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27.02.07

French (FR)   "EUCHARISTIE, COMMUNION ET SOLIDARITÉ"  -  Categories: jc, Mère Teresa, documents, Benoit XVI  -  @ 21:50:29

Conclusion: l'Eucharistie comme sacrement des transformations

Revenons à la Très Sainte Eucharistie. Qu'est-il vraiment arrivé au cours de la nuit où le Christ fut trahi? Ecoutons à ce propos le canon romain - le coeur de l'"Eucharistie" de l'Eglise à Rome: "La veille de sa passion, Jésus prit le pain entre ses mains saintes et vénérables, il leva les yeux au ciel, vers toi, Dieu tout-puissant, il te rendit grâce par la prière de la bénédiction, il rompit le pain, le donna à ses disciples et leur dit: Prenez et mangez-en tous. Ceci est mon corps offert en sacrifice pour vous. Après la cène, il prit de la même façon ce précieux calice entre ses mains saintes et vénérables, il te rendit grâce par la prière de la bénédiction, il le donna à ses disciples et dit: prenez et buvez-en tous. Ceci est le calice de mon sang pour la nouvelle et éternelle alliance, versé pour vous et pour tous en rémission des péchés. Faite cela en mémoire de moi". Que se passe-t-il dans ces paroles? Tout d'abord, la parole transsubstantiation nous vient à l'esprit. Le pain devient le corps, son corps. Le pain de la terre devient le pain de Dieu, la "manne" du ciel, avec laquelle Dieu nourrit les hommes non seulement au cours de leur vie terrestre, mais également dans la perspective de la résurrection - préparant la résurrection et la faisant même commencer. Le Seigneur, qui aurait pu transformer les pierres en pain, qui pouvait faire naître des pierres des fils d'Abraham, voulut transformer le pain en un corps, son corps. Mais cela est-il possible? Et comment cela peut-il se produire? Nous ne pouvons pas éviter de poser les mêmes questions qui ont été posées dans la synagogue de Capharnaüm. Il est là, devant ses disciples, avec son corps; comment peut-il dire à propos du pain: ceci est mon corps? Il est à présent important de faire bien attention à ce que le Seigneur a vraiment dit. Il ne dit pas simplement: ceci est mon corps; mais: ceci est mon corps donné pour vous. Il peut devenir don, parce qu'il est donné. A travers l'acte de la donation, il devient capable de communication, comme transformé en un don. Nous pouvons observer la même chose dans les paroles à propos du calice. Le Christ ne dit pas simplement: ceci est mon sang; mais: ceci est mon sang, qui est versé pour vous. Puisqu'il est versé, en tant que versé il peut être donné. Mais une nouvelle question apparaît à présent: que signifie "est donné", "est versé"? Que se passe-t-il à ce moment là? A dire la vérité, Jésus est tué, il est accroché à la croix et meurt dans les tourments. Son sang est versé, tout d'abord dans le jardin des oliviers pour le travail intérieur à propos de sa mission, puis lors de la flagellation, du couronnement d'épines, de la crucifixion et, après sa mort, lorsqu'on lui transperce le coeur. Ce qui a lieu est tout d'abord un acte de violence, de haine, qui torture et détruit. A ce stade, nous nous heurtons à un deuxième niveau plus profond de transformation: il transforme de l'intérieur l'acte de violence des hommes contre lui en un acte de donation en faveur de ces hommes, en un acte d'amour. On voit cela de façon dramatique dans la scène du jardin des oliviers. Il accomplit à présent ce qu'il avait annoncé lors du discours sur la montagne: il n'oppose pas la violence à la violence, comme il aurait pu le faire, mais il met fin à la violence, en la transformant en amour. L'acte de tuer, de donner la mort est transformé en amour, la violence est vaincue par l'amour. Telle est la transformation fondamentale, sur laquelle se fonde tout le reste. C'est la véritable transformation dont le monde a besoin et qui seule peut racheter le monde. De même que le Christ, par un acte d'amour, a transformé et vaincu la violence de l'intérieur, la mort même est transformée: l'amour est plus fort que la mort. Il demeure éternel. Dans cette transformation est contenue la transformation plus vaste de la mort en résurrection, du corps mort en corps ressuscité. Si le premier homme était une âme vivante, comme le dit saint Paul, le nouvel Adam, le Christ, deviendra à travers cet événement un esprit dispensateur de vie (1 Co 15, 45). Le ressuscité est donation, est un esprit qui donne la vie et qui, comme tel, est communicable, ou plutôt, communication. Cela signifie que l'on n'assiste à aucun congé de la matière; de cette façon, elle atteint au contraire son objectif: sans l'événement matériel de la mort et son dépassement intérieur, tout cet ensemble de chose ne serait pas possible. Ainsi, dans la transformation de la résurrection, tout le Christ continue à subsister, mais il est à présent transformé de telle façon que le fait d'être corps et de se donner ne s'excluent plus, mais sont impliqués l'un dans l'autre.

Avant d'accomplir un autre pas, cherchons à avoir encore une fois une vision synthétique et à comprendre l'ensemble de cette réalité. Au moment de la dernière Cène, Jésus anticipe déjà l'événement du Calvaire. Il accueille la mort sur la croix et, par son acceptation, il transforme l'acte de violence en un acte de donation, d'auto-effusion ("Mon sang même doit se répandre en libation sur le sacrifice et l'oblation de votre foi", dit Paul à ce moment, à propos de son martyre éminent: cf. Ph 2, 17). Lors de la dernière cène, la croix est déjà présente, acceptée et transformée par Jésus. Cette première transformation fondamentale conditionne la suite - le corps mortel est transformé en corps de la résurrection: dans l'"esprit qui donne la vie". La troisième transformation est possible à partir de là: les dons du pain et du vin, qui sont à la fois des dons de la création et le fruit du travail humain, des "transformations" de la création, sont transformés, si bien qu'en eux, le Seigneur lui-même qui se donne devient présent - car il est don. L'acte de donation n'est pas une partie de lui, mais lui-même. Le regard s'ouvre alors sur deux transformamations supplémentaires, qui sont essentielles dans l'Eucharistie dès l'instant de son institution: le pain transformé, le vin transformé, dans lequel le Seigneur se donne comme esprit qui donne la vie, qui est présent pour transformer les hommes, afin que nous devenions un seul pain avec lui, puis un seul corps avec lui. La transformation des dons, qui n'est que la suite des transformations fondamentales de la croix et de la résurrection, n'est pas le point final, mais elle est, elle aussi, seulement un début. L'objectif de l'Eucharistie est la transformation de ceux qui la reçoivent dans l'authentique communion avec sa transformation. L'objectif est donc l'unité, la paix que nous, qui sommes des individus séparés, qui vivons les uns aux côtés des autres, ou les uns contre les autres, nous devenions avec le Christ et en lui, un organisme de donation, pour vivre en vue de la résurrection et du nouveau monde. C'est ainsi qu'apparaît la cinquième et dernière transformation, qui caractérise ce sacrement: à travers nous, les transformés, devenus un seul corps, un seul esprit qui donne la vie, toute la création doit être transformée. Toute la création doit devenir "une nouvelle cité", un nouveau paradis, la demeure vivante de Dieu: Dieu qui est tout en tous (1 Co 15, 28) - c'est ainsi que saint Paul décrit l'objectif de la création, qui doit se définir à partir de l'Eucharistie. L'Eucharistie est donc un processus de transformation, auquel nous sommes appelés à participer, en tant que force de Dieu pour la transformation de la haine et de la violence, force de Dieu pour la transformation du monde. Nous voulons donc prier afin que le Seigneur nous aide à la célébrer et à la vivre de cette façon. Nous voulons prier afin qu'il nous transforme, nous et le monde, en la nouvelle Jérusalem.

Joseph Card. RATZINGER

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