13.01.08
Dimanche 13 janvier 2008 Baptême du Seigneur
Journée mondiale des Migrants et des Réfugiés
Antienne d'ouverture
Au baptême de Jésus, les cieux s'ouvrirent : l'Esprit, comme une colombe, reposa sur lui, la voix du Père se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui, j'ai mis tout mon amour. » (Cf. Mt 3, 16-17)
Lecture du livre d'Isaïe (42, 1-4, 6-7)
« AINSI PARLE LE SEIGNEUR : Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j'ai mis toute ma joie. J'ai fait reposer sur lui mon esprit ; devant les nations, il fera paraître le jugement que j'ai prononcé. Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, on n'entendra pas sa voix sur la place publique. Il n'écrasera pas le roseau froissé ; il n'éteindra pas la mèche qui faiblit, il fera paraître le jugement en toute fidélité...
Moi, le Seigneur, je t'ai appelé selon la justice, je t'ai pris par la main, je t'ai mis à part, j'ai fait de toi mon Alliance avec le peuple, et la lumière des nations ; tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et de leur cachot, ceux qui habitent les ténèbres.»
Psaume 28
Dieu, bénis ton peuple, donne-lui la paix.
Rendez au Seigneur, vous, les dieux,
rendez au Seigneur gloire et puissance.
Rendez au Seigneur la gloire de son nom,
adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté...
Lecture du livre des Actes des Apôtres (10, 34-38)
« QUAND PIERRE arriva à Césarée, chez un centurion de l'armée romaine, il s'adressa à ceux qui étaient là : « En vérité, je le comprends, Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ; mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l'adorent et font ce qui est juste. Il a envoyé la Parole aux fils d'Israël, pour leur annoncer la paix par Jésus Christ : c'est lui, Jésus, qui est le Seigneur de tous.
...Jésus de Nazareth, Dieu l'a consacré par l'Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui. »
Alléluia. Alléluia. Aujourd'hui, le ciel s'est ouvert, l'Esprit descend sur Jésus, et la voix du Père domine les eaux : « Voici mon Fils, mon bien-aimé ! » Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (3, 13-17)
« JÉSUS, arrivant de Galilée, paraît sur les bords du Jourdain, et il vient à Jean pour se faire baptiser par lui...
Dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l'eau ; voici que les cieux s'ouvrirent, et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j'ai mis tout mon amour. »
Homélie de « Sources chrétiennes »
Jésus demande à Jean de le baptiser de ce baptême de repentance dont Il n'a nul besoin afin que dès le début tout se réalise et que déjà se manifeste la Sainte Trinité qu'Il vient révéler au monde. Jean appelait le peuple à venir se préparer à la venue imminente du Messie. Il lui est donné de contempler ce à quoi aspire tout contemplatif, tout homme de prière : percevoir, recevoir le mystère de Dieu, le Père, le Fils, le Saint-Esprit. Jean voit le Fils, le Verbe éternel de Dieu, et il le désigne déjà comme Sauveur. Il entend le Père que nul ne peut voir, et le Père témoigne, atteste que celui-ci est bien son Fils (Jn 5, 36-37). Il perçoit la présence de l'Esprit qui plane sur les eaux, mères de toute vie (Gn 1,2). Cet Esprit qui est descendu sur Marie, engendrant en elle la vie humaine et divine (Lc 1, 35). Cet Esprit qui descendra un jour sur les Apôtres pour qu'ils fécondent la terre et lui donnent la vie éternelle (Ac 2,4). Et nous-mêmes, si nous sommes baptisés d'un autre baptême, autrement efficace (Mc 10,39), nous le sommes aussi Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (Mt 28,19). Et selon la promesse, la Sainte et divine Trinité fait en nous sa demeure (Jn 14,23). Elle transforme notre existence, la plongeant en Dieu et nous attirant vers lui avec la puissance d'attraction de la Résurrection.
En cette journée mondiale des Migrants et des Réfugiés nous ne pouvons pas nous empêcher de penser et de prier pour tous ceux qui sont déracinés, séparés de leurs parents, de leur conjoints, de leurs enfants pour des raisons diverses... et en particulier pour ceux et celles que nous connaissons : leurs visages sont gravés dans nos coeurs. Merci à eux pour leur présence, leur courage, leur témoignage, leur rayonnement : pour tout ce qu'ils et elles nous apportent et nous donnent ! Puissions-nous leur apporter et leur donner autant en retour ! Que Jésus, Marie et Joseph, qui eux aussi ont été des Migrants et des Réfugiés en Egypte, les guident et les soutiennent toujours !
07.01.08

Dimanche 6 janvier 2008 Solennité de l'Epiphanie du Seigneur
Prière
Aujourd'hui, Seigneur, tu as révélé ton Fils unique aux nations, des pgrâce à l'étoile qui les guidait ; daigne nous accorder, à nous qui te connaissons déjà par la foi, d'être conduits jusqu'à la claire vision de ta splendeur. Par Jésus Christ, ton Fils.
Lecture du livre d'Isaïe (60, 1-6)
« DEBOUT, JÉRUSALEM ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s'est levée sur toi...Alors tu verras, tu seras radieuse, ton coeur frémira et se dilatera. Les trésors d'au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations. Des foules de chameaux t'envahiront, des dromadaires de Madiane et d'Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l'or et l'encens et proclamant les louanges du Seigneur. »
Psaume 71
Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut.
...Les rois de Tarsis et des îles apporteront des présents,
les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.
Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie. »
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens (3, 2-3a. 5-6)
« FRÈRES, vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m'a donnée pour vous : par révélation, il m'a fait connaître le mystère du Christ...Ce mystère, c'est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l'annonce de l'Évangile. »
Alléluia. Alléluia. Nous avons vu se lever son étoile, et nous sommes venus adorer le Seigneur. Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (2, 1-12)
« Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »...
Et voilà que l'étoile qu'ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s'arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l'enfant. Quand ils virent l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la maison, ils virent l'enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. »
Homélie
Il ne suffisait pas que le Messie vînt au monde. Il fallait qu'Il soit connu de lui. Et avant même qu'Il eût commencé à prêcher, la création le manifestait. Les mages d'Orient reconnurent son signe et se mirent en quête de lui. Mais déjà le monde se divise à son sujet. Les mages le cherchent pour l'adorer. Hérode le cherche pour le tuer. Les uns lui apportent des présents symboliques : de l'or car ils vénèrent en lui le roi du monde ; de l'encens car il est le grand prêtre qui intercédera efficacement pour nous auprès de Dieu (Hé 7, 25) et de la myrrhe utilisée pour embaumer les morts, car un jour Il vaincra la mort et l'emmènera captive (1 Co 15, 26).
Hérode, lui, calcule déjà en son coeur comment Il intervient concrètement dans l'histoire. Et les puissants ont à juste titre peur d'être renversés de leurs trônes (Lc 1, 52).
Ainsi l'Epiphanie du Seigneur, celle de ce jour, celle plus glorieuse encore du jour de sa Résurrection, est-elle une pierre d'achoppement pour tout un chacun. Il faut choisir : ou l'on va vers lui pour se prosterner et l'adorer (Mt 2, 11) ou l'on va refuser sa divine intervention et tout faire pour tenter d'effacer la réalité de sa présence (le massacre des saints Innocents).
Ce choix face à la manifestation du Seigneur est proposé à chacun car elle reste un mystère. Et l'Epiphanie comme la Résurrection demande un acte de foi.
Epiphanie (évangéliaire d'Ergbert, datant de 963) avec explication pour adultes...
L’Etoile du Royaume, méditation explicative pour adultes de l’image de l’Epiphanie de l’évangéliaire d’Egbert
Une étoile a brillé dans leur ciel et les voilà partis, ces mages qui sont les premiers pèlerins de l'Évangile.
Leur cheminement matériel et spirituel se lit sur deux registres.
En haut, ils émergent de la brume ou de leurs rêves. Ils se sont mis en route avec des lances ; ils les portent maintenant comme des bâtons de pèlerin, tout attentifs à l'étoile que montre le premier d'entre eux. Elle a de quoi les étonner, cette étoile ! Matthieu nous dit qu'elle apparaît et disparaît, et qu'elle change de cap ! Toute l'image tourne autour d'elle.
Mais voici qu'elle s'est arrêtée au-dessus de la Maison où se tiennent l'Enfant et Marie sa mère.
L'enlumineur nous montre les mages qui, en haut, sont partis à la recherche d'une étoile, et qui se retrouvent, en bas, devant un enfant. Selon une tradition locale contemporaine de l'enluminure, les mages s'appellent Pudizar, Caspar et Melchias. Ils sont couronnés, en écho au psaume 91 qui proclamait la venue, depuis des horizons lointains, de souverains apportant leurs présents et se prosternant devant le Roi-Messie que tout Israël attendait.
Toute leur attitude montre bien qu'ils ont atteint le but de leur attente comme de leur espérance. Car celui devant lequel ils se prosternent avec tant d'empressement et de déférence, c'est « l'enfant qu'ils trouvent avec Marie, sa mère, dans la maison. » Et cet enfant c'est le vrai Roi d'Israël. C'est pourquoi ils lui offrent pièces d'or.
Il était d'usage au Moyen Âge d'offrir, au souverain, des pièces d'or à son effigie au moment des Étrennes, en guise de reconnaissance de sa royauté. Les habiller comme des princes du Xème siècle est une invitation discrète faite, au pouvoir impérial, à agir comme les mages et à se soumettre à l'Église.
L'enlumineur ne suit pas tout à fait le texte d'Évangile. Les mages n'apportent ici que l'or ; il leur manque sur cette image, la myrrhe, parfum dont on embaumait les morts, et l'encens, dont les volutes odoriférantes montent vers le ciel : ce sont les présents qui, selon la Tradition, traduisaient leur reconnaissance de Jésus-Christ, comme vrai Roi, vrai homme (c'est-à-dire mortel) et vrai Dieu. Ce que saint Ephrem résume ainsi : « Ouvrant leurs trésors, les mages offrirent en cadeau à ce petit enfant : l'or, comme à un roi, la myrrhe en signe de sa mort, l'encens à sa divinité. »
Vêtu comme un adulte d'une tunique et d'un manteau pourpre, Jésus tend la main droite vers les mages pour leur transmettre la Parole contenue dans le Livre des Écritures, qu'il tient.
Marie ne retient pas son Fils pour elle. Elle le présente aux mages, comme elle le présente à tous les hommes. Elle est assise sur un trône royal, rehaussé d'un coussin : c'est le trône du grand roi David, promis par l'ange Gabriel, lors de l'Annonciation (Lc 1, 32). Le corps de la mère forme lui-même un trône pour l'enfant. Marie est bien, ici, le « trône de la Sagesse », chanté dans les Litanies de la Vierge.
Joseph, debout et très attentif, tient de la main gauche le trône, pour souligner son adhésion au message évangélique (Mt 1,20-24). Issu de la maison de David, il porte comme Jésus le manteau pourpre royal. C'est lui qui transmet à Jésus la filiation davidique.
Regardons bien :
Pour bien comprendre le message que révèle la partie droite de l'image, il faut en dérouler l'écheveau. Commençons par le livre que tient l'enfant, qui lui-même est assis sur les genoux de Marie, sa mère. Continuons par la porte dans laquelle ils s'inscrivent tous, puis par la basilique qu'ils nous ouvrent. Et comme cette basilique se poursuit au-delà de la bordure, nous pouvons y voir l'annonce d’une Église encore à construire, dont la Porte serait Marie avec Jésus, et la clef, les Écritures que tient l'enfant !
En haut brille toujours l'étoile autour de laquelle pivote tout le cheminement des mages. S'ils ont été emplis de joie à sa vue, c'est qu'ils ont compris qu'enfin se réalise la prophétie faite, au temps de Moïse, par le mage païen Bâlaam :
« Je le vois, mais ce n'est pas pour maintenant ;
de Jacob va naître une étoile,
D'Israël va surgir un sceptre royal. » (nb 24,17).
L'enlumineur a peint une étoile dont les huit branches annoncent le huitième Jour (1er jour de la semaine, jour de la résurrection, le Jour du Salut). Arrivés au terme de leur pèlerinage, les mages comprennent que l’étoile, qu'Hérode et Jérusalem ne peuvent voir, est celle qui précède tout pèlerin en quête de Jésus et de son Royaume. La lumière qui les avait éveillés et mis en route, c'est bien la Lumière de Dieu, car dans le Christ s'accomplit toute la création.
« Moi Jésus, je suis l’Etoile radieuse du matin » (Ap 22,16).