21.06.12
Lettre de sainte Marguerite-Marie Alacoque
Il me semble que le grand désir que Notre Seigneur a que son Sacré Cœur soit honoré par quelque hommage particulier, est afin de renouveler dans les âmes les effets de la Rédemption. Car son Sacré Cœur est une source inépuisable qui ne cherche qu'à se répandre dans les cœurs humbles, vides, et qui ne tiennent à rien pour être toujours prêts à se sacrifier à son bon plaisir.
Ce divin Cœur est une source intarissable, où il y a trois canaux qui coulent sans cesse : premièrement de miséricorde pour le pécheurs, sur lesquels découle l'esprit de contrition et de pénitence. Le second est de charité, qui s'étend pour le secours de tous les misérables qui sont en quelque nécessité, et particulièrement pour ceux qui tendent à la perfection ; ils y trouveront de quoi vaincre les obstacles. Du troisième découlent l'amour et la lumière pour les parfaits amis qu'il veut unir à lui, pour leur communiquer sa science et ses maximes, afin qu'ils sa consacrent entièrement à lui procurer de la gloire, chacun en sa manière.
Ce divin cœur est un abîme de bien, où les pauvres doivent abîmer leurs nécessités ; un abîme de joie où il faut abîmer toutes nos tristesses ; un abîme d'humiliation pour notre orgueil, un abîme de miséricorde pour les misérables, et un abîme d'amour, où il nous faut abîmer toutes nos misères.
Il faut vous unir, en tout ce que vous ferez, au Sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ, au commencement pour vous servir de dispositions, et à la fin pour satisfaction. Comme par exemple : vous ne pouvez rien faire à l'oraison ? Contentez-vous d'offrir celle que ce divin Sauveur fait pour nous au très Saint Sacrement de l'autel, offrant ses ardeurs pour réparer toutes vos tiédeurs. Et dites dans chacune de vos actions : « Mon Dieu, je vais faire ou souffrir cela dans le Sacré Cœur de votre divin Fils, et selon ses saintes intentions que je vous offre pour réparer tout ce qu'il y a d'impur ou d'imparfait dans les miennes. » Et ainsi de tout le reste. Et lorsqu'il vous arrivera quelque peine, affliction ou mortification, dites-vous à vous-mêmes : « Prends ce que le sacré Cœur de Jésus Christ t'envoie pour t'unir à lui. »
Et tâchez surtout de conserver la paix du cœur, qui vaut plus que tous les trésors imaginables. Le moyen de la conserver, c'est de ne plus avoir de volonté, mais mettre celle de ce divin Cœur en place de la nôtre, pour la laisser vouloir pour nous tout ce qui lui sera le plus glorieux, nous contentant de nous soumettre et abandonner.