11.02.08
"BERNADETTE PARLE" (Chapitre 10) : VIE CACHÉE

« ...me cacher... »
COMME l'épouse dans le Cantique des Cantiques qui se cachait dans les fentes du rocher, Marie choisit l'abri de la Grotte presque comme si c'était pour se cacher et n'être vue que d'une paire d'yeux humains. Et, comme dans l'Évangile, où elle fut pendant de courts instants au premier plan et resta ensuite cachée au regard humain, elle fut aussi présente à Lourdes pendant quelques instants et elle se glissa dans l'obscurité, restant toujours présente dans le pouvoir de son intercession, mais n'ayant jamais été vue à nouveau.
Dans l'obscurité d'une misérable maison dans les rues pauvres, Bernadette était inconnue du monde, mais la beauté et l'empressement de son âme n'avaient pas échappé à l'attention de Dieu. A partir du moment où Il dirigea ses pas vers la Grotte, celle-ci était déjà devenue une sorte de cloître qui la coupa du monde extérieur. La dame, en choisissant ce lieu caché, et en lui faisant signe d'approcher, l'invitait à une vie cachée. Ce cheminement intérieur de préparation à une vie retirée du monde et donnée entièrement à Dieu prenait place dans son âme comme le dialogue des mots et des gestes. Pendant un court laps de temps sa mission fut de donner un témoignage de mots; puis il y aura un témoignage de silence – le témoignage des « oeuvres vivantes » comme il fut appelé.
Il est facile de voir comment la dame l'a bien façonnée, et combien elle avait avancé loin vers cette route par sa force de conviction de la valeur de la vie cachée et de l'inconstance des applaudissements humains. Au moment où les yeux du monde étaient fixés sur elle et où elle aurait pu être tentée de se réjouir de l'acclamation populaire, elle s'éclipsait toujours à l'écart. L'abbé Laurentin nous rappelle qu'il y a souvent une signification profonde dans ses gestes. « Pour se protéger des regards elle enroula instinctivement son « capulet» autour d'elle à la Grotte, juste comme plus tard elle se cachera sous son voile à Nevers. » Le couvent devait être le jardin clos dans lequel cette fleur rare s'épanouira. « Je suis venue ici pour me cacher. » dit elle à son arrivée.
Son désir était de se cacher dans les Cœurs de Jésus et de Marie; là elle trouvera le repos. Leur compagnie lui suffisait; le dialogue intérieur d'amour exprimé à travers la prière et la douleur était la seule conversation qu'elle demandait. Le Pape Paul VI, parlant à Nazareth, exprimait le désir de devenir à nouveau un enfant pour apprendre à cette école sublime. « Que le silence de Nazareth nous enseigne le recueillement, l'intériorité ...la valeur de la vie intérieure personnelle, de la prière que Dieu seul voit dans le secret. »
Dans notre réflexion sur Bernadette nous ferions bien de devenir un enfant comme elle, de revivre et réapprendre la leçon de silence et de solitude intérieure qu'elle apprit si parfaitement auprès de Marie; si nous allons en esprit à Nevers, et essayons de reprendre l'intériorité de sa vie, d'apprendre comme elle servit bien le monde en étant coupée du monde, nous en tirerons profit. Elle enseigne aux souffrants cachés du monde qu'un fardeau, une douleur, portés en secret et dans le silence sont précieux aux yeux de Dieu; qu'une vie cachée offerte à Dieu nous met sur la grand-route vers la sainteté.
PRIÈRE :
Chère Bernadette, apprenez-moi à me cacher dans les Coeurs de Jésus et de Marie.
Basilique de Sainte Marie Majeure à Rome