22.02.10
Dimanche 21 février 2010
1er dimanche de Carême
« Quand mon serviteur m'appelle, dit le Seigneur, je lui réponds, je reste près de lui dans son épreuve. Je vais le délivrer, le glorifier, de longs jours je vais le rassasier. »
Lecture du livre du Deutéronome ( 26, 4-10 )
MOÏSE disait au peuple d'Israël : « … Tu prononceras ces paroles devant le Seigneur ton Dieu : " … Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions pauvres, malheureux, opprimés... Il nous a conduits dans ce lieu et nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel...
PSAUME 90
R. Reste avec moi Seigneur dans mon épreuve
Quand je me tiens sous l'abri du Très-Haut
et repose à l'ombre du Puissant,
je dis au Seigneur : « Mon refuge,
mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! »...
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains ( 10, 8-13 )
FRÈRES, nous lisons dans l'Écriture : La Parole est près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur. Cette Parole, c'est le message que nous proclamons. Donc, si tu affirmes de ta bouche que Jésus est Seigneur, si tu crois dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, alors tu seras sauvé... Ainsi, entre les juifs et les païens, il n'y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l'invoquent...
Ta parole, Seigneur est vérité , et ta loi, délivrance.
L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole venant de la bouche de Dieu.
Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( 4, 1-13 )
APRÈS son baptême, Jésus, rempli de l'Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit par l'Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l'épreuve par le démon...
Jésus répondit : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. » Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentation, le démon s'éloigna de Jésus jusqu'au moment fixé.
Commentaire
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui
Jésus vient de se faire baptiser par Jean. Il a reçu l'Esprit et entendu la voix qui le déclarait "Fils bien-aimé". Aussitôt, cet Esprit le pousse au désert. Sans doute veut-il méditer sur les paroles étonnantes qu'il vient d'entendre et répondre à la question : que signifie et qu'exige être Fils de Dieu ? Cela va durer quarante jours.
Le carême prend aussi ce temps-là, et ce n'est pas un hasard. Le nombre quarante est symbolique : quarante jours de déluge; Moïse reste quarante jours sur la montagne, sans manger ni boire, pour y recevoir la Loi; quarante ans d'Exode dans le désert, etc. Le parallèle entre Jésus et Moïse est évident : c'est pendant ces quarante jours que va s'affirmer la nouvelle Loi, celle du Royaume. Avant d'en préciser le sens, notons que le carême nous propose de reprendre nous aussi les choses à zéro, de refaire l'inventaire de nos raisons de vivre et d'espérer, de redécouvrir les sources de notre vie et de notre joie, de notre bonheur... Le carême n'est pas un temps de tristesse, mais de vérification des mobiles qui commandent nos comportements, non pour nous affliger mais pour repartir. Ce faisant, n'oublions pas que le nombre quarante représente une totalité, une vie humaine. Nos quarante jours de carême concentrent et signifient toutes les journées de notre existence. Jésus lui-même sera tenté jusqu'à la fin, par les illusions de ses auditeurs, de vivre un messianisme de puissance. D'où la véhémence de sa réponse à Pierre qui veut l'empêcher de se rendre à Jérusalem où il sera crucifié (voir Matthieu 16,23, où Pierre se fait traiter de "Satan"). Jusqu'à la fin : à Gethsémani, Jésus demandera au Père de le dispenser du calice qu'il doit boire.
Les tentations
Il y a en nous tous, une force qui nous pousse à nous préférer à tous les autres, à prendre le pouvoir, à dominer. Au sein de nos familles, dans notre milieu professionnel, au niveau de l'État : "Tous les royaumes de la terre, je te les donnerai…". L'ambition est un tyran démoniaque que beaucoup considèrent comme une vertu. Nous sommes invités à attirer l'attention et l'admiration par nos exploits et nos réalisations : "Si tu es le Fils de Dieu (comme tu l'as entendu lors de ton baptême), jette-toi en bas (du sommet du temple)…" Certes, Jésus fera des miracles, mais ce sera par amour et non pour la notoriété. Il demandera aux bénéficiaires de n'en rien dire. Remarquons que Jésus répond aux trois tentations, qui interprètent l'Écriture à contresens, comme le serpent le fait de la parole de Dieu en Genèse 3, par trois citations du Deutéronome. Parole de Dieu, Jésus se soumet à la Parole. Il obéit : "Il s'abaissa lui-même, se faisant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix" (Philippiens 2,8). Jésus va donc à l'envers de nos réactions spontanées. Et sans doute des siennes aussi, puisque les évangélistes situent ses tentations au seuil de sa "vie publique", là où commencent l'annonce du Royaume de Dieu et l'invitation à y entrer. Trois tentations. Encore un chiffre significatif : il représente la multitude, le pluriel, et une sorte de perfection : trois personnes en Dieu, trois personnes dans la famille de Jésus, trois jours pour ressusciter, trois reniements de Pierre… Une infinité de tentations, ou plutôt une seule, le culte de soi, qui prend une infinité de formes.
Le Dieu de la vie et non de la mort
Pourquoi Dieu nous laisse-t-il en proie aux tentations ? Parce que c'est librement que nous devons nous donner à lui. Nous avons le choix entre lui et nous, entre adorer Dieu ou nous adorer nous-mêmes. Si nous nous choisissons nous-mêmes, nous nous séparons de celui qui est notre source permanente et nous allons du côté de la mort et du néant. Comme le Christ, nous sommes continuellement engendrés par le Père, et notre vérité d'hommes consiste à retourner à cette origine pour naître de nouveau, librement Dieu nous fait être, librement nous adhérons à lui. Notre existence est affaire d'alliance entre lui et nous. Les tentations du Christ reviennent, en quelque sorte, à vouloir le forcer à agir, alors qu'il vient pour qu'il y ait enfin dans l'humanité quelqu'un qui fasse, uniquement et intégralement, la volonté de Père. Volonté qui, justement parce qu'il est père et n'est que père, est volonté de vie. Notre renaissance perpétuelle est justement ce qui nous fait échapper à la mort. Jésus se remet au Père et choisit de n'adorer que lui seul. Adorer consiste à mettre au-dessus de tout, au-dessus de soi-même et de toute possession terrestre, succès, gloire, pouvoir. Avec des pierres, Jésus ne fera pas de pain, mais il fera du pain avec sa propre chair : la Pâque est déjà présente dans ses réponses aux tentations. Tout le recul de Jésus devant la perspective de la passion se concentrera dans l'heure pour laquelle il est venu dans le monde. Tel est le temps fixé pour l'ultime retour du tentateur. Alors Jésus décidera : "Père, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne." Il le sait, malgré l'exode sanglant qu'il doit parcourir, la volonté du Père n'est pas la mort mais la vie.
La tentation
Paroles du père Marie-Joseph Le Guillou ( + 1990 )
Nous serons tentés. La vie humaine est une vie dans laquelle il y a la tentation. La vie humaine est une vie de « service militaire », dit le livre de Job, une vie où il y a des difficultés, des souffrances, des tentations qui peuvent aller jusqu'au fond d l'être et qui, quelquefois, nous donnent l'impression que nous sommes tentés au-delà de nos forces. Mais ce n'est pas Dieu qui nous tente. C'est nous qui nous laissons tenter par notre manque de confiance dans le Seigneur. Le Christ a déjà vaincu parce que simplement il a reconnu son Père comme le Père des cieux, comme son propre Père, comme celui qui donne à tout homme de triompher en Lui. Tout est déjà gagné ! Nous n'avons rien à craindre.
Le mystère chrétien a ceci d'étonnant, c'est que « tout est déjà fait mais que tout est à faire ». Pourtant nous devons apprendre à rencontrer la tentation et à en triompher. C'est un mouvement d'approfondissement incessant de notre vie. Nous sommes pris dans le mystère du Christ. Notre cœur est modifié dans le Christ, comme le dit saint Paul, et, cependant, il a encore à être modifié. C'est bien ce que signifie la liturgie d'aujourd'hui.
Le pape donne aux chrétiens la clé pour lutter contre les tentations du démon
Méditation avant l'Angélus
ROME, Dimanche 21 février 2010 (ZENIT.org) - En cette première semaine de Carême, le pape Benoît XVI a donné aux chrétiens la clé pour lutter contre les tentations du démon : la fidélité à la Parole de Dieu.
« Si nous conservons la Parole de Dieu dans notre intelligence et dans notre coeur, si elle entre dansvacances mars 2010 notre vie, si nous avons confiance en Dieu, nous pouvons repousser toute sorte de tromperie du Tentateur », a déclaré le pape, ce dimanche, avant la prière de l'Angélus, en présence de plusieurs milliers de pèlerins rassemblés place Saint-Pierre.
Benoît XVI a commenté aujourd'hui le passage de l'Evangile de Luc sur Jésus qui est conduit au désert et mis à l'épreuve par le démon.
Il a présenté les trois tentations auxquelles le démon soumet Jésus : « la faim, c'est-à-dire le besoin matériel », la tentation « du pouvoir », la tentation de « mettre Dieu à l'épreuve », de lui demander de « prouver qu'il est Dieu ».
Jésus répond à chaque fois en citant les saintes Ecritures. « Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre », puis, « tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c'est lui seul que tu adoreras », et enfin, Benoît XVI explique que « Jésus oppose aux critères humains le seul critère authentique : l'obéissance, la conformité à la volonté de Dieu, qui est le fondement de notre être ».
Le pape a souligné que « ceci est également un enseignement fondamental pour nous : si nous conservons la Parole de Dieu dans notre intelligence et dans notre coeur, si elle entre dans notre vie, si nous avons confiance en Dieu, nous pouvons repousser toute sorte de tromperie du Tentateur ».
Benoît XVI a invité les fidèles à profiter du Carême pour « rentrer en soi et écouter la voix de Dieu, pour vaincre les tentations du Malin et trouver la vérité de notre être », car le Carême est « un temps - pourrait-on dire - de 'compétition' spirituelle à vivre avec Jésus, non pas avec orgueil et présomption, mais en utilisant les armes de la foi, c'est-à-dire la prière, l'écoute de la Parole de Dieu et la pénitence ».
Le pape a conclu en demandant à Marie d'aider les chrétiens à vivre « dans la joie et de manière fructueuse ce temps de grâce », et d'intercéder spécialement pour lui et pour ses collaborateurs de la Curie romaine car ils commencent ce dimanche soir les Exercices spirituels.
S'adressant aux fidèles francophones, après la prière de l'Angélus le pape a déclaré : « En ce début du Carême nous sommes invités à faire de notre montée vers Pâques un combat spirituel, à la suite de Jésus conduit au désert, où pendant quarante jours il sera mis à l'épreuve par le démon. Au plus profond de lui-même, l'homme connaît la tentation du pouvoir, de l'ambition et de l'hédonisme. Demandons au Christ de nous entrainer dans le mystère de son obéissance au Père, afin que nous ne succombions pas à la tentation et que nous soyons délivrés du mal. Que la Vierge Marie nous aide à nous donner librement à son Fils et à suivre ses chemins ! Bon dimanche et bon Carême à tous ! »