14.03.10
La Miséricorde du Père
Extraits de Père, que ton règne vienne
de Mgr André-Mutien Léonard
L’enfant prodigue
« Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient”. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, rassemblant tout son avoir, le plus jeune fils partit pour un pays lointain et y dissipa son bien en vivant dans l’inconduite. Quand il eut tout dépensé, une famine sévère survint en cette contrée et il commença à sentir la privation. Il alla se mettre au service d’un des habitants de cette contrée, qui l’envoya dans ses champs garder les cochons. Il aurait bien voulu se remplir le ventre des caroubes que mangeaient les cochons, mais personne ne lui en donnait. Rentrant alors en lui-même, il se dit : “Combien de mercenaires de mon père ont du pain en surabondance, et moi je suis ici à périr de faim ! Je veux partir, aller vers mon père et lui dire : Père, j’ai péché contre le Ciel et envers toi ; je ne mérite plus d’être appelé ton fils, traite-moi comme l’un de tes mercenaires”. Il partit donc et s’en alla vers son père. Tandis qu’il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et l’embrassa tendrement. Le fils alors lui dit : “Père, j’ai péché contre le Ciel et envers toi, je ne mérite plus d’être appelé ton fils”. Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez la plus belle robe et l’en revêtez, mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds. Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé !” Et ils se mirent à festoyer. Son fils aîné était aux champs. Quand, à son retour, il fut près de la maison, il entendit de la musique et des danses. Appelant un des serviteurs, il s’enquérait de ce que cela pouvait bien être. Celui-ci lui dit : “C’est ton frère qui est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il l’a recouvré en bonne santé”. Il se mit alors en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit l’en prier. Mais il répondit à son père : “Voilà tant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgressé un seul de tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau, à moi, pour festoyer avec mes amis ; et puis ton fils que voici revient-il, après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu fais tuer pour lui le veau gras !” Mais le père lui dit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait bien festoyer et se réjouir, puisque ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé !” » (Luc 15, 11-31).
Dieu est Amour. En lui, il n’y a que de l’Amour. Rien d’autre. Et cet Amour a une forme toute particulière : la Miséricorde. Ce mot est, hélas, étranger à notre vocabulaire courant. Littéralement, il exprime le sentiment du cœur qui est saisi par la misère de l’autre. La Miséricorde de Dieu, c’est son Amour pour les pécheurs, c’est-à-dire pour ceux qui sont loin de lui, par indifférence ou par hostilité. L’Évangile nous révèle en effet que Dieu ne nous aime pas seulement malgré nos nombreux péchés envers lui qui font obstacle à sa grâce, mais qu’il nous aime à cause de nos nombreux péchés qui suscitent sa compassion à notre égard. Que cet amour est grand !
Jésus, en donnant sa vie sur la Croix, pour nous sauver du péché, manifeste la grande Miséricorde du Père. C’est ce qu’explique saint Paul : « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ » (Ép. 2, 4-5). « Car, dit Jésus, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique… pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,16-17).
Pour que nous comprenions la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur de ce mystère, Jésus a inventé une parabole. On l’appelle souvent, à tort, « la parabole de l’enfant prodigue ». Il faut l’appeler « la parabole du père miséricordieux », car Jésus veut avant tout nous révéler le Cœur de son Père.
À qui Jésus la raconte-t-il ? À des pharisiens et des scribes — qui sont des juifs très pieux et très droits — en train de murmurer contre lui parce qu’il « fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ». Ils sont scandalisés par la proximité de Jésus avec ces personnes rejetées parce qu’escrocs, collaborateurs des Romains, prostituées et pécheurs en tout genre…
Jésus révèle alors le regard du Père sur ces pécheurs, dans cette parabole.
Tous fils prodigues
Lisons-la à nouveau (ci-dessus)
Le fils cadet a réclamé sa part d’héritage pour la gaspiller dans une vie de débauche. C’est exactement notre situation : nous avons reçu le don de la vie et le gaspillons souvent, de bien des manières. Nous devrions rendre grâce à Dieu pour ce don, chaque jour, dans la louange avec ces mots « c’est toi qui m’as tissé dans le ventre de ma mère, je te rends grâce pour la merveille que je suis » (Ps 139, 13-14).
De même, par le baptême nous avons reçu un héritage extraordinaire : le don de l’Esprit Saint qui fait de nous des fils du Père, par Jésus (cf. 2 Cor. 1, 22 ; Gal. 4, 6). Quand nous doutons de sa présence et de son amour, quand nous refusons de lui faire confiance dans les difficultés et de le louer en tout temps, quand nous préférons nos occupations et nos soucis à la prière et à son service, nous gaspillons l’héritage reçu.
Venu pour les pécheurs
Et ce “sale gamin” se retrouve dans la misère. Exactement comme nous, quand nous avons quitté Dieu un peu de temps. Mais ne nous y trompons pas : faire l’expérience de notre misère est une grande grâce. Elle est le commencement du salut. L’orgueil nous pousse à penser que nous sommes des gens sérieux, en chemin vers la perfection. Reconnaissons-le : nous sommes des pauvres pécheurs, indignes et misérables.
Si je découvre mon péché, je peux me réjouir, car il a dit : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Mt 9, 13). Il est donc venu pour moi. Quand sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus découvre son péché, au lieu de s’attrister, elle se réjouit, car elle sait que Dieu pourra ainsi lui montrer sa miséricorde. Le fils cadet, épuisé par son errance, décide donc de retourner chez son père. Il le fait par intérêt. Pour manger à sa faim, il consent même à se proposer comme esclave.
« Tandis qu’il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié, il courut se jeter à son cou et l’embrassa tendrement. » C’est extraordinaire !
Son père l’attend depuis toujours. Plutôt que de lui faire des reproches, en se lamentant sur la souffrance qu’a provoqué en lui l’absence cruelle de son fils, il est pris de compassion pour cet enfant blessé par son propre péché. Au lieu d’attendre de légitimes excuses, il court l’embrasser, avec tendresse. Parce que le désir permanent du Père, c’est de donner de l’Amour.
Réenfanté à la vie
Le fils récite alors sa formule de repentance. Mais il n’a pas le temps d’achever sa demande. Car le père refuse de le prendre comme esclave. Dieu veut que nous soyons ses fils, rien de moins. Et pour le signifier, il fait apporter robe, anneau et chaussures. Par son pardon, il nous revêt des vêtements du salut (cf Is 61, 10). À l’image de la robe blanche du baptême, notre cœur est à nouveau pur devant Dieu et nous pouvons nous présenter à lui. À condition d’accepter une chose. Pour recevoir la “belle robe”, il faut se séparer de l’ancienne, salie par nos péchés. Pour recevoir ce vêtement blanc des fils de Dieu, il nous faut rompre avec le péché et le remettre à Dieu par le sacrement de réconciliation (la confession).
Le père fait alors la fête car, dit-il, « mon fils était mort et il est revenu à la vie. » La miséricorde du Père nous rend la vie. Elle nous ressuscite. Le tableau de Rembrandt est, à ce sujet, très inspiré. Il représente en effet la tête du fils contre le sein du père. Le fils pécheur est à nouveau enfanté à la vie divine par les entrailles de miséricorde du Père.
Le fils aîné, lui, reste étranger à ce mystère d’amour. Il n’entre pas dans la fête, car il ne connaît pas la miséricorde. Ne vivant que selon la justice de la loi, il cherche à mériter chaque jour les dons du père, par ses bonnes actions. Beaucoup de croyants lui ressemblent. Ils veulent mériter le ciel par leurs actes vertueux. Ils n’ont pas compris que, même si l’on fait beaucoup d’efforts — et il faut en faire — on n’est jamais digne d’être fils de Dieu le Père éternellement.
Par son refus de pardonner et de se reconnaître pécheur, le fils aîné s’exclut de la fête et de la vie. Il nous faut donc choisir : ou reconnaître notre péché et recevoir la vie en laissant le Père nous manifester son Amour de prédilection, ou nous croire juste et refuser toute miséricorde, et dans ce cas rester étrangers à la joie d’être aimés par le Père et d’entrer dans son intimité. Entre la Miséricorde divine et la Justice divine, sainte Thérèse avait choisi, sans hésiter, la Miséricorde. Suivons son exemple !
08.03.10

« Famille et Sainteté »
Mère Teresa parle aux familles
à Paray-le Monial le 22 juillet 1986
Demandons à Notre-Dame de nous donner son cœur si beau, si pur, si immaculé, son cœur si plein d'amour et d'humilité afin que nous puissions recevoir Jésus dans le Pain de Vie, et L'aimer comme elle L'a aimé, et Le servir sous l'habit de détresse des plus pauvres parmi les pauvres. Nous lisons dans l'Évangile que Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné Son Fils Jésus à travers Marie, la plus pure ; et elle, après avoir reçu Jésus, elle s'est rendue en hâte pour Le donner aux autres. Elle est allée dans une famille. La vie de Jésus a commencé dans la famille . Comme la famille de saint Jean (Baptiste), d'Élisabeth et de Zaccharie, devait être sainte pour avoir attiré Marie sous son toit ! Combien nos familles doivent-elles être saintes pour être capables d'accueillir Jésus chez elles ! Et quelque chose d'étrange s'est passé lorsque Marie est entrée dans la maison d'Élisabeth. Le petit enfant dans le sein d'Élisabeth a bondi de joie. Comme il est étrange que Dieu se soit servi d'un petit enfant pas encore né pour proclamer la venue du Christ ! Aujourd'hui nous savons tous les choses terribles qui sont faites aux enfants qui ne sont pas encore nés ! Des millions d'enfants pas encore nés sont détruits par l'avortement.
L'avortement est devenu le plus grand destructeur de la paix, parce qu'il détruit la Présence et l'image de Dieu, et particulièrement quand c'est la mère qui tue son propre enfant. En fait, il y a deux vies qui sont détruites : la vie de l'enfant pas encore né et la conscience de la mère. Prions une seconde en action de grâce pour nos parents qui nous ont désirés Nous devons à nos parents une grande reconnaissance, parce qu'ils nous ont donné la vie et la joie de vivre cette vie. Et comprenons bien aussi, vous et moi, que nous devons aider ces enfants pas encore nés, à naître, à être désirés et à être aimés.
Qu'est-ce que Marie est venue faire dans la maison d'Élisabeth ? L'humble service de la servante : faire la cuisine, la lessive, prendre soin... comme toute mère ou toute femme dans la famille. Quelle place extraordinaire a la mère dans la famille ! Elle est le cœur de la famille. Comme il est important que la mère soit le centre et la force d'unification dans la famille ! Pour qu'il y ait cette unité, cet amour dans la famille, il est nécessaire de prier ensemble. Enseignez à vos enfants à prier et priez avec eux ! Que vos enfants vous voient prier ! La prière est la conversation entre Dieu et l'âme. Dieu nous parle dans le silence du cœur, et nous écoutons et puis nous Lui parlons dans la plénitude de notre cœur et Dieu écoute et cette écoute et ce dialogue, c'est la prière.
Et qui nous enseignera le mieux à prier ? Marie, la mère de Jésus. Nous savons ce qu'elle a fait à Cana, au moment du mariage, comment Jésus a écouté Marie. Il l'écoutera encore quand nous lui parlerons. Pour être capables de prier, sachons que le fruit de la prière c'est l'approfondissement de la foi. Et le fruit de la foi, c'est l'amour. Nous ne pouvons pas aimer si nous ne croyons pas. Et que devons-nous croire ? C'est à Jésus que nous le faisons. Jésus nous a dit très clairement : " Tout ce que vous faites, tout ce que fait le père ou la mère de famille, aux plus petits qui sont les miens, c'est à Moi que vous le faites " Le fruit de cet amour, c'est le service. Et le fruit du service, c'est la paix. C'est pourquoi vous trouverez toujours la paix dans une famille lorsqu'on y prie ensemble, parce qu'ils s'aiment comme Dieu les a aimés. Et vous qui êtes venus ici dans ce centre où le Sacré-Cœur a manifesté Son Amour, bien des gens seraient heureux de pouvoir être ici comme vous y êtes, si proches du lieu où Jésus a proclamé Son Amour plein de tendresse pour nous. Et l'une des promesses merveilleuses que Jésus a faites à sainte Marguerite-Marie : " Dans la famille où mon image sera vénérée et honorée, je serai présent ; et je garderai cette famille ensemble ".
Aussi est-il très important que vous consacriez vos familles au Sacré-Cœur. Nos sœurs ont consacré des milliers de familles au Sacré-Cœur et cela a apporté une vie nouvelle à la famille : la joie d'aimer, la pureté de de vie et le partage de cette joie avec d'autres. Et c'est pourquoi je voudrais vous conseiller de demander à vos prêtres de consacrer vos familles au Sacré-Cœur parce que le Sacré-Cœur a promis son amour plein de tendresse aux familles qui le prieraient et l'honoreraient chez elles. Je crois que Jésus a permis que son Cœur soit ouvert pour que nous puissions y entrer.
Dites souvent dans la journée : " Cœur Sacré de Jésus, j'ai confiance en vous. Cœur Sacré de Jésus, je vous aime. Cœur Sacré de Jésus, gardez ma famille dans votre Cœur ". Et alors vous serez Un Seul Cœur plein d'amour. Et rien ni personne ne pourra vous séparer les uns des autres. Cette unité c'est comme celle de la famille de Nazareth. C'est pourquoi ce matin j'ai prié pour vous, pour que chacune de vos familles soit Un Seul Cœur plein d'amour dans le Cœur de Jésus à travers le cœur de Marie. Gardez la joie de vous aimer les uns les autres, comme Jésus aime chacun de vous.
N'ayez pas peur lorsque la souffrance entre dans vos vies, parce que Jésus nous a dit très clairement : " Si vous voulez être mes disciples, prenez votre croix et suivez-moi ". La souffrance est un don de Dieu ; ce n'est pas une punition. Dieu nous aime trop, Il ne veut pas nous punir. Il veut nous attirer à Lui. C'est pourquoi, comme Lui, nous devons offrir nos souffrances pour la Paix du monde. Demandez toujours à Notre Dame de pouvoir accepter la souffrance et offrez-la à Notre Seigneur pour la paix du monde. Seules les œuvres d'amour et de prière peuvent obtenir la paix du monde. Et n'oubliez pas de partager cette joie d'aimer avec tous ceux que vous rencontrez. Ce que vous avez reçu ici, en ces jours, n'est pas pour vous seulement. Jésus vous l'a donné de Son Cœur afin que vous puissiez retourner chez vous et partager cette joie d'aimer avec ceux que vous rencontrerez et particulièrement les malades et les souffrants.
Trouvez ceux qui sont seuls et rejetés. Il y a beaucoup de gens dans ces pays riches qui souffrent plus profondément que ceux qui n'ont rien à manger. La faim du cœur, à mon avis, est est beaucoup pus dure que la faim de pain. Et nous devons apporter l'amour de Dieu ; particulièrement, apprenez à connaître vos voisins, les gens les plus proches de vous. Et en France vous avez beaucoup de gens qui sont venus trouver un refuge dans votre pays. Soyez cet amour plein de tendresse, cette compassion pour eux. Nous n'avons pas, nous, les Sœurs, une maison ici, mais une à Paris et une à Marseille. Quand vous rencontrez quelqu'un qui n'a personne, envoyez-le aux Sœurs. Si vous trouvez un enfant rejeté par ses parents... souvenez-vous : Moi, je le veux. Apportez-le aux Sœurs. Voilà la joie d'aimer. Cela demande un sacrifice de chercher les autres, de les aimer, de leur manifester la joie qu'on éprouve, de prendre soin d'eux.
Prions le Seigneur que nous puissions rapidement trouver une maison afin que beaucoup de jeunes et de vieillards puissent avoir la joie de trouver une maison.
Aujourd'hui la plus grande maladie n'est pas la lèpre, la tuberculose, mais c'est d'être rejeté, mal-aimé dans la société, particulièrement comme les enfants pas encore nés, dont on ne veut pas ; et il y a tous ceux qui sont handicapés, les vieillards, les malades mentaux rejetés de la société. Et aujourd'hui, en offrant la Sainte Messe, offrons cette Messe avec Marie pour la joie que nous pourrons apporter au plus de cœurs possible et partager ainsi avec Jésus la joie d'aimer.
Qui va vous aider ainsi à ouvrir votre cœur comme le Cœur de Jésus ? C'est Jésus lui-même au Saint-Sacrement. Il est là pour nous aimer maintenant ; allez Le voir dans l'adoration ; recevez-Le dans la communion, et portez-Le en hâte comme Marie aux autres. Et vous verrez la paix, la joie et l'amour qui règneront en vos cœurs. Et vous serez la réalité vivante de l'amour de Dieu pour chacun de nous. Je suis très reconnaissante à notre Dieu de m'avoir donné cette occasion d'être avec vous. Et je vous demande de prier pour nous que nous ne gâchions pas l'œuvre de Dieu, que Son œuvre demeure la Sienne et que nous puissions continuer à faire l'œuvre de Dieu avec beaucoup d'amour, que vous et moi nous fassions quelque chose de beau pour Dieu. Je prierai pour vous, que ces jours de prière et d'adoration créent en vos cœurs un grand attachement au Christ, et que vous puissiez, comme Marie, Le donner aux autres par votre présence et votre exemple. Remercions Dieu pour son grand amour, parce que cet amour sera le plus grand moyen pour devenir des saints.
L'Église et le monde entier n'ont jamais comme aujourd'hui eu besoin d'autant de sainteté. Et vous, les familles, vous êtes le centre de cette sainteté, parce que la sainteté et l'amour commencent à la maison, parce que de vos familles vont naître des vocations. Et l'Église a grand besoin de saints prêtres, de saints religieux. Et ce besoin de l'Église, c'est vous, les familles, qui pouvez le satisfaire. Chacune de vos familles sera dans ma prière chaque jour. Et vous, souvenez-vous de prier pour les Missionnaires de la Charité. Que le Seigneur vous bénisse !
A la veillée
Nous lisons dans l'Ecriture : " Je t'ai aimé d'un amour éternel, je t'ai appelé par ton nom : tu es à moi. Les eaux ne te submergeront pas. Le feu ne te brûlera pas. Je donnerai des nations pour toi. Tu es précieux à mes yeux. Je t'aime. Même si une mère pouvait oublier son enfant, moi je ne t'oublierai pas. Je t'ai gravé sur la paume de mes mains. Tu es précieux à mes yeux, je t'aime " (Isaïe).
Ce sont les paroles mêmes de Dieu pour vous et moi, pour chacun, pour tous, même pour les plus pauvres parmi les pauvres. Car Il nous a créés pour de grandes choses : pour aimer et être aimés. Et Il veut que nous nous aimions les uns les autres comme Il nous a aimés.
Et en ces jours où vous êtes comme en une sorte de retraite, pensez à la tendresse de Dieu pour vous. Il y a des milliers de gens qui aimeraient avoir ce que vous avez maintenant. Voilà que c'est vous qu'Il a choisis pour être là aujourd'hui pour partager cette joie de nous aimer les uns les autres. Et pour rendre cet amour plus réel, plus vivant, plus aimant, Il se donne lui-même, Lui, le Pain de Vie, Il nous donne Sa Vie, la Vie. Et Il veut que nous nous aimions les uns les autres de cette manière afin que nous nous donnions les uns aux autres jusqu'à ce que cela fasse mal. Ce n'est pas tant combien nous donnons mais l'intensité d'amour que nous mettons à donner.
Un soir un homme est venu dans l'une de nos maisons et il m'a dit : " Il y a une famille de huit enfants où l'on n'a pas mangé depuis plusieurs jours ". J'ai pris de la nourriture et je suis partie. En arrivant j'ai vu le visage des petits enfants qui brillait à cause de la faim. Et pourtant il n'y avait pas de tristesse ou d'amertume sur leur visage, mais simplement la profonde douleur de la faim. J'ai donné le riz à la mère et elle a divisé ce riz en deux parts et elle est partie. Quand elle est revenue, je lui ai demandé : " Où êtes-vous allée, qu'avez-vous fait ? " Elle m'a donné une seule réponse : " Ils ont faim eux aussi ". Elle savait que ses voisins, eux aussi, avaient faim. Je n'ai pas été surprise qu'elle ait donné, car les pauvres sont très généreux mais ce dont j'ai été surprise c'est qu'elle sache que ses voisins avaient faim. C'est quelque chose de la tendresse du Christ.
Dans nos Constitutions, nous avons une phrase merveilleuse qui nous parle de la tendresse du Christ : " Jésus-Christ nous propose une amitié fidèle et durable. Il nous épouse dans la tendresse et l'amour. Et pour rendre cet amour plus réel, plus vivant, plus tendre, Il nous donne l'Eucharistie ".
Il est donc nécessaire pour les Missionnaires de porter vraiment l'amour de Dieu. Pour porter cet amour, ils doivent vivre de l'Eucharistie. Les Missionnaires doivent avoir leur vie tissée dans l'Eucharistie parce qu'aucun missionnaire ne peut donner Jésus s'il n'a pas Jésus dans son cœur.
La grandeur des pauvres est quelque chose de très beau. Un jour je marchais dans la rue, et nous avons à Calcutta des égouts à ciel ouvert. Et j'ai vu quelque chose qui bougeait. Et c'était un être humain dans ce caniveau. Je l'ai sorti de là. Il était couvert de vers et de saletés. Je l'ai emmené dans notre maison. Nous avons un maison pour les mourants abandonnés, dans le dernier degré de pauvreté. Ce sont des personnes que nous ramassons uniquement dans la rue. Quand je l'ai emmené chez nous, il ne criait pas fort, il ne parlait pas fort. Il a seulement dit : " J'ai vécu comme un animal dans la rue mais je vais mourir comme un ange parce qu'on a pris soin de moi ". Il nous a fallu trois heures pour le nettoyer, pour enlever tous les vers de son corps. C'était le Corps du Christ. Et quand tout a été fini, il a regardé la Sœur et lui a dit : " Ma Sœur, je vais à la maison, chez Dieu ". Il y avait un sourire tellement beau sur son visage ! Je n'en avais jamais vu de pareil auparavant. Il n'y avait jamais eu sur ses lèvres aucun juron, aucune expression d'amertume ou de colère ; il était abandonné dans les mains de Dieu : quelque chose de tellement beau ! J'ai vu des gens crier de douleur et de détresse mais je n'ai jamais vu cela avec les pauvres.
L'autre jour à New York, l'un des malades du Sida dans notre maison m'a appelée et m'a dit : " Je voudrais vous dire quelque chose de très personnel, parce que vous êtes mon amie. Quand j'ai très mal à la tête (car cette maladie donne de terribles maux de tête), je partage cela avec la souffrance de Jésus lorsqu'on l'a couronné d'épines. Quand j'ai mal au dos, je le partage avec la souffrance de Jésus lorsqu'on l'a flagellé ; lorsque j'ai mal aux mains, je partage cela avec la souffrance de Jésus lorsqu'on l'a crucifié ". Voyez la grandeur de l'amour ! Il y avait là ce jeune homme qui allait rencontrer la mort dans une maladie terrible, avec aucune espérance de survie et pourtant, voyez ce courage et cette grandeur pour partager cette souffrance avec le Christ lui-même. Et il n'y avait aucune tristesse, aucune détresse sur son visage, il rayonnait de joie. Il m'a simplement dit : " S'il vous plaît, emmenez-moi à la maison !" Il appellent notre maison leur maison. Je l'ai emmené à la maison et l'ai conduit à la chapelle près de Jésus. Et je n'ai jamais vu personne parler à Jésus sur la Croix comme j'ai vu cet homme le faire. Il y avait une conversation pleine de tendresse entre Jésus et lui. Voilà la grandeur de l'amour ! Cet homme au bout de trois jours est mort. Il est mort avec un cœur pur. Il était allé en prison pour des choses terribles ! Voyez la tendresse de Dieu qui l'avait sorti de là pour se donner à lui complètement. Voilà la grandeur des pauvres ! Et il est bon pour nous de regarder le Christ avec cette question : " Est-ce que j'aime vraiment Jésus ainsi ? Est-ce que vraiment j'accepte la joie d'aimer en partageant Sa Passion ? Parce qu'aujourd'hui encore Jésus cherche des gens pour Le consoler et Le réconforter. Vous vous rappelez à Gethsémani. Il avait une grande envie de trouver quelqu'un qui partage son agonie. La même chose : Il vient dans notre vie. Est-ce qu'Il peut partagr sa tristesse avec vous et est-ce que vous oserez Le réconforter ? Il vient à nous dans les affamés, les gens nus, les gens seuls,les alcooliques, les prostituées, dans ce mendiant dans la rue, dans ce père ou cette mère, ce frère ou cette sœur qui sont dans la solitude, peut-être dans votre propre famille. Est-ce que vous oserez partager la joie de l'amour avec eux ? C'est pourquoi nous avons besoin de l'Eucharistie où nous partageons cette joie d'aimer Jésus. Et nous avons besoin d'une vie profonde de prière.
Demandons à Notre Dame de nous enseigner à prier. Vous êtes rassemblés ici pour prier, pour être seul à seul avec Jésus. Et je suis sûre que si votre cœur est pur, vous entendez la voix de Dieu dans votre cœur. Il demande quelque chose : " Je cherche quelqu'un qui me console, et je ne trouve personne ". Soyez cette personne ! Ce sera le fruit de votre rassemblement. Repartez avec cette décision que vous aimerez le Christ d'un amour sans partage. Que rien ni personne ne puisse vous séparer de l'amour du Christ.
Qui pourra vous aider à faire cela ? Notre-Dame. Elle, la mère de Jésus, elle a été la première à dire aux serviteurs : " Faites tout ce qu'Il vous dira ". Vous vous souvenez, au festin du mariage, il n'y avait plus de vin. Et elle dit aux servants : " Faites ce que Jésus vous dira ".
Apportez l'amour, la joie et la paix dans la famille. L'amour commence à la maison.
Et les œuvres de l'amour sont toujours des œuvres de paix.
Un jour je marchais dans une rue de Londres et je vis un homme qui paraissait très seul assis à l'écart ; je me suis approchée de lui, je lui ai pris et serré les mains et il m'a dit : " Ma Sœur, il y a si longtemps que je n'avais pas senti la chaleur d'une main humaine ; et son visage s'est éclairé, parce que quelqu'un l'avait aimé. C'est une petite chose, mais pour nous, pour grandir en sainteté, il nous est nécessaire de prendre toutes ces petites choses et de les accomplir avec amour.
Nous aurons toujours de la souffrance dans nos vies. C'est une des voies pour partager la joie de l'amour du Christ. Un jour, je me souviens, je suis allée voir une dame qui avait un cancer très pernicieux ; et elle souffrait tellement, avec de très grandes douleurs ; et je lui ai dit : " C'est comme si Jésus vous embrassait, un signe de ce que vous êtes tellement proche de Jésus sur la Croix ". Elle a joint les mains et elle m'a dit : " Mère Teresa, dites à Jésus d'arrêter de m'embrasser ". C'est une si belle chose de pouvoir partager la joie de Jésus souffrant Sa Passion. Alors n'ayez pas peur de cette souffrance car la souffrance est aussi un grand moyen d'aimer beaucoup. C'est pourquoi il faut en faire usage, spécialement si vous l'offrez pour la paix dans le monde.
Le Saint-Père est venu dans notre pays en Inde, et il a voulu venir à Calcutta dans notre maison pour les mourants. Et il est venu à Calcutta visiter cette maison. Il est venu et il est passé devant chaque malade. Souvenez-vous que ces malades sont ceux que nous recueillons mourants dans la rue. Et il a voulu aussi voir notre morgue. Et la veille il n'y avait pas eu de mort. Alors j'ai prié Jésus : " Jésus, permets que quelqu'un meure ! " Alors il y en a trois qui sont morts. Et le Saint-Père en entrant a touché ces trois morts ; là où nous avons cette maison des mourants c'est dans un quartier tout à fait hindou. Nous sommes les seuls catholiques. Et pourtant quand tous ces hindous ont vu le Saint-Père, ils ont dit : " Dieu est venu nous visiter ". Sa présence avait apporté une telle paix et une telle joie à notre peuple ! Voilà la grandeur de l'amour !
Et où commence cet amour ? Dans nos familles. Et comment commence-t-il ? En priant les uns pour les autres. Les familles qui prient ensemble restent ensemble. Si vous restez ensemble vous vous aimerez les uns les autres comme Jésus a dit de le faire. Je voudrais remercier les familles qui ont donné leurs enfants à notre Congrégation. Il y a maintenant 30 jeunes françaises dans la Congrégation des Missionnaires de la Charité. Il y a quelques mois, une de nos Sœurs françaises est morte à Rome. (Sœur Aurora M.C.)
Et tout le monde, à l'hôpital et dans tous les lieux où elle est allée, a dit que c'était vraiment une sainte Sœur. Alors je la prie pour qu'elle obtienne beaucoup de grâces pour vous. C'était une sœur qui avait un grand esprit de prière. Je suis sûre qu'elle vous obtiendra des grâces. Je vais prier pour vous et vos enfants. Et nous devons faire notre possible pour éviter qu'en cette belle cité du Sacré-Cœur aucun homme, aucune femme, aucun enfant ne se sente rejeté. Si vous rencontrez des gens, ouvrez votre porte, ouvrez votre cœur. Empêchez ce grand destructeur de la paix qu'est l'avortement, parce qu'il détruit l'amour, il détruit l'image de Dieu, il détruit la présence de Dieu, il détruit la conscience de la mère. Prions pour que dans ce merveilleux pays Dieu sauve la fille aînée de l'Église.
Beaucoup de saints sont venus de France. Ne permettez jamais que rien ne vienne détruire cette joie de la sainteté que Dieu a donnée à votre pays. Prenez soin des pauvres ! Il y a beaucoup de pauvres, à Paris et partout. Nos Sœurs sont à Paris et à Marseille. Elles ont maison ouverte pour tous ceux qui sont rejetés par tous, qui n'ont personne. Priez pour elles, pour qu'elles continuent l'œuvre de Dieu avec beaucoup d'amour. Vous trouverez des gens qui ont beaucoup de grandeur chez les pauvres. Et ensemble faisons quelque chose de beau pour Dieu.
Je vais prier pour vous afin que vous grandissiez en sainteté. La sainteté n'est pas le luxe d'un petit nombre mais un simple devoir pour vous et pour moi. Jésus a dit très clairement : " Soyez saints comme votre Père céleste est saint ". Soyez saints, comme Jésus, à travers Marie !
Dans vos familles soyez Un Seul Cœur plein d'amour en Jésus à travers Marie !