut dépasser la conception pratique selon laquelle les valeurs de la doctrine sociale de l'Eglise devraient trouver un espace uniquement dans les oeuvres de nature sociale, tandis qu'aux spécialistes de l'efficacité reviendrait le devoir de guider l'économie. Le mérite, et non le moindre, de cette encyclique, est de contribuer à trouver un remède à cette lacune, qui est à la fois culturelle et politique.
Contrairement à ce que l'on pense, l'effacité n'est pas le fundamentum divisionis pour distinguer ce qui est de l'ordre d'une entreprise de ce qui ne l'est pas, et cela pour la simple raison que la catégorie de l'efficacité appartient à l'ordre des moyens et non à celui des fins. En effet, il faut être efficaces pour poursuivre au mieux l'objectif que l'on a librement choisi de donner à sa propre action. L'entrepreneur qui se laisse guider par l'efficacité comme fin en soi risque de tomber dans la manie d'efficacité, qui est l'une des causes les plus fréquentes de destruction de la richesse, comme la crise économique et financière en cours nous le confirme tristement.
En élargissant un instant la perspective du discours, parler de marché signifie parler de concurrence, dans le sens où il ne peut y avoir de marché là où il n'y a pas de pratique de la concurrence (même si le contraire n'est pas vrai). Et personne ne met en doute que la fécondité de la concurrence réside en ce que celle-ci implique la tension, la dialectique qui présuppose la présence d'un autre et la relation avec un autre. Sans tension, il n'y a pas de mouvement, mais - c'est là toute la question - le mouvement que la tension engendre peut également être mortifère, c'est-à-dire conduire à la mort.
Lorsque le but de l'action économique n'est pas la tension vers un objectif commun - comme l'étymon latin cum-petere laisserait clairement entendre - mais la théorie d'Hobbes mors tua, vita mea, le lien social est réduit à la relation mercantile et l'activité économique tend à devenir inhumaine et donc, en ultime analyse, inefficace. C'est pourquoi, même dans la concurrence, la "doctrine sociale de l'Eglise estime que des relations authentiquement humaines, d'amitié et de socialité, de solidarité et de réciprocité, peuvent également être vécues même au sein de l'activité économique et pas seulement en dehors d'elle ou "après" elle. La sphère économique n'est, par nature, ni éthiquement neutre, ni inhumaine et antisociale. Elle appartient à l'activité de l'homme et, justement parce qu'humaine, elle doit être structurée et organisée institutionnellement de façon éthique" (n. 36).
Or, le bénéfice, certainement important, que Caritas in veritate nous offre, est celui de prendre véritablement en considération la conception du marché, typique de la tradition de pensée de l'économie civile, selon laquelle on peut vivre l'expérience de la socialité humaine au sein d'une vie économique normale, et non pas en dehors ou à côté de celle-ci. C'est une conception que l'on pourrait qualifier d'alternative, aussi bien par rapport à celle qui considère le marché comme lieu de l'exploitation et de la domination du fort sur le faible, ou par rapport à celle qui, dans le sillage de la pensée anarco-libérale, le considère comme un lieu en mesure d'apporter des solutions à tous les problèmes de la société.
Cette façon de mener une entreprise se différencie de l'économie de tradition smithienne, qui considère le marché comme l'unique institution véritablement nécessaire pour la démocratie et pour la liberté. La doctrine sociale de l'Eglise nous rappelle en revanche qu'une bonne société est certes le fruit du marché et de la liberté, mais qu'il existe des exigences, découlant du principe de fraternité, qui ne peuvent être éludées, ni renvoyées à la seule sphère privée ou à la philanthropie. Elle propose plutôt un humanisme à plusieurs dimensions, dans lequel le marché n'est pas combattu ou "contrôlé", mais est considéré comme un moment important de la sphère publique - sphère qui est beaucoup plus vaste que celle qui relève de l'Etat - et qui, s'il est conçu et vécu comme lieu ouvert également aux principes de réciprocité et du don, peut édifier une saine coexistence civile.
2. De la fraternité découle le bien commun
Je prends à présent en considération l'un des thèmes présents dans l'encyclique, qui me semble avoir suscité un certain intérêt public en raison de la nouveauté que revêtent les principes de fraternité et de gratuité dans l'action économique. "Si le développement économique, social et politique veut être authentiquement humain, - dit Benoît XVI - il doit prendre en considération le principe de gratuité" (n. 34). "Des formes économiques de solidarité" sont nécessaires. Dans ce sens, le chapitre consacré à la collaboration de la famille humaine est significatif: on y souligne que "le développement des peuples dépend surtout de la reconnaissance du fait que nous formons une seule famille", c'est pourquoi "le thème du développement coïncide avec celui de l'inclusion relationnelle de toutes les personnes et de tous les peuples dans l'unique communauté de la famille humaine qui se construit dans la solidarité sur la base des valeurs fondamentales de la justice et de la paix" (nn. 53-54).
La parole-clé qui aujourd'hui, exprime mieux que tout autre cette exigence est celle de fraternité. C'est l'école de pensée franciscaine qui a conféré à ce terme la signification qu'il a conservée dans le temps, qui constitue le complément et l'exaltation du principe de solidarité. En effet, tandis que la solidarité est le principe d'organisation sociale qui permet aux inégaux de devenir égaux en vertu de leur égale dignité et de leurs droits fondamentaux, le principe de fraternité est le principe d'organisation sociale qui permet aux égaux d'être différents, dans le sens de pouvoir exprimer diversement leur projet de vie ou leur charisme.
Je m'explique: les époques que nous avons laissées derrière nous, le xix et en particulier le xx siècle, ont été caractérisées par de grandes batailles, tant culturelles que politiques, au nom de la solidarité, et cela a été une bonne chose; il suffit de penser à l'histoire du mouvement syndical et à la lutte pour la conquête des droits civils. La question est qu'une société visant au bien commun ne peut se contenter de la solidarité, mais a besoin d'une solidarité qui reflète la fraternité, étant donné que, si la société fraternelle est également solidaire, le contraire n'est pas nécessairement vrai.
Si l'on oublie le fait que ne peut être durable une société d'êtres humains dans laquelle le sens de fraternité est absent et dans laquelle tout se réduit à améliorer les transactions fondées sur l'échange de biens équivalents ou à augmenter les transferts réalisés par des structures publiques d'assistance, on comprend pourquoi, en dépit de la qualité des forces intellectuelles en action, on ne soit pas encore parvenu à une solution crédible du grand trade-off entre efficacité et équité. Caritas in veritate nous aide à prendre conscience que la société n'est pas capable d'avoir un avenir si le principe de fraternité disparaît; c'est-à-dire qu'elle n'est pas en mesure de progresser si existe et se développe uniquement la logique du "donner pour avoir" ou du "donner par devoir". Voilà pourquoi, ni la vision libérale et individualiste du monde, dans laquelle tout (ou presque) est échange, ni la vision centrée sur l'Etat de la société, dans laquelle tout (ou presque) relève du devoir, ne constituent des guides sûrs pour nous faire sortir des impasses dans lesquelles nos sociétés sont aujourd'hui engagées.
On se demande alors pourquoi, réapparaît comme un fleuve karstique, la perspective du bien commun, selon la formulation qui lui a été donnée par la doctrine sociale de l'Eglise, après au moins deux siècles au cours desquels elle était de fait absente? Pourquoi le passage des marchés nationaux au marché mondial, qui a eu lieu au cours du dernier quart de siècle, rend de nouveau actuel le discours sur le bien commun? J'observe en passant que ce qui a lieu s'inscrit dans un mouvement plus vaste d'idées en économie, un mouvement dont l'objet est le lien entre religiosité et performance économique. A partir de la considération selon laquelle les croyances religieuses sont d'une importance décisive pour dresser un aperçu cognitif des sujets et pour forger les normes sociales de comportement, ce mouvement d'idées tente d'étudier combien la prédominance dans un pays (ou territoire) donné d'une certaine matrice religieuse influence la formation de catégories de pensée économique, les programmes de protection sociale, la politique scolaire et ainsi de suite. Après une longue période de temps, au cours de laquelle la célèbre thèse de la sécularisation semblait avoir mis un terme à la question religieuse, tout au moins en ce qui concerne le domaine économique, ce qui a lieu aujourd'hui apparaît véritablement paradoxal.
Il n'est pas si difficile d'expliquer le retour dans le débat culturel contemporain de la perspective du bien commun, véritable marque de l'éthique catholique dans le domaine économique et social. Comme l'a expliqué Jean-Paul ii à de nombreuses occasions, la doctrine sociale de l'Eglise ne doit pas être considérée comme une théorie éthique supplémentaire par rapport à celles déjà amplement présentes dans la littérature, mais comme une "grammaire commune" à celles-ci, car fondée sur un point de vue spécifique, celui de prendre soin du bien humain. En réalité, tandis que les diverses théories éthiques trouvent leur fondement dans la recherche de règles (comme cela a lieu dans le droit naturel positiviste, selon lequel l'éthique dérive de la norme juridique) ou encore dans l'action (il suffit de penser à la théorie néocontractuelle de Rawls ou au néo-utilitarisme), la doctrine sociale de l'Eglise adopte comme principe l'"être avec". Le sens de l'éthique du bien commun explique que pour pouvoir comprendre l'action humaine, il faut se placer dans la perspective de la personne qui agit (cf. Veritatis splendor, n. 78) et non dans la perspective d'un tiers (comme le fait le droit naturel), c'est-à-dire d'un spectateur impartial (comme Adam Smith l'avait suggéré). En effet, le bien moral, étant une réalité concrète, est avant tout connu non pas par celui qui le théorise, mais par celui qui le pratique; c'est lui qui sait l'identifier et donc le choisir avec certitude à chaque fois qu'il est remis en question.
3. Le principe du don en économie
Venons-en alors au principe du don en économie. Que signifie, concrètement, l'accueil de la perspective de la gratuité dans l'action économique? Le Pape Benoît XVI répond que le marché et la politique ont besoin "de personnes ouvertes au don réciproque" (Caritas in veritate, nn. 35-39). La conséquence lorsque l'on reconnaît au principe de gratuité une place de premier plan dans la vie économique est liée à la diffusion de la culture et de la pratique de la réciprocité. Avec la démocratie, la réciprocité - définie par Benoît XVI comme "l'intime constitution de l'être humain" (Caritas in veritate, n. 57) - est la valeur fondatrice d'une société. On pourrait même soutenir que c'est de la réciprocité que la règle démocratique tire son sens ultime.
Dans quels "lieux" la réciprocité est-elle présente, c'est-à-dire pratiquée et nourrie? La famille est le premier de ces lieux: il suffit de penser aux rapports entres parents et enfants et entre frères et soeurs. Autour de la famille se développe le rapport de don typique de la fraternité. Il y a également la coopérative, l'entreprise sociale et les diverses formes d'associations. N'est-il pas vrai que les rapports entre les membres d'une famille ou entre les associés d'une coopérative sont des rapports de réciprocité? Nous savons aujourd'hui que le progrès civil et économique d'un pays dépend de façon fondamentale du degré de diffusion des pratiques de réciprocité parmi ses citoyens. Il existe aujourd'hui un immense besoin de coopération: voilà pourquoi nous avons besoin d'étendre les formes de gratuité et de renforcer celles qui existent déjà. Les sociétés qui extirpent de leur terrain les racines de l'arbre de la réciprocité sont destinées au déclin, comme nous l'enseigne depuis longtemps l'histoire.
Quelle est la fonction propre du don? Celle de faire comprendre qu'à côté des biens de justice, il existe des biens de gratuité et donc qu'une société dans laquelle on se contente des seuls biens de justice n'est pas authentiquement humaine. Le Pape parle de la "stupéfiante expérience du don" (n. 34).
Quelle est la différence? Les biens de justice sont ceux qui naissent d'un devoir; les biens de gratuité sont ceux qui naissent d'une obbligatio. C'est-à-dire, ce sont des biens qui naissent de la reconnaissance que je suis lié à un autre qui, dans un certain sens, est une partie constitutive de mon être. Voilà pourquoi la logique de la gratuité ne peut être réduite de façon simpliste à une dimension purement éthique; en effet, la gratuité n'est pas une vertu éthique. La justice, comme Platon l'enseignait déjà, est une vertu éthique, et nous sommes tous d'accord sur l'importance de la justice, mais la gratuité concerne plutôt la dimension supra-éthique de l'action humaine, car sa logique est la surabondance, tandis que la logique de la justice est la logique de l'équivalence. Donc, Caritas in veritate nous dit que pour bien fonctionner et progresser, une société a besoin qu'au sein de la pratique économique figurent des sujets qui comprennent ce que sont les biens de gratuité, que l'on comprenne, en d'autres termes, que nous avons besoin de faire refluer le principe de la gratuité dans les circuits de notre société.
Benoît XVI invite à restituer le principe du don à la sphère publique. Le don authentique, en affirmant le primat de la relation sur son exonération, du lien entre sujets sur le bien donné, de l'identité personnelle sur l'utile, doit pouvoir trouver un espace d'expression partout, dans tous les domaines de l'action humaine, y compris l'économie. Le message que Caritas in veritate nous laisse est celui de penser la gratuité, et donc la fraternité, comme marque de la condition humaine et donc de voir dans l'exercice du don le présupposé indispensable afin qu'Etat et marché puissent fonctionner, en ayant pour objectif le bien commun. Sans des pratiques élargies du don, il sera bien sûr possible d'avoir un marché efficace et un Etat doté d'autorité (et même juste), mais ce faisant, l'on n'aidera certainement pas les personnes à trouver la joie de vivre. Car efficacité et justice, même si elles sont liées, ne suffisent pas à assurer le bonheur des personnes.
4. Sur les causes lointaines de la crise financière
Caritas in veritate s'arrête sur les causes profondes (et pas uniquement sur les causes proches) de la crise encore en cours. Je n'ai pas l'intention de les passer en revue et je me limiterai à résumer les trois facteurs principaux de crise identifiés et pris en considération.
Le premier concerne le changement radical dans la relation entre finance et production de biens et services qui s'est consolidé au cours des trente dernières années. A partir du milieu des années 1970, divers pays occidentaux ont conditionné leurs promesses en matière de retraite à des investissements qui dépendaient de la capacité des nouveaux instruments financiers à engendrer un profit durable exposant ainsi l'économie réelle aux caprices de la finance et engendrant le besoin croissant de destiner à la rémunération de l'épargne investie dans ces derniers des parts croissantes de valeur ajoutée. Les pressions sur les entreprises, dérivant des bourses et des fonds de private equity, se sont répercutées dans plusieurs directions: sur les dirigeants poussés à améliorer continuellement les performances de leur gestion, dans le but d'en tirer des volumes croissants de stocks options; sur les consommateurs, pour les convaincre à acheter toujours plus, même en l'absence de pouvoir d'achat; sur les entreprises de l'économie réelle, pour les convaincre à augmenter la valeur pour l'actionnaire. C'est ainsi que l'exigence constante de résultats financiers toujours plus excellents s'est répercutée sur tout le système économique, jusqu'à devenir un véritable modèle culturel.
Le deuxième facteur qui explique la crise est la diffusion, au niveau de la culture populaire, de l'éthos de l'efficacité comme critère ultime de jugement et de justification de la réalité économique. D'un côté, cela a fini par légitimer l'avidité - qui est la forme la plus connue et la plus répandue de l'avarice - comme une sorte de vertu civique: le greed market qui remplace le free market. "Greed is good, greed is right" (l'avidité est bonne, l'avidité est juste), prêchait Gordon Gekko, le personnage principal du célèbre film de 1987, Wall Street.
Enfin, Caritas in veritate ne manque pas de s'arrêter sur la cause des causes de la crise: les spécificités du modèle culturel qui s'est consolidé au cours des dernières décennies dans le sillage, d'un côté, du processus de mondialisation, et, de l'autre, de l'avènement de la troisième révolution industrielle, celle des technologies info-télématiques. Un aspect spécifique de ce modèle concerne l'insatisfaction, toujours plus étendue, en ce qui concerne la façon d'interpréter le principe de liberté. Comme on le sait, il existe trois dimensions constitutives de la liberté: l'autonomie, l'immunité, la capacité d'action. Qui dit autonomie dit liberté de choix: on n'est pas libre si l'on n'est pas placé dans la condition de choisir. L'immunité, en revanche, implique l'absence de coercition de la part d'un agent extérieur. C'est, en définitive, la liberté négative (ou encore la "liberté par rapport à"). La capacité d'action enfin, signifie capacité de choix, c'est-à-dire de poursuivre des objectifs, du moins en partie ou dans une certaine mesure, que le sujet se fixe. L'on n'est pas libre si l'on ne réussit jamais à réaliser (pas même en partie) son projet de vie.
Comme on peut le comprendre, le défi à relever consiste à réunir côte à côte les trois dimensions de la liberté: telle est la raison pour laquelle le paradigme du bien commun apparaît comme une perspective extrêmement intéressante à explorer.
A la lumière de ce qui précède, nous pouvons comprendre pourquoi la crise financière ne peut pas prétendre être un événement inattendu, ni inexplicable. Voilà pourquoi, sans rien ôter aux interventions indispensables en matière de réglementation et aux nouvelles formes nécessaires de contrôle, nous ne réussirons pas à empêcher l'apparition d'épisodes analogues à l'avenir si l'on n'attaque pas le mal à sa racine, c'est-à-dire si l'on n'intervient pas sur le modèle culturel qui soutient le système économique. Cette crise lance un double message aux autorités gouvernementales. En premier lieu, que la sacro-sainte critique à l'"Etat interventionniste" ne peut en aucun cas revenir à méconnaître le rôle central de l'"Etat régulateur". En second lieu, que les autorités publiques situées aux divers niveaux des gouvernements doivent permettre, et même favoriser, la naissance et le renforcement d'un marché financier pluraliste, c'est-à-dire d'un marché dans lequel puissent opérer dans des conditions de parité objective des sujets différents, sur l'objectif spécifique qu'ils attribuent à leur activité. Je pense aux banques du territoire, aux banques de crédit coopératif, aux banques éthiques, aux divers fonds éthiques. Il s'agit d'organismes qui ne proposent pas seulement à leurs guichets une finance créative, mais qui jouent surtout un rôle complémentaire, et donc, d'équilibre, par rapport aux agents de la finance spéculative. Si, au cours des dernières décennies, les autorités financières avaient éliminé les nombreux conditionnements qui pesaient sur les acteurs de la finance alternative, la crise actuelle n'aurait pas eu la puissance dévastatrice que nous connaissons.
5. Conclusion
Avant de conclure, je souhaite remercier le président du Sénat de la République italienne, M. Schifani, de m'avoir permis d'illustrer devant cet auditoire qualifié certains traits de la dernière encyclique de Benoît XVI.
Il s'agit d'une certaine façon d'un retour du Saint-Père dans ce siège du Sénat de la République, où celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger tint le 13 mai 2004 dans la bibliothèque du sénat précisément, une "lectio magistralis" restée dans les mémoires sur le thème: "L'Europe. Ses fondements spirituels, hier, aujourd'hui et demain".
Il est intéressant de noter que dans cette intervenion, entre autres, le futur Souverain Pontife abordait certains thèmes que l'on retrouve aujourd'hui dans sa dernière encyclique. Pensons, par exemple, à l'affirmation de la raison profonde de la dignité de la personne et de ses droits: ceux-ci - disait le cardinal Ratzinger - "ne sont pas créés par le législateur, ni conférés aux citoyens, "mais ils existent plutôt de par leur droit propre, ils doivent toujours être respectés de la part du législateur, ils lui sont donnés au préalable comme des valeurs d'ordre supérieur". Cette validité de la dignité humaine préalable à toute action politique et à toute décision politique renvoie en ultime analyse au Créateur: Lui seul peut établir des valeurs qui se fondent sur l'essence de l'homme et qui sont intangibles. Le fait qu'il existe des valeurs qui ne puissent être manipulées par personne est la véritable garantie de notre liberté et de la grandeur humaine; la foi chrétienne voit en cela le mystère du Créateur et de la condition d'image de Dieu qu'il a conférée à l'homme". Dans Caritas in veritate, Benoît XVI répète que "les droits humains risquent de ne pas être respectés" lorsqu'"ils sont privés de leur fondement transcendant" (n. 56), c'est-à-dire lorsqu'on oublie que "Dieu est le garant du véritable développement de l'homme, dans la mesure où, l'ayant créé à son image, il en fonde aussi la dignité transcendante" (n. 29).
Dans la "lectio magistralis" tenue il y a cinq ans, l'actuel Souverain Pontife rappelait encore qu'"un deuxième point dans lequel apparaît l'identité européenne est le mariage et la famille. Le mariage monogame, comme structure fondamentale de la relation entre un homme et une femme et dans le même temps comme cellule dans la formation de la communauté de l'Etat, a été forgé à partir de la foi biblique. Il a donné à l'Europe, tant occidentale qu'orientale, son visage spécifique et son humanité spécifique, également et précisément parce que la forme de fidélité et de renoncement définie ici a toujours dû être à nouveau conquise, au prix de nombreux efforts et difficultés. L'Europe ne serait plus l'Europe, si cette cellule fondamentale de son édifice social disparaissait ou était changée dans son essence". Dans Caritas in veritate, cet avertissement s'étend jusqu'à devenir universel, nous pourrions dire mondial, et s'adresse à tous les responsables de la vie publique; nous lisons en effet, dans celle-ci: "Continuer à proposer aux nouvelles générations la beauté de la famille et du mariage, la correspondance de ces institutions aux exigences les plus profondes du coeur et de la dignité de la personne devient ainsi une nécessité sociale, et même économique. Dans cette perspective, les Etats sont appelés à mettre en oeuvre des politiques qui promeuvent le caractère central et l'intégrité de la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme, cellule première et vitale de la société, prenant en compte ses problèmes économiques et fiscaux, dans le respect de sa nature relationnelle" (n. 44).
Certes, Caritas in veritate s'adresse, comme cela est affirmé dans son titre officiel, à tous les membres de l'Eglise catholique et "à tous les hommes de bonne volonté". Pourtant, en vertu des principes qu'il éclaire, des problèmes qu'il affronte et des indications qu'il offre, ce document pontifical, qui a d'abord suscité tant d'attentes, puis tant d'attention et de reconnaissance, en particulier dans le domaine social, politique et économique, peut trouver, me semble-t-il, un écho particulier dans ce siège institutionnel qu'est le Sénat de la République. Je suis convaincu que, au-delà des différences de formation et de convictions personnelles, ceux qui possèdent la responsabilité délicate et honorifique de représenter le peuple italien et d'exercer par son mandat le pouvoir législatif, peuvent trouver dans les paroles du Pape une noble et profonde inspiration dans l'accomplissement de leur mission, afin de répondre de façon adéquate aux défis éthiques, culturels et sociaux qui nous interpellent aujourd'hui et que l'encyclique Caritas in veritate place devant nous de façon extrêmement lucide et exhaustive. Je forme le voeu que ce document du Magistère ecclésial, que j'ai tenté de vous illustrer du moins en partie aujourd'hui, puisse trouver en ce siège l'attention qu'il mérite et porter ainsi des fruits positifs et abondants pour le bien de chaque personne et de toute la famille humaine, en commençant par la chère nation italienne.
16.03.08

XII
(A) la vie éternelle
Amen.
1.Nous croyons à la vie éternelle, sans pouvoir nous faire une idée de ce qu'elle sera. Beaucoup sont si fatigués, si saturés de cette vie éphémère, qu'ils ne désirent qu'une chose :dormir, se laisser engloutir, ne plus être obligés de vivre. De grandes religions nous promettent que, si nous suivons leurs enseignements, nous pourrons nous libérer du « devoir-vivre ». Dans sa lente évolution sans fin, la nature est manifestement habitée d'une pulsion et d'une soif d'une vie tojours plus hautement organisée; mais, parvenue à la hauteur de la conscience, niveau auquel rien de plus élevé ne paraît plus mériter d'être visé comme objectif, la poussée se retourne et devient pulsion de mort. L'effort tout entier n'a servi de rien.
Or voici que la vie éternelle doit être l'Ultime et le Suprême de ce qu'il est permis à la foi chrétienne d'espérer : « Je suis la résurrection et la vie. » « Je suis la voie, la vérité et la vie. » « Celui qui croît en moi vivra, même s'il est mort. » Être, conscience, identité personnelle : faut-il comprendre cela comme valeur éternellement digne d'être visée comme objectif? - Oui, si l'on présuppose que nous comprenons le mot « éternel » comme « divin », car en Dieu, identité personnelle veut dire don de soi, amour, fécondité, et ce n'est qu'ainsi que Dieu est vie éternelle : comme celui qui gouverne éternellement dans le mouvement de se donner et d'être gratifié, de rendre heureux et d'être béatifié. Le pur contraire du morne ennui d'un être-pour-soi qui ne débouche sur rien. Il s'agit essentiellement d'un aller-au-delà-de-soi, avec toutes les surprises et les aventures qu'une telle sortie de soi promet.
On doit seulement éliminer de son esprit toute temporalité, qui fait infailliblement aboutir chaque voie à un but précis – et puis après? Dans l'éternel, le surgissement est toujours un « maintenant » d'actualité : maintenant j'engendre un Dieu qui est mon Fils; maintenant je vis l'indicible miracle d'être du Père et de lui devoir ce que je suis; maintenant notre amour se consomme et produit – ô miracle inespéré – l'Esprit commun de l'amour comme un troisième, comme fruit et témoin de notre amour, qu'il fait éternellement se déployer. Et parce que ce maintenant est tout entier événement, le contraire d'une stagnation, c'est le plus passionnant qui soit. Tout comme sur terre, il y a des surgissements de l'amour bien avant qu'ils se transforment en connaissance, en accoutumance, et peut-être en satiété. « La résurrection et la vie » : de même que résurrection dit tournant formidable, le tournant du vide à la plénitude, une seule fois et maintenant : de même, aussi, la vie éternelle.
2. Pour celui qui, venant de sa propre vie étroite et amortie, reçoit la possibilité d'entrer dans cette vie de Dieu, tout se passe comme si s'ouvraient pour lui , lui coupant le souffle, des espaces à perte de vue. Des espaces dans lesquels on peut se précipiter dans la liberté la plus parfaite. Et ces espaces sont eux-mêmes des libertés qui attirent notre amour, l'accueillent, lui répondent. Qui peut, déjà, ici-bas, pénétrer au fond d'une autre liberté? C'est impossible! Ainsi s'accumulent, dans la communion des saints en Dieu, au-delà de tout ce qu'on peut dénombrer, les aventures de l'amour créateur et inventif. La vie en Dieu devient miracle absolu. Rien n'est donné qui mette un terme au recevoir, l'acte du du don se déploie sans limites.
C'est pourquoi ceux qui sont au ciel sont toujours et sans cesse prêts à venir en aide à l'indigence terrestre, certainement avec des dons éternels, peut-être aussi avec des dons temporels, pour stimuler à nouveau en nous le courage de poursuivre, malgré tout, notre effort vers la vie éternelle, pour nous donner un avant-goût de ce qui nous attend. Et quand nous avons à souffrir, se trouvent creusées en nous des brèches plus profondes que celles que nous croyions receler : des profondeurs qui ensuite, dans la vie éternelle, deviennent des receptacles d'un plus grand bonheur, des sources plus abondantes encore. Des sources qui jaillissent d'elles-mêmes, gratuitement, car dans la vie éternelle, tout est gratuit.
L'expression « gratis », « sans payer », court quand il s'agit des dons de Dieu, à travers toute la Bible (Is 55,1; Si 51,25; Mt 10,8; Ap 21,6; 22,17). Ce « gratis » est la nature la plus intime de l'amour divin, qui n'a aucune autre raison que lui-même; et c'est à partir de là qu'est défini tout ce qui, dans la vie éternelle est auprès de Dieu. Et justement parce que l'amour est sans fond, il est insondable. On ne parvient jamais en son fond; il demeure plus profond que ce qui peut être fondé, « porté au concept ». C'est pourquoi Paul dit très exactement : « connaître l'amour qui surpasse toute connaissance » pour, ainsi, « entrer par votre pénitude dans toute la plénitude de Dieu » (Ep 3,19).
3. Ainsi le Credo atteint-il sa fin sans fin.Tous les énoncés particuliers s'interpénêtrent car ils étaient tous – aussi comme les faits historiques – seulement expression de la vie éternelle dans le language de la parabole qui est celui de la finitude. Tout ce qui est éphémère est seulement une parabole. Cela « ressemble » de loin, car c'est rapporté à ce qui ne passe pas et qui pourtant se fait événement. L'homme est créé « à l'image et ressemblance »; même dans la foi, il connaît dans « dans un miroir, en énigme »; mais un jour, arrivé à Dieu, « je connaîtrai comme je suis connu » (1 Co 13,12), à savoir en vertu de cet amour qui m'a conçu et connu de toute éternité.
10.03.08

XI
(A) la résurrection de la chair
1.Des puristes ont écarté le mot « chair » du Credo, comme insuffisamment décent.Ils n'ont réussi qu'à faire en sorte que maintenant, dans cette confession de vie, on parle quatre fois des morts, et une cinquième fois on dit « est mort ». Sans doute, comme nous l'avons vu, cette mort était-elle la plus haute action de la vie et de l'amour. Elle était ainsi la victoire sur les « enfers », la victoire en faveur de l'homme corporel destiné à la vie éternelle. Une âme désincarnée n'est pas un homme, et une réincarnation ne pourrait jamais nous délivrer de notre condamnation à la mort.
Mais cette espérance, insensée au regard de la corruption et du tombeau, et qui contredit toute expérience, est suspendue à un fait : la résurrection du Christ, sans laquelle toute la foi chrétienne est « vide » (1 Co 15,14). « Voyez mes mains et mes pieds; c'est bien moi! Palpez-moi et rendez-vous compte qu'un esprit n'a ni chair ni os comme vous voyez que j'en ai » (Lc 24,39). Quand ce miracle s'accomplira-t-il pour nous mortels? - Il est oiseux de spéculer sur ce point. Comment se succéderont les événements dans le temps qui est au-delà de la mort, Dieu seul le sait. Et sur le comment, Paul ne peut lui-même que que balbutier en images et en paraboles (1 Co 15,35 ss).
Il suffit que ceci nous soit attesté : dans les récits de Pâques, le Seigneur apparaît corporellement, mais non plus lié aux lois de notre temps et de notre espace, non plus soumis à son espérance matérielle : libre de se donner à reconnaître à volonté. Notre confession de foi en la résurrection de la chair tient au fil de cette attestation, mais ce fil est cependant un câble des plus solides : rien ne peut avoir été moins inventé par les hommes que ces récits. L'incroyance des disciples face au « radotage » des femmes qui veulent avoir vu le Seigneur (Lc 24,11) est totalement normale, et la finale réaliste de Marc parle d'un triple blâme de Jésus à leur endroit : « parce qu'ils n'ajoutaient pas foi à ceux qui l'avaient vu ressuscité » (Mc 16,14)
2. Il est essentiel que Jésus montre ses blessures : mains, pieds et, chez Jean (pour l'incrédule Thomas), aussi le côté. Et cela, en aucune manière seulement pour son identification (les disciples d'Emmaüs le reconnaissent autrement : à la fraction du pain), mais pour apporter la preuve que toute la souffrance terrestre est transfigurée jusque dans la splendeur de la vie éternelle. Aucune souffrance n'a été si profonde et aucune n'a eu un sens aussi définitif, que la Croix du Seigneur. En aucune manière elle ne peut être dépassée comme quelque chose de désormais révolu, de livré au simple souvenir : la douleur comme telle, toute douleur humaine, toute la souffrance du monde, apparaît ici dans son sens éternellement permanent.
Le Mystère de l'Eucharistie montre au mieux comment se déroule cette transmutation éternellement valable : « Ceci est le calice de mon sang, versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. » Il est dit « effundetur », comme futur. Mais cette effusion de sang ne se produit qu'une fois : autrefois, aujourd'hui et pour l'éternité. Autrefois, déjà dans une sorte d'intemporalité, physiquement et jusqu'au sang, en un événement qui, selon son contenu intime, demeure insurpassable, même dans la transfiguration de la vie éternelle.
Quelle espérance pour tous ceux qui souffrent sur terre, et qui, la plupart du temps, ne parviennent pas à trouver un sens à leur souffrance! Celle-ci est assumée près de Dieu, mystérieusement féconde en Dieu. Souvent, nous chrétiens, nous pensons pressentir dans la souffrance la plus cruelle, incompréhensible à nos yeux terrestres (Auschwitz), une proximité mystérieuse avec la caractère absurde et la nécessité cachée de la Croix du Christ. Mais toute la cruauté du monde n'arrive jamais à la hauteur de ce qui, sur le Golgotha, fut l'abandon de Dieu par Dieu; en cet abandon tout trouve son refuge et son abri.
3.Nous pouvons cependant avancer d'un pas. L'Écriture parle « d'un ciel nouveau et d'une terre nouvelle » (Ap 21,1). Mais ceux-ci ne seront pas une autre, une seconde création; ils seront la transformation, opérée par Dieu, de sa création une et unique. L'homme est à la vérité quelque chose comme le résultat, la somme, du monde de la création; mais ce n'est pas seulement lui qui ressuscitera; ce monde aussi, qu'il présupposait, qui était en un certain sens son arbre généalogique, se porte de toute sa dynamique interne vers l'accomplissement. L'épître aux Romains le dit expressément : toute la création gît dans les douleurs, soupire et aspire à la rédemption; elle veut être libérée « de la servitude de la corruption », du néant et de la « vanité »; elle regarde pour cette raison, vers « la liberté de la gloire des enfants de Dieu », qui déjà « possèdent les prémices de l'Esprit » : la résurrection commence à partir de l'homme, et entraine avec elle celle du monde. Il s'agit expressément de « la rédemption de notre corps » (Rm 8,23); la matérialité de la nature ne se volatisera pas en esprit, mais elle y gagnera une nouvelle, figure dégagée de la corruption.
Dieu ne crée qu'un unique monde. L'homme a perverti l'œuvre du Créateur, le Fils a racheté la vieille création par sa Croix, l'Esprit l'a sanctifiée. Cet unique monde suffira à Dieu éternellement; et, à nous-mêmes, qu'il a créés, rachetés et sanctifiés, ce Dieu suffira.
07.03.08

X
(A) la rémission des péchés
1. D'un côté, cet énoncé de foi ne nous paraît pas particulièrement important, car nous avons encore à peine encore une idée de ce qu'à proprement parler « péché » veut dire. Au plan individuel et au plan social, il existe tellement d'injustice dans le monde, que l'on se demande ce qu'une « rémission » peut y changer. D'un autre côté, cet énoncé nous apparaît presque incompréhensible : comment un crime, un forfait, paut-il être simplement effacé, comme si rien ne s'était passé? Une remise de peine serait compréhensible d'un point de vue juridique, et aussi d'un point de vue humanitaire. Mais cette radiation de toute faute, telle que les chrétiens se la représentent, manifestement à partir du Baptême ou de la Pénitence : qui pourrait imaginer cela?
Est-ce pourtant, en réalité, si difficile? A l'enfant qui n'a pas été sage, une mère ne peut-elle pardonner de telle sorte que, pour les deux, l'incident n'existe plus, se trouve englouti dans l'oubli? Quelque chose de semblable ne peut-il pas se produire aussi, par ailleurs, entre les hommes qui se réconcilient? La formule : « lui pardonner cela, je le peux assurément; mais l'oublier, non », est insensée, car elle montre que le pardon n'est pas intégral.
Le pardon humain, que nous comprenons, est indissolublement relié, dans le Pater noster, avvec notre espérance et notre demande que Dieu apure nos comptes près de lui. Non pas comme si Dieu avait besoin de notre acte de pardon humain pour nous pardonner à nous-mêmes; néanmoins, il ne peut remettre de faute si nous refusons nous-mêmes aux autres la rémission, et ne pouvons donc pas non plus , pour cette raison, la recevoir de Dieu.
La « rémission des péchés » est, à nouveau, une œuvre tri(u)nitaire de Dieu. « Père, pardonne-leur », dit le Fils sur la Croix. Et le Père pardonne parce qu'il voit à quel point le Fils pardonne à ses débiteurs, et tous les deux font au pécheur le don de l'Esprit de sainteté, l'infusant dans son cœur de glace afin qu'il se mette à fondre, et que l'amour se mette à ruisseler en lui.
2. Oui, c'est le Baptême qui est visé en première ligne, ce baptême auquel Jésus lui-même s'est soumis dans le Jourdain et lors duquel l'Esprit Saint descendit sur lui. Depuis il est à l'œuvre « pour la rémission des péchés », comme l'affirme le grand Credo. Non pas automatiquement, mais pas non plus seulement sur la base du repentir et de la volonté du bénéficiaire de commencer une nouvelle vie dans la foi, l'espérance et l'amour. Bien plutôt de telle sorte que sans cette conversion, sans cette remise de soi à Dieu, le sacrement fondé par Jésus ne produit pas son effet.
Car ainsi en va-t-il dans tous les sacrements – l'Eucharistie a déjà été nommée, et la Pénitence est quelque chose comme une réactivation du Baptême - : ce sont des actes de Dieu en faveur de l'homme quand, à ces sacrements, celui-ci s'ouvre et se confie dans la foi. Quand l'homme croit au miracle, il advient pour lui, selon les dispositions établies par le Christ et l'Église. Toujours de manière personnelle pour chaque croyant. On ne peut pas baptiser un peuple, absoudre un peuple; mais, même quand plusieurs sont ensemble, c'est toujours bien précisément celui-ci ou celui-là qui, comme la femme affectée d'un flux de sang , touche le manteau du Christ.
Dans l'Ancienne Alliance, c'est le peuple qui était le partenaire de l'alliance, se détournait de Dieu, criait vers lui dans sa misère, était gracié, puis était ramené à Dieu. Il n'y a rien de semblable quand Dieu rencontre, comme homme, chaque homme en particulier. « Que veux-tu ? » - « Seigneur que je voie ». « Simon, m'aimes-tu? » - « Tu sais que je t'aime. » - « Alors pais mes brebis! » A ce régime appartient le plein pouvoir, accordé à Pâques, de remettre les péchés avec l'autorité du Christ. Il serait impossible à quiconque de dire à un autre : je te pardonne ton meurtre, ton divorce, ton apostasie. Même si l'Église permet à tous de conférer le baptême en cas de nécessité, ce n'est toutefois que parce qu'elle a reçu du Seigneur l'autorité de lier et de délier en son nom.
3. Sans remettre en cause ce qui a été dit, le pardon est cependant demandé à chaque croyant. Ce n'est qu'après réconciliation mutuelle, que la célébration du culte chrétien est permise (Mt 5,23s; Mc 11,25). Par le sacrifice du Christ, Dieu le Père a voulu faire se réaliser sa réconciliation avec le monde, et cela de telle manière que (entre lui-même et le Fils qui l'aime, dans l'Esprit qui participe à tous les deux), il refait intra-trinitairement sa place à l'aspect de justice qui est présent dans tout amour).
Pour cette raison, il veut aussi qu'entre croyants l'offensé prenne l'iniative de la réconciliation (« si là tu te souviens d'un grief que ton frère a contre toi, va d'abord te réconcilier avec lui »). C'est seulement comme réconciliés que nous sommes membres du Christ. C'est pourquoi l'Apôtre demande que « les forts portent les faiblesses de ceux qui n'ont pas cette force » (Ro 15,1), sachant qu'il est peut-être plus difficile à Dieu de supporter notre sentiment de supériorité, que les manquements des faibles.
Comme chrétiens nous ne vivons plus seulement les uns à côté des autres; mais, puisque nous sommes incorporés au Christ, nous vivons aussi de quelque manière les uns dans les autres, et, à vrai dire, pas seulement avec un groupe, pas seulement avec une communauté ou une Église, mais avec tous ceux pour qui le Christ s'est livré en expiation pour la rémission des péchés. Personne n'est ici exclu. Et c'est pourquoi le chrétien ne connaît pas le mot « ennemi ».
04.03.08

IX
(A) la sainte Eglise catholique,
(à) la communion des saints
1.La confession du Père, du Fils et de l'Esprit est achevée. Ce qui fait encore suite, est la confession de l'œuvre de salut des trois personnes divines. C'est la raison pour laquelle disparaît , à partir de maintenant, le petit mot « en » (en latin « in », au sens de : se donner dans la foi au Père, au Fils et à l'Esprit). Ce que nous reconnaissons maintenant dans la foi en ce Dieu, c'est beaucoup plus ce que, par grâce, il a fait pour nous!
Son premier don est l'Église. Qu'elle existe et qu'elle est connue, est présupposé : le croyant individuel, qui dit « je crois » (non pas « nous croyons »), le fait à l'intérieur de cette sainte communion. Ce qu'elle est demeure, car elle est œuvre du Dieu tri(u)nitaire, mystérieuse à bien des égards. « Ecclesia » veut dire « Appelée », et le commencement de cet appel fut l'élection d'Israël pour être un « peuple saint et sacerdotal » dont la plus haute fleur devint mère du Fils fait homme; au pied de la Croix, celui-ci donne à son tour cette mère comme archétype à son nouvel « Israël de Dieu » (Ga 6,16). L'Esprit de la Pentecôte achève l'œuvre, et donne aux membres de la communauté ecclésiale de mettre en application dans le monde entier l'ordre de mission du Christ.
Gardant ses racines en Israël, élevée par le Fils dans son Eucharistie à la dignité d'être corporellement son épouse, et rendue par l'Esprit capable d'une digne réponse, l'Eglise est de part en part une œuvre organique, et qui porte la création à son accomplissement, du Dieu tri(u)nitaire.
2.« Sainte », l'Église l'est par la sanctification de l'Esprit qui, dans le deuxième article, descendait déjà sur la Vierge immaculée. Et c'est bien pour cette raison que c'est avant tout à cause d'elle, que l'Église peut être dite « Immaculata » (Ep 5,27). « Catholique », elle l'est parce que, recelant en elle-même le Mystère de toute la vivante vérité de Dieu, elle est appelée, par sa mission dans le monde entier, à le communiquer à tout ce qui est créé. En aucune manière elle n'est une « sainte » enclave dans un monde profane et sans Dieu. Elle est le mouvement initié par Dieu pour communiquer à « toutes les nations » (Mt 28,18-20) le salut accompli – don de Dieu que nous pouvons faire nôtre – dans l'Esprit et le Destin de Jésus-Christ, dans sa « toute-puissance » et sa présence (« pour toujours, jusqu'à la fin du monde »).
Communiquer est plus qu'enseigner (« leur apprenant à observer »); c'est entraîner dans la puissance sanctifiante de Dieu (« les baptisant ») et, ainsi, dans l'obligation de vivre d'une manière qui corresponde à ce don de grâce. Une telle tâche, même quand on est équipé de « l'armure de Dieu » (Ep 6,11), fera entrer dans un processus constamment dramatique (« comme les brebis au milieu des loups »). Le Christ le prévoit bien, et il le dit aux siens (« pour qu'une fois cette heure venue, vous vous rappeliez que je vous l'ai dit », Jn 16,4). L'Apocalypse décrit avec un réalisme implacable la bataille qui court, ainsi, à travers l'histoire du monde. Déjà les Actes des Apôtres et la vie de Paul sont un témoignage unique de ce que la mission catholique de l'Église ne s'avère toujours victorieuse que dans la persécution, l'échec et le martyre : « [Sur la croix,] j'ai vaincu le monde » (Jn 16,33).
3. L'Église est « communion des saints ». L'expression désigne d'abord les « choses saintes », ainsi avant tout l'Eucharistie, autour de laquelle se rassemble l'Église, pour son salut et pour sa mission catholique. Mais précisément pour cette raison, le passage à la « communion des personnes saintes » est ici la conséquence immédiate.Et, à partir des deux, nous avons un regard sur l'insondable mystère : parce que Jésus « est mort pour tous », personne ne peut plus vivre ou mourir pour soi seul (2 Co 5,14 s); mais, dans une renonciation de chacun à lui-même par amour, ce qu'il a de bien appartient à tous. Il en résulte entre tous les membres du corps ecclésial du Christ un échange général et une circulation de sang qui sont sans fin. Et, précisément, ces membres qui sont désignés comme « saints » au sens fort, sont comme des chambres au trésor ouvertes et accessibles à tous, comme des sources vives auxquelles chacun peut boire. Rien dans la communion des saints n'est privé, bien que tout soit personnel. Mais sont « personnes », au sens chrétien justement, ceux qui, à la suite de la personne divino-humaine de Jésus, « ne vivent plus pour eux-mêmes », et ne meurent pas, non plus, pour eux-mêmes.
C'est ici seulement que la mission catholique et apostolique de la catholica devient visible dans sa nature dernière : dans la prière, le don de soi, le sacrifice et l'acte de se livrer à la mort pour les frères, elle anticipe déjà ce qu'elle leur apporte dans le travail extérieur de la mission. Preuve : la petite Thérèse comme patronne de toutes les missions.
01.03.08

VIII
Je crois en l'Esprit Saint
1. De tout temps la chrétienté a cru à l'Esprit Saint et à sa divinité. Les énoncés qui concernent l'Esprit dans les discours d'adieu johanniques disent déjà sur lui le plus profond qui puisse être dit; dans les Synoptiques, « l'Esprit de Dieu » (Mt 12,28); est envoyé du ciel sur Jésus (Mc 1,10), qui lui-même « baptisera dans l'Esprit Saint et le feu » (Lc 3,16); l'Esprit du Père inspirera les témoins du Christ devant les tribunaux (Mt 10,20). La formule trinitaire du baptême (Mt 28,19) excluait tout doute pour la foi et la liturgie de la primitive Église.
Mais , en raison de la crise arienne, la théologie dut une nouvelle fois regagner consciemment la cause de la divinité de l'Esprit Saint. Auparavant, dans des écrits longuement réfléchis et qui ouvraient de nouvelles voies à la pensée, Athanase et après lui Basile, sans désigner directement l'Esprit comme Dieu, ont argumenté à partir du fait que son activité dans le monde pour y faire naître et croître la foi ecclésiale, n'est compr éhensible qu'en raison de sa divinité. Et peu après, au premier concile de Constantinople, fut mise au point la définition dont l'autorité fut définitivement reconnue par celui de Chalcédoine.
Le plus mystérieux en Dieu - « Tu entends sa voix mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va » (Jn 3,8) _, peut certes faire l'objet d'un énoncé établissement son existence, mais il ne peut pas être enserré dans des concepts figés.Il est significatif que, sur ce mystère la querelle entre l'Église orirntale et Église occidentale ne s'est jamais apaisée.
2. Que l'Esprit Saint est Dieu, c'est ce que dit en latin le petit mot « in » (Credo in Spiritum). Car il veut dire : je me remets dans la foi au mystère saint et sauveur de l'Esprit. Certainement pas à une puissance impersonnelle, car il ne peut rien y avoir de ce genre en Dieu; mais à un insaisissable Quelqu'un, qui est un Autre que le Père et le Fils (Jn 14,16). Et dont la propriété sera d'opérer, selon la liberté divine, à l'intérieur de l'esprit libre de l'homme, et d'ouvrir les profondeurs de Dieu, qu'il est seul à sonder, à notre propre condition de toutes parts limitée : « Nous avons reçu l'Esprit qui vient de Dieu, afin de connaître les dons que Dieu nous a faits » (1 Co 2,12).
A lui, qui est le plus tendre, le plus vulnérable, le plus précieux en Dieu, il nous faut nous ouvrir, sans opposer de résistance, en abdiquant toute prétention, sans nous durcir, afin d'obtenir de lui l'initiation au mystère : Dieu est amour. Ne nous imaginons pas que nous le savons déjà par nous-mêmes! « En ceci consiste son amour : ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés » (1 Jn 4,10).L'Esprit seul nous enseigne ce retournement de la perspective, mais par lui nous pouvons effectivement apprendre ce que, selon ses vues, est l'amour.
3.cette « Réalité » qui en Dieu agit de manière libre et pour nous insaisissable, est nommée Pneuma : souffle, vent ou tempête (comme à la Pentecôte); le Ressuscité l'insuffle à ses disciples. A partir de là, faute de meilleure désignation, son surgissement en Dieu est désigné comme un « être spiré ». Quelque chose qui provient du plus intime de Dieu, puisqu'il est dit du Crucifié qu'en mourant il a « remis » son Esprit. Et le plus intime de Dieu n'est-il pas l'amour, et donc l'Esprit n'est-il pas présent partout où ce plus intime se manifeste?
Cela nous place devant une difficile question : peut-on, comme particulièrement la théologie occidentale l'a enseigné de façon si constante, dire que la génération du Fils est un acte de connaissance (car les hommes doivent toujours d'abord connaître , avant de pouvoir aimer), et que ce n'est qu'ensuite que la relation réciproque entre le Père et le Fils est devenue une relation d'amour, qui suscite l'Esprit? - Mais est-ce que le Don originaire du Père n'est pas toujours-déjà amour qui se communique lui-même, qui fait don de tout ce qui lui est propre? De sorte que l'Esprit, comme les Orthodoxes le maintiennent avec ténacité, procède du Père tout comme le Fils? La pensée occidentale a toujours concédé, depuis Augustin, que l'Esprit procède « principaliter » du Père, ce qui peut être traduit par les mots « principalement », « originellement ». Mais comme le Père transmet au Fils toute la puissance de l'être divin, il lui transmet certainement aussi – comme don du Père – de redonner avec la même puissance l'Esprit d'amour qu'il a reçu. Si nous excluons de la vie divine tout avant et après temporels, il devrait être possible de réconcilier la vision orientale avec l'occidentale. Si le Père engendre le Fils dans l'amour, il n'y a aucun moment dans lequel le Fils ne se laisse pas déjà engendrer dans le même amour et ne restitue pas cet amour dans l'Esprit Saint, de sorte que l'Esprit a toujours-déjà fait s'allumer la flamme d'amour entre les deux : origine de l'amour et résultat de l'amour à la fois.
Il serait erroné d'introduire la différence des sexes en Dieu et de voir dans l'Esprit l'élément féminin, le « sein » dans lequel a lieu l'engendrement. Au plan de la créature (qui n'épuise aucunement tout l'amour entre les hommes), la différence tire son origine du plan du Dieu tri(u)nitaire.Si l'on veut aller plus loin, le féminin serait plutôt à chercher dans le Fils : en mourant il fait surgir de lui l'Église qui, dans toute son existence sur terre, s'est laissé conduire et « féconder » par le Père – mais de telle manière qu'en même temps, comme homme, il représente dans le monde la puissance génératrice originaire de Dieu. Et puisque le Fils procède du Père, les sexes différenciés sont finale ment présents dans ce dernier d'une manière « sur-essentielle ». C'est pourquoi des propriétés féminines aussi, pouvaient être attribuées à l'amour de Dieu dans l'Ancienne Alliance. Mais , finalement, la différence qui se vérifie en notre monde apprtient tout à fait à « l'image et ressemblance » d'un Dieu qui jusque dans son amour est « plus dissemblable que semblable » (IV° concile de Latran) par rapport à tout ce qui a été créé.
13.01.08
En ce Dimanche du baptême du Seigneur je voudrais vous faire partager cette lecture du vendredi après l'Epiphanie de la Liturgie des Heures.
Elle nous fait pénétrer au plus profond du mystère ou plutôt des mystères du baptême du Christ : Renaissance dans les sacrements, consécration de l'eau en vue de notre baptême, passage de la mort à la Vie, par le chemin de la foi nous éclairant de sa lumière comme autrefois les fils d'Israël à travers la mer rouge.
SERMON DE SAINT MAXIME DE TURIN POUR L'ÉPIPHANIE
Les mystères du baptême du Seigneur.
L'Évangile rapporte que le Seigneur s'est rendu au Jourdain afin d'être baptisé et qu'il a voulu être consacré dans ce fleuve aux mystères célestes.
Il est dans l'ordre, en effet, qu'après le jour de la naissance du Sauveur -bien des années plus tard, mais à la même époque - vienne cette fête, que l'on doit, à mon avis, appeler aussi la fête de sa nativité
.
Né alors pour les hommes, il renaît aujourd'hui dans les sacrements. Alors, il a été mis au monde par la Vierge, aujourd'hui il a été engendré par le mystère. Là, lorsqu'il naît à notre humanité, sa mère Marie le réchauffe dans son sein; ici, lorsqu'il est engendré selon le mystère, Dieu le Père l'accueille par sa parole. Il dit en effet: Celui-ci est mon Fils, en qui j'ai mis tout mon amour. Écoutez-le.
Sa Mère, en l'enfantant, le caresse tendrement sur son sein, le Père le soutient par un affectueux témoignage; sa Mère le présente à l'adoration des mages, le Père le manifeste aux païens pour qu'ils le vénèrent.
Seigneur Jésus est venu au baptême, et il a voulu que son corps très saint soit lavé par l'eau.
Quelqu'un dira peut-être: " Lui qui est Saint, pourquoi a-t-il voulu être baptisé?" Écoutez donc. Le Christ est baptisé non pas pour être sanctifié par l'eau, mais pour sanctifier lui-même l'eau et pour purifier par sa pureté ces flots qu'il touche. La consécration du Christ est en effet la consécration fondamentale de l'élément.
Lorsque le Sauveur est lavé, c'est alors que l'eau est d'avance purifiée tout entière en vue de notre baptême; la source est purifiée pour que, dorénavant, la grâce du baptême soit administrée aux peuples à venir. Le Christ a donc reçu le baptême par avance, pour que les peuples chrétiens prennent sa suite avec confiance.
Je comprends le mystère: car c'est ainsi que la colonne de feu s'est avancée la première à travers la mer Rouge, pour que les fils d'Israël marchent sur ses traces avec intrépidité. Elle a traversé les eaux en premier pour préparer la voie à ceux qui viendraient après elle. Ce fut là, dit l'Apôtre, un mystère préfigurant le baptême. Oui, ce fut comme un baptême, lorsque la nuée recouvrait les hommes, et que l'eau les portait.
Mais c'est le Christ Seigneur qui a réalisé tout cela. C'est lui, jadis, qui précéda les fils d'Israël, à travers la mer, dans la colonne de feu. De même, c'est lui maintenant qui, par son baptême, précède les peuples chrétiens en son propre corps. Il est, dirai-je, cette colonne qui alors présenta sa lumière aux regards de ceux qui le suivaient et qui, maintenant, offre la lumière aux coeurs des croyants. Alors, il offrit un chemin solide à travers les eaux; maintenant il fortifie notre marche dans le bain de la foi.
R/L'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs
par le Saint-Esprit.
Les nations sauront que je suis le Seigneur
quand éclatera ma sainteté à votre sujet.
Je vous purifierai de tous vos péchés,
les nations le sauront : Je suis le Seigneur.
Je vous donnerai un coeur nouveau,
je mettrai en vous un esprit nouveau.
Je mettrai en vous, mon Esprit,
et vous marcherez selon mes lois.
Oraison : Dieu tout-puissant, tu as signifié par une étoile qu'un Sauveur était né pour le monde ; maintiens ta lumière en nos coeurs pour que nous entrions plus avant dans ce mystère.
Que le Seigneur nous bénisse,
qu'il nous garde de tout mal,
et nous conduise à la vie éternelle.
Amen.

Léonard de Vinci
07.01.08

Dimanche 6 Janvier - Epiphanie de Notre-Seigneur-Jésus-Christ
Les mages viendront ce soir, cette nuit vous adorer, mon Dieu ; il est en ce moment 9 heures du soir, du 6 janvier. En attendant qu'ils arrivent, pendant qu'ils seront là, mettez-moi à vos pieds, mon Seigneur, avec la très sainte Vierge et saint Joseph : faites-moi, jusqu'à leur arrivée et pendant leur présence, vous contempler, vous adorer, me perdre en vous... la sainte Vierge et saint Joseph, sans cesser de vous adorer et de vous regarder, parleront aux mages , leur répondront, leur présenteront leur Dieu à adorer... moi le petit enfant de la maison, je n'ai point à parler, je n'ai qu'à regarder et à me taire, à rester dans mon coin en silence et à continuer à vous adorer comme si le monde entier n'existait pas... Pourtant à la vue de si saints adorateurs qui viennent de si loin passer quelques heures à vos pieds je suis confondu devant mon indignité, et les grâces dont je suis comblé, et l'abus que j'en fais, moi qui suis chaque jour, à toute heures à vos pieds et qui y suis si misérable et si indigne, et hélas ! qui parfois n'y suis pas quand je devrais y être, qui y suis moins que je pourrais y être... Priez pour moi, saints Rois mages afin que moi aussi j'adore Notre-Seigneur dans toutes les limites du possible, au prix même des plus grandes difficultés, des fatigues et des dangers... que moi aussi je suive fidèlement l'étoile de ma vocation, que j'offre aussi à ce Dieu, à cet homme, à ce roi l'encens de mes prières, la myrrhe de la pénitence, l'or de la charité, et qu'enfin, après avoir joui amoureusement à ses pieds en partageant la contemplation et l'adoration de la sainte Vierge et de saint Joseph, tout le temps qu'il me permet, je me convertisse entièrement, revenant par un autre chemin et ne retombant plus dans les sentiers de mes anciennes fautes... Priez avec les mages pour que je fasse cela, ô ma Mère la sainte Vierge, ô mon père saint Joseph, et demandez la même chose pour tous les hommes, en Notre-Seigneur Jésus, par Lui et pour Lui... Et en attendant qu' arrivent les mages, et pendant qu'ils seront là, tenez-moi entre vous bien caché, bien muet, à contempler et à adorer, sans penser à aucune autre chose de la terre, ce divin Enfant Jésus, ce bien-aimé Enfant Jésus, ce si doux Enfant Jésus !
04.01.08

Vendredi 4 Janvier. Sainte Vierge, saint joseph, mettez-moi entre vous aux pieds de Jésus dans sa petite crèche.. Il fait nuit... il est tard... Bethléem sommeille mais vous veillez : vous êtes à côté l'un de l'autre auprès de votre enfant et de votre Dieu, vous le couvez des yeux, vous l'adorez ensemble dans un silence, un recueillement et un amour infini...Où est le monde ? Qu'est-ce que le monde ? Les rois, les savants, les riches, les grands, la gloire, l'esprit, l'honneur, la beauté humaine, toute jouissance et puissance humaine ?... Que cela est petit, que cela est néant. Mais là, entre vous, dans cette petite crèche, est tout, le Créateur de tout, l'être en soi, l'être, le parfait, l'infini, le bon, le sage, l'amour surtout, le beau... tout l'être et toute la perfection, tout ce que l'oeil ne peut contempler, ni l'oreille entendre, ni l'esprit concevoir... tout cela est là, en ce petit enfant si doux qui vous sourit et vous tend les bras et vous demande des baisers... Comme vous le contemplez, comme vous vous noyez dans sa vue, dans son amour, dans son adoration. Comme elles passent vite pour vous les heures de la nuit dans cette douce veille. Si l'un de vous a besoin de s'assoupir un moment, l'autre continue sa bienheureuse adoration ! Que vous êtes heureux ! Comme le Ciel est là ! Mettez-moi entre vous, ô mes bien-aimés parents, entre vous aujourd'hui, entre vous toujours sur la terre et au ciel, entre vous pendant toute la vie de Jésus pour la partager avec vous, pour être avec vous la société fidèle, le petit frère de sa vie cachée, puisque c'est à cela que, dans sa bonté infinie,dans sa miséricorde incompréhensible, il m'appelé moi misérable pécheur ! Oui cette imitation fidèle, cette place tous les jours de ma vie à votre divin et béni foyer, je vous le demande pour moi, puisque votre divin Jésus veut que je sois à cette place de choix (il veut garder tout contre lui, la pauvre brebis qu'il a ramené de si loin)... mais pour tous les hommes je vous demande de les mettre en ces temps de Noël, en ces nuits qui suivent la naissance du divin Enfant, avec vous au pied de sa crèche, dans votre amour, votre contemplation, votre adoration... Je vous demande cela ô sainte Vierge, ô saint Joseph, par Notre-Seigneur Jésus, en Notre-Seigneur Jésus, en votre si doux enfant Jésus, en notre bien-aimé Enfant Jésus
Amen !
02.01.08

Jeudi 3 Janvier. Mon Seigneur Jésus, je vous adore dans votre crèche... Je vous aime de tout mon coeur, de toute mon âme, de toutes mes forces, de tout mon esprit. Votre petit serviteur, votre petit enfant, celui que, dans votre infinie bonté, vous faites votre petit frère, se prosterne à vos pieds et vous adore de tout son coeur, Jésus bien-aimé, Jésus enfant si doux !... Sainte Vierge et saint Joseph, sainte Magdeleine et saint paul, mon bon ange, douce sainte Geneviève, saint pontife Anthère qui donnâtes votre sang pour cet enfant béni, mettez-moi avec vous à ses pieds, mettez_moi au pied de cette petite crèche... Je remets mon âme entre vos mains : donnez-moi à Jésus... Obtenez-moi par vos saintes prières que ce don soit véritable, et qu'à jamais j'appartienne à ce divin Enfant, étant vraiment son petit frère, partageant tous ses sentiments et toute sa vie, faisant en tout ce qu'Il veut de moi, en Lui, par Lui et pour Lui.
Amen
01.01.08
Gloire à Dieu ! Au plus haut des cieux !
Plein de grâce et de vérité,
Il resplendit près de sa Mère !
Jésus s'endort ! Pour l'adorer,
Sur une crèche le monde est penché !
( Hymne de l'office des lectures de "Sainte Marie, Mère de Dieu")
Mais on appelle Sion : "Ma Mère !"
car en elle, tout homme est né.
C'est lui, le Très-Haut, qui la maintient.
Au registre des peuples, le Seigneur écrit :
"Chacun est né là-bas."
Tous ils chantent et ils dansent, et ils chantent :
"En toi, toutes nos sources!"
(Psaume 86)
Le Verbe s'est fait chair, alléluia,
il a demeuré parmi nous, alléluia.
(Psaume 98)
Pousse des cris de joie, fille de Sion !
Eclate en ovations, Israël !
Réjouis-toi, tressaille d'allégresse, fille de Jérusalem !
Le roi d'Israël, le Seigneur, est en toi.
( Sophonie,3 14,15b)
Portes de la Basilique de Nazareth et sources du Jourdain à Banias

Lundi 31 Décembre. Mon Seigneur jésus, vous me voyez de votre crèche... Oh ! faites que je vous y console, que je ne vous y fasse pas de peine... hélas on fait parfois aux hommes de la peine sans le vouloir... faites que je ne vous en fasse jamais !... Mon Dieu vous m'avez tiré de la boue où j'étais plongé pour faire de moi votre petit frère, pour me donner cette bénie vocation de partager votre vie : ô rendez-m'y fidèle mon Dieu !...Soutenez-moi pour que je sois fidèle à une telle grâce ! C'est aujourd'hui le dernier jour de cette année 97... grande et solennelle année pour moi, mon Dieu, année comblée de grâces infinies... Toutes nos années, tous nos jours sont grands par les grâces dont vous nous comblez mon Dieu, il me semble pourtant qu'il y a dans ma vie cinq années particulièrement grandes et bénies, celle de mon baptême, de ma première communion, de ma conversion,de mon entrée à la Trappe, de mon entrée dans cette vie cachée et abjecte conforme à la vôtre. C'est cette année, le 17 février 97 que vous m'avez fait cette dernière grâce... Merci, merci, merci...
-Maintenant, ô doux enfant Jésus que j'adore dans cette petite crèche, faites-moi être fidèle à cette grâce infinie : me voici suppliant à vos pieds :secourez-moi, secourez-moi ; je vous demande une seule chose, mon Dieu : la fidélité : faire votre volonté tous les instants de ma vie : c'est tout ce que je vous demande pour moi et je ne vous fais ensuite qu'aune autre demande, que je vous fais en vue de tous, vous le savez: je vous demande pour tous les hommes ce que je viens de vous demander pour moi : que tous fassent votre volonté, mon doux Jésus
Amen
30.12.07

Dimanche 30 Décembre. Sainte Vierge, saint Joseph, mettez-moi aux pieds de Notre Seigneur Jésus, faites-moi adorer avec vous cet enfant si doux qui est le Saint des saints, la Beauté des beautés, la Sagesse des sagesses, la Perfection des perfections. O mon Dieu je défaille ! faites-moi vous aimer... comment faire pour vous aimer ? mon Dieu je voudrais tant, tant vous aimer et je vous aime si peu, si pauvrement ! Comment faire ? - Viens et vois. Si tu veux voir !... (Voir c'est aimer, car qui me voit m'aime nécessairement.) Si tu veux "voir", aime et "viens". Viens, c'est-à-dire suis-moi partout où je veux te conduire, ne me refuse rien... Prête l'oreille, écoute ma voix et viens, suis-moi dans le chemin où je te mènerai quel qu'il soit, dur ou doux, mais il sera bientôt dur car pour être mon disciple il faut se renoncer et porter sa croix. Prête l'oreille à ma grâce, à mes inspirations, écoute, interroge ton directeur, obéis et fais ce que je te demande, suis-moi partout où je te mènerai et quand tu seras "venu" ainsi, tu me "verras" et quand tu me verras, ma beauté te jettera hors de toi et tu m'aimeras à en mourir. -O ma mère, ô mon père, prenez-moi dans vos bras, ô sainte Magdeleine et saint Paul priez pour moi, ô mon bon ange soutenez-moi et guidez-moi afin que je "vienne" et que je "voie" et qu'ainsi j'aime ce divin enfant et le serve de mon mieux pendant ma vie et pendant l'éternité. - Et je vous demande la même grâce pour tous les hommes.
Amen
L’Adoration des bergers
1654
Signé à gauche sur le bord inférieur Rembrandt f
Entre cette estampe et celle, gravée deux ans plus tôt sur le même thème, dont la scène se situait dans une obscurité presque totale, le contraste est grand en raison non seulement de la tonalité, mais aussi de l’attitude des personnages. Cette estampe-là nous montrait une Vierge triste, appuyée sur quelques ballots, songeant sans doute aux souffrances qui attendent son fils, à moins qu’épuisée, elle ne cherche tout simplement à se protéger du froid. Ici, elle fait le geste, fréquent dans l’iconographie chrétienne, de soulever son manteau pour montrer aux bergers le nouveau-né. Quant à saint Joseph, au lieu de lire dans un coin, il ouvre les bras comme pour les inviter à adorer l’Enfant. Le visage du garçonnet qui se penche pour regarder Jésus, avec l’expression habituelle chez ceux de son âge face à un plus petit qu’eux, est une véritable merveille. Si les figures sont dessinées à l’aide de tailles assez longues, celles de la vache (et non pas d’un âne comme habituellement), du bœuf, ainsi que de la partie droite de l’étable, sont beaucoup plus travaillées, avec des tailles courtes et denses, visant à donner de la profondeur à la scène et une grande richesse de tons à l’image.
29.12.07

Samedi 29 Décembre. Sainte Vierge, saint Joseph, mettez votre petit enfant entre vous au pied de la crèche, faites-lui passer ses heures comme vous passez les vôtres, apprenez-lui à adorer sans cesse Jésus avec vous, à Le contempler sans cesse... à avoir l'esprit perdu en Lui lorsque le devoir force de sortir de la grotte, de quitter le Tabernacle, de s'éloigner de la présence du corps de Jésus, et lorsque on peut enfin revenir à ses pieds à abîmer en Lui ses yeux, son âme, tout son être... Comme tous les instants qu'on peut passer à ses pieds, on les passe à ses pieds ! Comme tous les instants qu'on peut (sans nuire à son service) étant à ses pieds passer simplement à Le contempler, sans faire rien d'autre que de se noyer silencieusement dans son amour, on les passe dans cette bienheureuse inaction qui est si agissante puisqu'elle est un élan continu d'amour... Sainte Magdeleine, saint Paul, mettez-moi aux pieds de Jésus comme vous y auriez été, faites-moi passer ces jours comme si vous y étiez à ma place...Mon bon ange, je vous donne mon corps et mon âme, servez-vous en comme étant vôtres, et adorez et servez par leur moyen Notre-Seigneur comme vous voudriez le faire, comme vous voulez que je le fasse : voici que vous avez une âme humaine et un corps : usez-en pour la plus grande gloire de Dieu.
Saint Thomas, glorieux martyr, obtenez-moi la grâce de donner, si c'est la volonté de Jésus, comme vous, mon sang pour Lui, Lui qui vivant sur la terre donna son sang pour moi. En Lui, par Lui et pour Lui
Amen
28.12.07

Vendredi 28 Décembre - Saints Innocents Sainte Vierge, saint Joseph, mettez-moi avec vous au pied de la crèche... que faites-vous ? A quoi se passent vos jours et vos nuits ? Faites-les moi passer comme vous, puisque je dois être l'un des vôtres puisque c'est la vocation que j'ai reçue du Ciel d'être le petit frère et le compagnon de Jésus et par conséquent votre petit enfant... Vous avez, tous deux, deux occupations, l'une qui ne cesse pas si ce n'est pendant les courts instants donnés au sommeil, l'autre qui dure chaque jour un temps plus ou moins long... Celle qui ne cesse pas c'est la contemplation, l'adoration... Quand vous êtes dans la grotte vos yeux ne se détachent pas du divin enfant... quand vous êtes obligés de le quitter votre pensée reste à ses pieds : cette occupation ne cesse pas, elle est de tous vos instants : votre coeur ne cesse pas d'adorer, de se fondre en amour et adoration... L'autre occupation c'est le travail manuel, matériel, pour Marie le soin de son fils et divers soins de ménage... pour Joseph la plus grande partie des soins du ménage, les courses au-dehors, et puis il lui faut chercher du travail et louer ses bras pour subvenir à l'existence de la sainte Famille pendant un temps qu'il prévoit devoir être assez long... et tout cela dans la pauvreté, l'abjection, le froid, la pénitence, dans une vie toute céleste où l'esprit perdu en Dieu ne donne rien au corps que le strict nécéssaire, ne trouvant d'ailleurs de plaisir, de satisfaction que dans une chose : l'adoration de Jésus. Faites-moi partager cette vie , ô Marie, ô saint Joseph, ô sainte Magdeleine, ô saint Paul, ô mon bon ange... Faites-la moi mener avec vous, ô mon père et ma mère, moi qui suis votre petit enfant...- Saints Innocents priez pour moi afin que comme vous, si c'est la volonté de Dieu, je Le glorifie en donnant pour Lui mon sang, en Lui, par Lui et pour Lui.
Amen
27.12.07

Jeudi 27 Décembre. Mon Seigneur Jésus, je vous adore de toute mon âme, de tout mon coeur, de toutes mes forces, de tout mon esprit,dans votre crèche. Vous me voyez de cette crèche, tel que je suis en cet instant... mon Dieu je vous adore de toutes les forces de mon être : je vous aime par dessus tout, je vous aime uniquement, je n'aime tout autre être qu'en vous et pour vous ! tout mon coeur est à vous, pour vous ! vous le remplissez tout entier, mon Dieu, mon Roi, mon Maître Bien-Aimé, mon divin Seigneur et époux... je ne veux respirer que pour vous, je vous offre tous les moments de ma vie, tout mon être... faîtes-moi une seule grâce, ô Jésus enfant si doux, ô mon Dieu bien aimé ; celle de faire en tout votre volonté pendant tous mes instants, et par là de vous glorifier et de consoler votre coeur autant qu'il m'est possible... Cette même grâce je vous la demande pour tous ceux pour qui vous voulez que je prie particulièrement, et pour tous les hommes... Ma mère bien aimée, mon père saint Joseph, mettez-moi aux pieds de votre Fils : faites-moi l'adorer avec vous... Vous avez introduit près de sa crèche dans le temps ses premiers adorateurs... Vous continuez à introduire près d'elle en tous les temps; ; introduisez -moi dans cette sainte grotte et après m'y avoir fait entrer, faites-m'y rester entre vous, à partager votre vie et à adorer avec vous nuit et jour le divin enfant... Vous savez à quoi Jésus m'appelle, à partager sa vie comme un petit frère, à être l'image de sa vie cachée, à vivre avec lui à son foyer, à être par conséquent votre petit enfant : recevez-moi comme votre petit enfant, gardez-moi, apprenez-moi à servir et à adorer Jésus avec vous : ô père, ô mère, je remets mon corps et mon âme entre vos mains, disposez-en selon la volonté de notre Père commun et por sa plus grande gloire...
Amen
Saint Jean, si ce jour n'était pas si grand par la présence de Jésus, Emmanuel, dans la crèche, comme il serait grand par votre seule fête ! Patron des âmes qui aiment, des âmes contemplatives, de ceux qui veulent suivre Jésus jusqu'à la croix, de ceux qui veulent être de vrais fils de Marie pour être de vrais frères de Jésus... saint martyr, âme de feu, fils du Tonnerre... dépositaire des secrets du Maître, fidèle interprète et observateur de ses paroles, vous par qui il s'est plu à transmettre son dernier commandement, son testament "Petits enfants, aimez-vous les uns les autres", vous qui l'avez si bien pratiqué... faites de nous, de moi, de ceux que j'aime, de tous les hommes rachetés à si grand prix, de fidèles enfants de Marie, vos fidèles imitateurs, dans l'amour, la contemplation, la fidélité, la ferveur, le courage, la pénitence, s'il plaît à Dieu dans le martyre, dans la charité fraternelle qui fait aimer tous les hommes comme Jésus les a aimés, en Lui, par Lui et pour Lui
Amen
26.12.07

Mon Seigneur Jésus, vous êtes dans votre crèche, ô mon Dieu, ô mon Maître, ô mon Seigneur... vous y êtes abandonné, oublié inconnu, pauvre, manquant de bien des choses, dont ne manquent pas les autres enfants, dans une abjection infinie... faites-moi la grâce, vous qui me voyez de cette crèche, de vous consoler, de vous faire plaisir autant que cela est en moi, et pour cela ce qu'il faut, c'est que je m'efforce moi indigne et misérable de vous imiter, d'être votre image fidèle, à l'intérieur de mon âme, et par l'extérieur de ma vie ; par toutes mes pensées, mes paroles et mes actes... Que j'en suis loin ! Que j'en ai été loin hier !... Mais tout vous est possible, grand Dieu, Époux bien-aimé, frère très tendre, Créateur et conservateur très puissant, qui me voyez de votre petite crèche... Oh ! vous me tendez les bras, je le sens... et cela d'autant que je suis plus misérable... vous m'aimez, non seulement parce que je suis votre enfant, la brebis de votre troupeau, mais encore parce que je suis faible et languissant à l'infini... Ce que je ne puis pas faire, vous le ferez en moi, n'est-ce pas, Seigneur et doux Sauveur ? Ce que je devrais être faites-le en moi, vous qui êtes tout puissant sur toutes vos créatures ; mon Epoux, mon bien-aimé, votre indigne épouse se met corps et âme entre vos mains, faites-la ce que vous voulez qu'elle soit... elle vous le demande avec foi, et en votre nom, et ce qu'elle vous demande ce n'est que le bon Esprit, votre Esprit... Sainte Vierge ma mère, mon père saint Joseph, ma mère sainte Magdeleine, mon père saint Paul, mon bon ange, et vous grand saint Etienne, joignez ensemble vos prières et obtenez cette grâce à votre indigne enfant et serviteur... Et vous saint Etienne, patron des martyrs, obtenez-moi la grâce d'être l'image de mon Epoux non seulement dans la vie mais, comme vous, dans sa mort sanglante... obtenez-moi de l'aimer comme vous "du plus grand amour", de mourir de la manière qui le glorifiera le plus, comme Il le veut de moi
Amen
25.12.07

Mardi 25 Decembre - Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ
Il est 2 à 3 heures du matin...la messe de minuit est dite ; j'ai reçu entre mes lèvres votre corps saint... Vous vous êtes donné à moi : vous êtes entré en moi, comme vous êtes, il y a environ mille neuf cents ans, entré dans le monde... Mon Seigneur Jésus, Le monde ne vous a pas reçu... Oh ! je veux vous recevoir ! Mais hélas ! avec tous mes désirs qu'ai-je à vous offrir ? Ai-je mieux à vous offrir qu'une grotte froide, obscure, souillée, habitée par le boeuf et l'âne, par la nature brutale, les pensées terrestres, les sentiments bas et grossierss. Hélas ! mon Dieu, je le reconnais, c'est là la triste hospitalité que je vous offre. Pardon, pardon, pardon d'avoir si peu travaillé à l'aide des grâces sans nombre que vous m'avez données pour faire de cette grotte de mon âme, où je savais que vous deviez entrer, une demeure moins indigne de Vous ; une demeure chaude, claire, propre, ornée de votre pensée... Mais ce je n'ai pas fait, faites-le Seigneur Jésus ! Illuminez cette grotte de mon âme, ô divin Soleil ! Réchauffez-la , purifiez-la... Vous êtes en elle, transformez-la par vos rayons... Obtenez-moi cette grâce, ô mon Père et ma Mère ! Ö sainte Vierge et saint Joseph ! Que-faites-vous, en ce moment, tous deux ? Vous adorez, recueillis, silencieux, vous vous perdez dans une contemplation sans fin, couvrant, baisant du regard celui que vous avez, depuis quelques instants , adoré, caché... Comme vous le regardez ! Que d'amour, que d'adoration dans vos yeux et dans vos coeurs ! O ma Mère, vous le tenez dans vos bras, comme vous le réchauffez sur votre coeur, comme vous le serrez contre vous ! comme vous l'embrassez ! comme vous le nourissez ! Comme vous lui prodiguez à la fois les adorations et les respects dus à votre Dieu ; et les tendresses, les caresses, les soins que demande un petit enfant ! Et vous, saint Joseph, comme vous vous montrez vrai père pour Jésus, comme vous Le regardez, comme vous l'adorez ! et en même temps comme vous le soignez et le caressez ! Comme vos infinis respects et votre adoration profonde vous empêchent peu de le caresser !... Au contraire , vous sentez que ce divin Enfant ne doit pas être plus dépourvu de caresses que ne le sont les enfants ordinaires... il doit plutôt en recevoir mille fois plus qu'aucun autre... Aussi vous l'en comblez tous deux. O saints Parents... Votre nuit et désormais toute votre vie sont partagées en deux occupations, l'adoration immobile et silencieuse, et les caresses, les soins empressés et dévoués et bien tendres... Mais, soit immobile, soit agissante, votre contemplation ne cesse pas ; vos coeurs, vos esprits, vos âmes ne cessent d'être noyés et perdus dans l'amour... Faites que ma vie se conforme à la vôtre, ô mes parents bénis, qu'elle se passe comme la vôtre à adorer Jésus ou à agir pour Lui, toujours abîmés dans son amour en Lui, par Lui et pour Lui.
Amen
24.12.07

Lundi 24 Décembre. Nous voici au 23, 10 heures du soir... Encore vingt-six heures et vous naîtrez, mon Seigneur Jésus. Encore vingt-six heures à passer dans le très doux sein de Marie, dans la pureté immaculée de la plus parfaite de vos créatures... et ensuite vous entrerez dans ce triste monde, beau pourtant, puisqu'il est l'oeuvre de vos mains ; oeuvre "bonne" à votre propre jugement, mais oeuvre souillée et corrompue par bien des crimes, des péchés, des misères... Et vous allez vivre trente-trois ans sur cette froide terre qui produit depuis la faute d'Adam tant de ronces et d'épines, parmi ces enfants des hommes qui vous recevront si mal, qui, naissant, vous repousseront de leur demeure et vous forceront à naître dans une grotte sauvage entre des animaux sans raison, qui vivant, vous persécuteront, vous chasseront de Bethléem, de Nazareth, de Jérusalem, de toutes vos cités ; enfin, prêts à vous égorger, à vous précipiter, à vous traduire en jugement, qui, mourant, crieront : Tolle ! tolle ! crucifige ! et qui enfin vous attacheront à la croix !... C'est parmi ces hommes que vous venez ! C'est pour eux que vous venez ! C'est pour souffrir cela que vous venez ! Mon Dieu que vous êtes bon ! Que vous nous aimez ! Mon Dieu faites-moi vous aimer ! faites-moi vous suivre ! Moi, à qui vous avez donné pour vocation de vous suivre dans votre vie cachée, faites-moi vivre comme vous avez vécu, vivre pour ce pour quoi vous avez vécu, être votre image fidèle, votre petit frère tendre et fidèle, faites-moi vous consoler le plus qu'il m'est possible pendant tous les instants de cette vie que vous allez commencer, faites-moi faire en tout ce que vous voulez de moi : Fiat voluntas tua... en Vous, par Vous et pour Vous.
Amen
23.12.07

Dimanche 23 Décembre. Encore deux jours !... Il est 3 à 4 heures du matin : dans deux jours vous serez né, mon Seigneur Jésus... Comme la sainte Vierge et saint Joseph vous adorent en ce moment !... Leur journée de marche, protégée par les anges, a été de leur part comme une marche d'anges, plus qu'une marche d'anges, car la reine des anges était là et les anges ne portent pas en eux le saint des saints... Est-ce à Sichem, à Naplouse que vous passez cette nuit, mon père et ma mère! ? Les Samaritains n'accueillent guère bien les Israélites : sans doute, pour faire ce voyage, vous vous étiez unis à quelque caravane, par mesure de sûreté. La caravane campe cette nuit dans la Samarie, où nul ne vous offre probablement l'hospitalité... Vous êtes à l'abri de quelque tente, ou sans aucun abri, au serein... Il fait froid...Votre amour vous empêche de sentir le froid de la nuit ?...En tout cas il vous empêche d'y donner votre attention... Saint Joseph a pourtant soin que la sainte Vierge soit couverte, qu'elle soit aussi bien que possible ; et vous ma mère, vous avez le même soin pour mon père...Mais ceci fait, comme votre repos a été court ! Comme vous vous êtes vite retrouvés tous deux éveillés et veillant Jésus...Après cette journée de contemplation que ni les objets changeants du chemin, ni les discours variés des compagnons de route, ni les réponses très affectueuses mais courtes faites par vous à eux, n'ont interrompue. Quelle est profonde votre adoration durant ces heures de la nuit !...Comme vous adorez celui qui est là !...Pensez-vous que bientôt vous le verrez ? Ou le moment présent vous absorbe-t-il tout entiers ? C'est si grand le moment présent ! La grâce présente est telle que, quoi que vous possédiez d'amour et de perfection, vous êtes infiniment impuissants à adorer assez, à aimer assez, à avoir assez de gratitude, aux pieds de celui qui est là caché entre vous...
Vous comprenez votre impuissance, et sans vous arrêter longtemps au passé ni à l'avenir, vous tâchez de rendre de toutes vos forces, d'heure en heure, à Dieu, ce qui est à Dieu, c'est-à-dire tout votre coeur, toute votre âme, tout, votre esprit, toutes vos forces, en vous perdant, vous abîmant, vous noyant, autant qu'il est en vous, dans la plus profonde des adorations ; noyez-m'y avec vous, mes saints parents, et à cette heure, et pendant ces deux jours qui nous restent à adorer Jésus caché, et ensuite pendant toute ma vie du temps et toute ma vie éternelle, en Notre-Seigneur, par Lui et pour Lui ; et la même grâce, je vous la demande pour tous les hommes et surtout pour ceux pour qui je dois prier davantage
Amen
22.12.07

Samedi 22 Décembre !... Il est 3 ou 4 heures du matin... Votre première journée de marche est achevée... Vous êtes au gîte, dans quelque maison amie où à l'hôtellerie, chez des amis sans doute, car vous deviez en avoir sur le chemin, soit à Jesraïl, soit à Djenin, soit à Zebaldi, ou en queque bourgade ou village de ces parages... Il est probable que le temps du repos est déjà passé pour vous, malgré la fatigue... Vous veillez tous deux seuls aux pieds de Jésus, comme dans votre maison de Nazareth... tout vous est un Nazareth... tout vous est une solitude... tout vous est un lieu excellent pour adorer parfaitement... Oh ! comme vous adorez en esprit et en vérité : en esprit car tout votre esprit adore ; il est tout entier dans l'adoration, perdu et noyé... en vérité, car vous n'adorez pas des lèvres comme moi hélas ! si souvent, mais du fond du coeur, tout votre coeur est là brûlant, se consumant comme une lampe, se répandant comme un baume, se fondant d'amour, rempli et débordant de Dieu et vide de tout ce qui n'est pas Lui... Cette journée se passera comme celle d'hier, comme le moment présent... Marchant, arrêtés, seuls, en compagnie, vous adorerez Jésus, votre esprit et votre coeur seront à ses pieds le contemplant, l'adorant, perdus en Lui... faites que moi aussi je passe cette journée de la sorte, ô mes bienheureux parents ! O ma mère sainte Magdeleine ! O mon bon ange ! et non seulement cette journée, mais comme vous toutes les journées de ma vie ! Et je vous demande la même grâce pour tous les hommes puisqu'ils sont tous enfants de Dieu, et en particulier pour ceux que je dois particulièrement aimer. En Jésus, par Lui et pour Lui
Amen
Monastère Ethiopien

Vendredi 21 Décembre.Encore quatre jours ! ...Demain matin vous quitterez Nazareth, ô ma mère et mon père ! ...J'écris cela le 20, à 9 heures du soir... voici votre dernière soirée à Nazareth aux pieds de Jésus caché...Plus tard, vous reviendrez dans ce nid béni où vous avez tant aimé votre Dieu, où vous l'avez tant adoré, où vous vous êtes tant noyés en Lui, où vous avez tant joui de Lui !...mais vous ne serez, pour ainsi dire, plus les mêmes... une nouvelle vie aura commencé pour vous... Vous verrez Dieu, vous serez comme les bienheureux... comme les anges, comme les habitants du ciel... vous verrez sans cesse la face de Dieu. Déjà depuis neuf mois votre vie est bouleversée : depuis l'incarnation, pour vous, ma mère, depuis l'apparition de l'ange, pour vous, mon père, vous sentez Dieu en vous ou à côté de vous : c'est comme le ciel : c'est un enivrement, un émerveillement, une plénitude de bonheur, d'amour, de gratitude, une vie d'admiration, de contemplation, d'adoration, de piété en Dieu ; vous êtes plongés dans l'amour, dans l'adoration et dans la gratitude comme dans une mer, et vous y buvez sans pouvoir vous désaltérer ;vous vous y noyez... Mais si vous êtes presque au ciel depuis ces quelques mois, et si depuis ce temps vous ne faites que défaillir d'amour et de bonheur, que sera-ce dans quatre jours ? Que sera-ce tout le reste de votre vie ? Toujours, toujours désormais vous verrez Dieu face à face... Vous du moins saint Joseph, car la sainte Vierge connaîtra un jour la séparation : Jésus il est vrai saura y pourvoir et apparaître à sa mère ; "il ne la laissera orpheline." Aussi on peut bien dire de tous deux que toujours, toujours, vous verrez Dieu face à face ; encore quatre jours et votre ciel commencera. Faîtes-moi passer avec vous ces quatre jours d'attente, ô mes bien-aimés parents !...Prenez-moi dans vos bras et enveloppez- moi dans votre recueillement et dans votre incessante et passionnée contemplation, faites-moi admirer, aimer, adorer avec vous... Je vous demande la même grâce pour tous, ceux qui se sont recommandés à mes prières, tous ceux que je dois aimer plus spécialement et pour tous les hommes, en Vous, par Vous et pour Vous, mon Seigneur Jésus.
Amen
21.12.07

Jeudi 20 Décembre.Encore cinq jours ! Ô ma mère, ô mon père, il faut pourtant songer maintenant au lendemain ; il faut vous tirer un peu de votre muette et si tranquille adoration... car demain matin vous devez partir pour Bethléem... Vous ne cesserez pas de contempler, d'adorer, à tout instant : oh ! non ! mais vous cesserez d'avoir d'aussi longues heures à passer solitaires, arrêtés, muets, loin des bruits du monde, au fond de votre petite maison en admiration devant votre bien-aimé... Vous retrouverez chaque soir ces heures délicieuses de solitude où vous pourrez à votre aise et sans être dérangés par les hommes, vous perdre et vous noyer en Lui... Le jour vous vous perdrez aussi en Lui, mais vous le ferez au milieu des hommes, marchant, répondant à celui-ci et à celui-là ; à la vérité choses et hommes passeront devant vos yeux et sous vos pieds comme un rêve : vous parlerez, vous marcherez perdus et noyés dans la contemplation de Celui que vous portez avec vous, votre âme sera tout abîmée en Lui, et ce que vous direz, ce que vous ferez, les rapports que vous aurez avec les choses extérieures, vous vous en acquitterez comme des personnes qui dorment, et agissent parfaitement en dormant, à cause de la grâce de Dieu et de l'habitude d'agir parfaitement... Ni les occupations, ni les marches, ni les fatigues, ni les hommes, rien ne vous séparera de la contemplation, de l'adoration continuelle de votre Bien-Aimé, ô mes parents !... Faites qu'il en soit de même pour moi dans la mesure où je le puis, dans la mesure des gràces que Dieu me fait, dans la mesure qu'il veut de moi... Et ce que je vous demande pour moi, cette imitation de votre contemplation, de votre adoration et de votre amour je vous le demande pour tous les hommes, en Jésus, par Lui et pour Lui
Amen

p>Mercredi 19 Décembre Encore six jours. Votre dernier sabbat de Nazareth, votre dernier sabbat de Dieu caché ! Votre dernière semaine de Dieu caché sont écoulés, ô Marie ô Joseph !...quelle vie nouvelle va commencer pour vous. Ne défaillez-vous pas ? N'y a-t-il pas dans cette pensée de Dieu désormais visible entre vous et pour vous, de quoi mourir d'amour et de bonheur ? ...La terre vous est un ciel déjà, vous qui avez Jésus au milieu de vous et qui l'adorez si profondément, qui sentez tellement l'infini bonheur de l'avoir avec vous, qui vous perdez avec tant d'amour et de délices dans son adoration... mais que sera-ce quand ce Jésus , vous le verrez, vous l'entendrez, quand il vous parlera, vous caressera, vous embrassera, vous baisera comme sa mère et son père, quand vous aurez à le soigner, à l'entretenir, à Lui donner tout ce qu'il lui faut ?
Et moi, Jésus n'est-il pas en moi comme en Marie quand je le reçois dans la sainte communion ? N'est-il pas avec moi quand je suis au pied du Tabernacle ? Ne m'embrasse-t'il pas quand je communie ? Ne me caresse t'il pas dans la bénédiction du Saint-Sacrement ? N'ai-je pas à l'entrenir,à le soigner quand j'arrange et je tiens propre son sanctuaire, quand je sers le prêtre, quand je l'aide à se vêtir ? N'ai-je pas à le nourrir quand je travaille pour ses filles ou que je fais quelque bien aux pauvres ? Et comme je fais tout cela tièdement !... Et ne me parle-t'il pas dans les saints Evangiles et par mon directeur ? ... Et comme je reçois tièdement sa parole,... Mon Dieu, convertissez-moi, sainte Vierge, saint Joseph, je me remets entre vos mains, vous voyez ma misère, convertissez-moi afin que, moi qui par une grâce infinie de Jésus, suis appelé par Lui à partager sa vie et la vôtre, je la partage comme un petit frère fidèle, aimant et reconnaissant, consolant son Coeur le plus possible en tout instant; et comme votre enfant fidèle et obéissant, faisant tout ce que vous voulez de moi, tout ce que Dieu veut de moi... Convertissez-moi afin que je fasse ce que Dieu veut de moi, ô mon père, ô ma mère, et vous aussi, ô ma mère sainte Magdeleine, ô mon père saint Paul, ô mon bon ange... Je remets pour cela mon âme entre vos mains. Amen !...Et je vous demande la même grâce pour tous les hommes, en Notre-Seigneur Jésus, par Lui et pour Lui.
Amen.
18.12.07

Mardi 18 Décembre. Sainte Vierge, saint Joseph, si vous adorez, si vous jouissez, si vous contemplez maintenant, que ferez vous aujourd'hui en huit ? ... Il sera là, visible entre vous, aujourd'hui en huit ? ...Vous dîtes-vous ceci dans votre contemplation muette ? Pensez vous cela, perdus dans votre adoration ? ...Peut-être que non... Peut-être ignorez vous ? ...Vous êtes encore tout au moment présent... Il est si grand le moment présent !...Il est invisible mais il est là, ce grand Dieu, ce Créateur, ce Saint de saints, ce Tout-Puissant, cet infini, Celui qui est ce tout bon, qui plus que jamais à cette heure, montre qu'il "fait ses délices d'être parmi les enfants des hommes "... Vous le contemplez, vous l'adorez, vous vous noyez, vous vous abîmez dans cette admiration muette... noyez-moi, abîmez moi avec vous, mon père et ma mère, et que par votre aide, porté dans vos bras, placé par vous entre vous, je commence enfin à aimer Celui que du plus profond de mon âme je désire et je veux aimer de tout mon coeur, de toute mon âme, de tout mon esprit et de toutes mes forces, en Lui, par Lui et pour Lui... Et faites cette même grâce à tous ceux qu-il m'a donnés à aimer plus particulièrement, et à tous les hommes.
Amen
Virgin Mary and Joseph with two angels adoring the Christ child Red chalk, with brown wash, heightened with white (oxidised
Drawn by Bartolomé Esteban Murillo
17.12.07

Lundi 17 Décembre Encore huit jours ! Aujourd'hui vous arriverez à Bethléem mon Dieu !... Ce soir commencent les grandes antiennes. Partout la sainte Eglise fait la neuvaine préparatoire à votre Naissance... Et cependant vous êtes toujours dans votre paix, dans votre silence, dans votre solitaire, tranquille, silencieuse adoration, ô sainte Vierge, ô saint Joseph. Vous jouissez de l'heure présente sans penser à l'avenir, non que l'avenir vous laisse indifférents, mais vous sentez si bien les grâces de l'heure présente, que cette grandeur vous remplit complètement... Et avec quelle raison ! C'est l'Infini qui est là au milieu de vous dans le sein de Marie...
Votre esprit et votre coeur seraient-ils infinis, ils ne seraient pas de trop pour l'adorer et jouir de Lui parfaitement et tels qu'ils sont, si saints qu'ils soient, ils ne pourront jamais assez adorer ni assez jouir en ces jours de l'Avent... Si l'heure présente vous remplit; c'est que vous la comprenez...Si vous vous y noyez, c'est que vous sentez que c'est une heure de béatitude qui est là avec vous... Faites-moi noyer avec vous, faites-moi m'y abimer, m'y perdre, y disparaître avec vous, pendant ces derniers jours de séjour à Nazareth,ô mon père et ma mère !...
Amen
16.12.07

Dimanche 16 Décembre Encore neuf jours ! O mon Seigneur Jésus comme le temps de vous voir approche pour la sainte Vierge et saint Joseph, et moi quand vous verrai-je ? Quand viendra cette heure de la mort qui sera mon Noël si je suis fidèle ? Ah ! mon Dieu, apprenez-moi à être fidèle afin que cette heure soit vraiment un Noël pour moi et non le signal d'une nouvelle séparation... Mais surtout rendez-moi fidèle parce que c'est votre gloire , votre volonté, votre bien, si j'ose dire, et que votre bien passe avant mon bien. Vous le premier, mon Dieu, en tout et partout... Faites-moi attendre mon Noël autant que c'est votre gloire, votre volonté, c'est là ma dernière parole : mais ceci dit, comme il serait doux que ce soit bientôt ! Tout en ayant dans le fond de l'âme cette volonté que votre volonté se fasse parfaitement en tout, et ceci étant vraiment mon fond, le fond qu'on trouve toujours, ce qui est inébranlable dans l'âme, non seulement vous permettez mais vous voulez que je soupire parfois après le moment de la réunion, de la vie, car ce désir est dans la nature même de l'amour ; il en fait partie par conséquent nécessairement, et donc il est voulu de vous... Mais le fond de l'amour c'est de chercher avant tout le bien du Bien-Aimé. Que votre volonté se fasse, mon Bien-Aimé Jésus, et non la mienne !...
Amen
Béatification de Charles de Foucauld

Samedi 15 Décembre. Encore dix jours... Vous êtes toujours dans votre paix et votre recueillement, ô ma mère, ô mon père ! Le temps approche pourtant... Aujourd'hui en huit, vous ne serez plus ici : ce sera le 22, vous serez en route depuis la veille... Mais vous n'y pensez pas : je ne veux pas y penser non plus... Vous vivez du moment présent, ne pensant à l'avenir que quand cela est nécessaire pour bien faire ce que vous aurez à faire, et qu'autant qu' il le faut pour cela... En ce moment, il n'est nullement besoin de penser au voyage, si ce n'est de travailler un peu plus afin de gagner un peu d'argent, saint Joseph, et vous, ma mère, pour travailler aux langes de votre divin fils, afin de les terminer à temps s'ils ne le sont pas... Mais dans quelle paix se fait ce travail !...Vous le faites, et bien, et avec joie comme tout ce qui est la volonté de Dieu, mais combien peu votre pensée s'y arrête... Votre pensée est en meilleur lieu que sur un objet matériel, bois ou toile, elle repose sur le Dieu Vivant, elle couvre celui qui est dans le sein de Marie... et aussitôt que le travail est terminé avec quel repos et quelle béatitude vous revenez vous asseoir l'un près de l'autre et passez toutes les heures que le peu de sommeil indispensable ne prend pas dans ce muet tête à tête où vous êtes noyés et perdus tous deux dans l'amour de Jésus !...Vous le contemplez et vous l'adorez, vous vous perdez dans cette longue et silencieuse méditation...c'est toute votre vie pendant ces jours... Vous ne pensez pas... Vous ne méditez pas, vous ne réfléchissez pas, vous adorez et et vous vous abîmez dans votre contemplation... Faites-moi adorer et contempler avec vous, ma mère et mon père, ô saints anges qui remplissez cette divine maison...Je vous le demande en Notre-Seigneur, par Lui, et pour Lui, et pour moi et pour les miens et pour tous les hommes.
Amen
14.12.07

Vendredi14 Décembre. Encore onze jours ! la dernière semaine que vous passez à Nazareth suit son cours, sans réfléchir à l'avenir, en vivant du moment présent, ne savourez-vous pas plus délicieusement, plus jalousement, plus chaudement, ces jours qui sont les derniers ? Il me semble que vous devez vous serrez plus que jamais au fond de votre petite maison, et profiter de toute l'étendue de votre âme dans votre bonheur aux pieds de Dieu... Faites-moi en profiter avec vous, ô vous mes saints parents.
Amen
12.12.07

Mercredi 12 Décembre Aujourd'hui en quinze, à pareille heure, vous serez né, mon Dieu... Vous ne serez pas plus près de nous que vous n'êtes, mais vous serez visible... quand serez-vous visible à nos yeux ?... Notre Noël sera l'heure de notre mort si, par votre grande miséricorde, nous mourons en votre sainte grâce... Bienheureux moment ! Vrai Noël, ô mon Dieu que vous êtes bon ! Vous qui rendez infiniment doux, inneffablement fortuné, pour ceux qui vous aiment, ce qui est si horrible, si affreux à ceux qui vous ignorent ou ne vous aiment pas assez !...La mort est notre Noël... la mort est Noël... répétons sans fin ces mots pour nous en pénétrer sans fin ; imprégnez-nous de cette vérité, mon Dieu !... et faites-nous voir à la fois, l'inutilité de notre vie ( à quoi peut vous être utile une journée, un grain de sable, la toile d'araignée qui est sur nos murs, ce brin d'herbe, cette fleur des champs qui vit et sèche en un jour ? ) et le bonheur infini qui est attendu à la mort, à notre Noël, si nous obéissons pendant ce pélerinage d'une heure... C'est bien le voyage de Nazareth à Bethléem, quatre journées d'hiver... et après nous avoir remplis profondément de ces deux convictions, excitez en nous cet ardent désir de vous voir, de voir bien le jour de Noël de la mort qui remplissent les anciens patriarches, Siméon, Anne, et surtout vous, ma mère et mon père bien-aimés, sainte Vierge et saint-Joseph !... Faites-moi soupirez après mon Noël comme eux après le leur !...Et faites-moi embrasser avec courage toutes les peines de la vie et de l'agonie en les regardant comme elles sont : quatre journées de mauvais temps, de fatigues, de rebuts, de mauvais gîtes... au bout desquels Noël et Jésus... à Lui l'honneur, la gloire, la louange de toute créature dans les siècles des siècles.
Amen
Le père Jean-Pierre Allouchery, notre ancien curé, à Nazareth

Mardi 11 Décembre
Encore quatorze jours ! Mon Jésus; au 10 Décembre... il est 9 heures du soir. Aujourd'hui en 1895, à pareille heure, il ne restera plus que quelques moments jusqu'à votre naissance, mon Dieu... la sainte Vierge et saint Joseph seront dans la grotte de Bethléem, plus silencieux et plus noyés que jamais dans leur muette contemplation... Mais il reste encore quelques jours d'ici là, deux semaines... Elles seront vite passées... L'esprit de Marie et de Joseph ne devance pas pourtant les temps voulus de Vous...Ils vivent du moment présent... Ils sont tout à l'instant présent... c'est l'instant présent qu'ils vous doivent, à toute heure, d'heure en heure, c'est lui qu'ils vous donnent, c'est lui qu'ils s'attachent de toutes leurs forces à remplir du plus d'amour possible... Ils sont ensemble à Nazareth, comme les jours précédents, au fond de leur petite maison perdus dans la contemplation, dans l'adoration du Dieu qui est au milieu d'eux... Ils se noient dans cette contemplation de Celui qui en ce moment même est là avec eux, sans penser plus au passé ni à l'avenir que s'il n'y avait ni passé ni avenir, Dieu est là ; ils l'adorent de toutes les forces de leur âme et se noient dans leur adoration... Noyez-moi avec vous, sainte Vierge, saint Joseph et faites-moi passer avec vous perdu en Dieu présent et ce saint temps de l'Avent et tous les jours de ma vie, en Dieu, par Lui et pour Lui
Amen
10.12.07
Social et spirituel
suite au mot du père Gérard pour la deuxième semaine de l'Avent :
«Chers paroissiens,
Dans notre communauté entre ceux qui accentuent l’aspect social de l’Eglise, et les autres l’aspect spirituel, il n’est pas facile de trouver le juste milieu. Face à ces 2 réalités, tous nous avons failli par notre laxisme ou notre excessivité. Jean le Baptiste nous invite à une conversion radicale pour retrouver cette harmonie promise et idéalisée dans la 1ere lecture. Il nous annonce également le baptême dans l’Esprit Saint qui permet déjà l’équilibre entre action et contemplation, solidarité et prière, social et spirituel. D’ailleurs les deux ne devraient-ils pas aller ensemble ?
P. Gérard »
quelques réflections :
Peut-on parler d'aspect social et spirituel de l'Eglise et d'équilibre entre ces deux aspects ?
N'y a-t-il pas entre entre action et contemplation, service et prière, pour tout chrétien une unité indissoluble ?
Quand nous communions, c'est le Christ que nous recevons et c'est le Christ que
nous portons aux autres dans le service. Dans la Messe c'est le Christ qui se met à notre service cf (Jn, 13 ) et dans le service des pauvres des exclus et des malades c'est le Christ que nous contemplons.
Le Pape Benoît XVI conclut ainsi une récente catéchèse sur les pères de l'Eglise consacrée à Saint Aphraate, dit le Sage Persan qui vécut au quatrième siècle :
« Chers frères et sœurs, revenons encore — pour conclure — à l'enseignement d'Aphraate sur la prière. Selon cet antique « Sage », la prière se réalise lorsque le Christ demeure dans le cœur du chrétien, et il l'invite à un engagement cohérent de charité envers son prochain. Il écrit en effet :
Apporte le réconfort aux accablés, visite les malades,
sois plein de sollicitude envers les pauvres : telle est la prière.
La prière est bonne,
et ses œuvres sont belles.
La prière est acceptée lorsqu'elle apporte le réconfort au prochain.
La prière est écoutée
lorsque dans celle-ci se trouve également le pardon des offenses.
La prière est forte
lorsqu'elle est remplie de la force de Dieu » (Démonstrations 4, 14-16).
Avec ces paroles, Aphraate nous invite à une prière qui devient vie chrétienne, vie réalisée, vie pénétrée par la foi, par l'ouverture à Dieu et, ainsi, par l'amour pour le prochain. »
Le chapitre I de l'exhortation apostolique « Les fidèles laîcs » de Jean_Paul II commente ( Jn 15, 5) «Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments » et développe la dignité des fidèles laïcs dans l'Eglise-Mystère.
Mère Teresa a écrit une méditation sur « la vigne et les sarments » dont voici un extrait :
Devenir de vrais sarments sur la vigne de Jésus
Devenons de vrais sarments, pleins de fruits, sur la vigne de Jésus. Accueillons-Le dans nos vies chaque fois qu'Il veut y venir. Il vient comme Vérité qui doit être dite, comme Vie qui doit être vécue, comme Lumière qui doit être réfléchie, comme Amour qui doit être aimé, comme Chemin que nous devons prendre, comme Joie que nous devons répandre, comme Paix que nous devons planter, comme Sacrifice que nous devons offrir dans nos familles et avec nos voisins, qu'ils soient proches ou lointains (SMT, 37).
Nous sommes tous témoins du Christ
Nous devons tous être des témoins du Christ. Le Christ est la vigne et nous sommes les sarments. Sans nous, il n'y aurait pas de fruits. C'est quelque chose à avoir à l'esprit. Dieu est le vigneron pour nous tous. Le Christ n'a fait aucune différence entre les Prêtres et les Frères, les Soeurs et les Laïcs, aucune différence en tant que témoins-liés. Nous devons tous être des témoins de la compassion du Christ, de l'amour du Christ, pour nos familles, nos voisins, dans les villes ou villages où nous résidons, et pour le monde dans lequel nous vivons.
Un Coopérateur du Christ
Chacun d'entre nous est un coopérateur du Christ, le sarment sur la vigne, donc qu'est-ce que cela signifie pour vous et pour moi être coopérateur du Christ? Cela signifie demeurer dans Son amour, avoir Sa joie, répandre Sa compassion, être témoin de Sa présence dans le monde. (LS, 60).
Cette unité entre prière et service est un mystère pour chacun d'entre nous et au delà des apparences nous ne pouvons pas le cerner.
En tant que fidèles laïcs nous sommes tous de pauvres, obscurs, indignes « coopérateurs du Christ »...
Soyons un seul coeur, tout à Jésus par Marie
dans la joie de l'Avent
Jean-Claude
Envoi de Laurie Dwyer,très chère amie LMC des Etats-Unis
"The created realities are windows to God, through which
we are meant to see God's presence and action."
Lundi 10 Décembre
Encore quinze jours !... Sainte Vierge, saint Joseph vous n'avez plus longtemps à passer avec votre cher dépôt dans ce Nazareth où vous venez de passer des jours si heureux... Vos jours seront toujours heureux car vous aurez toujours avec vous le Bien-Aimé de vos âmes et votre bonheur augmentera même, car vous le verrez de mieux en mieux... il se fera voir à vous de plus en plus: Il se montrera et il ouvrira vos yeux. Chaque jour de votre vie, Il ouvrira vos yeux davantage et se laissera voir à vous avec de nouvelles clartés... Mais d'autre part, aurez-vous jamais dans le reste de votre vie le pouvoir de jouir en Lui dans un recueillement aussi profond, une retraite, un silence aussi parfait, un oubli aussi complet et des choses matérielles et de tout ce qui est de la terre, que vous venez de le faire pendant ces derniers mois de séjour à Nazareth, pendant ces dernières semaines, ce temps si saint de l'Avent ?
Quand Notre-Seigneur sera né, il vous faudra travailler beaucoup pour le nourrir, l'entretenir de votre mieux : ce travail sera joie, bonheur parfait pour vous, vous travaillerez en Le regardant, dans une contemplation parfaite : mais enfin ce ne sera plus cet oubli absolu de tout ce qui est sur la terre ; et à cause de Jésus, pour Lui, vous serez obligé de sortir, non d'âme, mais de corps, du recueillement si profond : ce sera plus parfait encore : votre perfection croîtra tous les jours et tous les jours vous plairez davantage à Dieu : mais ce sera peut-être moins doux... jouissez de la suavité de ces derniers jours que vous passez à Nazareth avant de partir pour Bethléem, et faites-m'en jouir avec vous, en me faisant partager votre amour, votre adoration, votre contemplation, votre recueillement, votre silence, en me mettant entre vous et autant que possible comme vous aux pieds de Jésus... en Lui, par Lui et pour Lui.
Amen
09.12.07

Dimanche 9 Décembre
Encore seize jours ! Mon Dieu, les jours diminuent, ils se ressemblent : c'est toujours la même adoration recueillie, la même contemplation silencieuse... apprenez-moi, mon Dieu, ce que c'était, car de moi-même comment pourrai-je le comprendre , Comment mon pauvre esprit et mon si pauvre coeur pourraient avoir une idée de ce que peuvent l'esprit et le coeur de Marie et de Joseph en ce saint temps !, Parlez à mon âme, ô mon Dieu, et faites-lui entendre ce que vous jugerez bon des mystères d'adoration qui se passèrent autour de vous en ces jours dans la petite maison de Nazareth. L'époque du départ pour Bethléem approchait, mais les esprits n'en étaient pas troublés, ni préoccupés... bien peu de temps suffisait pour les préparatifs quand les âmes sont détachées de la terre et confiantes en Dieu... Ils savaient qu'à chaque jour suffit sa peine et attendaient pour s'occuper des détails matériels du voyage que le temps de les faire fût vraiment venu, ils continuaient à jouir en paix de la contemplation et de l'adoration de leur Dieu, l'esprit perdu en Lui et bien loin des préoccupations terrestres...
Amen
08.12.07

Encore seize jours, mon Dieu ! bientôt il n'y aura plus que deux semaines !... que le temps passe vite ! Bientôt ce saint temps de l'Avent, ce temps si saint, ce temps de recueillement, d'adoration si profonde, ce temps de silence et de retraite, d'admiration muette loin du regard des hommes, bientôt ce temps si doux où l'on vous suit si près de soi sera passé... Sainte Vierge, saint Joseph priez pour nous, obtenez-nous de passer ces derniers de l' Avent comme Notre-Seigneur veut que nous les passions !...
L'Immaculée Conception de notre Mère Bien-Aimée... Voici un jour de fête pour la pieuse maison de Nazareth... une fête pour Joseph, une heure de reconnaissance profonde pour Marie : Le Puissant fît pour moi des merveilles. Saint-Joseph, mon doux père, unissez-moi à votre joie, obtenez-moi un coeur de vrai enfant de Marie comme de vrai petit frère de Jésus... Ma Mère, très sainte Vierge vous savez que je vous aime plus que tout, après Jésus, faites-moi passer cette fête et tous les jours de ma vie comme votre coeur le veut... Ma Mère, me voici pendant ce temps si saint de l'Avent, aux pieds de Jésus caché dans votre sein entre vous et Joseph, dans cette bénie maison de Nazareth, j'adore avec vous celui qui veut bien se faire votre fils... Je me tiens avec vous et saint Joseph à ses pieds, dans le silence, l'admiration, la gratitude, l'adoration... et en pensant à Lui et Le contemplant, je vous vois et je vous aime... Il vous aime tant, Lui qui vous a bénie entre toutes les femmes ! Au-dedans de vous, dans son coeur d'homme Il jouit de vos joies et de vos gloires;;; Il aime tant tous les hommes! Il vous aime plus que tous les hommes ensemble, plus que tous les saints et les anges, plus que tout l'univers réuni ! Le Coeur de Jésus qui aime tant, souffre tant et jouit tant ! Il jouit en ce jour à la pensée de votre Immaculée Conception, ce commencement de votre bienheureuse vie et de vos gloires... jour bienheureux pour le monde, signal de sa rédemption...jour bienheureux pour vous ma mère, commencement de votre vie en Dieu, bien doux pour Notre-Seigneur, commencement de gloire de sa mère bien-aimée. Mon Dieu faites-moi passer, faites passer à tous vos enfants ce jour béni comme vous le voulez .
Amen
Chapelle de la Mission Polonaise catholique à Lourdes
07.12.07

Vendredi 7 Décembre
Encore dix-sept jours ! Mon Dieu, les jours diminuent, ils se ressemblent : c'est toujours la même adoration recueillie, la même contemplation silencieuse... apprenez-moi, mon Dieu, ce que c'était, car de moi-même comment pourrai-je le comprendre , Comment mon pauvre esprit et mon si pauvre coeur pourraient avoir une idée de ce que peuvent l'esprit et le coeur de Marie et de Joseph en ce saint temps !, Parlez à mon âme, ô mon Dieu, et faites-lui entendre ce que vous jugerez bon des mystères d'adoration qui se passèrent autour de vous en ces jours dans la petite maison de Nazareth. L'époque du départ pour Bethléem approchait, mais les esprits n'en étaient pas troublés, ni préoccupés... bien peu de temps suffisait pour les préparatifs quand les âmes sont détachées de la terre et confiantes en Dieu... Ils savaient qu'à chaque jour suffit sa peine et attendaient pour s'occuper des détails matériels du voyage que le temps de les faire fût vraiment venu, ils continuaient à jouir en paix de la contemplation et de l'adoration de leur Dieu, l'esprit perdu en Lui et bien loin des préoccupations terrestres...
Amen
Tabernacle chez les frères de Jésus à Nazareth
06.12.07

Jeudi 6 DECEMBRE
Encore 18 jours ! Sainte vierge, saint Joseph, mettez moi avec vous au pieds de Jésus encore caché ! Faites-moi passer avec vous ces derniers jours ! Qu'ils sont doux, qu'ils sont saints ,qu'ils sont recueillis ! Quel silence et quelle adoration ! Et qu'ils sont solennels ! C'est Dieu qui est là ! Le Créateur de l'univers, L'être infini est là dans cette petite maison, dans cette grotte, dans le sein de cette Vierge ! Et dans dix huit jours il paraîtra dans le monde, petit enfant parmi ses créatures, faible entre tous , lui qui est le Tout-Puissant... Sainte Vierge, saint Joseph, faites-moi partager votre recueillement, votre amour, votre adoration embrasée, vos soupirs si fervents, vos défaillances amoureuses au feu de celui que vous aimez tant et que vous mourez de ne pouvoir aimer davantage.
Grotte de la Nativité, lieu traditionnel de la mangeoire
05.12.07

Mercredi 5 DECEMBRE
Encore 19 jours, mon Seigneur Jésus, et nous vous verrons!... Nous vous verrons en esprit au moins... car quand vous verrons-nous réellement ? ... Sans doute pas avant d'entrer au ciel... Et quand sera-ce ? Il faut d'abord passer par la mort... Qu'elle vienne donc cette mort qui est la porte de la vie... N'épargnons pas notre corps... faisons le servir comme les chevaux de louage qui sont pour périr... ne craignons pas les dangers... plus vite s'altérera notre santé, plus grands seront les périls, plus nous aurons de chance de vous voir bientôt, mon bien-aimé Sauveur !... Faites-nous la grâce, ô divin Jésus , de marcher vers vous avec générosité, comptant le corps, la santé, le danger, pour rien et ne cherchant qu'une chose : vous glorifier autant qu'il est en nous... Par là nous arriverons plus vite à notre dernier et vrai Noël et ce sera plus beau... Mais maintenant ce que voulez-vous de nous, mon Dieu, c'est que tout en ayant en toute occasion du mépris du corps, de la santé, de la vie, du péril, nous vous contemplions parfaitement avec la sainte Vierge et saint Joseph, perdus avec eux aussi loin de la terre que l'était sainte Magdeleine à la Sainte-Baume, noyés dans la bienheureuse contemplation de Celui qui est caché dans le sein de Marie... Faites tout en nous, mon Dieu... Nous ne sommes que misère et néant... Tout ce que nous devons avoir, donnez-nous le... Donnez nous ce courage qui nous fait dédaigner santé, vie, péril, tout ce qui touche au corps... et donnez-nous cet amour qui nous fait perdre en Vous, nous vider de tout et être plein de Vous... cet amour qui donne le vrai détachement, la vraie pauvreté d'esprit, vidant l'âme de tout, y laissant la place tout entière pour Vous mon Seigneur et mon Dieu ! Obtenez-moi ces grâces, courage et amour, âme perdue en Dieu, sainte Vierge, saint Joseph qui en ces jours, toujours, mais en ces jours si particulièrement, étiez si profondément perdus, noyés,abîmés dans la contemplation du divin enfant caché à tous les regards, mais présent dans le sein de Marie et vous enivrant tous les deux d'une volupté infinie dans votre contemplation passionnée et émerveillée...
Amen
Tableau de Saint Magdeleine
04.12.07

Mardi 4 DECEMBRE
Encore 20 jours ! Le temps approche,,,mais si ce jour attendu sera bienheureux, comme le présent est doux déjà ! Vous êtes là mon Dieu, caché dans le sein de Marie, vous êtes là dans cette petite maison, adoré d'elle et de Joseph et des anges,,,Mettez moi avec eux mon Seigneur !,,,Mon Seigneur et mon Dieu, quand je suis dans votre sanctuaire, au pied du Tabernacle, n'êtes-vous pas aussi près de moi que vous l'êtes de saint Joseph pendant l'Avent ? Quand vous vous donnez à moi dans la sainte communion n'êtes-vous pas aussi près de moi que vous l'êtes de saint Joseph pendant l'Avent ? Quand vous vous donnez à moi dans la sainte communion n'êtes-vous pas aussi près de moi, aussi en moi, que vous étiez dans la sainte Vierge ? ...Mon Dieu, que je suis heureux, que je suis heureux ! Mais Seigneur je vous en supplie, convertissez -moi, faites que je sois au pied du Tabernacle, que je sois dans la sainte communion, ce que je dois être...que je ne sois plus indifférent, endormi devant votre autel, que je ne reçoive plus tièdement votre Corps divin, Convertissez-moi, convertissez-moi, mon Seigneur, je vous le demande en votre nom ! Souvenez-vous que vous avez promis d'accorder tout ce qu'on vous demanderait en votre nom, et de donner le bon esprit à qui le demanderait...Mon Dieu, donnez-moi le bon esprit,votre esprit et faites-moi passer cet Avent et tous les jours de ma vie de manière à vous glorifier autant que possible (autant qu'il m'est possible à moi...autant que c'est votre volonté pour moi- non pas autant qu'il est possible à la sainte Vierge ou à saint Joseph-autant que c'est votre volonté pour moi, autant que cela est possible avec les grâces que vous me donnez à moi), mettez-moi avec vos saints parents bien amoureusement, humblement, noyé et perdu d'admiration, de contemplation, d'amour, à vos pieds et durant cet Avent et toujours,,,Et ce que je vous demande pour moi je vous le demande pour tous les hommes, et surtout pour ceux pour qui je dois prier particulièrement : en Vous, par Vous et pour Vous. Amen.
03.12.07
De charles de Foucauld ( Considérations sur les fêtes de l'année )
Lundi 3 DECEMBRE
Encore 21 jours ,mon Dieu!Nous sommes au 3 Décembre; il est 9 heures du soir : à cette heure ,aujourd'hui en 3 semaines,la Sainte Vierge et Saint Joseph seront dans la grotte de Bethléem : 3 heures les sépareront de votre entrée dans le monde,,,Comme ils vous adoreront en attendant, comme ils se fondront,se perdront en adoration et en amour pendant ces dernières heures d'attente avant votre naissance ! Comme ils pensent déjà à ce que sera ce moment ! Et surtout comme faisant trêve à à toute pensée du futur ils se perdent dès maintenant dans la muette contemplation du présent ,de ce bienheureux présent , de Jésus entre eux , au milieu d'eux caché dans le sein de Marie,,, Comme ils adorent en silence!,,, Comme ils se perdent et se noient dans leur bonheur et dans leur adoration ! Comme le monde, la terre, l'univers, tout leur paraît un songe, ou plutôt une nuit noire ; et là au milieu d'eux est la réalité, la clarté, clarté d'une douceur céleste, qui échauffe et illumine sans éblouir,,,Sainte Vierge, Saint Joseph mettez moi entre vous, avec vous, aux pieds de Jésus caché pendant cet Avent ! Remerciez Dieu pour moi de cette grâce suave qu'il me fait en me faisant passer ce temps à Nazareth,,, Demandez-Lui de répandre ses grâces durant ce temps , non seulement sur moi qui en ait tant besoin, mais sur tous ses enfants et en particulier sur ceux pour qui il veut que je prie d'avantage. Amen.
24.09.07

"BERNADETTE PARLE"
A l'approche du cent cinquantième anniversaire des apparitions de Lourdes, mettons nos pieds dans les sabots de Bernadette et prions avec elle, elle que la Vierge a choisi à cause de sa petitesse. Nous nous aiderons de méditations écrites à l'occasion du centième anniversaire des apparitions par Monseigneur John Moloney qui a réuni ces 22 méditations dans un petit livre en anglais intitulé "Bernadette speaks"
.(Monseigneur Moloney qui est proche de la famille des Missionnaires de la Charité et que nous connaissons personnellement nous a donné l'autorisation de le traduire et de le publier sur notre blog.)
" Bernadette est tout-à-fait une sainte pour notre temps.
A un moment, comme elle s'agenouillait devant la Vierge Immaculée à la grotte, elle tenait une chandelle allumée dans sa main
On pourrait dire que toute sa vie a été comme une chandelle
-une chandelle pour les jeunes, leur montrant le chemin ;
-une chandelle pour la vie de famille comme communion d'amour ;
-une chandelle pour les malades pour éclairer la nuit sombre de la douleur ;
-une chandelle pour la vie religieuse à travers son exemple lumineux de joie et de fidélité à sa vocation."
Introduction
Les paroles de Bernadette ont, comme toute sa vie, quelque chose du parfum et de la candeur de l'enfance. Elles apportent la fraîcheur des fleurs de printemps à un monde fané. Quelques unes sont les présentations fidèles du message qu'elle reçut; d'autres viennent de ses réflexions personnelles, qui sont comme des fenêtres ouvertes sur son âme; d'autres sont de courtes phrases qui jaillissent de la sagesse du cœur combinées avec son approche, pleine de bon sens pratique, de sa façon de vivre.
Elle est une sainte pressée; quelquefois, dans la sublimité de sa prière, elle semble être élevée de terre vers le ciel, cependant le modèle de sa sainteté la montre toujours avec les deux pieds bien plantés sur terre. Comme Mgr Donze, évêque de Lourdes, la décrit, « Elle parle et exprime sa foi d'une manière simple et correcte, ayant rapport avec les événements de sa vie quotidienne comme ils se présentent à elle. » Ses paroles méritent notre attention, elles peuvent devenir une lampe pour éclairer nos pas. Vers la fin de sa vie, elle dit, « Ce qu'on écrira de plus simple sera le meilleur. » Les réflections dans ce livre sont basées sur son désir d'être simple. Son chemin vers la sainteté et les thèmes principaux de sa vie sont très clairement illustrés à travers ses propres paroles.
Les pensées qui sont tissées autour de ses paroles dans ces réflections sont destinées à nous aider à la voir un peu plus clairement dans la lumière resplendissante de la Vierge Immaculée, et aussi à former un point de départ pour notre prière. Le centenaire de sa mort en 1879 l'amène devant nos yeux. Elle mérite qu'on se souvienne d'elle. Elle est une sainte pour notre temps avec un message pertinent pour notre monde. Sa vie reflète la beauté sans tache de Marie pour un monde pécheur.
JOHN MOLONEY
16 avril 1979.
Ce livre comprend 23 chapitres (Pages 2 à 24 )