...devenir une victime. »

Les premières paroles que la dame dit à Bernadette lui parlaient du bonheur qui l'attendait dans la vie prochaine; mais elles impliquaient qu'elle serait invitée à souffrir ici-bas. Sa route vers la gloire serait un calvaire de douleur. Elle comprit et interpréta clairement le message, et se fit un programme immuable de vie. « O mon âme, soyez la fidèle imitatrice de Jésus. » Tout ce qu'elle désira fut de marcher derrière son Maître Bien-aimé. « Je veux vous suivre, ô mon Jésus, et vous imiter. »

Elle avait appris de sa Mère céleste la science de l'amour et elle voulut toute sa vie donner et recevoir l'amour. « O mon Jésus, faites que je vous aime et que je sois aimée de vous. ». Elle ne Le suivra pas de loin; elle se contentera de rien de moins que de se reposer sur sa poitrine. « Union intime à Jésus, cœur à cœur avec Jésus comme Saint Jean, dans la pureté et dans l'amour. » Elle était convaincue qu'ayant tout quitté elle trouverait tout en Lui. « Il donne tout à celui qui a tout quitté. »L' amour fut son plus grand don; et cela lui suffit. « Aimez-moi, et ensuite crucifiez-moi tant qu'il vous plaira. » En retour de son amour elle voulut être une victime d'amour.

Comme victime elle savait où elle devrait passer sa vie. « Mon doux Jésus, donnez-moi un grand amour pour la croix, et si je n'y meurs pas par la cruauté des Juifs, j'y mourrai par la violence de mon amour. » Jésus ne refuse pas sa Croix à ceux qui désirent la partager. Il exauça donc amoureusement le désir de Bernadette. Cette petite victime, avec un courage et une fidélité extraordinaires, avec la douleur qui fut presque son fardeau quotidien , fit de toute sa vie une offrande au Seigneur crucifié.

L'amour extrait l'amertume de la douleur. A travers la richesse impénétrable de son amour Jésus choisit la pauvreté et la douleur de la Croix avec joie. Bernadette trouva sa joie la plus profonde sur la Croix avec son Bien-aimé. « J'aime mieux être crucifiée avec vous que de goûter sans vous toutes les délices du siècle. » L'amour ne finit jamais. Marie resta avec son Fils jusqu'à la fin. Bernadette aussi suivra sa Mère et restera avec elle jusqu'à la fin; Mère et enfant, deux victimes qui continuent à veiller avec la Victime Divine.

Comme sa propre mort approchait elle demanda à sa Mère de lui donner le courage et la force de supporter son calvaire. « O très Sainte Mère de mon Jésus, qui avez vu et avez senti l'extrême désolation de votre cher Fils, assistez-moi dans le temps de la mienne. » Cette prière fut sûrement entendue, plus sa souffrance devint intense, plus son endurance fut héroïque. L'amour est mis à l'épreuve du feu. Ce jeune cœur fut affiné par le feu de la souffrance. L'amour de cette victime d'amour devint complètement purifié. Ainsi, au moment de mourir elle put étendre ses bras en forme de croix, et, avec les yeux fixés sur le Crucifix, dire, « Mon Jésus, oh ! que je l'aime!»

On ne peut atteindre le Calvaire élevé au sommet de la colline qui se dresse au-dessus de la grotte qu'après une ascension raide, mais c'est loin d'être aussi haut que le sommet de la sainteté atteint par Bernadette. Nous ne pouvons pas aspirer à de telles hauteurs; mais au moins nous pouvons permettre à cette victime d'amour de défier nos cœurs de répondre plus généreusement, et de nous faire nous souvenir qu'il n'y a qu'une seule route. Nous ne pouvons atteindre l'Amour que par l'amour.

PRIÈRE :

Seigneur Jésus, accordez-moi la grâce d'accepter la Croix afin que, comme Bernadette, je puisse répondre généreusement à votre amour.